Jeudi 23 juin 2022, 18 heures 30 : les quatre Norvégiens Slomosa se produisent pour la première fois au Hellfest, sous la tente Valley. Ils ont sorti un premier album éponyme deux ans auparavant, et ne sont connus que de quelques initiés férus de musique stoner. Leur prestation, qui est retransmise via ARTE Concert, fait un tabac. J’y étais, je les ai découverts ce soir-là. Jeudi 19 juin 2025, 18 heures : Slomosa se produit pour la deuxième fois sur la Valley, devenue entretemps scène en plein air… Ils ont publié en 2024 un deuxième album, Red Thundra, unanimement salué par les connaisseurs. Les abords de la combe dédiée au stoner sont noirs de monde, les berguénois sont cette fois très attendus. Leur généreuse prestation, retransmise via ARTE Concert, sera indéniablement une de meilleures de cette première journée (voire du festival), tous styles confondus. Plus tôt, à 15 heures 21, le chanteur-guitariste Benjamin Berdous m’avait joint au camping sur mon portable, afin de m’annoncer que les trois autres membres du groupe (Marie Moe, Jard Hole et Tor Erik Bye) étaient immédiatement disponibles pour une interview à l’espace-presse… C’est vous dire si je ne boude pas mon plaisir en enfilant sans délai mes deux souliers…
Art’n’Roll : (NDA : essoufflé) Bonjour, comment s’est passé votre concert au festival néerlandais Into The Grave samedi dernier ? C’était sympa ? J’ai vu de belles photos sur votre Instagram…
Marie Moe (Basse) : C’était formidable. Il faisait particulièrement chaud, comme aujourd’hui d’ailleurs. Nous avons été assez surpris par l’ambiance particulièrement « metal », car nous nous attendions à jouer dans un festival un peu plus « stoner »… Nous avons malheureusement été contraints de partir plus tôt que prévu, vers 17 heures… C’est vraiment dommage car nous aurions voulu rester là-bas toute la nuit (Rires)
Jard Hole (Batterie) : C’était effectivement un public plus « metal » que d’habitude, on serait volontiers restés plus longtemps, notamment pour pouvoir rencontrer les gens…
ANR : Marie, tu donnes tout sur scène, on dirait parfois que tu es en souffrance tellement tu es dans l’instant…
MM : « Souffrance » (Rires)
ANR : Je dis cela, car, sur les photos de l’Into The Grave, tu sembles encore plus possédée que d’accoutumée….
MM : Je pense que c’est agréable de pouvoir communier avec le public, de ressentir le fait que les gens apprécient que tu travailles dur sur scène… C’est important pour nous de tout donner en concert… Je dirais même que si nous ne donnions pas tout lorsque nous sommes sur scène, nous ne mériterions même pas d’être sur scène ! C’est mon opinion.
ANR : On a coutume de dire que Slomosa joue du « Desert Rock »… Quelle pourrait être selon vous la définition de ce style musical ?
MM : Une musique chaude, qui t’aide à te relaxer un petit peu… Tu travailles dur toute la journée, et elle t’aide le soir à te relaxer… Ce serait peut-être cela la définition (Rires)
ANR : Tout à l’heure, vous aller jouer au Hellfest pour la deuxième fois. Vous souvenez-vous de votre premier passage il y a trois ans ?
JH : Nous étions encore un jeune groupe, c’était à l’occasion de notre première tournée… Nous nous sommes soudainement retrouvés à jouer au Hellfest devant 8 000 personnes environ, c’était un tantinet flippant ! J’ai aimé notre concert, même si je ne me souviens plus très bien de tout, il s’est passé tellement de choses ce jour-là !
MM : Ouais !
ANR : Pourtant le concert était disponible sur ARTE Concert…
JH : Effectivement…
ANR : C’est la deuxième fois que je converse avec vous : la première, c’était à Pigalle à Paris, après votre concert d’octobre 2022 au O’Sullivans Backstage by the Mill… Marie m’avait fait part de l’affection que Slomosa porte à son « parrain », j’ai nommé Nick Oliveri… Êtes-vous toujours en contact avec lui ?
JH : Je crois que nous ne l’avons plus vu physiquement depuis août 2022… Mais sinon : oui, nous lui avons envoyé des textos l’an dernier pour lui souhaiter son anniversaire !
ANR : Votre deuxième album, Red Thundra, est sorti l’année dernière : quel bilan pouvez-vous tirez de ce disque quelques mois après ?
MM : Il est bon, c’est un succès.
Tor Erik Bye (Guitare) : Nous en sommes assez fiers.
JH : Il s’inscrit véritablement dans la suite du premier, c’est sa suite naturelle.
ANR : Le son est, en effet, assez similaire. Ma chanson préférée est « Red Thundra »… Marie, tu en chantes les premières phrases, te souviens-tu de la première fois que tu les as chantées ?
MM : Au moment de l’enregistrement ?
ANR : Oui.
MM : C’était une décision prise à brule-pourpoint en studio, presque à la va-vite… Les autres me demandent : « Hé Marie ! Tu peux s’il te plaît tenter ne serait-ce qu’un essai ?!? »… Je leur réponds : « Ouais, je peux essayer ! »… C’était intéressant à faire, car ne suis pas une chanteuse, je suis uniquement là pour jouer de la guitare-basse (Rires) Quoi qu’il en soit, je ne pense pas persévérer au chant, je préfère réellement jouer de la basse !
TEB : On va vraiment essayer de lui faire chanter une chanson entière sur le prochain album !
JH : (Rires)
MM : On verra cela (Rires)
ANR : Justement, parlons un peu de la basse : tu joues sur une basse cinq cordes… Pourtant les parties de basse de Slomosa, si elles sont intenses, si elles sont « rock’n’roll », ne sont pas spécialement techniques… Pourquoi ce choix ?
MM : Il a été fait en fonction de l’accordage. Je ne suis pas sûre que la basse cinq cordes soit si technique que cela, je l’ai adoptée pour des raisons pratiques liées à la tonalité, afin de pouvoir descendre davantage dans les graves en accord avec les deux guitares.
ANR : Quels groupes comptez-vous voir après votre concert ?
TEB : Ihsahn ! Ihsahn !
ANR : D’accord. Tu écoutes donc toujours du black metal ?
TEB : Bien sûr !
ANR : Merci Slomosa !
Photos par Pauline Cassier.