Interview Les Garçons Bouchers – Hellfest – Vendredi 20 Juin 2025

lundi/04/08/2025
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Bien installés dans l’herbe, à l’ombre, j’ai pu passer avec Pierre Favre des Garçons Bouchers, un excellent moment de partage. Malgré ses tatouages et sa grosse barbe (Rires), c’est un gros nounours qui a répondu à mes questions! Un homme simple, gentil, avenant et tellement attachant. Quel bonheur de connaitre ce groupe qui a un coeur gros comme ça et qui fait perdurer la mémoire d’un grand monsieur, François Hadji-Lazaro.

Art’N’Roll : Bonjour Pierre Favre ! Quel plaisir de te retrouver ! Tu es donc le chanteur des Garçons Bouchers.

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Bonjour Céline, heureux de te revoir également.

Art’N’Roll : Tu es une des têtes emblématiques des Garçons Bouchers !

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Oui après, François bien sûr !

Art’N’Roll :  Oui notre regretté François qui nous a quitté il y a quelques temps et et dont vous faites perdurer la mémoire d’une très belle façon !

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Oui et on n’oublie pas non plus tous les copains qui font partie de l’aventure Garçons Bouchers qui sont partis aussi, je pense à Riton, à Robert MacLeod et aussi des anciens qui sont toujours vivants mais ne sont plus là, comme Éric Blitz le premier chanteur. Et puis il y a aussi Daniel, Blank, enfin plein de gens quoi.

Art’N’Roll : Oui il est vrai que ça fait quand même quelques années que vous existez !

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : En fait, l’aventure a commencé en 1985 et s’est achevée en avril 97. Moi, je suis devenu chanteur des Garçons Bouchers à partir de janvier 89 jusqu’à la fin.

Art’N’Roll : Oui et tu n’avais pas la barbe à l’époque ! (Rires)

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Non, je n’avais pas la barbe. Tout compte fait, c’est que des poils, hein ? (Rires) Disons que je laisse juste ce qui pousse le plus vu qu’il n’y a plus grand-chose sur le dessus depuis très longtemps. (Rires)

Art’N’Roll : Alors jJe sais que vous êtes super heureux de jouer sur la Warzone, sur cette scène emblématique, on en avait d’ailleurs parlé il y a peu de temps au Festivasques. Vous vous sentez comment maintenant que vous êtes sur place ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : On est très sereins. Chacun a envie de bien faire. Ça va passer hyper vite, comme à chaque fois, mais là on a 1 h de set donc tu sais, on va dire c’est 50 minutes de de musique, plus les blablas entre les chansons. C’est très court, mais bon, c’est intense et puis on ne joue pas souvent dans des endroits où il y a autant de monde. Je crois que la jauge est à 15000 personnes à la Warzone donc c’est quand même cool quoi. L’essentiel c’est qu’on s’entende bien, parce que tu sais, il n’y a pas de balances dans ce genre de festival donc c’est toujours un petit peu l’inconnu. Mais bon, c’est des pros aussi donc on fait confiance.

Art’N’Roll : Vous arrivez bientôt au terme de la tournée hommage à votre ami François, y-a-t-il un peu de nostalgie, la hâte de prendre des petites vacances ou juste envie d’arrêter quelques temps et de reprendre un peu plus tard ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Alors, on a des concerts jusqu’en décembre, on a une petite parenthèse en février 2026, mais c’est vraiment particulier. Et puis ça s’arrête et il est en projet de faire peut-être un album live de la tournée. Donc on s’enregistre, on a une petite caméraman qui nous suit aussi qui fait des images donc on va essayer de créer un objet pour qu’il y ait un souvenir de cette aventure. Et puis, suite à la sortie de cet objet, peut-être encore quelques dates en 2027. Pour éventuellement je dis ça, mais il n’y a rien de fait hein, mais ça pourrait se faire peut-être pour clôturer définitivement l’aventure Garçons Bouchers, là où cette parenthèse a repris, à la fête de l’Huma en 2027. Ce serait cool, donc peut-être que ça se fera, en tout cas on en a déjà un petit peu discuté.  La famille est super contente qu’on puisse continuer un petit peu et ça nous permettrait aussi, en 2027, de modifier un petit peu la setlist qu’on fait aujourd’hui. On pourrait remplacer 8 morceaux par 8 autres que chantait François, que ce soit dans les Garçons Bouchers, Pigalle ou Los Cayaros. On a de quoi faire.

Art’N’Roll : Comment je suis passé tournée depuis que vous avez commencé cet hommage à François. Est-ce qu’il y a des moments qui vous ont marqué plus que d’autres ? Y-a-t-il des petites anecdotes à retenir ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Nous, tu sais, on prend ça comme un cadeau. Parce qu’on pensait moi personnellement, je ne pensais jamais refaire des chansons des Garçons Bouchers, depuis la fin en 97. On essaie de savourer chaque date. Alors évidemment, comme il y a eu un gros break. Moi je joue dans un petit groupe qui s’appelle « Les Sans Voix », on joue en amateurs, donc tu vois, j’avais une petite appréhension sur les premiers concerts quand même. Donc il a fallu une bonne dizaine de concerts pour vraiment observer la dynamique tout ça. Alors au début il y avait un peu de tension et après ça a été mais sinon c’est rigolo de faire ces concerts. Et puis une anecdote ? Je ne sais pas, il y en a plein mais comme ça, j’ai pas franchement réfléchi.

Art’N’Roll : J’ai pu constater, lors des concerts où je vous ai vu jouer, que le fait d’entendre François chanter touchait vraiment le public. Quel est votre ressenti sur scène lorsque vous faites vivre ces moments en sa mémoire ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : On a vraiment voulu que ça soit une tournée hommage à François, c’est à dire que François participe aussi. C’est ce qu’il fait parce qu’en fait, quand tu écoutes les chansons des Garçons Bouchers pendant nos concerts, on entend des instruments qui jouent mais ne sont pas visibles en live parce qu’on entend l’accordéon, le violon par exemple et on a vraiment voulu que ce soit François qui joue, donc on a extrait des disques les parties instrumentales de François et elles sont déclenchées par le batteur au début de chaque morceau et donc ça nous a permis de faire en sorte que François soit là, mais on voulait aussi qu’il soit là, qu’on puisse le voir visuellement, donc c’est pour ça que sur la chanson « Punkifiée », il y a des images sont projetées. A part ici au Hellfest, on n’aura pas les images que l’on a d’habitude. Il faut savoir que ces images ont été faites par un de ses fils Paul, qui travaille dans la vidéo et qui a fait tout un travail d’images pendant nos concerts. Mais en revanche, il y aura quand même normalement si ça marche, l’apparition de François aussi sur scène avec nous ici. Voilà donc, c’est notre manière à nous de faire en sorte qu’il soit présent.

Art’N’Roll : Est-ce que vous pensez que votre style musical, il était juste aussi important auprès du public ou est-ce que vraiment ce rock engagé a perdu un peu de son âme ? As-tu constaté des changements par rapport aux débuts ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Bah écoute les « Bouchers », ça a toujours été particulier, sur une base rock un petit peu rentre dedans et l’apport d’instruments acoustiques. Il n’y en a pas tant que ça, mais bon là, par exemple,  il y a les Real Mackenzie qui vont jouer avant nous ce soir, ils jouent de la cornemuse, et dans le rock ça le fait ! Et il n’y a pas que la cornemuse qui le fait quoi. Et François vient du folk à la base, donc c’était un amoureux du folklore mondial en général et d’ailleurs, par exemple, on a un morceau cajun, on a un morceau québécois, et tout ça c’est vraiment la spécificité de la musique des Garçons Bouchers. Alors bon, chaque génération a ses modes, a sa musique, on le sait. La musique qui plaît à la majorité des jeunes aujourd’hui, c’est pas du tout le rock, mais nous, dans le rock, on a eu notre place. Si les gens prennent du plaisir, nous on est là pour ça.

Art’N’Roll : Concernant « l’après tournée en hommage à François » avez-vous d’autres projets solo ou en groupe ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Alors si il se passe quelque chose ce sera en 2027 mais bon déjà on va finir 2025. Moi, j’ai mon petit groupe avec lequel je vais continuer à faire nos concerts par chez nous. Chacun a ses projets, moi je suis retraité donc je ne suis pas intermittent, je m’en tape, je ne gagne pas des 1000 et des 100 mais c’est vraiment un plaisir. Mais dans le groupe, tous ceux qui sont intermittents du spectacle si ils veulent vivre de la musique il leur faut plusieurs projets en même temps. Sinon tu n’en vis pas. Par exemple tu as interviewer Lion’s Law, et bien Victor, lui il a plein de groupes et en fait ça lui permet d’avoir une certaine liberté, une certaine autonomie.

Art’N’Roll : Alors une petite question, celle-là tu ne t’y attends j’en suis sûre ! (Rires). Mais avant tout je dois te dire que je suis super impressionnée par ta performance de danseur sur scène parce que tu as vraiment encore la pêche.

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Allons bon !

Art’N’Roll : Donc voilà ma question 😉 Nous avons évoqué ensemble il y a quelques jours le fait que certains te pensent curé. Oui je le sais ça te fait bien rire ! Nous avons d’ailleurs bien rit ensemble quand on en a discuté. Pour mettre les choses au clair pour ceux qui n’ont absolument rien compris, pourrais-tu me rappeler quel est ton engagement au secours catholique et le fait que non, tu n’es pas curé !

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Dans le fil de l’histoire, ça commence il y a quelques années. Moi j’étais marié avec Géraldine, mon épouse, qui est décédée suite à un cancer de l’utérus. On était séropositifs, on n’avait pas de défense immunitaire et la pauvre, elle est décédée de ce cancer. Donc moi, les 5 dernières années de notre vie commune, j’étais dans l’accompagnement de ma femme. Et inconsciemment, quand elle est décédée et quand t’accompagne quelqu’un, tu réalises pas que tout s’arrête  tu te retrouves complètement seul et tu te sens inutile, tu ne sais plus quoi faire. Et bien moi mon réflexe, c’est que j’ai regardé autour de moi et j’ai vu qu’il y avait une asso caritative qui était le Secours Catholique. Je n’avais pas d’a priori, j’avais lu dans les bouquins que « Katholicos » en grec, ça voulait dire universel. Donc moi qu’on soit frère et sœur en humanité, depuis que je suis gamin, et je suis un vieux Baba cool à la base, j’ai toujours pensé ça. Donc je suis allé frapper à la porte, j’ai dit « si vous avez besoin d’un coup de main je suis là ». Donc j’ai été débuté à l’accueil puis après on m’a demandé de faire la comptabilité d’une petite équipe locale dans une petite ville. Et puis, j’ai été responsable d’équipe parce que le responsable avait un cancer. Et on m’a demandé un jour si je ne voulais pas travailler avec un aumônier du Secours Catholique pour travailler sur la dimension un peu spirituelle, parce que tous les êtres humains s’interrogent sur la réalité de la vie, se posent des questions existentielles et ce que j’aimais bien dans cette asso, c’est qu’on pouvait se permettre d’en discuter avec des gens qu’on accompagne. Quand quelqu’un vient chercher un appui financier pour acheter une voiture ou pour avoir un petit peu d’alimentation ou bien payer une facture, c’est une personne qui se pose elle aussi des questions existentielles et de tous horizons, tu vois ? Et donc je suis devenu adjoint d’un aumônier du Secours Catholique, adjoint territorial plus exactement et un jour on m’a interviewé. Et à ce journaliste qui m’interview, j’évoque ce que je viens de t’expliquer. Et ce Monsieur a eu la bonne idée de dire que j’étais aumônier du Secours Catholique. J’ai jamais été aumônier, j’étais juste son adjoint, tu vois ? Mais c’est tout. Et donc après suite à ça d’aumônier il y a des gens qui ont dit  que j’étais curé. Et on m’appelle « mon Père » des fois dans la rue, tu vois alors que moi je suis Pierrot Saput, moi aussi j’ai dit Dieu ni Maitre pendant longtemps. Je ne le dis plus maintenant, parce qu’en fait j’ai une vie de foi qui est née aussi de tout ce chemin de vie. Mais en fait moi je prends l’amour, en fait, je ne crois pas en un Dieu réellement. Non, non, moi je ne suis pas curé, je suis laïque. Voilà. Je suis juste bénévole au secours catholique depuis 2002. Ma femme est décédée en 2001 et j’y suis encore aujourd’hui. Je suis bénévole, j’aime bien le mot bénévole parce que ça veut dire que je te veux du bien, donc moi, quand je vais bosser, c’est pour essayer de faire du bien. Bon après des fois je me plante ! (rires)

Art’N’Roll : Je tiens à te dire un grand merci pour le temps que tu l’as consacré. Est-ce qu’il y a des groupes que tu as envie de voir pendant le laps de temps que vous allez passer ici ?

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Oui nous on va rester vers la Warzone, j’ai envie de voir The Damned quand même, ça vaut le détour. Et les Sex Pistols mais je ne sais pas si on restera jusqu’au bout des Pistols ? Il va falloir négocier, on a un groupe de vieux !

Art’N’Roll : Oui j’ai vu ça la dernière fois ! (Rires). Ce sont les plus vieux qui veulent rester et les plus jeunes qui veulent partir.

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Surtout que demain on n’a pas de concert ! Mais bon, il faut rentrer. Moi j’habite dans le Var, donc après une fois à Paris, il faut encore reprendre un train. Avec la canicule, on m’a déjà prévenu que les trains risquaient d’être en retard. Mais enfin ce n’est pas grave ça c’est demain. Aujourd’hui on est au Hellfest et on va profiter du moment présent.

Art’N’Roll : Je vous le souhaite ! Merci encore pour ta présence à cette interview.

Les Garçons Bouchers (Pierre FAVRE dit Pierrot Saput) : Merci Céline !

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