Interview avec Brant Bjork – Westill – Vendredi 31 octobre 2025

mercredi/05/11/2025
38 Views

Personne n’a jamais aperçu l’affable et génial Brant Bjork dans la même pièce que Big Jim Martin. On ne l’a jamais vu en compagnie de Cheech & Chong, ni non plus de Phineas T. Phreak. Coïncidences ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que je dois me trouver dans la même pièce que lui à 20 heures 25 ce vendredi 31 octobre 2025… Plus précisément à l’espace-presse du festival Westill à Vallet… Je suis, pour ma part, épaulé par mon pote Paul. Nous serons donc au minimum trois personnes dans la même pièce…

 

 

« Le Ying et le Yang » 

 

Art’n’Roll (Romain) : Quel bilan tires-tu de l’expérience Stöner, ton précédent groupe ?

Brant Bjork (Guitare-Chant) : Très bon ! Nick (NDA : Oliveri) et moi sommes comme le Ying et le Yang !

ANR (R) : Quel souvenir gardes-tu de votre passage avec Nick à l’édition 2022 du Hellfest ?

BB : On est arrivés au Hellfest quinze minutes seulement avant de jouer (Rires) Donc nous étions en plein rush ! Je crois me souvenir qu’il m’avait fallu trois trajets en avion pour rejoindre le site ! Donc j’étais fatigué et excité en même-temps (Rires)

ANR (Paul) : Tu as beaucoup joué en France : te souviens-tu de ton tout premier concert ici ?

BB : Non, je ne me souviens pas. Je suppose que c’était probablement au début des années 2000…

ANR (R) : C’était avec Fu Manchu ?

BB : Yeah, je sais que c’était avec Fu Manchu une des premières fois…

ANR (R) : C’était peut-être Fu Manchu à La boule noire, à Paris, le 24 février 1998…

BB : Peut-être, ouais, peut-être… Je suis revenu après avec mon propre groupe, en 2003 ou 2004… C’était dans un petit club, et j’en conserve un super souvenir !

ANR (R) : Stöner est un trio, Brant Bjork Trio est un trio… Cette formule serait-elle à présent ta préférée ?

BB : Le trio ? Ahemmmmm, je n’ai pas spécialement de formule favorite, mais… Il y a quelque chose d’attirant dans cette formule, mes deux disques préférés ont été enregistrés par des trios…

 

« Mon évasion sonique »

 

ANR (R) : Le Jimi Hendrix Experience est-il ton groupe préféré ?

BB : Are You Experienced ? est un très bon disque…

ANR (R) : Jimi Hendrix à Maui est-il ton concert préféré de lui ?

BB : A Monterey ?

ANR (R) : A Maui.

BB : Maui ! Maui… C’est bon ! J’aime ça !

ANR (R) : Tu préfères Monterey ou Maui ?

BB : Non, je préfère très probablement… Well, I Mean… En fait, je n’ai pas de concert préféré, pour être honnête… Chaque époque de Jimi est formidable ! J’aime les premiers trucs qu’il a faits, tout comme j’aime la période Band of Gipsys… Woodstock, également, était grandiose… Je n’ai pas vraiment de période de Jimi Hendrix de prédilection… Mais mon disque préféré est Are You Experienced ?

ANR (R) : « Backin’ The Daze », un de tes derniers simples, est-elle une chanson nostalgique ?

BB : Elle l’est, mais ce n’était pas dans mon intention… Le résultat a fait que c’est une chanson nostalgique…

ANR (R) : Autre simple récent : pourquoi « Magic » dans le titre « Magic Surfer Magazine » ?

BB : Well, je suis un gamin qui a grandi dans le désert. Mon Internet à moi, mon YouTube, était ce magasin pas loin de chez moi, qui vendait des magazines… Ces magazines étaient mon évasion visuelle, tout comme la musique était mon évasion sonique… À la lecture de ces magazines, je m’évadais visuellement du désert… Et j’étais un gamin du désert qui aimait le surf, mais la première plage était trop loin de chez moi… Donc quand je lisais Surfer Magazine, je rêvais d’être surfer, tu vois (Rires)

ANR (P) : Tu es un des pères du rock stoner, quels sont les groupes de stoner récents que tu apprécies ?

BB : Ahemmm… C’est une bonne question… Pour être parfaitement honnête, il y a vraiment beaucoup de très bons groupes actuellement, c’est certain… Et, honnêtement, je n’ai pas de groupe « favori » qui me vient à l’esprit comme ça… J’ai travaillé depuis plus de trente ans avec tellement de groupes, et je respecte tout groupe qui est capable de créer quelque chose de neuf et d’excitant… J’apprécie découvrir de nouvelles choses, de regarder les autres sur scène : ce soir, les deux groupes qui ont joué avant nous étaient supers (NDA : Wormsand et Mephistofeles)

ANR (R) : Dans une de tes dernières publications Facebook, tu adresses un « Desert Thank You » à ton public… Quelle serait ta définition du « Desert Rock » ?

BB : Ma définition du Desert Rock ?!? Well I Mean, lorsque nous avons créé ce style, nous étions jeunes, et étions dans le punk rock ! Du punk rock, en Californie, au milieu des années 1980. A cette époque, le rock ne se portait pas très bien. Nous avions choisi de revenir aux racines, de revenir aux années 1960 et 1970. Cette exploration du « rock classique », effectuée en plein milieu du désert, avec une approche punk, a engendré le style « Desert Rock »…

ANR (R) : Tu as employé les mots « rock classique » : quels seraient tes groupes de « rock classique » préférés ?

BB : Oooooohhhh… I Mean… J’aime Black Sabbath ! Black Sabbath est au Desert Rock, au Stoner Rock ce que Muddy Waters fut aux Rolling Stones (Rires) Tu vois ce que je veux dire ?!? C’est le même effet pour moi, lorsque j’ai découvert Black Sabbath alors que nous étions en plein milieu des années 1980…

ANR (R) : Tu es Stones période Brian Jones, Mick Taylor ou Ron Wood ?

BB : Oh… C’est une bonne question…

ANR (R) : Merci, Thank You !

BB : J’aime vraiment les premiers Stones… Mais, je ne dirais pas que j’aime les premiers Stones à cause de Brian Jones, j’aime vraiment leur Early Shit… J’ajoute que la période Mick Taylor est fabuleuse, il est vraiment Badass !!!

 

« Raconter mon histoire »

 

ANR (R) : Tu es musicien et producteur. Quel autre métier aurais-tu voulu faire ?

BB : Well I Mean, j’ai joué mon premier concert à l’âge de treize ans, et je me suis dit que c’était tout ce que je voulais faire, et je n’ai jamais cessé de faire cela depuis (Rires)

ANR (P) : Je me demandais à ce titre : tu as commencé en tant que batteur dans Kyuss, tu es maintenant guitariste et chanteur… Comment s’est passé cette transition et que préfères-tu faire ?

BB : J’ai toujours été amoureux de la batterie, toujours été amoureux de la guitare, toujours été amoureux de la musique ! J’ai commencé à écrire des chansons très jeune, du temps de Kyuss, c’est là que j’ai compris qu’écrire des chansons était de raconter mon histoire, et que personne d’autre ne pouvait le faire à ma place, puis le passage à la guitare s’est fait tout naturellement…

ANR (R) : Cyril Deluermoz, le regretté défricheur du genre stoner en France, avait à l’été 2007 posé cette question : « Et si, finalement, c’était lui, ce freak d’origine mexicano-irlando-cherokee, le dépositaire le plus obstiné de l’esprit du desert rock ? Plus encore que Josh Homme et ses QOTSA, Nick Oliveri et son Mondo Generator ou John Garcia et Unida ou Hermano ». Que penses-tu de cette opinion ?

BB : D’accord ! Je vois ! C’est très…

ANR (R) : Pur !

BB : Pur ! Mais… Je ne suis pas mexicain… Mon père était noir…

ANR (R) : Ah !

BB : Ah (Rires) Et ma mère était écossaise, pas irlandaise ! Mais ce n’est pas loin, c’est même très proche (Rires)

ANR (P) : Il voulait dire par là que tu es l’esprit de la musique stoner et desert rock, selon lui, plus que John Garcia ou Nick Oliveri…

BB : I Mean, quand j’étais dans Kyuss, en 1991, nous étions alors en pleine tournée, j’étais défoncé, et John Garcia était alors le leader du groupe… Je me suis dit à moi-même que j’étais originaire du désert, j’ai alors partagé cette pensé à John, je lui ai dit que c’était important d’être du désert… Et il n’a pas compris ce que je voulais lui dire… J’ai réalisé à quel point c’était important de venir du désert, et de ne pas en être embarrassé, de se sentir intimidé… Car le désert est la matrice, le noyau, de notre musique (Rires) Quoi qu’il en soit, il faut savoir aimer ses origines et savoir être soi-même… J’ai donc eu cette énorme, vision, artistique… Et cette vision artistique est devenue Blues for the Red Sun (NDA : le classique stoner, la pierre angulaire du genre, publiée par Kyuss en 1992)

 

« Tout est affaire de conscience »

 

ANR (R) : Tu as joué de la batterie sur l’album Auf Der Maur, de Melissa Auf Der Maur, paru en 2004 (NDA : sur « Followed The Waves » et « My Foggy Notion ») J’adore ce disque… Quel souvenir en conserves-tu ?

BB : Elle est vraiment cool… J’adore Melissa… She’s Nice

ANR (R) : Elle est canadienne… Vois-tu des différences d’approche entre le rock californien et le rock canadien ?

BB : Oui, bien sûr, c’est différent… Je dirais même que tout est différent… Chaque environnement produit sa propre musique, tu vois, ça nous ramène d’ailleurs à ma propre conception du « desert rock »… Tout est affaire de conscience, de savoir d’où l’on vient…

ANR (R) : Aimes-tu jouer dans l’Ouest de la France ?

BB : J’aime tout simplement jouer en France…

ANR (R) : Ici aussi, il y a des différences de perception induites par l’origine géographique : c’est comme si moi j’étais de New-York, et mon pote à côté de moi de… Seattle !

ANR (P) : (Rires)

BB : Yeah Yeah, je vois parfaitement…

ANR (R) : Ma dernière question : demain c’est l’anniversaire d’Anthony Kiedis… Aurais-tu un mot à lui dire ?

BB : Qui ça ?

ANR : Anthony Kiedis…

BB : (Rires) J’en ai aucune idée…

ANR (P) : Ma dernière question : quels sont tes plans pour le futur ? Tu as joué avec Stöner, avec le Brant Bjork Trio : quel serait ton prochain projet, ta prochaine idée, pour l’an prochain ?

BB : Ahem… Je vais m’offrir une année sabbatique l’an prochain, pouvoir passer un peu de temps avec mes gamins, de lire des livres, et d’en écrire un… J’ai néanmoins des projets, des projets musicaux… C’est important de rester créatif…

ANR (R) : Tout en rappelant que tu réalises un album par an depuis trente-cinq ans, c’est monumental… Tu es plus créatif qu’Elton John, ou presque !

BB : (Rires)

ANR (P) : Nous restons curieux : quel sera le sujet du livre que tu écriras ?

BB : J’écris quelques romans… Et j’écris aussi quelque chose qui ressemblera à mes mémoires… Ouais !

ANR (P) : Merci !

ANR (R) : Merci !

BB : Thank You !

Leave A Comment