Interview avec Didier Wampas – Motocultor – Samedi 16 août 2025

mardi/16/09/2025
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« Un bon client ». J’ai entendu cette expression au minimum trois fois ce samedi du Motocultor, après avoir annoncé à tel ou tel interlocuteur que j’avais rendez-vous à 17 heures 50 à l’espace Glenmor avec le grand Didier Wampas. Je sais bien. C’est pour cette raison que je l’ai demandé en interview… CQFD.

 


Art’n’Roll : J’ai pas arrêté. Aujourd’hui, un paquet de groupes metal ont cartonné…

Didier Wampas (Chant) : Ah oui ?

ANR : Un groupe allemand que j’ai interviewé ce matin, puis le concert de Loudblast qui ont fêté leurs quarante ans, ainsi qu’un autre groupe allemand également, assez caricatural mais qui a remporté l’adhésion du public…

DW : C’est bien…

ANR : Les Wampas, une fois encore, vont « œuvrer » dans un festival metal… J’ai fait les comptes : vous avez fait deux Hellfest, un Motocultor, et toi tu t’es produit avec Didier Wampas Psycho Attack au Hellfest l’an dernier… Quel souvenir gardes-tu de toutes ces confrontations avec le « milieu metal » ?

DW : Ben, au Hellfest de toutes façons, on joue à la Warzone, donc tu n’as pas l’impression de jouer dans un festival de metal… Et au Motocultor il y a trois ans je crois, c’était bien aussi, j’en garde un très bon souvenir…

ANR : Vous jouez en zone un peu excentrée ce soir…

DW : Ah ouais, encore… Ils veulent nous planquer ou quoi ?

ANR : Je t’avais interviewé en 2018 à la Maroque, t’avais été vraiment chou…

DW : Ouais…

ANR : T’avais absolument essayé de raccrocher l’interview au metal…

DW : Ah oui ?!?

ANR : Tu avais notamment raconté cette anecdote de Maiden en 1984 à Balard…

DW : Ah oui (Rires)

ANR : Où tu t’étais barré après la première partie assurée par Mötley Crüe en disant aux CRS que tu n’en avais « rien à foutre » de Maiden… Ce soir, tu joues sur la Bruce Dickinscène quand-même !

DW : Ah ouaissss ! Tiens, je l’ai vu en concert au Hellfest il y a deux ans…

ANR : En 2018, on avait eu une discussion sur les genres et les sous-genres dans le metal, et tu m’avais dit que « toi en tant que chroniqueur, si tu donnes le mauvais mot, t’es grillé… » ce qui est avec le recul la stricte vérité !

DW : (Rires) Je pense, effectivement, qu’une petite erreur et c’est aïe aïe aïe !

ANR : Les Wampas, finalement, sont inclassables… Vous n’appartenez à aucun genre, et le truc en définitive de Didier Wampas, c’est la chanson…

DW : Oui.

ANR : Ton truc, c’est la chanson…

DW : C’est important d’avoir des chansons…

ANR : La construction, on sent que tu as été piocher partout, de Dick Rivers à Pierre Perret…

DW : Ben, je suis allé chercher nulle part en fait. En vrai, je ne cherche nulle part. Je prends ma guitare, je commence à jouer, à chanter et cela sort du premier jet ! Je cherche nulle part, je ne cherche vraiment rien ! Jamais, jamais, jamais !

ANR : Je vais donc te proposer une interview « Chansons des Wampas »…

DW : Vas-y ! Houla !

ANR : Je te donne un mot ou une phrase, tirée d’une de vos chansons, et te me réponds… Est-ce que tu continues à t’appeler « mon Didou » quand tu te parles à toi-même (NDA : « Persistance rétinienne ») ?

DW : « Mon Didouuuuu »… Heu… Non rarement ! D’ailleurs, c’est notre ancien régisseur qui m’appelait « Mon Didou »… Ma femme m’appelle pas « Didou » non plus… On m’appelle plus « Didou » maintenant… Quelques fans, de temps en temps…

ANR : C’est quand la dernière fois que tu es allé à Pontoise (NDA : « Dernier train pour Pontoise ») ?

DW : Mon frère habite à Jouy-le-Moutier qui est à côté de Pontoise, donc je suis passé à Pontoise en allant voir mon frère…

ANR : Et en Suisse (NDA : « I Hate Switzerland ») ?

DW : Il y a longtemps que je suis allé en Suisse. Ils ne voulaient plus de nous après la chanson, mais vraiment ! On devait jouer un jour à Lausanne, et les mecs ont dit : « On se met en grève si les Wampas vont passer ! »… Ils n’ont pas beaucoup d’humour !

ANR : Et dans la ville de François Goulard (NDA : « Chirac en prison ») ?

DW : Beeeeeeeen heu, est-ce qu’on est retournés à Vannes ?!? Si, puisque c’était pas loin de Vannes le Motoc’ avant ?!?

ANR : Oui !

DW : Oui, on est retournés à Vannes… De toutes façons, je pense qu’il n’est plus là…

ANR : Est-ce que t’écoutes encore les Cramps (NDA : « J’écoutais les Cramps ») ?

DW : Non.

ANR : Pourquoi ?

DW : Je n’écoute pas beaucoup de vieux trucs. Je n’aime pas écouter les vieux trucs : il y a des gens qui écoutent des trucs de quand ils étaient petits, ça ne me fait pas le même effet quand je réécoute les Ramones, ou si, à la limite les Ramones… Mais certainement pas les Cramps, les Clash ou même les Pistols, tous mes vieux disques… J’essaie toujours de découvrir des trucs ! Je ne réécoute jamais les Cramps… Depuis qu’on a joué avec eux une fois…

ANR : Ah oui, je me rappelle, ça c’était mal passé !

DW : Ah les gros cons…

ANR : (Rires)

DW : Ce sont des gros cons d’Américains…

ANR : C’est pas du « off » là ?

DW : Non, non, ça va…

ANR : ça roule…

DW : OK, tu peux…

ANR : Cet été, tu as regardé Jalabert commenter le Tour sur France 2 (NDA : « Jalabert ») ?

DW : Nooooooooon… Il n’était pas content. Il est venu nous voir quand on a joué à Toulouse, l’année dernière, il est passé nous voir et on a bouffé avec lui, je lui ai dit que je regardais Eurosport, il l’a un peu mal pris mais c’est vrai : je préfère regarder Eurosport, ils sont plus drôles quand-même, c’est un peu trop figé France 2, je préfère Eurosport…

ANR : Tu préfères les motos aux oiseaux, ou les oiseaux aux motos (NDA : « Où sont les femmes ? ») ?

DW : Oh les oiseaux quand-même, les motos j’m’en fous un peu… J’suis vélo, pas moto, j’ai pas mon permis, je l’aurai jamais…

ANR : J’le passe mardi figure-toi !

DW : Ah ouais ! Allez, dans l’absolu, je voudrais bien avoir le permis moto pour pouvoir conduire une Harley au moins une fois dans ma vie ! Aller aux États-Unis, louer une Harley, mais bon, je le ferai jamais…

ANR : Sur votre dernier album, il y a un morceau complément dingo, qui s’appelle « L’avocat »…

DW : Ah ouais !

ANR : Tu as eu l’idée comment ?

DW : J’étais à Sète, et je rencontre un pote qui me raconte qu’il a mis un truc à décongeler sur sa fenêtre et que son voisin lui a piqué… Et après, je rencontre un autre pote, qui me raconte que son voisin l’avocat le fait chier… Et j’ai mélangé les deux histoires ! C’est presque une histoire vraie : deux potes qui m’ont raconté une histoire à cinq minutes d’intervalle, et voilà !

ANR : Canon. Je suis avocat et mon cabinet est à Pernety (NDA : « Pernety ») : c’est quand la dernière fois que tu es allé à Pernety ?

DW : Il y a longteeeemps ! C’est loin Pernety ! T’es à Pernety ? Ah ouais. J’ai des souvenirs à Pernety ! J’aime bien cette chanson, on la joue sur scène évidemment… J’adore cette chanson…

ANR : As-tu toujours confiance en la Justice française (NDA : « Chirac en prison ») ?

DW : Ben il faut. Il faut malgré tout continuer à avoir confiance, même si parfois il y a des raisons dans le sens contraire… Il faut continuer à croire en la Démocratie malgré tout, même si ce n’est pas facile, des fois on a envie de plus y croire, mais bon… Il faut continuer à y croire…

ANR : Plus jeune, tu as rencontré des prêtres ouvriers (NDA : « Punk ouvrier ») ?

DW : Oui, oui, oui, oui-oui ! J’avais un pote qui était à la J.O.C.

ANR : Ouais.

DW : À la JOC, à Villeneuve-la-Garenne… Quand j’étais p’tit… Et il lisait L’Huma, ce n’était pas vraiment un prêtre ouvrier, mais presque quoi… Une fois, il m’a emmené à la fête des J.O.C. j’sais plus quoi, il y avait Lavilliers qui jouait… C’est tout ce dont je me souviens…

ANR : « Rimini », « C’est l’amour » : t’as un truc avec l’Italie toi ?

DW : L’amour c’est comme le Tour d’Italie aussi ! Il y a une chanson comme ça ! T’as pas écouté sur le dernier album, il y a une chanson qui parle de ça (NDA : « L’amour c’est comme le Tour d’Italie ») Je crois bien que c’est ma chanson préférée parmi toutes celles que j’ai composées de toute ma vie ! L’Italie, ben ouais, ben c’est par rapport au vélo évidemment quoi ! Rimini, Fausto Coppi, Marco (NDA : Pantani) tout ça…

ANR : Ils sont sympas les gitans à Frontignan (NDA : « Frontignan Blues ») ?

DW : Oui. Bon, j’ai eu… Je leur ai acheté mon chien… Ils disent que c’est gratuit, après il faut payer 300 euros, ils t’accompagnent au distributeur pour aller retirer 300 euros… Je m’y attendais un peu, sinon ils sont gentils, ouais… Mon chien a mauvais caractère, mais c’est un chien de gitan !

ANR : T’as vu ta loge au Motocultor (NDA : « Elle est où ma loge ? ») ?

DW : Ouais, j’ai vu ma loge. Ben c’est mieux qu’au Hellfest hein !?! C’est une grande pièce qu’ils ont délimitée, mais t’as un canapé, t’as un frigo alors qu’au Hellfest t’as rien ! T’as un Algeco vide avec deux chaises…

ANR : C’est toujours pas du « off » hein ?

DW : M’en fous (Rires) Les loges sont mieux au Motoc’ (Rires)

ANR : On parlait de chien… Tu l’as rencontré, toi, le chien de Patricia Kaas (NDA : « Elle est où ma loge ? ») ?

DW : Hé oui, c’est une histoire vraie ! On jouait j’sais plus où, c’était en Bretagne, il n’y avait pas de canapé dans notre loge, j’étais crevé, je dormais par terre, elle est passée avec son chien, et son chien est venu me lécher le nez quoi…

ANR : Elle est sympa Patricia Kaas ?

DW : Ben, c’est tout ce que j’ai eu comme relation avec elle ! Je peux te dire que son chien est sympa, elle je ne sais pas… En tous cas, il y avait également Yannick Noah dans ce festival, et quand tu vois Patricia Kaas, Patricia Kaas c’est dix fois mieux que Yannick Noah !

ANR : En termes de sympathie ?

DW : Non, de musique. Musicalement. Elle jouait avec des Anglais ou des Américains, ça jouait, alors que Yannick Noah, on aurait dit du reggae de MJC…

ANR : Du ska festif (NDA : « Elle est où ma loge ? ») ?

DW : Même pas. Du reggae de MJC.

ANR : « Une fille de l’Est », écrit pour elle par Jean-Jacques Goldman, est une chanson magnifique, un chef- d’œuvre…

DW : Je vois pas lequel que c’est… Mais tu vois, le dernier bon album de Johnny, c’est celui écrit par Goldman… Après, il y a celui de Berger qui est pas mal… Attends je dis une connerie : c’est celui de Berger le dernier bon album de Johnny ! Celui où il y a « Tennessee »…

ANR : Goldman a fait des bons trucs…

DW : Ah mais Goldman : respect !

ANR : Il est bon Goldman…

DW : Il a dit un jour quelque chose que j’approuve, il a dit : « J’ai eu du succès le jour où j’ai arrêté de lire BEST et Rock&Folk » ! Et bien, je comprends parfaitement ce qu’il a dit !

ANR : Je la connais cette phrase…

DW : Et bien moi, c’est pareil ! Tant que tu continues à lire ça comme si c’était la Bible, tu vas être coincé si tu fais de la musique, quand tu fais un morceau tu te places par rapport aux gens : « Est-ce que ça se fait, est-ce que ça se fait pas ?!? Est-ce qu’ils vont aimer ?!? »… Moi, j’ai arrêté de lire BEST et Rock&Folk un jour, et c’est là où je me suis lancé dans la musique…

ANR : En parlant du rock français, tu as fait une chanson qui s’appelle « Puta »… Une question moins drôle : un mot sur la mort de Tai-Luc ?

DW : Ahhhh ben c’est triste, qu’est ce que tu veux que je te dise ? Tu m’aurais demandé « Gros François », je t’aurais pas dit pareil !

ANR : Tu l’aimais bien ?

DW : Tai-Luc, ouais. « Gros François », moins. Mais Tai-Luc, ouais. Tai-Luc, c’est un mec bien. Il avait des côtés bizarres, sa fascination pour… Qui s’explique par son anticommunisme… Il venait du Viêt-Nam, donc c’est sûr qu’on peut comprendre…

ANR : « Georges Marchais », c’était sincère ?

DW : Oui, mes parents étaient communistes, quand on regardait Marchais à la télé, c’était la fête, quand j’étais petit j’adorais… Un jour, j’ai essayé de reregarder une interview de lui : la mauvaise foi, la mauvaise foi de Marchais (Rires) C’était quelque chose !

ANR : Ça vaut celle de Mélenchon…

DW : Oui voilà ! En tous cas, petit j’adorais, petit j’étais fan ! Je l’ai croisé une fois à la fête de L’Huma, il était super grand !

ANR : J’ai réécouté « C.R.S. »… Ne trouves-tu pas qu’elle a une véritable actualité plus de vingt ans après ?

DW : Si. De plus en plus même… En ce moment, il y a des C.R.S. devant toutes les synagogues, ouais…

ANR : Dernière question : tu l’as revu la petite fille du clip (NDA : Marion Cotillard dans « Petite fille ») ?

DW : Je l’ai recroisée un jour, ouais. Elle était là à, un truc du genre « Solidays » ou je ne sais pas quoi… Elle était là et, ouais on s’est dit « bonjour », elle m’a reconnu… S’il y a d’autres qui veulent se lancer dans le cinéma, et bien venez, venez tourner dans un clip des Wampas ! C’est pas mal pour se lancer ! Hé mais qu’est ce qui se passe là !!! (NDA : C’est le début de la conférence de presse de Loudblast dans la même salle, on ne s’entend plus trop, mais peu importe : l’interview est finie)

 

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