Quatre années et deux mois se sont écoulés depuis notre première interview (par visio) avec Britta Görtz et Lukas Kerk, la chanteuse et le guitariste de Hiraes. Les mélodeatheux étaient alors sur le point de commercialiser Solitary leur premier album. Depuis, le confinement mondial a cessé, et un deuxième album, Dormant, a été publié par les Allemands l’an dernier. Nous sommes aux environs de 11 heures 30 ce troisième jour du Motocultor 2025. Le site de Kerampuilh est encore désert, le premier groupe n’y jouera que dans deux heures et demie. Je le traverse d’un pas décidé, afin de me présenter devant l’espace presse qui est pour l’heure fermé. Je dois attendre une personne habilitée à m’emmener (pour la première fois cette édition) à l’imposant bâtiment Glenmor… Quelques minutes plus tard, au sommet de la colline, dans la salle dédiée à la restauration des artistes, Britta et Lukas tout juste descendus de leur car sont prêts à répondre à mes questions. Les originaires d’Osnabrück (et des environs) seront, cette fois, épaulés dans cette tâche conversationnelle par le bassiste Christian Wösten ainsi que l’autre guitariste Oliver « Olli » Kirchner…
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« Des t-shirts du Motocultor »
Art’n’Roll : Bonjour Britta (NDA : En français)
Britta Görtz (Chant) : Bonjour… Comment ça va ? Ça va bien ? (NDA : Idem)
ANR : Bonjour Lukas (NDA : Itou)
Lukas Kerk (Guitare)Â : Bonjourrrrrr (NDAÂ : Idem)
Oliver « Olli » Kirchner (Guitare) : Olli !
Christian Wösten (Basse) : Christian !
ANR : Vous voulez qu’on commence maintenant ? Ich bin fertig…
BG : Ja ja ! Wir sind fertig !
ANR : Comment vous sentez-vous, à quelques dizaines de minutes de jouer votre premier concert au Motocultor ?
BG : Nous sommes très contents. Il se trouve que nous ne nous produisons guère régulièrement en France. Cela sera notre cinquième ou sixième concert ici…
LK : Dans ces eaux-là , oui…
BG : Ce ne sera pas, quoi qu’il en soit, notre cinquantième ou centième concert en France … Donc, nous avons vraiment hâte de jouer. De plus, ce festival m’a l’air des plus agréables…
LKÂ : Oui.
BG : Donc… Ça va être l’enfer !
CW : Oui, c’est effectivement un gros festival…
ANR : Il s’agit du deuxième plus gros festival de metal en France, après le Hellfest…
LK : C’est pas mauvais…
ANR : La première et dernière fois que je vous ai eus en interview, c’était le 18 juin 2021, durant le confinement, vous alliez sortir votre premier album…
BG : Oh !
ANR : Ce n’était pas une interview des plus faciles pour moi, vous étiez un groupe nouveau, et je n’avais donc pas beaucoup de matière à exploiter…
BG : Ouaisssss…
ANR : J’ai donc appris plein de choses sur vous au cours de notre conversation, par exemple le fait que Lukas tu n’es pas spécialement un « festivalier »…
LK : (Rires) Effectivement, je ne suis pas branché « festival » en tant que « festivalier ». Mais j’apprécie y jouer. Peut-être parce que nous n’avons plus désormais assez de temps de disponible pour visiter les lieux. J’apprécier jouer dans les festivals, particulièrement lorsque le temps est clément et que je suis de bonne humeur ! D’ailleurs, je ne me souviens plus de la dernière fois où je me suis rendu à un fest en tant que visiteur… Ce devait être il y a une dizaine d’années…
ANR : Lors de notre première rencontre, je vous avais dit que lorsque j’écoute votre musique, je vous imagine facilement jouer au Hellfest vers dix heures du soir… Quatre ans après, vous n’êtes pas au Hellfest…
BGÂ : (Rires)
ANR : Vous ne jouez pas à vingt-deux heures… Mais, vous êtes au Motocultor et vous allez attaquer à quinze heures !
BGÂ : (Rires)
ANR Et c’est très bien ! Connaissiez-vous le Motocultor avant de savoir que vous alliez vous y produire ?
BG : Non. Nous n’avons joué que dans un seul festival en France, c’était dans quelle ville déjà  ? Tu t’en souviens ? Je dis ça car plein de gens portaient le t-shirt du Motocultor…
LK : Je pense que c’était à Toulouse…
BG : Je crois que c’était Toulouse. Je me souviens que bon nombre de gens portaient des t-shirts du Motocultor, c’est comme ça que j’ai connu ce festival…
CW : C’était un nom du genre « Barbeuk »… (NDA : le Barbeuk Metal Fest, à l’Orée d’Anjou dans le Maine-et-Loire : Hiraes y a joué en 2024) Moi aussi, je me remémore avoir vu plein de t-shirts avec le logo du Motocultor…
ANR : Une question que je pose systématiquement aux groupes allemands que j’interview en province, que ce soit au Hellfest ou ici au Motocultor : vous êtes-vous déjà rendus en Bretagne pour des vacances ?
BG : Ahemmmmm… Est-ce que le Hellfest se situe également en Bretagne ?
ANR : Non. Même si la question de l’appartenance de la Loire-Atlantique à la Bretagne est régulièrement posée sur le plan politique…
BG : Hum hum ! Dans ce cas, je n’étais jamais allée en Bretagne…
CW : Je suis venu ici il y a une vingtaine d’années. J’avais fait toute la côte Nord de la France… C’était il y a vingt ans, je ne m’en souviens plus très bien…
OK : J’ai fait Paris. J’y suis allé deux fois, et j’ai visité Disneyland (Rires) Quand j’étais scolarisé, j’ai également fait un voyage d’échange à Tours…
ANR : Quelques mots en breton ont une racine commune avec des mots allemands…
BG : Hum hum !
ANR : « Rue » se dit « Straed », qui fait penser à « Strasse »…
OK : D’accord. C’est intéressant…
« Un souvenir émotionnel très fort »
ANR : Vous préférez jouer dans des festivals ou des concerts ?
OKÂ : Bonne question (Rires)
ANR : Merci !
BG : Peut-être un mélange des deux…
OK : Tout à fait ! L’intérêt des festivals, est qu’ils nous permettent de nous faire de nouveaux fans. De plus, tu es plus proche de tes fans que dans un simple concert… C’est émotionnellement plus riche !
ANR : Quel est votre meilleur souvenir de festival, en tant qu’artistes ?
BG : Ouuuuuuuuh…
OK : Poses-nous cette question demain !
BGÂ : (Rires)
CW : C’est peut-être aujourd’hui !
ANR : Peut-être, peut-être…
BG : Je pense que cela pourrait être notre passage d’avant-hier au Summer Breeze Festival… Nous avons provoqué d’immenses circle pits ! C’est un souvenir émotionnel très fort…
CWÂ : Oui.
BG : Mais, je sais que l’interaction entre les artistes et le public au sein de la communauté metal est traditionnellement très forte…
ANR : N’hésite pas à demander un ou plusieurs circle pits tout à l’heure : le public du Motocultor adore cela !
CW : D’accord.
OK : Bon à savoir, on va le faire !
BGÂ : (Rires)
ANR : Vous m’aviez dit que Solitary a été créé en dix mois…
LK : Oui, probablement…
ANR : Le confinement avait alors aidé…
LK : Oui, oui…
ANR : Combien de temps avez-vous mis pour réaliser Dormant ?
LK : Je crois que Dormant a mis davantage de temps, nous avons commencé à travailler dessus peu avant ou peu après la sortie de Solitary, je ne sais plus… Cela a pris plus de temps, nous avons davantage travaillé les parties de guitare, et nous avons travaillé en meilleure synergie que pour le premier album : la période du confinement et du travail à distance était effectivement révolue, et nous avions désormais pas mal de concerts à notre actif… Nous avons de même potassé les structures ensemble, les chansons, et il n’était pas rare que nous travaillons tous ensemble cinq jours d’affilée…
ANR : Quelles pourraient être selon vous les différences entre ces deux disques ?
LK : Il y a plusieurs différences. Je pense que nous avons gagné en maturité pour ce qui concerne le processus d’écriture. Nous avons également fait en sorte que le deuxième soit meilleur que le premier (Rires) Nous avons apporté un soin tout particulier pour ce qui est des atmosphères ainsi que des structures des morceaux. C’est réellement cette fois le travail d’un collectif…
CW : Oui. De plus, le processus d’enregistrement a été particulièrement soigné. Nous avons beaucoup appris en studio.
ANR : Vous parlez d’« atmosphères », ce qui me fait penser Britta, au fait que j’apprécie vraiment quand tu chantes de façon « claire » sur ce disque…
BG : C’est vrai ?
ANR : Oui. N’hésites-pas à l’avenir, à mettre plus de parties de chant « clair » dans vos compos…
BG : J’essaie de m’adapter à la musique, je chante spontanément dès que je découvre les premières notes…
ANR : Oui, je comprends. Je veux dire que tes interventions vocales se marient bien avec les atmosphères de ce deuxième disque…
BG : Hum hum ! C’est pareil pour l’écriture des paroles : j’écoute la composition, je prends un morceau de papier, et elles me viennent naturellement, sans plan préconçu…
ANR : Une question de nature microéconomique et empirique à présent : confirmez-vous, au vu de l’effondrement de l’industrie du disque, que les festivals, mais aussi les concerts et les tournées, sont vitaux financièrement pour un groupe ?
CW : Définitivement.
BG : Oui, je pense que pour nous, pouvoir se produire dans des festivals est très important. Tu te fais de nouveaux fans, tu augmentes ta réputation pour les prochains passages, et le public achète tes t-shirts ainsi que ton merch.
« Des temps étranges »
ANR : Nous avons évoqué le confinement. Je suis à ce propos très content de vous voir en chair et en os…
BGÂ : (Rires)
ANR : Un mot, a posteriori, à propos de cette période ?
BG : Je crois que cette épreuve a donné, en tant que musicienne, un supplément d’âme, un peu plus de goût, à tout ce que je fais à présent… Je prends pleinement conscience du moment, je m’intéresse au temps présent, à son caractère unique… Aujourd’hui, je prends davantage conscience de mes émotions, qu’avant la pandémie… J’espère que nous n’aurons plus jamais à vivre cela (Rires)
ANR : Un mot sur le décès d’Ozzy ?
BG : Je suis contente qu’il ait pu vivre si longtemps. Il n’a pas toujours été très sympa vis-à -vis de son corps. En effet, nombre de gens auront quitté la Terre avant lui. C’était une légende du rock, quelqu’un d’unique.
ANR : L’as-tu vu en concert ?
BG : Oui. Une fois. Vers 2015, je pense…
CW : Moi non, malheureusement… En plus, un ami m’avait proposé de venir avec lui à Birmingham afin d’assister à son dernier concert le mois dernier… Je suis très triste (Rires)
ANR : Britta, la dernière fois « qu’on s’est rencontrés »…
BG : (Rires) Par écran interposé…
ANR : Tu m’avais dit que tu es une « femme de concerts » : tu m’avais dit attendre la fin du confinement pour notamment aller voir Faith No More et Gojira…
BG : Hum hum…
ANR : Quels artistes comptes-tu voir aujourd’hui au Motocultor ?
BGÂ : Je veux voir Extreme.
ANR : Deux questions personnelles pour finir cette interview : je souhaiterais d’abord savoir où en es-tu Lukas avec ta thèse de Doctorat en Archéologie à Münster…
LKÂ : (Rires)
BGÂ : (Rires)
LK : Je donne le meilleur de moi-même afin de finir celle-ci dans le courant l’année prochaine ! Je suis très occupé avec Hiraes, mais j’espère finir ma thèse pour l’année prochaine !
ANR : Peux-tu expliquer s’il te plaît à notre lectorat le sujet de celle-ci ?
LK : Elle porte sur les modifications corporelles permanentes, comme les tatouages, dans l’archéologie.
ANR : Et je souhaiterais également savoir Britta, pourquoi tes amis et toi marchaient comme Genesis (NDA : Référence au clip de « I can’t Dance ») durant le dernier Wacken ?
BG : (Rires) Nous étions en effet au Wacken, et nous avions de la boue jusqu’aux chevilles. Nous avons décidé de nous filmer en marchant en file indienne comme Genesis dans leur clip « I Can’t Dance »… C’est la publication qui m’a rapporté le plus de likes sur les réseaux sociaux, pour seulement quelques personnes marchant comme Phil Collins dans la boue : nous vivons décidément des temps étranges !!!
ANR : Ce n’est pas si étrange que cela, la boue au Wacken…
BG : Non, mais tu travailles dur toute l’année durant en tant que musicienne, et c’est finalement cette publication qui intéresse le plus les gens !!!