Report & photos par: Arnaud Dionisio
Le festival qui se trouve sur la belle base de loisir de Cap Découverte entre Carmaux et Albi en Occitanie en est à sa 12ème édition. Et cette année l’Xtreme Fest offre un plateau très éclectique sur ses trois jours oscillant entre groupes locaux émergents et internationaux légendaires allant du punk rock au brutal death en passant par le hardcore moderne et old school. Une programmation plus large que sur les dernières éditions, pour autant est-ce que cela aura été un pari gagnant ?
Jour 1 :
Pour ce premier jour de festival ensoleillé cela commence avec des groupes assez variés avec du connus et des découvertes comme par exemple les Toulousains de Up Rights, les Parisiens de Sex Shop Mushrooms, les Marseillais d’Aurore ou en clôture du jour avec les Russes de Siberian Meat Grinder mélangeant thrash, hardcore, punk et hip-hop avec son chanteur au masque d’ours. Sans oublier le trio de Toulousaines de Madam et leur rock énervé et fort sympathique en live.
Mais les gros morceaux du jour auront été les shows des américains de Bane très en forme et galvanisant le public avec son punk hardcore de très bonne facture et efficace. On notera le chanteur Aaron Bedard en grande forme !
A noter également le concert de Raised Fist qui nous viennent de Suède avec son chanteur body builder assez impressionnant de part son physique et sa performance.
Le clou de ce premier jour aura été Hatebreed, des patrons dans leur domaine et sans surprise un concert ultra dense et de qualité avec leur énorme démon surplombant la scène. Un show visuellement assez impressionnant avec les effets de lumière mettant en valeur musiciens et décor. Les américains n’ont pas déçu et les spectateurs en ont pris pour leur grade tant c’était intense.
Un début de festival réussi.
Jour 2 :
Toujours sous le soleil occitan encore de la fête pour cette seconde fournée de riffs, les hostilités commencent avec les originaires de la ville du Brie : Pitfloor. Et ils mettent dans le bain les premiers spectateurs qui sont pour le moment un peu clairsemés. Un concert assez bref mais bon pour démarrer la journée.
Suivrons les Toulousains de Not Your Mother et leur style heavy rock/punk assez particulier mais efficace.
De retour sur la grande scène avec le nouveau phénomène du moment : Sun et sa brutal pop. On peut admettre que le style est original et la performance du trio très convaincante, idem pour certains morceaux vraiment accrocheurs et puissants. La chanteuse franco-allemande Karoline Rose Sun impressionne tant en chant clair qu’en growl mais aussi par sa présence scénique avec sa robe de princesse et sa longue chevelure blonde virevoltante. Une très bonne surprise fortement apprécié par le public nombreux qui les acclament comme ils le méritent.
L’ambiance change assez radicalement avec les Montreuillois au nom énigmatique de King Kong Meuf… L’accueil de la chanteuse BeBe avec des paroles que l’on ne répétera pas ici si des enfants lisent ce compte rendu, pose les bases pour la suite. Idem pour la performance assez provocante bien plus que sensuelle du groupe dont les membres, trois femmes et un homme, sont légèrement vêtus. Il y a sûrement un message ou un concept mais il faut peut-être être équipé pour le comprendre. Ça ne passe pas inaperçu et si c’est le but c’est réussi, ou pas…
L’enchaînement se fait avec Crystal Lake le groupe Japonais de Tokyo et son nouveau chanteur John Robert Centorrino, ancien membre de The Last Ten Seconds of Life, propose un metalcore progressif fort bien fait et très bon sur scène. Une belle performance, efficace et puissante, c’est éventuellement une découverte pour certain et tant mieux malgré une ancienneté de plus de vingts ans maintenant.
C’est au tour des Parisiens de LocoMuerte et leur chicanos crossover trash d’investir l’Estafette et c’est la folie dès les premières secondes ! Les quatre musiciens et en particulier son chanteur Steeven Corsini, sont survoltés ! Ils savent mettre l’ambiance et haranguer le public comme personne. C’est d’ailleurs leur marque de fabrique et ce n’est pas galvaudé. Un concert détonnant, festif et plein de bonnes ondes comme on aimerait en voir plus souvent. A ne pas louper si ils passent près de chez vous. ¿Están locos? Claro que sí !
Une légende du punk rock trashisant arrive sur les planches de l’Xtreme Fest avec les Ecossais venant d’Edimbourg : The Exploited. Malgré les nombreuses années au compteur, le groupe s’est formé en 1979, et visiblement beaucoup d’opérations au vu du corps fortement balafré de son chanteur leader mythique Wattie Buchan et son éternel crête, la prestation est excellente. C’est sans artifice hormis un backdrop mais la musique va comme un direct à l’estomac et c’est bien cela qui importe et que l’on vient écouter.
Avis de tempête à l’horizon, Madball débarque à Cap Découverte et ça va déménager ! C’est exactement ce qu’il s’est passé durant une heure et ça n’a rien d’étonnant pour ceux qui ont déjà vu les new-yorkais. Le chanteur Freddy Cricien court et saute dans tout les sens sans arrêt, un vrai Zébulon ! Le hardcore des Américains va droit au but et est d’une efficacité redoutable, ça slam à tout va et ça en laissera plus d’un sur le carreau ! Un bon défouloir collectif à consommer sans modération.
Juste après The Exploited un autre groupe c’est aussi produit sur le petite scène, Groove Street nous venant d’outre-Manche proposant un hardcore trash crossover. Pour terminer la journée se sont les Américains d’Integrity qui s’y sont collés avec les derniers survivants de la tornade Madball pour les soutenir. On n’est pas dans une originalité folle, ni une proposition scénique exceptionnelle mais l’envie du groupe est là c’est déjà ça.
Jour 3 :
Ce dernier jour augure du très lourd pour clôturer le festival. En attendant les grosses machines, il faut noter la prestation intéressante de Wake the Dead sur la petite scène. Le groupe de Marseille offre un hardcore moderne qui fait son office et une frontwoman énergique.
On enchaine sans transition avec les punks nantais de Poésie Zéro. La grande scène est l’endroit idéal pour recevoir le quatuor et c’est peu de le dire qu’ils l’ont investi. Au centre de la scène est placé un grand drapeau palestinien car on s’en serait douté mais on est pas sur la droite de la droite politiquement. Et cela se traduit bien sûr par certains textes du groupe comme dans les chansons « Truc de sale Nazi de merde », « Voter avec un pavé » ou encore « Technoflic » et ses deux CRS gonflables géants déployés au fond de la scène.
On a également les chansons punks et autres biens délirantes parlant soit de caniveau, soit de quitter son taf, de drogues ou de bière, tout un programme. Une prestation à la hauteur du phénomène : incisif, engagé, énervé dans le bon sens du terme mais de très bons morceaux et textes. Poésie Zéro c’est surtout un grand spectacle très drôle et le public est à fond sur chaque titres. C’est d’ailleurs leur stand où le plus de monde attends pour acheter, discuter ou dédicacer un des Album Bleu. Un vrai succès grandement mérité !
Après un excursion sur la petite scène avec Spleen Autre combos qui enthousiasmera les festivaliers : Novelists. Parisiens également comme Point Mort mais dans un style très différents, ils recevront un accueil chaleureux et dont la musique plait visiblement. La hype de ce groupe en est la preuve mais il faut être ouvert car ça ne peut pas forcément plaire à tout le monde.
Autre groupe français qui fait son ascension dans la scène musicale électrifiée : Point Mort. Et comme peuvent en témoigner ceux qui les ont vu, les parisiens en live c’est du solide, très solide. Sam, la charismatique chanteuse a une présence magnétique et est un atout majeur pour le groupe. Il est très encourageant de voir de plus en plus de femmes dans le metal mais certaines (comme chez les hommes) surpassent les autres et c’est le cas pour Sam. Et point de vu compositions, on est pas en reste non plus, car la musique proposée à son propre style qu’ils qualifient au même de Chaotic Popcore. Que du plaisir !
Encore un groupe français à suivre mais d’un tout autre calibre et surtout notoriété pour entamer ce début de soirée avec des tôliers : Mass Hysteria. Fort d’une carrière de plus de 25 ans, le quintette Parisien a mis les moyens avec un set et des lumières de vraiment bels qualités. Mais c’est la musique qui importe et là ça envoi fort. Le son est lourd et les morceaux dégagent de l’énergie positive, à l’instar des paroles et des messages du groupe délivré par son chanteur historique : Mouss. C’est assez peu fréquent dans ce style de musique, qu’on qualifie souvent de sombre, de faire plutôt passer la lumière et c’est agréable en ces temps moroses. Pour le final ils feront monter les plus jeunes du public sur les planches et seront accompagnés des Locomuerte pour terminer la fête. Un beau final pour un bien bon concert.
Pour le concert suivant on quitte la France pour traverser l’Atlantique et aller dans les quartiers chauds de la grosse pomme. Et c’est du très lourd que le festival a décroché cette année avec non moins que les légendes du hardcore/crossover US : Cro-Mags ! Toujours avec son génial et charismatique fondateur Harley Flanagan qui est le seul restant depuis le début de l’aventure du combo et ses nombreuses péripéties. Malgré un concert sur la petite scène, le concert est énorme, Harley est en très grande forme et ses musiciens sont au top. Ils enchaînent des classiques à la pelle : The Only One, Down, but not Out (mais sans le solo?!)… ou encore l’exceptionnel Apocalypse Now et pour finir le coup de poing Hard Times !
Un concert court mais intense et à la hauteur de sa réputation et de sa légende avec un Harley Flanagan des grands jours, très positif et rassembleur dans ses prises de paroles. Meilleur concert du jour et du festival, il y a des chances.
Retour sur la grande scène ou une légende chasse l’autre avec Napalm Death. Là aussi c’est du très haut niveau et même si nos anglais préférés sont souvent visibles au pays du fromage et du vin c’est toujours un régal de les voir. Musicalement pas surprise, ça défonce un max ! C’est massif, toujours impeccable, Barney se meut sur scène comme un possédé et c’est comme d’habitude, à mourir de rire. Des classiques et des nouveautés joués, la reprise inévitable et indispensable par les temps qui cours des Dead Kennedys : Nazi Punks Fuck Off . La prestation est parfaite, le message politique et positif de rigueur, c’est d’ailleurs ce qui revient et qu’on peut retenir de quasi tous les groupes de ce samedi.
Pour les derniers survivants au largage de Napalm, un ultime concert à lieu sur l’estafette. C’est le combo Escuela Grind venu du Massachusetts avec son grind/death qui clôture le festival. La musique proposée n’est somme toute que peu originale mais sa chanteuse, Katerina Economou, dynamique et rageuse, relève le tout et enflamme le public restant. C’est sur ces derniers riffs que se referme cette douzième édition de l’Xtreme Fest.
Conclusion / bilan :
Pour cette 12ème édition l’Xtreme fest a fait le plein pour sa journée du samedi et presque rempli le vendredi et jeudi. On peut dire que le pari est gagné avec cette programmation plus entendue qui faisait découvrir ou redécouvrir des groupes depuis un long moment implanté et des jeunes qui commencent et le tout avec un très haut niveau général. On peut saluer les deux scènes qui permet d’enchaîner les concerts simplement en se retournant. La cage, spécialité du festival, a été réduite à un seul concert par jour. En effet le concept est excellent et drôle mais très difficile de bien voir les musiciens surtout quand le site est plein donc frustrant pour une grande partie des festivaliers.
Outre le son excellent (parfois un peu trop fort), des artistes de qualités, dont beaucoup hexagonaux, un public respectueux et toujours de bon humeur d’ailleurs souvent en famille, il faut grandement saluer l’organisation au top de l’asso Pollux et de ses membres qui font un travail pour que tout soit parfait. Il faut également remercier la gentillesse des nombreux bénévoles ainsi que celui du service de sécurité. un festival excellent du début à la fin, un sans faute pour l’Xtreme Fest, vivement l’année prochaine !
Report & photos par: Arnaud Dionisio







