HOT on the rocks!

INTERVIEW AVEC A. DE KORSAKOV

mercredi/07/05/2025
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Vous avez sorti « Anosognosia » le 11 avril dernier. Quels sont les premiers retours que vous avez reçus ?

Merci à toi pour l’intérêt que tu portes au projet !

Les premiers retours sont assez bons et cela nous fait extrêmement plaisir au vu du temps que nous avons passé sur ce disque. C’est toujours étonnant pour nous de voir l’intérêt des gens vis-à-vis de Korsakov. En effet, ce n’était pas à l’origine un projet qui était destiné à sortir sur un label et encore moins à faire du live !

 

Votre nom, Korsakov, fait référence au syndrome neurologique qui altère profondément la mémoire et « Anosognosia », désigne cette incapacité à prendre conscience de ses propres troubles. Pourquoi avoir choisi de centrer ce deuxième album sur ce syndrome précis ?

Comme pour le syndrome de Korsakov, nous avons été confrontés par le passé à l’anosognosie qui a frappé certaines de nos proches. (L’un va souvent avec l’autre). Cela te fait vivre des situations assez délicates et indirectement c’est ce qui a nourrit notre inspiration. Au final, cela s’est imposé à nous même de façon assez logique.

 

Le morceau d’ouverture s’intitule « VII », ce qui laisse entendre qu’il fait suite à « погружать ». Comment avez-vous pensé cette continuité entre les deux albums ? Y a-t-il un fil narratif ou musical qui relie les deux albums ?

Chronologiquement, beaucoup de morceaux d’ « Anosognosia » ont été composé peu de temps après la sortie de погружать donc il y a une continuité que l’on pourrait qualifier de naturelle.

L’idée était de continuer à explorer nos propres capacités de composition et voir ce qui en ressortait, sans vraiment réfléchir à faire des ponts narratifs ou musicaux entre les 2 albums. Au final, ce fût un bon choix car cela nous a donné une liberté créative et nous a permis de sortir les 7 titres qui compose cet album.

 

Dans le communiqué de presse, on peut lire que Korsakov, c’est « se souvenir d’un passé qui n’a jamais existé, oublier le présent, guidé par une main invisible ». Est-ce que je vais trop loin si je vous dis que pour moi votre projet a une portée quasi philosophique ?

Tu as complétement raison. Faire ce genre de musique sans y mettre une forte dimension symbolique à peu de sens pour nous. Les 2 sont extrêmement liés et nourrissent mutuellement.

Nous prêtons beaucoup d’importance à des œuvres (musique, films, livre,) qui vont dans ce sens.

Votre premier album était autoproduit. Comment s’est passée la production d’ « Anosognosia » ? 

Nous avons entièrement réalisé « Anosognosia » nous même, des prises de sons jusqu’au mix et mastering.

L’idée était de pouvoir maîtriser toute la chaîne et faire sonner les morceaux comme nous le souhaitions. Je (A.) suis musicien depuis 25 ans et, avec le temps, je me suis intéressé aux techniques d’enregistrement en plus de la pratique de nombreux instruments (guitare, basse, batterie, mao,…)

Cela me semblait naturel de m’occuper de tout cela sans passer par un intermédiaire qui pourrait ne pas comprendre à 100% ce que nous voulions en termes de production.

Alors certes, cela demande pas mal de connaissances et d’investissements financiers, c’est extrêmement chronophage et souvent frustrant.

Mais, au final, pouvoir sortir un disque que tu as conçu à 100% procure une certaine satisfaction. Et aux vues des retours depuis la sortie, on se dit que cela en valait la peine.

 

Vous êtes toujours chez Source Atone Records, qui vous a aussi invités à jouer lors de leur festival Atone Mass, le lendemain de la sortie de l’album. Comment s’est passé cette date ? 

C’était assez intense mais c’était très cool. Nous avions eu l’occasion de donner notre premier concert 3 jours avant à la Malterie à Lille donc nous étions encore dans le bain.

C’était aussi une sorte de « Crash test » pour le groupe. En effet nous n’avions que 30mns après la fin du set d’Usquam pour nous installer et faire un line check ce qui est assez serré en termes de timing.

Au final, nous avons démarré notre set pile à l’heure et tout s’est bien passé. Tout cela en partie grâce à Paul et Guillaume qui nous accompagne sur scène ainsi que de Valentin notre ingénieur du son.

C’est une équipe qui fonctionne bien et nous avons hâte de faire d’autres scènes à l’avenir !

 

Depuis vos débuts, votre musique semble tourner autour de la thématique du cerveau, de la mémoire, des troubles cognitifs. Pourquoi ce choix ? C’est un fil rouge que vous comptez continuer à creuser à l’avenir ?

Comme expliqué plus haut, c’est une thématique qui nous a touché personnellement à des niveaux assez critiques et qui nous ont laissé une trace indélébile dans notre façon de voir les choses.

Au-delà de l’aspect personnel, c’est une thématique que nous trouvons passionnante. Comment un individu peut-il soutenir de façon absolue qu’il a vécu des évènements qui se sont passés il y a 50 ans alors qu’il en a 40 ? Comment une personne est persuadée d’être en bonne santé alors que tout indique le contraire ? Tout cela avec une sincérité totale ?

Je pense que c’est une thématique qui va continuer de nous inspirer à l’avenir. C’est un domaine tellement vaste et je pense que nous avons juste gratter la surface de ce que nous voulions exprimer avec ces 2 premiers disques.

 

Pouvez-vous nous parler de l’artwork d »Anosognosia » ? Ce qu’il représente de façon globale et par rapport à la thématique de l’album? 

Le visuel original de l’artwork a été créé par Jeanne Smith, une amie artiste plasticienne que nous connaissons depuis longtemps et qui ne travaille pas très loin de chez nous.

Nous étions à la recherche d’un visuel qui puisse le plus correspondre à notre musique et jusqu’à pas si longtemps que cela, nous étions un peu à court d’idée. Une chose était toutefois sure, nous ne voulions pas utiliser d’IA ou de photo stock.

Et puis un jour, en parcourant son Instagram, nous sommes tombés sur sa série « Par le feu » et tout de suite cela a été une évidence. Nous y avons vu toute la symbolique qui définit notre musique et le concept de l’album.

L’œil, les différentes sections qui ne sont pas reliées en elles, les nombreuses zones de vides… Pour nous il s’agit ici de la représentation d’un esprit malade et qui petit à petit perd de sa substance et qui finira par disparaitre.

Je t’invite à aller voir plus en détail cette série car, en plus d’être faite entièrement à la main, elle a été réalisée avec de la céramique et du papier et elle doit faire à peine 35cm de diamètre !

Aussi, comme pour le premier album ou nous avions confié la lithographie de l’édition limitée à Laury Julie Joly, nous avions à cœur de travailler avec des artistes dont nous aimons le travail.

 

Quels sont les prochains projets de Korsakov ? 

Pouvoir défendre ce disque en live dans le courant de l’année 2025 sera déjà très bien. Les 2 premiers concerts et les retours qui ont suivis nous encourage en ce sens. Et à moyen terme, seul l’avenir nous le dira 🙂

 

Pour finir, avez-vous d’autres activités artistiques en dehors de la musique ? 

Oui et pas qu’un peu J Je (A.) joue de la batterie dans un groupe de sludge/post s’appelant SUNSTARE et je m’occupe de la production de toutes les parties electro du groupe CANTELEU (post-punk / Cold Wave). Il m’arrive aussi de réaliser des visuels pour des groupes. E. quant à lui est tatoueur de profession donc il baigne dans une activité artistique h24.

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