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Interview avec Justine et Pierrick de Skàld

mardi/06/10/2020
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Skàld est un duo de folk – pagan composé de Justine (chant) et de Pierrick (chant, talharpa et nyckelharpa), épaulé par Christophe Voisin-Boisvinet (composition et réalisation) : leur deuxième album, « Vikings Memories », sort le 9 octobre 2020. Ces artistes accomplis, complets et complémentaires nous ont accordé une interview, laquelle riche en références et toute en réflexion.

 

Art’N’Roll : Salut ! Vous appelez d’où (NDA : entretien réalisé par Skype le 6 octobre 2020) ?

Pierrick : Des environs de Nancy.

ANR : J’ai vu passer le 11 mai dernier un message sur votre page officielle Facebook, qualifiant le confinement de « moment d’introspection »… Pour ma part, je considère que c’est probablement le mot le plus juste afin de définir cette période…

P : Nous avons tous vécu une situation inédite. Une période de transition. Si l’on est optimiste, il faut la prendre comme un mal pour un bien : grâce à ce confinement nous avons été en mesure de nous poser des questions sur le fonctionnement de nos vies, sur le sens que l’on donne à notre travail, la façon dont tout cela est agencé, et l’on déplore qu’une fois sortis de ce confinement les mauvaises habitudes ont globalement repris le dessus. C’est assez fatiguant car on aurait aimé que les choses soient définitivement posées, « ça c’est fait ! », et nous avons la preuve que nous ne construisons pas sur du solide, parce que tout est remis en question tout le temps. Si l’on bosse sur un projet, nous savons que rien ne sera acquis.

ANR : Vous en avez retiré quoi à titre personnel ?

P : Nous nous sommes tous posés des questions, en tant que professionnels du spectacle…

Justine : … De la culture…

P : … De la culture : que faire d’autre si nous ne pouvons sortir et vivre de nos projets ? Nous, ce qui nous fait vivre, c’est la musique et la création, et si nous ne pouvons plus faire cela, cela va être difficile d’être épanouis dans nos vies, c’est ce qui les dirige. Le temps passé à réfléchir m’a permis d’être encore plus ferme sur ce que je veux faire de mon existence.

J : Le temps passé nous a également permis de créer à domicile, de maintenir le lien avec les fans, et ça c’est très important. Au-delà de l’introspection, cela a également représenté une période propice à la création, il fallait tenter de rester positifs, nous avons tous fait de la musique, personnellement j’ai aussi fait de la peinture. Nous avons maintenu le lien avec nos fans, tenté de les rassurer, ce qui nous a rassurés aussi finalement.

ANR : Effectivement, vous avez un bon rythme de travail, vous ne cessez de travailler, deux albums en un an, ma première question promo sera très simple : pouvez-vous présenter Skàld à nos lecteurs ?

P : Skàld est né en 2018, Justine et moi nous nous connaissions déjà, nous travaillions sur des projets musicaux similaires depuis quelques années…

J : Et Pierrick a rencontré Christophe notre compositeur puis me l’a présenté, lui qui connaissait cet univers des gros labels, des pointures, ce qui nous a permis d’être signés assez facilement, et il a souhaité projeter un groupe vocal qui conterait les mythologies du Nord.

ANR : Alors, justement, qui est Christophe ?

P : Christophe est un réalisateur, un producteur, qui est spécialisé dans les musiques anciennes et médiévales. Il cherchait un groupe qui sache chanter en vieux norrois, qui sache maîtriser les instruments issus de l’Instrumentarium nordique. Ayant entendu parler de moi, il m’a passé un coup de fil et m’a proposé son projet. De mon côté, j’étais moi-même à la recherche de gens comme lui afin de concrétiser mon rêve. Nous nous sommes directement vus dans son studio, il m’a montré les titres sur lesquels il travaillait, il m’a aussi proposé d’en écrire, je précise que c’est lui qui écrit 90 % de nos chants, et nous le restant. Il lui fallait une voix féminine dans le groupe : j’ai proposé Justine, car je savais qu’elle était capable de chanter dans des langues variées, et aussi que nous avions travaillé sur des compositions ensemble. Cela s’est fait très vite et très simplement, puis d’autres musiciens sont venus se greffer sur ce projet. Nous n’avons pas cessé de travailler depuis deux ans, et aujourd’hui nous sommes avec toi afin d’en parler…

ANR : Tu as employé le mot « rêve » : d’où tirez-vous cette passion pour le folklore nordique ? J’ai bien dit le mot « nordique », je n’ai pas employé le mot « scandinave »… On pourra en débattre…

J : (Rires)

P : Tu fais bien parce qu’en fait, le point de départ est la culture Viking, donc scandinave, de l’époque de l’Age de fer, et…

J : On s’ouvre complétement, sur le Nord au sens géographique global, et même du point de vue de l’ère, nous sommes sur quelque chose de plus primitif et de plus ancestral…

P : Que la période Viking…

J : Que la période Viking, cela se ressent dans nos nouveaux textes, plus travaillés, plus modifiés, plus personnels…

P : Pour répondre à ta question, depuis tout petit je m’intéresse aux choses qui viennent du passé, car j’aime bien les choses mystérieuses, j’aime bien les choses où il faut…

J : Fouiller…

P : Fouiller, chercher, et essayer de me mettre dans l’état d’esprit, les conceptions, que les gens d’alors avaient du monde. Avant notre ère, et  avant cette ère chrétienne, car tout cela nous le connaissons du fait de notre éducation, et aussi de la littérature et de l’histoire connues. Quand tu t’intéresses aux spiritualités oubliées, tu t’aperçois que la mythologie nordique nous est parvenue grâce à l’Edda de Snorri (NDA : L’Edda de Snorri ou Snorra Edda, est un recueil de poésies rédigées en vieux norrois vers 1220 par l’islandais Snorri Sturluson, il s’agit d’une présentation complète et organisée de la mythologie nordique), je n’aime pas dire cela, mais l’Edda de Snorri est un peu la Bible païenne, européenne… Cette passion pour les choses oubliées, qui ressurgissent, nous anime, notamment de redécouvrir des instruments : nous connaissons les musiques irlandaises, celtiques, les musiques « trad », mais moins les musiques ancestrales du Nord. Nous sommes des musiciens passionnés d’histoire, et nous recréons des instruments afin de composer avec.

ANR : Les contrées nordiques sont plurielles et diverses : quelle serait votre préférée, et sur quelle époque, s’il y avait un choix à effectuer ?

P : C’est difficile, c’est un peu « Est-ce que tu préfères ton Père ou ta Mère »…

ANR : C’est déjà un début de réponse, ça veut dire « Je ne veux pas choisir »…

J : Je suis passionnée par plein d’autres cultures également, il y a tellement de choses intéressantes quel que soit l’endroit ou l’époque, de par le monde entier…

P : En tant que musicien, je trouve que la musique suédoise et norvégienne sont celles…

J : Suédoise, moi j’adore !

P : … Qui sont les plus intéressantes. D’un point de vue mélodique, il se passe beaucoup de choses. Après, si l’on considère le pays en lui-même, je pense que l’Islande te donne l’impression de changer de monde, c’est lunaire, tu n’as plus de repères, c’est féérique, tu as le sentiment d’être dans un film, un monde merveilleux, c’est réellement dépaysant !

J : Je pense que nous n’aurions pas tous rêvé de vivre dans une époque reculée, nous aimons tous notre confort d’aujourd’hui, mais les paysages islandais sont effectivement les plus inspirants pour moi.

P : Après, c’est une question de naissance et d’habitude : je pense que les Vikings préfèreraient vivre chez eux plutôt que chez nous si on leur laissait le choix. Pareil pour nous. Question de perception. Tu as aussi les cultures inuit, sami, tout ce rapport au chamanisme, le chant guttural, tout ceci fait partie de nous. Skàld est inspiré par des cultures différentes, mais cousines, et qui se marient bien entre elles. C’est pour cela qu’il nous est difficile de les dissocier et de dire que nous en préférons une en particulier. C’est un ensemble d’influences.

ANR : Vous êtes en lien avec d’autres formations folk, pagan ?

P : Heilung, ce sont des amis, et j’ai joué sur scène au Hellfest avec eux lorsqu’ils s’y sont produits en 2018. Nous avons gardé de bons contacts.

J : Oui, nous avons ensuite assuré leur première partie au Festival Nancy Jazz Pulsations 2019.

P : Nous avons pas mal d’amis dans cette scène.

ANR : A ce titre, un recensement des groupes de folk metal actifs en 2020 sur le continent européen m’a surpris : il y en aurait 360 en Allemagne, 315 en Fédération de Russie, 131 en Espagne et pas moins de 163 en France, comment expliquez-vous cet engouement pour le folk metal, d’inspiration nordique ou pas ?

J : Nous remontons à plus loin que l’ère Viking, ce qui fait que c’est un peu l’histoire de tout le monde que nous racontons, y compris notre  propre histoire. Nous parlons de migrations, de changements climatiques, je pense que les gens ont besoin de se rapprocher de cela et de dresser des parallèles avec notre époque actuelle. C’est d’ailleurs ce qui inspire pas mal d’autres groupes.

P : La mythologie nordique est issue de la mythologie germanique, les racines de cette culture sont continentales. Puis elle est revenue chez nous par le biais des invasions nordiques, scandinaves. De ce fait, aucune nation ne peut se targuer d’être légitime par rapport à cet héritage. Les français, avec la Normandie, les allemands, les russes aussi, en sont tous dépositaires, cette culture n’appartient à personne.

J : Et j’ai l’impression que les russes en ce moment sont beaucoup à la recherche de leurs racines…

P : C’est d’ailleurs un sujet controversé chez eux….

J : Ouais…

P : Il y a deux écoles chez eux : il y a ceux qui veulent occulter cette naissance nordique et ceux qui veulent en savoir plus, c’est ce qui est montré dans cette série russe, « Birth of a Nation », qui parle de Vladimir et de la naissance de l’Etat russe par le biais des invasions scandinaves qui sont allées jusqu’en Ukraine…

J : Et qui ont formé la Garde de l’Empereur Byzantin, par la suite…

P : Voilà.

J : Il y a une recherche de racines.

ANR : Cet engouement ne serait-il pas également lié au fait que la production hard rock et metal aurait peut-être finalement fait le tour de la question depuis 1969, et que de nombreux jeunes artistes comme vous souhaitent désormais remonter d’avant les créations de la seconde moitié du XXe siècle… Afin de regénérer la musique…

P : Première chose : on parle souvent de nous comme d’un groupe de « folk metal », mais nous sommes pas un groupe de « metal »…

ANR : J’ai essayé d’occulter ce terme jusqu’à présent… « Folk tout court »…

P : Oui, alors du coup, je n’ai pas trop d’avis sur la scène « metal », bien que je sois un fervent fan de tout ce qu’il s’y passe… Je ne saurais pas te dire si nous sommes arrivés au bout d’un cycle ou pas, je ne l’espère pas…

J : Je n’ai pas l’impression non plus, ouais…

P : En tous cas, il est certain que nous faisons partie d’un genre nouveau, puisqu’il y a des codes qui s’établissent petit à petit, et des groupes qui comme nous veulent reconstruire une idée, d’une musique fantasmée, qui ne possède pas pour l’heure de véritable répertoire…

J : Chaque artiste la perçoit un peu comme il le veut, en fonction de la manière dont il la fantasme.

P : Ces musiciens, en fonction de leur perception d’époques anciennes, créent un son nouveau. C’est certainement une force dans cette scène-là.

ANR : D’où peut-être le fait que vous avez fait pas mal de reprises sur votre album précédent… Vous avez choisi de reprendre, de régénérer, le classique des White Stripes de 2003, « Seven Nation Army », mais aussi celui des Doors de 1970, « Riders on the Storm », ainsi qu’« High Hopes » de Pink Floyd de 1994…

P : Lorsque nous avons réédité notre premier album, nous nous sommes dit qu’il fallait y ajouter des reprises en bonus. Et nous avons décidé de mettre de côté les compos sur lesquelles nous travaillions alors, pour en faire ce qui allait devenir notre deuxième disque. L’idée de reprises s’est alors imposée, et nous avons réfléchi à quels morceaux reprendre, ceux qui colleraient avec une orchestration folk…

J : Et les textes aussi, ceux qui pourraient s’adapter le mieux à l’univers Viking… Les paroles de « Riders on the Storm » peuvent laisser imaginer un Drakkar sur la mer calme…

ANR : « Seven Nation Army » aussi, dans cette optique…

J : Oui, cela peut être revu d’une autre façon aussi, et cela nous a donné envie de travailler sur ce côté-là…

P : Notre reprise de « Seven Nation Army » a été beaucoup mieux comprise à l’étranger qu’en France, parce que chez nous l’on a associé ce titre au…

ANR : Stade…

P : Hein ?!?

ANR : Au stade.

J : Oui (Rires)

P : Et puis les gens ne connaissent pas du tout le texte. Alors que les anglophones ont parfaitement bien compris le sens de cette reprise en version Viking…

J : Et elle marche très bien aux Etats-Unis !

P : Je ne te cache pas qu’en reprenant ce titre, nous souhaitions aussi toucher un public qui ne se serait pas spécialement intéressé à notre musique… Ce titre a fonctionné comme un levier afin de faire découvrir ce que nous faisons, ils sont maintenant à donf et écoutent le reste de l’album, ils comprennent bien là où nous voulons en venir…

ANR : Quelque part plus proche de votre univers, il y a aussi cette version très personnelle de « Joga » de Björk, issu d’« Homogenic » de 1997, je suppose que c’est un choix de Justine, cela va bien avec ta tessiture…

J : Oui, j’ai toujours été une grande admiratrice de Björk. Après, le choix de cette reprise s’inscrit également dans notre idée de toucher d’autres personnes que le public folk traditionnel… Björk est une autre inspiration qui nous vient du Nord, c’était intéressant de travailler sur ce titre… Effectivement, vocalement, je me cale dessus !

ANR : Quelles sont tes autres influences en tant que chanteuse ?

J : Celle que je cite régulièrement, c’est Lisa Gerrard de Dead Can Dance, c’est quelqu’un que j’admire. Je suis également amatrice de chants bulgares, de chants de l’Est… En ce moment j’écoute Gjallarhorn, un groupe de musique folk suédoise…

ANR : Votre deuxième album, « Vikings Memories », sort le 9 octobre 2020, sur le prestigieux label Decca Records : quels sont les changements par rapport au premier, « Le Chant des Vikings », publié l’an dernier ?

P : Nous avons optimisé les compositions afin de recentrer la musique sur nous-mêmes. Nous nous sommes cherchés lors de l’enregistrement du premier album, et nous y avions mis beaucoup de choses…

J : Notre musique s’adapte désormais plus à nos timbres de voix, que nous connaissons mieux aujourd’hui qu’à l’époque du premier. Auparavant, nous nous adaptions à la musique, désormais c’est plutôt l’inverse. La différence est que notre compositeur nous connaît mieux. C’est également un album plus riche en émotions…

P : Plus intime, aussi…

J : Ouais, parce que nous sortions du confinement, et nous nous sommes rendus en Bretagne afin de l’enregistrer, cette dose d’émotions qui était prête à exploser, et que je me souviens avoir parfaitement entendu dans le chant au moment précis où nous avons commencé à poser nos voix, c’est particulier, cette urgence mêlée d’excitation, c’est cela qui fait la différence avec le premier album. Et puis, nos voix sont plus larges, il y a même des passages qui sonnent amérindiens.

P : Il y a quelque chose de magique dans ce disque, qui provient du fait qu’avant le confinement, avant même que nous ne soyons confrontés au virus, nous avions déjà envie d’écrire sur ces sujets-là : nous avions conscience, comme beaucoup, de vivre une période de transition, cette espèce de fin de cycle…

J : Que ce soit au niveau de la société ou de celui du climat, hein… Nous vivons dans une société qui est un peu malade, et quant au climat nous sommes conscients de la nécessité de changer notre façon de consommer, notre façon de vivre… Et c’est vrai que cet album qui en était au stade de l’écriture, souhaitait de toutes façons aborder ces thèmes… De manière métaphorique, nous y évoquons la surconsommation, le changement climatique, des événements tragiques liés notamment à des migrations… Nous étions en plein dedans avant ce virus, et ce virus ne fait que de renforcer ces constats…

P : Nous nous retrouvions confinés, dans cette espèce de purgatoire entre liberté et emprisonnement, et l’étude de textes Vikings a eu des résonnances troublantes quant à ces constats, nous nous sommes sentis liés à leur contenu… Quand ils parlent de Ragnarök, de fin du monde ainsi que d’une série d’événements dont un hiver de trois ans sans soleil…

J : En ce moment, tout est atypique, et on a l’impression de vivre cette fin de cycle, un autre Ragnarök de notre époque… C’est vrai que lorsqu’on parle des « terres enfouies », submergées par les eaux, nous avons l’impression de le vivre, on est en plein dedans ! Le confinement nous a permis d’y réfléchir…

P : Et sortis de ce confinement, nous sommes lorrains…

ANR : Vous vous retrouvez en Bretagne…

P : Cela a été spécial, mais intense…

J : Ouais…

ANR : Vous étiez dans quel coin en Bretagne ?

P : Dans le Morbihan, à Sarzeau…

ANR : Nous revenons donc à l’introspection évoquée tout à l’heure… Les mots ayant visiblement un sens chez vous, c’est sûr et certain, vous employez le terme « chant » et non ceux de « morceau », « titre » ou « chanson », afin de parler de vos créations…

P : Ce sont des chants parce qu’ils sont liés à un concept, et il y a un rapport, non pas religieux…

J : Un rapport à la tradition des scaldes, les poètes, et leurs chants…

P : « Chant » fait référence à une invocation, une entité, une énergie, donc on a envie de chanter, et aussi que les gens qui nous écoutent se connectent à cela… Ce ne sont pas des prières, mais plutôt des invocations…

J : Skàld est à la base un groupe purement vocal, du coup le terme « chant » nous représente mieux, dans la définition que nous avons de notre groupe, ce rapport à nos voix…

ANR : Vous avez dit « les gens qui nous écoutent »… Votre art, ainsi que le folk et pagan en règle générale, constituent-ils une musique à destination d’initiés du genre, ou bien destinée à être populaire ?

J : Ah non, pas du tout, notre musique n’est réservée à personne !

P : Il y a deux lectures possibles : il y a la lecture « grand public », notre musique est considérée comme divertissante et on va l’écouter comme cela en rêvassant ; et il y a une lecture plus élitiste qui va croiser les références, avoir une deuxième lecture et tenter de trouver des sens cachés à notre musique. Cela peut parler autant à ceux qui veulent uniquement s’amuser et se divertir, qu’à ceux qui sont plus littéraires et concernés par des notions de spiritualité.

J : Ce qui est intéressant dans Skàld est la richesse des publics. Il suffit de venir à un de nos concerts pour se rendre compte qu’il y a tous les âges, tous les genres représentés, c’est génial ! Et nous, nous ne voulons pas nous enfermer dans un style, et fermer la porte à certains publics.

ANR : En parlant de concert, vous semblez particulièrement demandés par les festivals : votre participation au Motocultor a été reportée au 19 août 2021, mais est acquise, et vous vous êtes entre autres produits l’an dernier au Festival de Noël de Limoges, à l’Entremuralhas portugais, au Rock Oz’Arènes suisse, au Wacken, au Hellfest, ou encore à l’Avalon Medieval & Fantasy Festival en Italie… Vous considérez-vous comme un groupe de fests ?

J : Non, car ce sont des ambiances différentes : nous aimons également nous produire dans des petites salles. Notre public n’est pas essentiellement un public de festivaliers. Au contraire, je pense que Skàld prend une toute autre dimension dans une salle plus intimiste, avec des lumières différentes. Ce sont des façons autres d’écouter Skàld.

P : C’est pour l’instant difficile de répondre à cette question, car nous avons un nouvel album différent du premier, que nous n’avons pas encore joué en public. Le premier album était effectivement plus écrit pour être joué devant des grosses foules, alors que le deuxième possède plus de morceaux intimistes… Nous avons davantage de choix dans notre répertoire, et nous pouvons désormais varier la setlist en fonction de l’événement.

ANR : Il manquerait à votre palmarès naissant le Midgardsblot organisé chaque été à côté d’Oslo… C’est le festival de référence en matière de folk et de pagan… Etes-vous entrés en contact avec eux ?

P : Oui, il y a des ouvertures, je pense que cela arrivera un jour, certainement…

J : Oui ! Après, ce n’est pas nous qui contactons directement les organisateurs de festivals, mais je suppose que notre tourneur doit être sur le coup…

ANR : Comment envisagez-vous la suite ?

P : Bonne question ! Nous allons être amenés à trouver des solutions si la situation perdure, afin de proposer des prestations live : tout le monde fait du « live stream » des choses comme ça, donc… Nous sommes en train de bosser là-dessus…

J : Ce qui est essentiel aussi, pour nous, c’est de garder le lien que nous avons avec nos auditeurs, et c’est effectivement compliqué en ce moment. Nous réfléchissons actuellement à de la création de contenu : de quel genre ? Comment s’y prendre sans faire des choses qui ont été faites et refaites au moment du confinement ? Tout ceci est encore un peu flou pour tout le monde, je pense !

P : Ce qui est cool c’est que le nouvel album sort en Australie, aux Etats-Unis, presque dans le monde entier, donc nous avons pas mal de travail de promo à assurer avec les médias, les radios, les télés un peu partout, ce qui nous occupe pas mal ! La suite va consister à faire vivre notre travail de studio, nos enregistrements, de façon à ce qu’un maximum de gens puisse accrocher ! Quand on aura une solution vis-à-vis du virus, on espère que…

ANR : Pour l’instant vous gérez le temps ! Pour finir : vous écoutez quoi en ce moment ? Le dernier truc que vous avez écouté ?

P : Moi c’était de la musique de Sibérie, Altyn Tuu, c’est Justine qui m’a dit « écoute ça, cela va te plaire ! ». Ils utilisent des techniques vocales hallucinantes…

J : Ils sont simples, efficaces, hyper-humbles !!! Ils se filment comme ça dans une forêt en train de faire leurs trucs…

P : Ouais ! Et ça joue dans la nature, avec un niveau super élevé, tu écoutes cela pour te relaxer, c’est vraiment génial !

J : Moi, le dernier truc que j’ai écouté, c’était dans ma voiture pour venir, c’était Gjallarhorn le groupe suédois dont je te parlais tout à l’heure ! G.J.A.L.L.A…

ANR : Je vais regarder, je vais regarder…

P : Tu sais, le dieu Heimdall lorsqu’il annonce le Ragnarök, le nom de sa corne c’est Gjallarhorn…

J : C’est Gjallarhorn !

ANR : Très intéressant… Je vais vous souhaiter une bonne fin de journée… A très vite !

J : Salut Romain !

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