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Inside

jeudi/14/09/2023
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INSIDE
de Bishal Dutta

Un film de démons sur la mythologie hindoue, voilà qui pourrait émoustiller les amateurs d’horreur en quête de nouveaux mythes à explorer. Effectivement, la majorité des films de possession ou de démons sont souvent de nature biblique ou, durant une période, japonaise, si bien que l’on a rarement eu droit à d’autres types de mythologies (dans l’horreur, je précise). Or, Inside promettait justement une nouvelle bouffée d’air frais dans le paysage horrifique, en amenant avec lui la culture indienne dans un film américain, un peu comme l’avait fait le remake de The Grudge.

Mais hélas, trois fois hélas, cette promesse ne sera qu’à moitié tenue. Si, effectivement, on a droit à un peu de culture indienne, elle est malheureusement traitée avec la même banalité qu’un film d’horreur US qu’on a vu des millions de fois. Sans compter que Bishal Dutta voulait également traiter la quête d’identité de Sam, personnage principal qui veut rejeter ses origines, au grand désespoir de sa mère. Du coup, on y suit deux « affrontements » : le premier bien sûr contre un démon hindou échappé d’un bocal et qu’il faut absolument recapturer, et de l’autre renouer avec ses origines pour justement pouvoir affronter cette menace.

Là où on espérait des mises en situation et une esthétique très différentes des films « catho-porn », hé bien remplacez l’hindouisme par n’importe quelle culture ou religion et le récit sera le même. Il y a bien quelqu’un pour nous expliquer quel est ce démon et quel rituel il faut accomplir, mais ce n’est jamais via la mise en scène que cela nous est amené, mais par des dialogues sans aucune originalité.

Et pourtant Inside n’est pas non plus une bouse, car Bishal Dutta crée de bonnes scènes de tension, une mise à mort fortement sympathique et brutale, une scène de course-poursuite avec une menace invisible et parfois bien pensée, des actrices plutôt impliquées et surtout de très beaux cadres prouvant qu’il est capable de tenir une caméra. Mais le souci vient principalement dans la dernière partie du film, car Dutta commet l’erreur de montrer le démon dont je qualifierais le design de « dégueulasse » : jamais effrayant, il perd toute sa crédibilité horrifique dès l’instant où il n’est plus cette ombre mortelle dont on ne devinait la présence qu’à la lueur des ses yeux. Du coup, le soufflé retombe pour nous donner à la place un rituel à base d’incantations, mais qui ne sera pas en latin ; oui, c’est une grande différence.

Inside est donc un film d’horreur très classique dans le fond : ni nul, ni génial, mais frustrant car passant à côté d’un concept fort bienvenu mais qui n’est jamais exploité, voire pire : traité comme n’importe quel film d’exorcisme sorti ces dernières années. Dans la mesure où c’est un premier film, nous espérons de tout cœur que son réalisateur mettra beaucoup plus de tripes dans son prochain film, afin de nous offrir enfin du nouveau.

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