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Live report de Skunk Anansie à la Cigale le 17 juillet 2019

mercredi/31/07/2019
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Skunk Anansie à La Cigale le 17/07/2019

Cass prend un café puis une bière en terrasse de la brasserie qui fait l’angle entre la rue des Martyrs et le boulevard Rochechouart. Mais aucunement en toute quiétude. Il est importuné pour la quatrième ou cinquième fois, dont une alors qu’il conversait au téléphone, en moins d’une heure, et ce, pour des demandes de selfies auxquelles il répond néanmoins favorablement. Puisque Cass est le bassiste de Skunk Anansie depuis vingt-cinq ans. Car Skunk Anansie se produit ce soir dans la salle qui jouxte cette terrasse : La Cigale. Et pour la quatorzième reprise, uniquement pour ce qui concerne la Capitale (l’initiale étant leur ouverture remarquée de Therapy? en octobre 1995 à l’Olympia). La dernière fois que l’auteur de ces lignes les avait appréciés en direct, c’était à l’occasion du Baptême du Roi Tiridate IV en 301… Ou plutôt à Belfort en juillet 1996. Sous un déluge. Une des photos de ce concert, capturée à l’abri de mon Kway, a d’ailleurs été dédicacée par Ace le guitariste, lors d’un affable entretien au Novotel Tour Eiffel en janvier dernier. Je m’étais dit plus tard, en scrutant la prestation des deux gamines de Nova Twins le dimanche matin au Hellfest, que ce groupe avait finalement fait école… Dans l’immédiat, le grand métisse dreadlocké jette l’éponge, et se barre rapido. Non qu’il doive jouer de suite. Car c’est à leur première partie de le faire.

Les jeunes anglais d’Allusinlove investissent l’estrade de Pigalle dans un crissement Fuzz à 19 heures 46. Ces chevelus donnent d’emblée l’impression de maîtriser leurs fondamentaux Pop-Rock, la structure basse – batterie de leur morceau liminaire faisant penser à celles des premiers Oasis. Puis un deuxième extrait qui ressemble à « Gloria », de Them. La chaleur a grimpé d’une traite en moins d’un quart d’heure. La salle est presque comble sur les coups de vingt heures, une majorité de trentenaires et de quadras, qui découvre sagement les quatre petits protégés de Muse dérouler cinquante ans d’histoire musicale British. Sur le psychédélique « Lucky You », la voix de Jason Moules, le prometteur chanteur – guitariste, évoque agréablement celle de Noël Gallagher. Belles et fines guitares. Ces lads de leeds ont jugé bon de changer le nom de leur groupe, et de jeter le précédent (« Allusindrugs ») aux oubliettes de leur histoire. De l’Histoire ? A voir. « Enjoy Skunk ! », lance de sa voix grave Jason en guise de bécot.

20 heures 15, les éclairages de la délicate salle de bal se rallument sur un U noir de monde. Et la sono de passer « No one knows » de QOTSA en chauffe-salle. Mot mal choisi, puisque l’enceinte est désormais une étuve. Affichant complète depuis une dizaine de jours, encombrée comme une cantine, qui trépigne et qui siffle. Les spectateurs se massent aux premiers rangs, les photographes s’agglutinent derrière un Crash-Barrier, qui ressemble à une devanture de Darty un premier jour des soldes vers 8 heures 55. C’est vraiment chaud. Les balcons et latérales sont également obstrués de fans, certains dansant déjà d’un bout de pied sur l’autre, des stadiers infantilisants postés aux deux extrémités. Il est 20 heures 49, Ace est lui-aussi en attente, sur le flanc gauche de la scène : casquetté dans l’ombre, il égrène un accord dans le vide. Il est bon de se dire qu’après toutes ces années, et sans réel matériel à promouvoir hormis la compilation « 25LIVE@25 », Skunk Anansie suscite un tel engouement. Lequel ne s’apparente pas à une énième nostalgie gloubi-boulga. Finalement, le public des années 1990, est lui-aussi resté fidèle à sa bande-son. Et à Skin, la Diva.

20 heures 50. Note lourde de la basse de Cass, rythme Jungle façon 1997 en soutien, les roadies agitent des lampes de poche dans la semi-pénombre, le guitariste monte sur scène, suivi du bassiste (coiffé d’un chapeau plat) puis du batteur, Mark Richardson. Nappes de synthé. La vedette tant attendue déboule à son tour à 20 heures 51, masquée, vêtue d’une sorte de robe noire plastique sac poubelle boite à chaussures cadeau de Noël, mi Lisette Malidor mi Grace Jones, 100 % elle-même, accueillie par des cris de bonheur. Elle entame une danse quasi-chamanique sous des lumières rouge vif. Et ce sont les accords saccadés de « Charlie Big Potato », leur classique de 1999, qui délivrent l’assistance. Comme sur ce « 25LIVE@25 ». L’on remarque de suite que les quatre membres officiels sont épaulés par une clavière aux cheveux teints et courts, cousine lointaine de Megane Rapinoe. La voix de Skin est précise et monte crescendo, elle projette son corps d’avant en arrière, avant d’ôter son loup, concentrée, jouant avec son impressionnant pied de micro. La Cigale hurle de joie. Puis tape à l’unisson mains levées. Rare de ressentir telle communion, en tous cas dans une salle parisienne en 2019. Ce premier jet, meilleur que dans sa version studio, termine sa course de façon apocalyptique. Ovation in-cro-ya-ble.

La prestation comportera en tout vingt-trois chansons. Et encore le terme « chansons » s’avère disqualifiant, vu un tel déploiement d’énergie et don de soi. Skin demeure une bête de scène. Et ce public était venu pour être captivé. Par suite, ni la pression ni les mimines ne retombèrent durant cette heure trois quarts. Quant à l’extraction : six compositions tirées du premier disque, trois du deuxième et trois du troisième… Soit une majorité datant d’entre 1995 et 1999, période où Skunk Anansie aurait très bien pu animer Nulle part ailleurs, au décompte de leurs passages dans l’émission du quai de Javel ; le reste pioché de-ci de-là parmi les vingt années qui s’ensuivirent. A partir de « Because of you », le deuxième titre joué, la Frontwoman troque son costume futuriste pour un t-shirt noir et blanc armelig (« sans manches ») très ample, libérant au mieux ses longs bras musculeux, afin qu’ils puissent à l’optimal haranguer et guider ceux de l’assistance.

S’ensuivirent : « All in the Name of Pity », explicitant (si besoin est) la complicité scénique entre Skin et Cass, leur clavière frappant maintenant deux caisses claires, se révélant être une excellente choriste ; « I Can Dream » joué en quatrième position, à l’entame duquel la chanteuse lâcha (tardivement) un « Bonsoir Paris », et qui vit Ace pratiquer son sport favori : le Larsen ; le Slow de 1996 « Brazen (Weep) » repris en cœur ; une escalade de la foule par la fille de Brixton sur « Twisted (Everyday Hurts) » ; la voyant ensuite accompagner son groupe à la guitare acoustique (noire et blanche) sur « Weak » ; un instant plus intimiste avec « 100 Ways to Be a Good Girl » ; puis tapant du pied nerveusement (façon Fred Schneider des B52’s) sur « I Believed in You » de 2012, le plancher tremblant sous les trebles ; un long discours intermède « Trump-Brexit » (ponctué par des « Ouhhhhhhhhhhhh !!! » français) ; celles et ceux partis fumer une cigarette rejoignirent la salle au quadruple galop aux premières notes d’« Hedonism (Just Because You Feel Good) » ; le psychanalytique « Intellectualise my Blackness » à deux voix féminines ; « Tear the Place Up » et ses faux-airs de « Rats in the Cellar » d’Aerosmith (impression corroborée par le spectaculaire gestuel de la liane noire, pied de micro en mains) ; un rappel à 22 heures 06, notamment composé de l’acoustique « You’ll Follow Me Down », d’une reprise surprise et pachydermique d’« Highway to Hell », ainsi que du nananère « Little Baby Swastikkka ». Une ultime déclaration d’amour glissée à 22 heures 32 de sa plus belle voix. « Great Audience ! ». Le lendemain, les quatre londoniens jouèrent au festival des Vieilles charrues, gageons que Cass ait pu avaler tranquillement son café et sa bière cette fois.

https://skunkanansie.com/

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