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Chronique de Confess : the Autobiography – Rob Halford

dimanche/25/10/2020
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Auteur : Rob Halford, with Ian Gittins

Titre : Confess : the Autobiography

Editeur : Hachette Books, New York

Sortie : 29 septembre 2020

Note : 17/20

L’enfance de Rob nous est succinctement, mais délicatement, narrée. Un foyer contraint d’économiser chaque penny, caractéristique de ceux peuplant les estates du nord industriel de l’Angleterre en ces années cinquante, besogneux et tabagique mais rassurant : des hivers sibériens, que le lino accentue au ressenti ; le catch comme événement familial l’espace d’une furtive et mouvementée occasion ; une onirique visite de la Reine en 1957 (« I have always been an arch royalist »), dans cette bourgade coventrisée et suffoquante de Walsall ; des Noëls magiques, où Rob quémande avec insistance smarties et kit kat avant l’heure de passer à table ; l’odeur chaleureuse du cuir, spécialité et fierté locale, qui ne le quitta guère durant soixante-dix ans ; ainsi qu’une inoubliable révélation, à l’instant précis où les premiers applaudissements crépitèrent en classe de chant. Rob (et son lecteur initié) le sait déjà : il « n’est pas réellement comme les autres garçons »…

Rob prend conscience de sa différence aux alentours de dix printemps, sans toutefois bien savoir ni comprendre de quoi il s’agissait, hormis le simple fait de préférer être avec d’autres garçons, et de trouver tout ceci attrayant. Ces choses se clarifieront les années suivantes, entre trouvailles abandonnées et instructions d’ainés plus ou moins bienveillants, pour le meilleur… et pour le pire. Son autre pôle de distinction, l’art, se développe au cours de la seconde moitié des sixties, lorsqu’il entre en tant qu’assistant au Wolverhampton Grand Theatre, et qu’il s’immerge dans la musique, le blues puis celles du Summer of Love. C’est là que Rob se découvre d’autres penchants, pour la moto, ainsi que pour l’ivresse alcoolique associée à la prise de Mogadon. Ce rejeton de la ferraille lourde se fait ensuite happer par la première vague du hard rock, laquelle lui cause davantage que Scott McKenzie. Il rentre de l’ile de Wight et fonde un groupe de heavy blues baptisé Hiroshima, avant que sa sœur Sue ne lui conseille de prendre langue avec son mec (et futur époux), bassiste, un certain Ian Hill…

La suite est connue. Cinquante années se sont écoulées tambour battant. De la première partie de Budgie à la tournée anniversaire mort-née, en passant par l’écriture de « British Steel » (dans le manoir de Ringo Starr, celui d’« Imagine »), le Live Aid 1985 (où Rob fit itou les chœurs pour Lionel Ritchie), ainsi que sa sortie du placard sur le plateau de MTV en 1998 (vraisemblablement facilitée par le fait qu’il n’était plus dans Priest à ce moment-là, Rob ayant auparavant privilégié l’image de son groupe à sa quiétude personnelle).

L’indéniable valeur ajoutée de « Confess » réside en sa dense narration, entre gouaille rosbeef (« PING ! Une ampoule s’alluma dans ma tête », à la vue de motos parquées devant la salle de concert de Derby… lui donnant une idée, dont on saisit sur le champ la légendaire pulpe…) et recul empreint de la sagesse propre à ceux qui ont vécu. Elle se niche aussi, et bien entendu, dans les anecdotes que Rob égrène en toute confiance voire impudeur, telles ces rencontres fortuites avec Christopher Reeve sur le tournage de Superman, ou Freddie Mercury sur le chemin de Mykonos à l’été 1980… Rob est à-même de décrire la découverte de ses premiers morpions en page 42, puis (sans plus de rapport) de livrer contenu page 43 de la supplique qu’il adressa à la Sainte Vierge en la St. Peter’s Collegiate Church. Le primesautier cohabite avec le réalisme voire le tragique (le suicide de son compagnon, en janvier 1987). Idem quant au style littéraire, lequel mixe tous types de mots et langages, afin de gagner en précision et en coloration : si mal nommer les choses ajoute à la misère du monde, alors Rob est un enchanteur.

Ce livre retrace l’Histoire de notre musique, notamment lorsqu’allant magasiner dans une boutique fétichiste de Wandsworth (le SM ne l’attire que pour le look, notre homme se déclarant au contraire « pretty vanilla »), il invente en 1978 la panoplie cuir & clous, attifage qui fera florès dans le heavy metal… Chacun des vingt-deux chapitres et épilogue, voire chaque paragraphe, est entamé avec gourmandise teintée de solennité. Cette passionnante somme nous est léguée par Rob l’incandescent, le « metal god » (mais qui s’assume également en tant que « pop tart »). Captivant, car grandiloquent et humain à la fois.

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