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Chronique de Choosing Mental Illness as a Virtue – Philip H. Anselmo and the Illegals

lundi/22/01/2018
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Groupe : Philip H. Anselmo and the Illegals
Album : Choosing Mental Illness as a Virtue
Label : Season of Mist
Sortie le : 26/01/2018
Note : 17/20

 

Comparaison n’est pas raison. Mais Phil Anselmo et Dave Grohl possèdent plus de points communs que de différences. Déjà, ils sont les presque uniques survivants en pleine forme (créative) des défuntes années 1990. Ensuite, parce que leurs groupes respectifs ont révolutionné, pour l’un le Metal, pour l’autre le Rock durant cette époque. Egalement, en raison de la multiplicité de leurs projets parallèles, menés stakhanovistes sans coup férir depuis la fin de Pantera pour le premier, Nirvana pour le second. Enfin, car ils sont tous deux des icônes vivantes (contrairement à Dimebag Darrell et à Kurt Cobain…). La seule et évidente différence : l’un est autant porc-épic que l’autre premier de la classe cool. C’est vrai, il en est presque agaçant Dave Grohl, avec son don de touche-à-tout et son Ultra Brite éternellement greffée sur sa bobine de figurant dans Grease. Un faux branleur qui accumulerait bons points et meilleures notes, tomberait les filles tout en suscitant l’admiration des autres garçons. Anselmo ne sourit pas, fume et boit (voire pire) ; il met autant mal à l’aise que Grohl donne envie d’aller au Jack in the Box en sifflotant du Foo Fighters en Toyota hybride. Mais Phil passe lui aussi toujours avec brio en classe supérieure. A l’instar d’un autre surdoué rescapé de cette classe 1992, le déjanté et dadaïste Mike Patton. D’ailleurs, la dernière copie de Philipe, griffonnée au marqueur noir asséché, et intitulée « Choosing Mental Illness as a Virtue », en atteste.

Titre idiot, comme un aveu ou une profession de foi (une excuse à ses derniers dérapages ?). Pochette mate immonde et provocante ; rien vu d’aussi laid et Arte Povera depuis au moins « Take as Needed for Pain » d’Eyehategod…  Quant au fond, dès la douzième seconde de « Little Fuckin’ Heroes » le ton est donné. Vous vous souvenez de l’intro de « The Great Southern Trendkill » de Pantera ? Et bien, dites-vous qu’elle va durer tout un album. Ceci porte un nom : c’est du « Brutal Sludge Metal ». Rien que ça. Et pourquoi pas, puisque le Père Anselme possède tant les moyens physiques (cette gorge bon sang !) que créatifs pour créer à lui seul un nouveau sous-genre (n’empêche, la critique n’avait pas besoin de ça…) ? Tout seul, mais épaulé par une poignée de desperados qu’il a convoqués (pour la seconde fois, car un LP et un split CD avaient déjà été conçus en 2013). Le style développé en dix titres correspond à un Down bien sale joué en accéléré sous tabasco avec des vocaux frisant le Black (le chaotique « The Ignorant Point »). L’esprit de ce concept infecté mais rudement bien produit est extrêmement proche des projets les plus barrés et les plus hystériques élaborés par le précité Mike Patton ; de sa voix aussi parfois. Certains passages plus clairs (tout est relatif) lorgnent du coté de Black Sabbath (« Utopian») ; normal pour du Sludge direz-vous, et puisqu’il s’agit du groupe préféré d’Anselmo. Mais en aucun cas, l’artiste ne s’est fait plaisir : le malaise est palpable.

Sweat capuche et cheveux ras, la tenue vestimentaire de l’auteur est aussi sobre que son imaginaire semble à vue de nez dérangé. Passant à tout instant des aigus les plus gênants (« Choosing Mental Illness ») aux graves les plus abyssaux (« Photographic Taunts »), Phil Anselmo remet à leur juste place moult légions de chanteurs (et autres « growleurs »). En aucun cas il ne joue la comédie. Cet album est authentiquement épuisant, fêlé et malsain. Mais génial et jouissif. Il s’agit là d’une performance artistique à part entière, dépassant les frontières bien bornées du Metal, et menée de main de maître par un véritable psychopathe. Brutal et viril, aucun signe de faiblesse ou d’ambiguïté n’est montré. Terrifiant. Espérons simplement que son auteur prend quand-même de temps à autres un peu de recul vis-à-vis de ce Frankenstein sonore ; sinon on ne donnera pas cher de sa peau ; ainsi que d’une éventuelle reformation de Pantera, lequel semble loin, très loin à présent. Sinon Dave Grohl vient de jouer « Paradise City » en duo avec les Guns.

 

http://philanselmo.com/theillegals/

https://www.facebook.com/Philipillegals

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