Groupe: Of Mice & Men
Album : Defy
Label : Rise Records
Sortie le : 19/01/2018
Note : 16/20
« Après la pluie vient le beau temps » chantaient il y a moins de vingt-cinq ans les Négresses vertes après le décès prématuré de leur chanteur. « Defy », répond en écho lointain le titre du cinquième album des godelureaux Metalcore de Of Mice & Men, lesquels devaient en 1993 suivre les aventures de Barney le dinosaure, non celles d’Helno et de Mellino. Les mots ont parfois un sens chez les artistes, et ce qui se conçoit bien s’énonce clairement à la Boileau. Car, le jeune groupe a accumulé les épreuves depuis la sortie de « Cold World » il y a quinze mois. Austin Carlile, leur chanteur depuis 2009, a jeté l’éponge en décembre 2016, parti vivre au Costa Rica, pour des raisons sur lesquelles les quatre autres membres ont jeté un voile pudique. Troubles psychiques très probablement, lesquels avaient entraîné le groupe entier dans une sorte de neurasthénie prolongée. Sans compter le suicide de leur mentor en juillet 2017, l’idole Nu Metal Chester Bennington. L’atmosphère et les thèmes développés dans « Cold World » étaient on ne peut plus dépressifs, Post Grunge ; à l’image du titre d’ouverture, le tristounet et apathique « Game of War ». Privé de son acolyte démissionnaire, le bassiste Aaron Pauley était laissé seul aux vocaux. Les quatre jeunots devaient réagir. Of Mice & Men se sont replongés dans leurs disques d’ados (Slipknot, Slayer, Rage Against the Machine) ; ont acheté ceux notre époque (« Magma » de Gojira, « Hardwired… to Self-Destruct » de Metallica, « Dig Deep » d’After the Burial, « The Rhapsody Tapes » d’Ocean Grove) ; et ont fait appel au producteur Howard Benson (Sepultura, P.O.D., My Chemical Romance, Apocalyptica, Santana…).
Surprise, « Defy » s’avère être l’exact contraire de « Cold World ». Un disque contemporain, mais à l’aise dans ses baskets. Qui attaque sur les chapeaux de roue, avec un titre éponyme lourd aux relents indus entraînants ; s’ensuit l’entêtant « Instincts », dont le riff aigu fait penser au récent « Forward in Reverse » des Danois de Dizzy Mizz Lizzy (pure coïncidence). Son très Kirkhammettien solo est l’un des meilleurs entendus ces derniers mois. Tout au fil de la galette, les vocaux sont soignés ; les harmonies font parfois penser aux Foo Fighters… ainsi qu’aux meilleurs moments des années 2000-2010. « Back to Me » évoque Linkin Park, la principale influence des p’tits gars ; le lancinant « Unbreakable » possède un Beat à la RATM (voire à la Slipknot) ; « Vertigo » est autant épique qu’« On the Inside Up » est lumineux et que « Warzone » est tonitruant. Autre preuve de culot, ils ont osé reprendre le monticule « Money » du Flamand rose prog’ (et même de l’écourter)… pour obtenir une réussite notable au Groove impeccable : Of Mice & Men s’est approprié ce classique du Rock sans le profaner ; à n’en point douter un des temps forts des sets de la tournée mondiale à venir (en Février prochain, avec détour à Paris en avril). Le taciturne « If We Were Ghosts » conclut ce joli disque, un peu à la manière d’« Over Now » concluant « Alice in Chains » deux décennies auparavant : une chanson mid-tempo triste, mais emplie d’espoir.
Of Mice & réussit le pari (non, pas écrire « le Défi », c’est téléphoné…) de rassembler le meilleur de son genre, et de nous le délivrer de la façon la plus positive qui soit. Soit l’exact antipode de leur précédente livraison. Un peu à l’instar du dernier « Lilith » des Butcher Babies c’est le mot « coloré » qui revient assez souvent à l’esprit. « Defy » s’avère, de plus, être un album varié mais homogène. Aucun titre en deçà des autres n’est à signaler ; et la gentille pression des Californiens ne retombe pas tout au long de ces douze titres. Pour des raisons tant humaines qu’artistiques, Valentino Arteaga, Alan Ashby, Phil Manansala et Aaron Pauley ont fait preuve de caractère et de maturité. Bravo les mecs. « Defy » est à recommander à celles et ceux qui affectionnent le Metalcore ; ainsi qu’aux autres, celles et ceux qui aiment les histoires tristes sachant finir.
