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Sinistro – Sangue Cassia

vendredi/05/01/2018
1 154 Views

Groupe : Sinistro
Album : Sangue Cassia
Date de sortie : 5 janvier 2018
Label : Season of mist

Le Metal et ses nombreux sous-genres s’exportent bien. La preuve, il se marie avec de nombreuses langues a priori rébarbatives : le breton, l’espagnol,  l’islandais, le mongol, le français (si si c’est rébarbatif pour le reste du monde), l’anglais avec option gros accent et, pour le cas qui nous occupe aujourd’hui, le portugais.

Le Portugal, c’est le pays de la morue, du chef et du Fado, cette musique mélancolique qui ne dépare pas avec le Doom, ce style au tempo si lent qu’il peut presque passer pour langoureux. Et langoureux, c’est un terme qui peut définir l’album « Sangue Cassia » de Sinistro, groupe lisboète de Sludge-Doom. Déjà, parce que Cassia, c’est Cannelier de Chine en portugais. Cette plante est utilisée comme aphrodisiaque (en même temps, quelle plante n’est pas utilisée comme aphrodisiaque par les Chinois, je te le demande !) donc c’est langoureux.

Ensuite, et plus sérieusement, la voix de Patrícia Andrade est totalement envoûtante tout au long de l’album. La musique des instruments décrit parallèlement un paysage totalement ravagé. L’union des deux est sidérante. Alors oui, la voix est mélancolique et s’exprime en portugais, pour autant, on est quand même assez loin du Fado. La voix de Patrícia Andrade est beaucoup plus épurée, éthérée que celles des grandes dames du genre. Les titres sont poétiques (« Nuvem » pour nuage, « Gardénia », « Pétalas », « Lótus »…) mais on sent bien que les fleurs qu’évoque Sinistro se fanent rapidement, que ces nuages sont lourds et inquiétants, que le parfum du gardénia est un peu trop entêtant. La langue elle-même est lancinante avec ses lettres chuintées et trainantes. Et la musique, elle, est un Doom dans toute sa splendeur. Certains titres sont plus plombés que d’autres, tel « Abismo ». D’autres sont plus sensuels comme « Pétalas », ou d’une ampleur folle comme « Cravo Carne » , sublime morceau final, mais tous laissent une impression vague, obnubilante, comme une question qui n’obtiendra jamais de réponse.

Les vidéos et la pochette sont dans la même veine d’oppression, de suffocation. Pas de couleurs, juste du noir, du blanc et du gris. Sur la pochette, un peu de rouge pour le titre et les lèvres de la femme à la tête renversée.

Si le but est de plonger l’auditeur dans l’engourdissement et la torpeur, c’est très réussi. Un si beau saisissement est finalement apaisant, un moment de répit languide avant de retourner à la folle ronde de la réalité.

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