Interview de Dave Vanian des Damned

mercredi/19/04/2023
2 995 Views

« Dave Vanian creusait des tombes dans un cimetière tout en fredonnant ses airs favoris… Maintenant ce sont les dinosaures du rock que celui-ci s’apprête à enterrer !!! ». Ma première appréhension visuelle de l’interviewé de ce jeudi 2 mars 2023 fût le scopitone de « New Rose » avec à la voix-off Alain Gardinier et ses mots, ce en clôture d’un numéro de Culture Rock sur M6 narrant à la jeunesse de l’hiver 1993 comment l’année 1976 fît brusquement passer la sienne des Wings, Genesis et autres Rolling Stones aux Damned. Sorti le 22 octobre de cette berge charnière « New Rose » ne fût nullement un des prodromes de ce que l’on a appelé « le punk », non ; plutôt et rien de moins que le premier 45 tours de l’innommable révolution. Le papoum-papoum-papoum de Rats Scabies, la rêche guitare de Brian James, la basse violentée au plectre par Captain Sensible, et la voix d’outre-caveau de Vanian au microphone. Simple suivi le 17 janvier 1977 du tout aussi monumental « Neat Neat Neat » ; puis par des albums divers et variés épousant de temps en temps les folies du moment, comme en attestent entre autres le pré-années-quatre-vingt « Machine Gun Etiquette » de 1979 ou le franchement gothique « Phantasmagoria » de 1985 (contenant une reprise quasi-symphonique d’« Eloise », classique de la variété britannique originellement interprété par Barry Ryan) ; le dernier paru à ce jour étant le cinématique et rétro « Evil Spirits » de 2018 produit par David Visconti (Bowie). Entretemps j’aurais eu l’occasion de m’infuser « New Rose » au baladeur sous l’humide canicule tokyoïte de 1994 (l’initiatique single figurant sur une pédagogique compile intitulée « Best of 70’s (de Woodstock au Walkman) »), puis plus tard de voir les Damned en première partie de l’ultime concert parisien de Motörhead (Le Zénith, 18 novembre 2014). Le lecteur néophyte l’aura déduit de ce qui précède : The Damned est un des trois principaux groupes punk, un protagoniste non négligeable de l’histoire du rock ainsi qu’une figure de la musique anglaise. L’esthétique gothique est en outre redevable de beaucoup à l’ex-farfadet crayeux Vanian. Lequel pousse avec distinction à midi pile la porte de la (toute aussi obscure et élégante) salle de l’hôtel Alba dédiée ce jour à sa promo de « Darkadelic », le douzième album studio du quatuor de Croydon (devenu quintet à l’addition d’un synthé, et ne comportant plus que deux membres originaux, Vanian et Sensible) à paraître le vendredi 28 avril 2023, soit un condensé des populaires vibrations insulaires depuis au moins Harold Wilson ; c’est par ce geste qu’un classieux compromis entre Robert Fripp et le Juge Doom (le méchant à la trempette dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit ») nous accorde l’entame de sa journée parisienne…

Art’n’Roll : Monsieur Vanian !

Dave Vanian (Chant) : Comment vas-tu ? Oh c’est très sombre ici, tsssssss !

ANR : Merci de nous accorder cette interview. Une première question : quel bilan tirez-vous de votre précédent album « Evil Spirits » ?

DV : Ahhhh… Les différences avec le nouveau disque ? Ou…

ANR : Le bilan tout simplement…

DV : Je pense… Heuuuuuuu… Que notre précédent disque n’a pas bénéficié d’autant de temps nécessaire à sa préparation que celui-ci, certes Tony (NDA : Tony Visconti, le producteur) a réalisé un travail décent…

ANR : C’était un album davantage symphonique…

DV : (NDA : voix très douce) Oui…

ANR : « Cinématique »…

DV : Oui, définitivement « cinématique »… Well, c’est probablement le fait que tant ma voix que la musique étaient imprégnées de bandes originales de films, de celles de quand j’étais gamin, d’œuvres des années vingt et trente, tu vois…

ANR : Tout à fait…

DV : Lorsque j’ai composé les chansons de ce précédent disque, j’ai pensé en termes cinématiques, j’ai écrit de façon visuelle, je ne me suis pas contenté de penser la musique ainsi que les chansons stricto sensu, mais tout l’album globalement en terme de ressenti… Dans une veine identique figure sur le nouveau disque une chanson qui s’intitule « Western Promise », je l’ai composée en ayant à l’esprit les films de David Lynch…

ANR : « Darkadelic » votre nouvel album est intemporel et britannique, c’est à dire illimité dans le temps moins que dans l’espace… Pensez-vous que ces deux adjectifs soient appropriés ?

DV : Yeah, je décrirais moi aussi ce nouveau disque comme cinématique, dirigé par la guitare, et effectivement britannique… Parce que nous avons été cette fois inspirés par les Kinks, les groupes anglais des années soixante que j’aime tellement…

ANR : Certains morceaux sur ce disque, à l’image de « Follow Me » ou « Bad Weather Girl », me font un tantinet penser à du Secret Affair…

DV : A qui ça ?

ANR : Secret Affair, le groupe de Mod Revival du début des années quatre-vingt…

DV : Ohhh… Je les connais sans être fanatique de ce qu’ils font. Mais, je vois ce que tu veux dire, je pense que cela vient de la basse qui est également très présente sur ce disque. Nous avons conçu des morceaux conjuguant l’énergie de certains groupes des années soixante comme les Stooges ou le MC5, ces trucs-là, avec des ambiances dramatiques ainsi qu’un chant à la Scott Walker, lequel a toujours exercé une influence prépondérante sur moi, et ce depuis mes débuts…

ANR : Ce disque serait un disque mod intemporel…

DV : C’est intéressant. Cela me convient. Je dirais également qu’il s’agit d’un disque pour danser…

ANR : Comme vous dites, la basse y est très présente… La production s’avère parfaite…

DV : La basse dirige beaucoup de morceaux de cet album… Nous avons cette fois bénéficié de temps ainsi que d’un recul propice afin de le concevoir. Nous avions entamé sa conception avant la pandémie ; puis avons été contraints d’arrêter nos travaux ; et lorsque nous avons repris ceux-ci, notre vision de comment ce disque devait sonner avait été complétement métamorphosée, elle était intégralement différente du projet initial. Nous avons enregistré un disque finalement différent de ce que nous pensions initialement enregistrer, et qui sonne exactement comme nous le souhaitions. D’accoutumée, le processus en studio est assez rapide : on nous accorde trois semaines afin d’enregistrer, puis une semaine pour le mixage. Cette fois-ci, nous avons bénéficié d’une plage extrêmement longue, ce qui nous a permis de jouir d’un recul bénéfique, notamment afin de bien définir le son…

ANR : Je suppose que Mr Sensible est satisfait lui aussi de la production…

DV : Il a souvent fait remarquer en studio qu’il y avait « trop de guitares et pas assez de basse », et nous avons été forcés de lui faire comprendre que « non, non, non »…

ANR : (Rires)

DV : Il est vrai que la guitare est très présente sur ce disque et qu’il y a de véritables mélodies jouées à la guitare… Comme je te l’ai dit à l’instant, ce disque est dirigé par la guitare…

ANR : Avec des solos, de jolis solos, ce qui diffère des premiers disques des Damned…

DV : Oui.

ANR : De délicats soli

DV : Oui.

ANR : « Motorcycle Man » est la chanson la plus « rock » de ce disque…

DV : Tu as raison. C’est un morceau composé par Paul, Paul Gray (NDA : le bassiste) Ce qui est dingue, c’est que la démo de cette chanson date des années mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix (Sic) ; nous l’avons profondément retravaillée et le rendu sonne bien meilleur sous cette présentation. La version initiale était bien plus lourde, la basse sonnait comme du Lemmy…

ANR : Lemmy ?

DV : Lemmy Kilmister.

ANR : Lemmy, puisque vous en parlez, a déclaré en 1995 dans la presse française qu’il faudrait ériger dans chaque bourgade une statue de Rat Scabies (NDA : le premier batteur des Damned) pour l’honorer de son intro sur « New Rose »…

DV : (NDA : étonnement) Ahhhhhhhh…

ANR : Le saviez-vous ?

DV : (Rire charmant) Non, non…

ANR : Ironie du sort, Lemmy possède lui sa propre et gigantesque statue en France, sur le site du Hellfest depuis 2016…

DV : Ahhhhhhhh…

ANR : Les Damned se sont d’ailleurs produits au Hellfest, à l’édition 2017…

DV : Han han.

ANR : Vous en souvenez-vous ?

DV : Oui. Je m’en souviens.

ANR : Quel souvenir conservez-vous de ce passage ?

DV : Je m’en souviens. Pour la bonne raison que je n’avais pas chanté depuis longtemps avant ce concert…

ANR : Cet album « Darkadelic » est-il un disque « mod », un disque « rocker », ou bien un disque « mocker » ?

DV : (NDA : marmonne) C’est un disque des Damned.

ANR : Votre ami Michael Monroe a-t-il eu l’occasion d’écouter quelques extraits de ce nouveau disque ?

DV : Noooon, je ne sais pas car je ne suis pas réellement en contact avec lui, Brian (NDA : James, l’ancien guitariste des Damned) est bien plus en contact avec lui que je ne le suis, ils collaborent à travers le groupe Lords of the New Church. Je crois l’avoir rencontré pour la dernière fois à une cérémonie de remise de prix rock ou pop, des grammy ou un truc du genre, il y a un an ou deux (NDA : certainement le « Vive Le Rock Awards » 2020)

ANR : Vous ne l’avez donc pas croisé au concert des Rolling Stones à Hyde Park en juillet dernier ?

DV : Je ne le vois pas si souvent que cela, du genre tous les dix ans (Rires)

ANR : Il y aurait certaines similitudes entre « Darkadelic » et l’album de Michael Monroe publié en 2019…

DV : Ah vraiment ?

ANR : Une production actuelle de classe internationale, un bon résumé de la personnalité de l’artiste, de son expérience, de sa carrière…

DV : Je vois…

ANR : Une âme commune, le ressenti d’un sexagénaire…

DV : Yeah

ANR : Une atmosphère également, l’esprit de ce disque intitulé « One Man Gang » semble assez proche de celui que vous allez publier…

DV : Je vois ce que tu veux dire. Tu vois, c’est une affaire de maturité. Si tu es toujours crédible, tu peux te permettre ce type de création et faire le job. Je pense que c’est effectivement ce que nous avons essayé de faire musicalement sur notre disque.

ANR : Son intitulé, « Darkadelic », constitue-t-il selon vous un bon résumé de ce que sont les Damned ?

DV : Pfffffff ! C’est très difficile à dire, simplement parce que notre discographie n’est pas homogène, chaque album fût dissemblable du précédent. Toute mouture des Damned fût différente de la précédente presque cinquante ans durant. Il s’agissait à chaque fois d’une réunion de personnalités différentes prises séparément, en dépit du fait que nous sommes amis. Les Damned sont une chose étrange. Nos disques constituent l’addition de ces personnalités, et les résultats sont éminemment variés d’un album à l’autre. Nous possédons tous des personnalités disparates, lesquelles se fondent les unes et les autres dans chaque disque. Chaque disque s’analyse comme un melting pot.

ANR : Auriez-vous trois adjectifs afin de résumer Captain Sensible ?

DV : Trois adjectifs (Rires) Il est complexe et dingue…

ANR : (Rires) Et le dernier adjectif ?

DV : Hum ?

ANR : Cela fait deux… Et le troisième ?

DV : Il est très talentueux. Je pense à ce titre que c’est un bien meilleur guitariste que bassiste. Il s’est considérablement amélioré sur ce point à travers les années. C’est un grand guitariste. En dépit du fait qu’il rentrera dans l’histoire en tant que bassiste. Ce groupe a toujours été composé… Toujours été composé de grands musiciens… Parfois j’oublie cela, et cela me revient lorsque je les entends jouer tous ensemble.

ANR : Un mot à propos du réalisateur de vos clips, Martin Gooch ?

DV : Martin Gooch, assurément ! Je suis mordu de son travail. Je lui ai demandé de travailler pour nous et il a fait du bon boulot. C’est assez avant-gardiste tu vois. C’était une bonne idée de collaborer avec lui. Il est très talentueux comme réalisateur. Je suis très heureux des vidéos réalisées et j’espère travailler de nouveau avec lui (NDA : se penche, prend puis examine un des deux digipacks de « Darkadelic » disposés à la verticale sur la table basse devant lui) On ne m’a pas adressé de copie de cet objet, c’est la première fois que je vois le produit fini, ce n’est pas si mal…

ANR : Sur la pochette de « Darkadelic », il y a du sombre et du fluo : c’est un bon mélange ainsi qu’un adéquat résumé visuel de votre son…

DV : Je suis satisfait du résultat. Nous avons été plus ou moins consciemment inspirés par le psychédélisme.

ANR : Demain vendredi 3 mars, vous entamerez votre tournée européenne 2023 au Cabaret Sauvage, connaissez-vous cette salle parisienne ?

DV : Oui… Je n’y suis jamais allé auparavant. J’ai vu sur des photos que la décoration en bois semble somptueuse… Est-ce une salle de concert très « populaire » ?

ANR : C’est très cosy. C’est moderne et ancien à la fois. Très propre. Non, je ne pense pas que ce soit une salle « populaire »… Vous allez apprécier.

DV : D’accord. Quelle est la meilleure salle pour jouer à Paris ?

ANR : Je ne sais pas. Il y a beaucoup de salles. Vous-même avez joué dans beaucoup de salles d’ailleurs. La première fois, c’était au Palais des glaces le 28 avril 1977…

DV : Et le Gibus Club…

ANR : Le Gibus ?

DV : Oui. Nous avons joué au Gibus.

ANR : Oui bien sûr. Il y a toujours un paquet de groupes qui joue là-bas…

DV : Tout le monde joue au Gibus…

ANR : (Rires) Y compris les groupes de black metal ou de death metal…

DV : (Rires)

ANR : Vous souvenez-vous de votre premier concert à Paris, en avril 1977 ?

DV : Est-ce que je me souviens de mon premier concert à Paris ? Il me semble. Je me souviens principalement du voyage, pas de tout le reste de manière évidente… Mais, heu… La première fois que nous nous sommes rendus en France, c’était à Mont-de-Marsan… (NDA : Le premier « Festival punk » de Mont-de-Marsan organisé sous l’égide de feu Marc Zermati le 16 août 1976)

ANR : Mont-de-Marsan !

DV : C’était fabuleux, tu sais ! C’était mon premier voyage, avec mon premier passeport. C’était en 197…

ANR : 6 !

DV : Rat Scabies avait emprunté la batterie d’un autre groupe (NDA : a priori du batteur de Shakin’ Street) et il l’a un peu malmenée à la fin de notre set (Rires)

ANR : Le bruit court qu’à l’édition suivante les Damned se seraient battus avec les Jam ou avec les Clash…

DV : Il n’y a jamais eu de bagarre entre nos groupes, on a juste un peu fait les idiots, on a fait mumuse dans l’hôtel à Mont-de-Marsan, c’était effectivement l’année d’après, il y avait aussi Little Bob Story à l’affiche…

ANR : Little Bob est actuellement en tournée…

DV : Oh wow !

ANR : Il joue encore, oui. Il est en tournée française.

DV : J’aime Little Bob. Il ressemble à une « boule parfaite » (NDA : « Perfect Ball », en référence probable à son sempiternel perfecto) (Rires)

ANR : L’esprit rock’n’roll incarné.

DV : Absolument.

ANR : Pour ce qui est de la classe 1977, connaissez-vous Generation Sex ?

DV : Generation Sex. Devrais-je ?

ANR : C’est une réunion, un mix, avec deux membres de Generation X et deux des Sex Pistols…

DV : Ah oui, le « supergroupe »… Avec ce cher Billy Idol… J’ai consulté une vidéo d’eux sur YouTube, parce que j’ai appris qu’ils sont eux aussi programmés en première partie d’Iggy Pop (NDA : à Londres le 1er juillet 2023) avec en outre Blondie…

ANR : Ils se produiront au Hellfest 2023.

DV : Aaaaaaah…

ANR : Avez-vous une opinion quant à l’état du rock britannique en 2023 ?

DV : A propos de la musique en général, oui. Dans le passé, quand nous étions jeunes, nous devions rechercher avec moult efforts et opiniâtreté la musique que nous souhaitions découvrir et écouter. Aujourd’hui, la musique est partout. La technologie a facilité les choses en un sens. Il suffit de garder espoir et de chercher. Il y a actuellement des groupes intéressants, y compris en France. Vous avez un groupe nommé « La Femme » ainsi que, je vais probablement avoir du mal à prononcer correctement : « la Queen » ou un truc du genre, une femme seule qui danse et chante…

ANR : Christine and the Queens.

DV : Oui, c’est un truc intéressant. C’est très poppy, mais j’apprécie. J’aime également La Femme.

ANR : Quelle est la place des femmes dans l’histoire des Damned ?

DV : Dans l’histoire des Damned ? Lorsque nous avons commencé, il n’y avait ni préjugés ni règles à propos de qui doit faire quoi. Tout le monde était placé sur un pied d’égalité et avait le droit de participer comme bon lui semblait. Rien n’était sexué. J’ai toujours pensé qu’à partir du moment où les femmes peuvent le faire, c’est fantastique. Nous sommes égaux, pas de discussion à avoir là-dessus.

ANR : Quel conseil donné par votre Mère vous semble le plus important aujourd’hui ?

DV : Un conseil ?!? Elle était assez… libérale. Lorsque j’ai commencé à faire mon truc je l’ai fait en toute liberté. Elle n’était pas dans le jugement bien que ce que je faisais puisse sembler assez fou. Elle a été un peu effrayée de ce qu’elle a pu lire ici et là dans les journaux au moment de l’explosion du punk, notamment que nous étions une bande de couillons… Je l’ai invitée à un des premiers concerts des Damned, et elle s’est installée avec naturel dans la salle au milieu des femmes-chats. Elle a constaté que notre public était composé d’adolescents intelligents. Elle était vraiment cool.

ANR : Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Captain Sensible ?

DV : Oui. Il ressemblait à Marc Bolan. Il portait les cheveux longs de la même façon que lui ainsi qu’une veste en velours. Il était très timide. Il se tenait comme cela (NDA : se recroqueville et regarde de côté avec méfiance comme le font les volatiles)

ANR : C’était durant la période glitter ?

DV : Exactement. Il adorait la musique glitter. Marc Bolan, Gary Glitter, tous ces trucs… J’étais davantage branché Roxy Music, les deux premiers albums de Roxy Music, je jouais alors dans une formation très inspirée par Roxy Music ainsi que par David Bowie…

ANR : Les Damned ont assuré la première partie de Marc Bolan en 1977, lors de son ultime tournée…

DV : Oui. Nous devions plus récemment participer à un concert-hommage à Marc Bolan, mais celui-ci a été annulé pour cause de Covid… C’eut été intéressant… Mais, effectivement, nous avons participé à sa dernière tournée, nous étions avec lui…

ANR : Un petit jeu à présent : nous sommes le 2 mars, je vous donne trois faits de l’histoire du rock survenus un 2 mars et vous me dites celui que vous préférez et pourquoi ?

DV : D’accord.

ANR : 2 mars 1955, Bo Diddley entre en studio pour la première fois aux studios Chess à Chicago ; 2 mars 1975, Paul McCartney est arrêté au Lincoln Continental de Los Angeles pour possession de marijuana…

DV : Right.

ANR : 1984 : la sortie au cinéma de « This is Spinal Tap »… Alors ?

DV : Le fait que je préfère ? Je choisis sans hésitation Paul McCartney (Rires)

ANR : Je devinais que vous alliez choisir cette date…

DV : Le gentil garçon qui se fait arrêter pour drogue (Rire machiavélique)

ANR : Merci. Second petit jeu : tout le monde ou presque sait qu’avant d’être chanteur des Damned vous travailliez dans un cimetière…

DV : Yeah.

ANR : Je vous donne trois titres de chansons traitant de cimetière et vous me répondez celle que vous préférez et pourquoi : « Cimetery Gates » de Pantera ; « Ain’t no Grave » de Johnny Cash ; « Pet Sematary » des Ramones…

DV : Johnny Cash. Yeah. C’était un grand performer. Certains groupes et artistes sont réellement bons dans leur jeunesse, mais nettement moins crédibles par la suite. Johnny Cash, tout comme Iggy, n’ont jamais perdu une once de crédibilité. Quand tu penses que sa reprise de Nine Inch Nails (NDA : « Hurt ») enregistrée vers la fin de sa carrière est devenue « sa » chanson comme s’il l’avait composée… J’ai énormément de respect pour la manière dont il a tracé sa carrière. Il l’a fait. Une personne brillante, donc je choisis sans hésiter Johnny Cash. Il a rendu maboule sa maison de disques lorsqu’il lui a annoncé vouloir jouer dans un pénitencier…

ANR : Folsom Prison…

DV : Oui, Folsom Prison. La maison de disque lui a dit « Non, non, non ! » mais il l’a fait quand-même. Comme une sorte de « baiser de la mort » tu vois. Il voulait y jouer, point barre. Il est devenu légendaire ce jour-là…

ANR : Un mot de la fin, à l’attention du public français ?

DV : (Rires gras) Est-ce que j’ai un mot de la fin, ça déjà je ne le sais pas !!! Hum ! Je pense que je ne suis pas encore arrivé à la fin, j’ai encore de grandes choses à faire, de la grande musique à créer… Nous sommes parvenus à traverser plusieurs décennies ainsi que différents courants musicaux… Quant au public français, j’ai envie de lui dire que j’ai toujours été intéressé par la chanson française. Tu vois, je suis fan de Juliette Greco et de Françoise Hardy… De toutes ces choses fantastiques notamment produites depuis les années soixante…

ANR : Françoise Hardy est bien malade désormais. Elle souffre d’une grave maladie depuis des années…

DV : Elle doit être âgée désormais. Elle a quel âge ?

ANR : Autour de quatre-vingt (NDA : soixante-dix-neuf depuis janvier 2023)

DV : Oui.

ANR : Elle veut mourir. Elle a demandé au président Macron de légaliser l’euthanasie…

DV : Oui.

ANR : C’est attristant.

DV : Oui. Je suis parvenu à un point de mon existence où je vois tout le monde autour de moi tomber petit à petit. Chaque jour ou presque, j’apprends la maladie ou le décès de quelqu’un que je connais. Cela arrive à chaque être, et cela te donne la conscience du temps. J’ai parfois l’impression que je serais le dernier… Un jour on partira.

ANR : Merci.

DV : Je vais picorer quelque chose (NDA : se lève et se dirige vers l’abondant buffet dressé à son attention, fromages, gâteaux, jus de fruits, vin… Puis porte son dévolu sur un petit gâteau sec au chocolat) Il est tôt pour moi, il est midi, je n’ai pas l’habitude (Sourire)

ANR : A demain au Cabaret Sauvage !

DV : A demain !

 

Pour un compte-rendu dudit concert, suivez ce lien :

https://www.artnroll.net/home/?p=27015

Un grand merci à Arnaud Dionisio pour les photos.

Leave A Comment