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Candlemass – « Sweet Evil Sun »

mardi/15/11/2022
472 Views

Auteur : Candlemass

Titre : Sweet Evil Sun

Label : Napalm Records

Sortie le : 18 novembre 2022

Note : 17/20

A la différence de ses illustres pairs doom Saint Vitus et Pentagram, Candlemass se produit lui sur la métallique Altar de notre Hellfest et non au sein de sa vaporeuse Valley. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Très probablement parce que les mélancoliques suédois pratiquent depuis pas loin de quarante piges un epic doom, id est un doom metal plus proche par moult aspects (le son, le chant, les thèmes, le look) de groupes de heavy postérieurs à l’année 1978 que de doom « canal historique » post-woodstock. Ledit « doom » étant ma chère Madame Michu cette fiévreuse chapelle viscéralement obsédée par les quatre premiers Black Sabbath, une hallucinante fixation tant sur le fond que sur la forme, maladivement rétive à l’ensemble des tournants modernistes opérés par la musique metal (notamment à l’orée des années 1980), refusant brejenevement de réaliser qu’Ozzy Osbourne s’est réellement fait congédier par les trois autres membres du Sabbath noir en janvier 1979 ; une horde de chevelus mentalement et fonctionnellement bloquée entre le premier coup de tocsin du premier morceau de « Black Sabbath » (soit le 13 février 1970) et l’ultime coup de grosse caisse de Bill Ward sur « Under the Sun / Every Day Comes and Goes » en même temps qu’un mi lâché par Tommy Iommi et Geezer Butler (le 25 septembre 1972). Enfouie pour l’éternité sous Chaban ! A la différence notable que nos cinq lurons de Candlemass sont depuis leurs débuts un tantinet plus ouverts d’esprit que leurs homologues US, et ont volontiers incorporé à leur maniaquerie certaines touches des albums suivants de Black Sabbath, principalement de « Sabbath Bloody Sabbath » (1er décembre 1973) au son plus acéré et poli, moins mollasson et cradingue que ceux de ses quatre devanciers. Se rapprochant en cela de leurs compatriotes de Count Raven. Leif Edling, le bassiste et cerveau de la chandelle, va même jusqu’à affirmer dans Metal Hammer que « Back Street Kids » de 1976, et surtout « Never Say Die » de 1978, sont deux des riffs metal les plus lourds de tous les temps (sacrilège aux yeux des puristes !!!). Les thèmes abordés par Candlemass dévient également quelque peu de l’orthodoxie doom afin de lorgner du côté de l’héroïque fantaisie. Un peu comme chez les honnis Iron Maiden. Le tout afin de créer une œuvre finalement proche de l’intemporel. Ce qui s’avère commode en 2022. Et force est de constater que l’option doom adoptée par le quintet de quinquagénaires scandinaves demeure pertinente (particulièrement en novembre), et a fière allure.

Treizième album studio depuis le classique « Epicus Doomicus Metallicus » de 1986, gravé après dix-huit mois de travail acharné au NOX studio de Stockholm, « Sweet Evil Sun » s’inscrit dans la stricte observance du style candlemassien. De par les intitulés de ses dix morceaux déjà (« Angel Battle », « Devil Voodoo », « Scandinavian Gods », « Crucified » ou encore « Goddess »…) ; une des caractéristiques du doom étant ce champ lexical concentré sur l’essentiel sabbathien, inversement proportionnel à l’étendue des complaintes. De par les thématiques abordées également. Rien de post-moderne. Cela cause de sorcier du tourbillon, de braises maléfiques, de cieux en spirale, de gravitation noire, d’amis des ténèbres, de portail des enfers, de sphinx dans la lueur argentée, de centaines de céramiques sur le champ de bataille, de caravanes de dépouilles, ou encore de l’enfant de l’étoile noire… Rien qui ne puisse non plus perturber le fanatique de la première heure pour ce qui ressort de l’artwork (signé Erik Rovanperä). Emblématique de Candlemass : la partie supérieure d’un crane posée sur un astre flamboyant, percée par deux poignards au niveau des tempes et ornée d’un crucifix, le tout de coloration argentée sur fond sombre et de nuages violacés en colère. Idem quant aux structures des compositions : du Black Sab’ froid et alambiqué mirant vers les débuts de l’ère Dio. Une musique pachydermique, dans la veine de leur précédent « The Door to Doom » paru il y a trois ans, mais dotée d’une production davantage vive et tranchante. A l’image du cadencé « Wizard of Vortex » qui ouvre ce bal tragique ; au riff voisin de ceux des raimbowesques « Sweet Evil Sun » et « Black Butterfly ». L’adjectif « épique » est plus que jamais justifié par le chant incantatoire et articulé de Johan Längqvist, l’antédiluvien vocaliste revenu au bercail en 2019 (après trente-trois années d’errance !). Lequel entrelace ses lamentations à celles de la pétulante skjaldmö Jennie-Ann Smith (d’Avatarium, une formation de metal suédois varié… fondée par le bassiste Leif Edling en 2013, laquelle vient d’ailleurs de publier le raffiné « Death, Where is your Sting » qu’il n’est guère interdit d’écouter en complément) sur le refrain du metal gothique « When Death Sighs » (« Quand la mort soupire »). Magnifique. Cette redoutable prod’ s’avère être le point crucial d’un bel effort discographique. Lequel ravira doomeuses et doomeux mais également badauds. Du travail d’orfèvre pour opiner lentement de la boîte crânienne. Et pour durer. On se voit à l’Altar en 2023 ?

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