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Interview avec Jacou et Déhá de Dropdead Chaos Hellfest – 25 juin 2022

mardi/02/08/2022
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Plus que la banalisation des néologismes « présentiel » et « distanciel », les confinements de 2020-2021 nous auront apporté Dropdead Chaos. Le « supergroupe » – collectif d’Altmetal à la française s’étant produit sur l’Altar du Hellfest le samedi 25 juin de 10 h 30 à 11 heures 30, un passage au stand de l’Agence Singularité pour 15 heures afin de relever les compteurs avec Jacou (Basse) et Déhá (Samples et voix) semblait s’imposer, la prise de contact s’avérant d’emblée cordiale voire chaleureuse…

 

Jacou (Basse) : Bonjour !

Art’N’Roll : Bonjour !

J : Jacou !

ANR : Enchanté !

Déhá (Samples – voix) :  Déhá !

ANR : Enchanté également, c’est un plaisir de vous avoir, merci !

J : Mais merci à toi !

D : Le plaisir est pour nous !

ANR : Quel bilan tirez-vous de votre concert ?

D : Incroyable !

J : Extrêmement positif ! Des gens au rendez-vous malgré l’heure matinale…

D : Une présence de ouf du public ! On ne s’attendait pas à cela, c’est ultra plaisant, surtout pour un groupe comme cela qui débarque à la Altar…

ANR : Tu as employé le mot « groupe », vous êtes désormais un groupe ?

D : C’est un groupe !

J : On est un groupe, c’est officiel !

ANR : D’accord ! Alors on ne va pas faire dans l’ésotérique vis-à-vis de nos lecteurs : expliquez-nous pourquoi je viens de vous poser cette question !

J : Parce qu’à la base on s’est retrouvés pendant cette superbe période de confinement, et comme en tant que musiciens de divers groupes français, nous étions alors catégorisés parmi les « non-essentiels », on ne va pas te refaire le schéma et compagnie, nous nous ennuyions ferme à la maison, et avons décidé de faire de la musique (qui est quand-même notre passion commune et qui nous a encore une fois rassemblés) et de produire tous ensemble un premier titre. Avec l’arrivée de Nils (NDA : Courbaron, le guitariste de Sirenia et de Think of a New Kind) qui lui était directement confronté à la situation étant entendu qu’il est infirmier, nous avons pu finaliser ce premier morceau avec ses supers solos, et de le mettre en vente à prix libre afin de récolter des fonds pour les hôpitaux qui en avaient grandement besoin… A ce moment-là, on se définissait nous-même comme un collectif de musiciens, voulant faire des bonnes choses… Et puis un titre après, deux titres après, puis un album après, nous nous sommes dit qu’il fallait passer le cap, ce qui n’est pas facile vu nos âges, de se dire que l’on va remonter un projet, ce n’était pas du tout notre idée initiale, mais devenir un groupe s’est fait comme une évidence…

ANR : Quelles sont les influences de Dropdead Chaos ?

D : Nous sommes tellement différents, tu as Nils qui joue dans Sirenia, moi je suis principalement black metal, Jacou est dans Black Bomb A, Sylvain dans Sidilarsen, Boris dans Betraying the Martyrs, plus Renato qui est un chanteur extraordinaire (NDA : Flayed, Les tambours du Bronx) Tu as tellement de groupes français différents qui sont représentés au sein de Dropdead Chaos qu’il est difficile d’isoler nos influences.

J : Ce qui est cool avec Dropdead c’est qu’en dépit de nos provenances, nous parvenons à faire un metal que j’appelle « alternatif », nous faisons quelque chose d’alternatif au metal parce que nous mélangeons de tout. Il y avait également cette idée de revenir aux sources du metal des années 2000, à notre sauce, avec une approche des années 2020. Nous y avons incorporé des éléments un petit peu plus extrêmes. Nous sommes parvenus à avoir un son bien à nous. Et c’est ce qui fait notre force.

ANR : Comment un jeune groupe comme Dropdead Chaos se retrouve-t-il si rapidement à jouer au Hellfest, sur l’Altar ?

D : C’est un mystère et une boule de chewing-gum !

J : Ce matin c’était notre deuxième concert, mais en vrai c’était notre premier concert booké ! C’est même à cause de l’annonce de ce concert-là, que nous nous sommes dit qu’il fallait qu’on fasse un album et qu’on ait de la matière ! HK qui est notre producteur et notre manager (NDA : du Vamacara Studio, producteur de Loudblast, Dagoba, Sinseanum) et qui a mixé les premiers titres, était sur Clisson au point de départ de cette affaire et connaît bien du coup les gens du Hellfest, et que nous avons dû leur plaire…

ANR : Dropdead Chaos est un bon condensé de la scène metal française actuelle : quel regard portez-vous sur elle ?

J : Elle est riche de groupes anciens qui ont posé les fondamentaux, et qui ont ouvert la porte aux générations d’après, et on a une nouvelle génération qui arrive et qui justement n’a pas à pâlir face aux autres scènes homologues européennes et d’outre-Atlantique. La scène française est mise en valeur par le Hellfest ainsi que par d’autres acteurs, je la trouve riche, intéressante et belle !

ANR : Avez-vous conscience d’avoir participé ce matin à un événement international ?

D : Effectivement. Effectivement. Nous avons envie de partager notre musique de scène, partout. Gojira a démontré que le metal français pouvait aspirer à l’international.

J : Tout à un départ. Le Hellfest a commencé de façon modeste, pour en arriver cette année à organiser cette double édition ! On sait depuis des années que c’est un monument, que cela fait référence mondialement parlant, et qu’ils ont réussi à sortir la tête de plusieurs galères, des galères que l’on a tous eues en fait, le Hellfest n’est pas passé à côté et s’est pris des galères dans la figure, et c’est cela qui fait la force de ce festival, de Ben et de toute son équipe ! Ils se prennent une canicule la semaine dernière, aujourd’hui c’est la flotte, et peu importe ils y vont tête baissée ! Un grand merci à eux, et heureusement qu’il y a des gens comme eux qui ne baissent pas les bras et qui montent en puissance : à chaque fois, je me demande ce qu’ils vont faire de mieux, ce qu’ils vont faire de plus !?! Tous les ans, tu reviens, et il y a quelque chose de plus !

D : C’est ça.

ANR : A quoi pensez-vous lorsque vous êtes sur scène ?

D : A exister, et à donner quelque chose d’unique. Je suis heureux d’être là, c’est ce que j’ai rêvé de faire toute mon existence, et de pouvoir exister, m’exprimer. Je voulais faire ce truc, et je me retrouve sur scène en train de le faire… Je ne peux pas m’empêcher de sourire…

J : Il y a une sorte de thérapie dans ce que l’on fait.

D : Clairement.

J : C’est un cercle vertueux : le groupe t’amène une énergie que tu diffuses au public, le public réagit il t’envoie sa propre énergie, et toute cette énergie ne fait que de circuler, circuler, circuler…

D : Voilà.

J : Et quand tout cela dépasse l’entendement, cela fait des concerts de légende. Voilà.

ANR : A quoi ressemble le public de Dropdead Chaos ?

J : Je serais très curieux de le savoir… Si jamais un institut de sondage produit quelque chose là-dessus, je veux bien les résultats !

D : Je pense que c’est un public très très varié. On arrive à faire se mettre d’accord des fans de metal extrême de la première heure qui maintenant ont un esprit plus ouvert, avec ceux qui se rendent compte que finalement le metal alternatif des années 1990 et 2000 a eu une influence… Je me rends compte autour de moi que mes amis ne se prennent pas la tête, ne mettent pas d’étiquette sur ce l’on fait avec Dropdead, et apprécient la musique, nous avons le potentiel pour agglomérer autour de nous des gens très différents… Nous sommes sept personnes dans ce groupe, et sept personnes différentes, je suis sur scène avec mes frangins, que je connais depuis tellement longtemps, et je suis heureux de la fusion qui s’opère entre nous !

ANR : Vous êtes tous deux des passionnés : quel fût le déclencheur de cette passion ?

J : Pantera ! Pantera c’est la vie ! Pantera c’est le meilleur groupe qui n’ait jamais existé !

ANR : A quel moment précis as-tu senti que ta vie basculait ?

J : La deuxième fois que j’ai écouté « Far Beyond Driven » !

ANR : C’était en quelle année ?

J : Je devais avoir treize ou quatorze ans, j’en ai trente-neuf !

ANR : Oui donc quand c’est sorti en 1994…

D : Moi, j’avais quinze ans, je venais de découvrir un album d’un groupe, qui est toujours mon groupe préféré, et qui s’appelle Shape of Despair (NDA : un groupe de funeral doom metal finlandais créé au mitan des années 1990) et j’ai plongé, j’ai plongé dans l’album, et me suis demandé comment ce genre de musique pouvait-elle exister, et j’ai plongé, je suis devenu fan de black metal grâce à eux ! Et à côté de cela, je suis un grand fan de Nickelback, donc j’ai vraiment bénéficié des deux côtés les plus éloignés de la musique metal ! J’ai grandi avec eux mais également avec Evanescence, et en parallèle à cela, avec Craddle, avec Emperor, de la musique plus extrême : je voulais garder un esprit ouvert et soif de découvrir, j’aime être chamboulé quand j’ai mon casque sur mes oreilles et que je regarde mon plafond ! C’est la vie !

ANR : Et comment voyez-vous la suite ?         

J : L’avenir nous le dira, mais j’espère être encore là en train de profiter, en train de nous nourrir de nouvelles choses pas encore apparues… Et pourquoi pas aussi de proposer quelque chose ?!? On ne sait pas. En tous cas, à continuer la scène, les disques, et à faire avancer ce projet Dropdead Chaos.

ANR : Un mot de la fin ?

D : Il y a quelque chose d’important : il ne faut pas oublier que ce qui nous permet d’exister, et je ne parle pas du point de vue pécunier, c’est d’avoir en face de nous des personnes qui passivement sont des artistes, qui écoutent de la musique, qui la comprennent, et qui ont envie non seulement de la vivre mais également d’en parler, c’est ce retour là qui nous fait avancer. Quand tu vois Jacou qui te dit tout à l’heure qu’un album de Pantera a été capable de changer sa vie, c’est pour entendre cette phrase que nous faisons ce métier, de même, c’est ultra important pour nous d’entendre des personnes lambda, des critiques, des journalistes, nous faire un retour à propos de notre musique.

ANR : C’est pour cette raison que je ne fais jamais de critique gratuite. Ce sera tout, je vous remercie.

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