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Interview avec Niko de Tagada Jones Hellfest – 26 juin 2022

jeudi/07/07/2022
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Le dimanche 26 juin 2022 fût le dernier jour des deux semaines de Jamborée mariligérien, reconnaissable par le fait qu’à dix heures et des bananes le camping roupille encore pour l’essentiel. L’alarme du smartphone a été programmée pour ne pas faillir à Dame Ponctualité, au crépuscule de ce steeple-chase rédactionnel : entretien est fixé à onze heures pile avec Niko, le chanteur-guitariste de Tagada Jones, formation française faisant désormais partie intégrante des murailles du Hellfest, et qui va se produire à 15 heures 30 sur la Mainstage 2. Un brin de toilette et une micro-gorgée d’alcool de menthe avant de nonchalamment déprogrammer la répétition de l’alarme, puis d’entamer une marche ensoleillée, et quelques centaines de secondes suffisent afin d’apparaître tout frais pinpant aux portes de l’espace-presse. Un salut matinal est chaleureusement adressé à l’aimable Romain Richez de l’Agence Singularité, lequel m’annonce de suite un pico-léger retard de Niko… Tant pis, on passera à l’as les trente minutes de concert imparties aux prometteurs millénials de SpiritBox, qui viennent d’ailleurs de les entamer à l’autre bout du site. Mais, il y a pire…

 

Niko (Chant-Guitare) : Excuse-moi, je suis un peu en retard…

Art’N’Roll : Ce n’est rien ! J’ai mis mon réveil à sonner tôt pour pouvoir te capter…

N : Ouais !

ANR : On n’a pas les mêmes horaires de fest avec mon groupe d’amis au camping…

N : Ouais !

ANR : … et là, sur notre Messenger de groupe, je viens de m’apercevoir que le fait d’avoir laisser tourner la répétition de mon alarme ce matin a réveillé une copine qui m’écrit qu’elle veut me faire la peau…

N : Ah ouais (Rires)

ANR : On pourra peut-être après l’interview lui enregistrer un message vidéo du genre « C’est Niko de Tagada Jones, Angélique casse pas la gueule à Romain quand il rentre »…

N : Ah ouais (Rires)

ANR : C’est cool. Alors, nous avons principalement deux choses à voir concernant votre actu : le 5 juin 2022, vous avez terminé la tournée commune le Gros 4 à Montpellier, avec Ultra Vomit et Mass Hysteria…

N : Ouais !

ANR : Et c’était vous en tête d’affiche.

N : Non, le Gros 4 on tournait, chaque soir une tête d’affiche différente…

ANR : Justement, à Montpellier c’était vous…

N : Ah la dernière soirée, ouais, ouais !

ANR : Il y avait également les Sheriff ce soir-là… Quel est ton sentiment sur cette tournée ?

N : C’était vraiment une expérience mortelle ! On parlait entre nous de monter cette tournée commune depuis sept voire huit ans, à la base c’était Yann de Mass qui avait eu cette idée-là ! Ce fût super dur de la mettre en place, principalement à cause des emplois du temps des différents groupes, personne n’était en phase, c’était compliqué, il y avait des soucis de tourneurs, voilà… Cela a été très long, on s’y est pris à plusieurs reprises, et finalement (comme je l’ai souvent dit) s’il y a eu un truc de positif avec la crise du covid, c’est qu’elle a réaligné les agendas de tout le monde et nous a permis de mettre cette tournée sur pied fin 2021… Nous l’avons annoncée début 2022, après qu’elle ait été décalée de deux mois, trois mois, et cela s’est très bien passé. Le niveau d’affluence demeurait incertain cette année, mais nous avons eu la chance d’avoir du monde à nos concerts, vraiment du monde à toutes les dates ! Et puis, il y a eu une super ambiance, cette cohésion de groupe, dans ce type de tournée, chaque groupe, chaque personne doit faire un pas vers l’autre, et tout le monde l’a fait. Je ne crois pas m’avancer beaucoup en disant que de toutes façons cette tournée aura des petits, il y aura des petits parce que les groupes ont envie de recommencer, parce que cela a donné des idées à d’autres groupes français, c’est très très positif !

ANR : Il y avait Sidilarsen le 4 juin avec vous à Toulouse, un mot sur eux ?

N : Ben écoute Sidilarsen est vraiment un groupe auquel moi je crois, en plus de Tagada j’ai cette étiquette en tant membre de l’écurie Rage Tour, et cela fait très longtemps qu’on se connait, qu’on se côtoie, qu’on est ensemble sur les routes… Lorsqu’ils ont cessé de travailler avec Fabristi tant eux que lui sont venus me voir afin de prendre la suite en matière de booking et je l’ai fait avec grand plaisir ! Je les apprécie beaucoup car comme Tagada Jones, Sidilarsen est parti de rien, de zéro, de la base, et dont les membres ont année après année construit ce petit navire. Je pense que désormais Sidilarsen est aux portes de devenir un grand groupe…

ANR : C’était Kemar (NDA : le chanteur de No one is Innocent) qui me disait que Sidilarsen aurait très bien pu être membre à part entière du Gros 4…

N : Ouais, ouais, ouais et puis Sidilarsen est un groupe dont les membres sont un peu plus jeunes que ceux des quatre groupes du Gros 4, et ils ont réellement le potentiel afin de passer le cap…

ANR : Tout ceci nous permet d’avoir un très bon baromètre de la scène metal en France à l’heure actuelle…

N : C’est une scène qui sans être extensible est devenue importante, c’est une scène qui est sous médiatisée, ça a toujours été sous médiatisé, le Hellfest a permis de mettre en lumière beaucoup de choses, Gojira aussi forcément parce que tout ce qui tire vers le haut est utile, notre tournée commune également, dans une moindre mesure, permet de montrer qu’il existe une scène metal en France. Je ne dis pas que tous les groupes de metal doivent forcément faire des grosses tournées de Zéniths, d’ailleurs je constate comme un fossé entre les groupes installés et ceux qui galèrent pour se produire, car des lieux il y en a très peu finalement, je me dis que c’est très dur pour les jeunes groupes français alors qu’il y a véritablement un vivier important, tant du point de vue du public que celui des artistes !

ANR : La scène metal se porte globalement mieux, de toutes façons, que la scène rock…

N : Et puis les jeunes jeunes sont partis vers le rap ou l’electro. Il y a toujours néanmoins une jeunesse un peu rebelle qui continue d’écouter du punk, du metal, du hardcore, et l’on voit bien qu’il y a un public : aujourd’hui, nous sommes 60 000 personnes au Hellfest et il n’y a que 20 % d’étrangers, cela veut bien dire que tu as 50 000 français qui sont là, cela fait quand-même du monde à écouter du metal !

ANR : Tagada Jones est un groupe punk qui fait partie de la famille metal française, quel serait le premier disque « metal » que tu as écouté ?

N : La première cassette ce fût « Back in Black » d’AC/DC, et j’ai adoré, c’était ma première révélation et…

ANR : T’avais une mobylette !

N : Et j’avais une mobylette évidemment ! Et je suis entré tout de suite après dans la vague rock alternatif français…

ANR : Satellites, Mano…

N : La Mano, j’ai pris une claque monumentale sur scène ! Je les ai vus pour la première fois à Saint-Brieuc, en plein centre de Saint-Brieuc, en 1989, je crois (NDA : c’était a priori, au festival Art Rock 1988)

ANR : En parlant de Saint-Brieuc : un mot à propos de FauxX, le groupe darksinth de Tronel (NDA : Job, le batteur de Tagada Jones, également originaire de Saint-Brieuc, et qui s’est produit le vendredi 24 juin à 10 heures 30 sur la Mainstage 1) ?

N : Ben ouais, je suis content pour eux ! Nous sommes présentement sur une musique de niche, qui ne plaît qu’à une minorité, mais les auditeurs sont unanimes quant à la qualité du groupe de Job. Aujourd’hui avec Tagada, nous avons la chance de pouvoir gérer nos emplois du temps respectifs, ce qui permet d’avoir des projets comme cela, alternatifs, parallèles, et c’est tant mieux !

ANR : Et toi, si tu avais un projet parallèle à Tagada Jones à monter, ce serait quel genre ?

N : Ecoute, avant que le covid ne vienne tout bouleverser, j’avais quelque chose dans les tuyaux, de monter un groupe un peu déconnant mais sans déconner quand-même, punk et electro, qui viendrait clôturer tous les festivals ! Hyper dansant…

ANR : Genre Le bal des enragés…

N : Mais très électro et sans faire de reprises, car je pense qu’il y a un pont entre ce que je fais avec Tagada… Car, j’ai conscience de faire avant tout de la chanson, et d’être en mesure de pouvoir tout jouer à la guitare sèche, tu me donnes une guitare sèche et je peux te jouer tout notre répertoire… Et quelque chose de plus dansant : quand je te dis « electro punk » cela ne veut pas forcément dire « speed ». J’ai deux-trois morceaux dans les cartons, mais tout cela a pris du retard, je ne sais pas si cela se fera…

ANR : Tu as quel âge toi ?

N : J’ai quarante-huit ans.

ANR : Tu as le temps. Sinon, je vous ai vus en photo dans une manifestation de bienfaisance au mois de mai dernier (NDA : la garden party de l’hôpital de Jour pour enfants souffrant du trouble du spectre autistique de Chevilly LaRue, Fondation l’Élan Retrouvé)…

N : Nous en faisons tout le temps en fait. Si tu veux c’est comme cela depuis nos débuts, même si à nos débuts on ne nous demandait pas trop de venir faire des concerts de charité parce qu’on n’était pas connus… On se donne un quota, tout simplement parce que nous ne pouvons pas faire que ça, mais tu vois on se donne entre cinq et dix dates par an qui vont être reversées à des œuvres de charité, de bienfaisance, où l’on mène des actions… Ce n’est pas parce que le groupe grossit que l’on va perdre de vue ces actions que nous avons toujours menées…

ANR : Et quels sont tes passe-temps ?

N : A la base je suis judoka, j’étais en Equipe de France Judo quand j’étais très jeune, et c’est quelque chose que je n’ai jamais abandonné. Cela m’a toujours passionné, j’adore le sport…

ANR : Tu supportes quel Club de Football ?

N : Je ne suis pas vraiment amateur de Foot…

ANR : Saint-Brieuc ça va être compliqué pour le Rugby…

N : Lorsqu’ils étaient en deuxième division, mon Père a joué comme footballeur pour le Stade Briochin… Et comme mon fils suit énormément le Foot et qu’étant maintenant basés à Rennes, il suit plutôt Rennes… J’ai toujours un petit pincement au cœur pour Guingamp, lorsqu’il y a eu la finale entre Guingamp et Rennes, c’était pas évident…

ANR : C’est cela le problème de la Bretagne, tu as beaucoup de clubs au kilomètre-carré dans cette région : t’as Lorient dans le Morbihan, plus à l’ouest t’as Brest, tu rentres dans les terres et c’est Rennes, Guingamp au-dessus… Une terre de Football et de vélo, tu es vélo sinon ?

N : Oh non, pas vélo !

ANR : Sinon, le second point de l’actu de Tagada Jones après le Gros 4, c’est que nous sommes à quelques heures d’un évènement : tu le sens comment le Hellfest pour vous cette année ?

N : Bah écoute, cela nous fait extrêmement plaisir de revenir ici à chaque fois, c’est ce que je dis toujours : nous avons joué dans la salle des fêtes de Clisson il y a vingt-cinq ans ! C’est merveilleux d’avoir un festival comme le Hellfest, qui s’est bâti, qui a connu des échecs, car les gens semblent vite oublier que le Hellfest a failli disparaître à plusieurs reprises, le départ du festival a été très très compliqué du point de vue financier et organisationnel, et aujourd’hui nous avons un des plus beaux festivals au monde, les gens sont unanimes du point de la vue de la qualité du site, de la qualité des services, et donc pour nous c’est à chaque fois la consécration de pouvoir jouer ici, on a fait deux fois la Warzone et à chaque fois c’était archi-complet ! Ce coup-ci nous allons faire la Mainstage 2, une très grande scène, et tu vois on a nos copains des Bidons de l’an fer qui viennent nous prêter main forte, c’est du spectacle ! Je suis très heureux, et j’ai hâte !

ANR : As-tu des pensées particulières lorsque tu es sur scène ?

N : En fait, tu as forcement des pensées qui sont liées à ce que tu es en train de vivre sur le moment. Nous avons fait deux-mille concerts donc je dois avoir à peu-près deux-mille pensées différentes, car c’est deux-mille contextes différents. Mais tu penses à plein de choses, tu penses à ta famille, à tes enfants, à ton amoureuse mais aussi au public, à ce qui se passe autour de toi, dans le monde… Par exemple, lorsque nous avons joué au Hellfest sur la Warzone la dernière fois, j’ai réellement pensé, j’ai eu une montée d’un coup comme cela, à notre passé et me suis dit : nous ne venons de rien, de nulle part, personne ne nous a jamais filé de ronds, nous n’avons jamais signé sur une major, on s’est démerdés tout seuls, on s’est fait tourner tout seuls, on s’est produits tout seuls, et nous sommes là ! Je trouve que c’est un beau message adressé à tous les groupes qui font de la musique, parce que c’est bien la preuve que c’est possible ! C’est compliqué, c’est dur, mais on peut y arriver. C’est une idée qui m’est venue comme cela spontanément, qui t’envahit d’un coup…

ANR : Pour finir, nous venons de passer le Solstice : quelle est ta saison préférée ?

N : Moi le printemps ! Parce que tout bourgeonne, ça repart, c’est les prémices de l’été et je préfère quand-même le soleil et la chaleur à la pluie et au froid. J’aime bien les autres saisons aussi, mais oui, s’il faut en choisir une, c’est vraiment le printemps !

ANR : T’es né quelle date toi ?

N : 27 mai.

ANR : On se comprend. Merci Niko pour cet interview. Passons au message pour ma survie, si tu veux bien…

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