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Interview avec Mike Barber de Wizardthrone

samedi/03/07/2021
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Wizardthrone est un nouveau « supergroupe », lequel développe un style assez particulier entre cinétique et mathématique, et qui publie le 16 juillet 2021 chez Napalm Records un premier album intitulé « Hypercube Necrodimensions ». ANR a souhaité s’enquérir de tout cela auprès du conceptuel guitariste Mike Barber, par ailleurs clavier de Gloryhammer, par Skype le 30 juin dernier. Entretien pédestre, de surcroît, à peine troublé par les bruits de la ville.

 

Art’N’Roll : Salut, tu m’appelles d’où ? Tu es dehors ?

Mike Barber (guitare et chant) : Salut, oui, je marche dans les rues de Londres : j’ai deux-trois trucs à faire aujourd’hui, et je tente de les faire tout en donnant des interviews.

ANR : Le 16 juillet 2021, le groupe Wizardthrone dont tu fais partie sort son premier album « Hypercube Necrodimensions ». Wizardthrone est présenté par SLH Productions, qui s’occupe de votre promo pour la France, comme un « super groupe »… Que cela veut-il dire ?

MB : Ce mot désigne une réunion de musiciens connus. Pour ma part, je ne suis pas la personne la plus connue de Wizardhtrone, je pense que Chris (NDA : Christopher Bowes, le chanteur et clavier d’Alestorm) l’est davantage que moi. C’est un terme choisi par le label afin d’attirer l’attention du public. Nous sommes une réunion d’amis qui veulent jouer la musique qu’ils aiment.

ANR : Wizardthrone est, de même, présenté comme un groupe d’« Extreme Wizard Metal », qu’est ce que cela désigne ?

MB : C’était mon idée. Honnêtement, je cherchais un concept accrocheur. Je n’aime pas spécialement l’idée de genres et de sous-genres. Si j’annonce par exemple que nous sommes un groupe de black metal, les gens vont m’écouter avec une attente précise, et si je ne réponds pas à cette attente, je vais m’exposer à des critiques. « Wizard Metal » est original, assez facile à se souvenir, et décrit correctement notre démarche.

ANR : Tu es donc défiant vis-à-vis des étiquettes ?

MB : Je crois que oui. J’écoute du black metal, j’écoute du heavy metal, j’écoute de tout et je m’en fiche. Je me fiche de savoir si telle musique est « black metal » ou pas. Si quelque chose est bien, alors je l’écouterais.

ANR : « Extreme Wizard Metal » est assez accrocheur…

MB : (Rires) Merci !

ANR : Autre singularité, vous avez tous des pseudonymes : Vincent Jones (d’Aether Realm) devient « V. Morbistopheles Jones » ; Matthew Bell (de Forlorn Citadel) est « M. Xaviculus Bell » ; Chris Bowes (d’Alestorm) est « C. Hyperiax Bowes » ; Eric Brown (de Nekogoblinkon) est « E. Wizardthrone Brown » ; et toi, tu te transformes en « M. Archistrategos Barber »… Qui a eu cette idée et pourquoi ?

MB : Je pense que c’est une idée collective. Il s’agit d’une sorte d’hommage à ces groupes de black et de death des années 1990 dont les membres avaient tous des noms de scène. Ce n’est pas un hommage au premier degré, nous avons choisi des pseudos assez amusants (Rires)

ANR : Et dans ton cas, que désigne « M. Archistrategos Barber » ?

MB : Il s’agit du titre de l’Archange Michel, son titre officiel, cela veut dire « Commandant de l’armée céleste ». Je l’ai choisi car mon prénom est Michael.

ANR : C’est très anglais…

MB : Well, je le pense.

ANR : Blague à part, cela m’a fait d’emblée penser au « Grand Stratéguerre », qui est Véga le chef des ennemis dans Goldorak…

MB : Okay !

ANR : C’est probablement une approche plus française…

MB : (Rires) Possible…

ANR : Quelles seraient les influences musicales de Wizardthrone ?

MB : Nous avons souhaité revenir à la fin des années 1990, nous inspirer de groupes tels Children of Bodom ou Old Man’s Child, ainsi que de certains artistes des années 1980 comme Yngwie Malmsteen.

ANR : J’ai évoqué Goldorak à l’instant… Est-ce que Wizardthrone, de par sa complexité, possède des influences non-musicales : des films, livres, dessins-animés voire des jeux vidéo ?

MB : Effectivement, quand j’ai composé cet album, je jouais à Final Fantasy 7, et j’ai toujours apprécié la bande son de ce jeu vidéo. J’ai dû l’entendre au moins un million de fois au cours de mon existence… Je pense que cela a influencé le contenu de ce disque, pas tous les instruments, mais au moins du point de vue des cordes. Et également pour ce qui est de la thématique, tu vois, ce type d’histoire de science-fiction postapocalyptique… Par ailleurs, je sais que certaines des paroles que Chris a couchées ont été influencées par les écrits d’Arthur C. Clarke, un écrivain de science-fiction et futurologue britannique… Philip K. Dick, également…

ANR : Votre album « Hypercube Necrodimensions » est également présenté comme un album de « metal cinétique »… Tout porte à croire que ce genre, souvent rejeton du metal progressif, est très en vogue ces dernières années…

MB : Je le pense, le concept de « cinétique » est devenu commun et est porté par un certain nombre de groupes désormais, notamment du fait de cette pratique de « Fake Orchestra », des parties orchestrales ajoutées en studio à de la musique metal, principalement lorsque tu ne peux pas te payer un véritable orchestre symphonique… Nous avons toutefois tenté de faire autre chose, par exemple d’utiliser des vieux synthétiseurs des années 1990. Néanmoins, notre musique n’est pas « retro », elle incorpore des sonorités passées à quelque chose d’actuel. Nous avons voulu faire comme certains groupes avec lesquels nous avons grandi tels Sceptic Flesh ou Fleshgod Apocalypse, qui sont parvenus à insérer des parties de synthé à leur musique metal.

ANR : Tu es le principal compositeur de ces huit morceaux ? Comment s’est passé le processus de composition ?

MB : Je suis le principal compositeur, tout en sachant que les autres membres du groupe ont beaucoup apporté et écrit également. Matt, notre guitariste, et moi avons eu des échanges continus. Jake et Chris ont composé des riffs… Chris a écrit la plupart des paroles, et a contribué à ordonner la structure des morceaux, lorsque nous nous interrogions sur la suite à apporter à telle ou telle partie du morceau, il savait trouver celle-ci, rejouer tel plan ou en essayer tel autre…

ANR : Tu joues de plusieurs instruments sur ce disque ?

MB : J’ai enregistré la plupart des parties de guitare, quelques parties de claviers ainsi que les chœurs.

ANR : Penses-tu que la technologie tue le feeling ?

MB : Hummmmm… Je ne sais pas, c’est dur à dire.

ANR : Les intitulés de vos morceaux sont à rallonge (« Black Hole Quantum Thermodynamics », « Forbidden Equations Deep Within the Epimethean Wasteland », « The Coalescence of Nine Stars In The System Once Known As Markarian-231 », « Beyond The Wizardthrone (Cryptopharmalogical Revelations of the Riemann Zeta Function) », etc…). Bien entendu, c’est délibéré ?

MB : Oui, bien sûr ça l’est. C’est une idée d’Eric, notre batteur, il voulait des intitulés de vingt mots. C’est un autre hommage à certains groupes, notamment britanniques, que nous aimons beaucoup.

ANR : On ressent comme une appétence pour la chose mathématique, non ?

MB : Tout à fait ! Le côté mathématique de nos paroles est le fait de Chris. Il a étudié les mathématiques à l’université. Lorsque nous avons commencé à chercher les paroles de nos morceaux, celui-ci nous a fait part qu’il avait sous le coude un certain nombre de paroles de chansons, écrites il y a une quinzaine d’année lorsqu’il était étudiant et écoutait du black metal (Rires) Nous n’avons apporté que peu de modifications à celles-ci, si ce n’est qu’y insérer quelques références, et avons fait en sorte de les adapter à chaque instrumental.

ANR : Vous pratiquez un genre que l’on qualifiait naguère de « futuriste », ce mot n’est plus guère usité de nos jours : penses-tu que l’évocation du futur fait désormais peur ?

MB : Oui, je pense que c’est un bon point de vue. Rien n’est écrit, et tout peut arriver.

ANR : Est-ce que vous comptez donner une suite à « Hypercube Necrodimensions » ?

MB : Je le crois, j’ai déjà une poignée d’idées, des mélodies et des plans de guitares en tête, et je pense les coucher sur le papier en dépit du fait que je pense qu’il est encore tôt pour le faire. Nous n’avons achevé ce premier album qu’il y a six mois seulement.

ANR : Et entendez-vous défendre cet album en public ?

MB : Cela dépendra du fait de savoir si jouer en public est possible. D’une part, parce que nous jouons tous dans d’autres formations. D’autre part, aurons-nous enregistré un deuxième album avant ?

ANR : Vous me semblez être des perfectionnistes : t’arrives-tu d’écouter ce disque en tant que simple auditeur, « gratuitement » devais-je dire ?

MB : Tu veux dire de l’écouter pour moi-même ? Oui, nous avons réalisé ce disque pour nous-mêmes, pour nous faire plaisir. Je l’ai écouté pour moi-même lorsque le mix de l’album m’a été envoyé, ou également lorsque quelqu’un me fait une remarque lors d’une interview, ou que je lis une chronique et que tel ou tel point de vue développé dans celle-ci m’interpelle… Je suis très content du résultat, très fier même…

ANR : Si tu devais qualifier ton groupe et ta musique en trois mots, lesquels choisirais-tu ?

MB : Mélodique, technique, fou.

ANR : Je te propose un questionnaire portant sur des groupes passés ou présent, ayant développé des thèmes proches de la science-fiction : je te dis un nom et tu me dis ce qui te vient à l’esprit… Es-tu d’accord ?

MB : Okay, j’espère que je les connais…

ANR : Ce n’est pas compliqué, il n’y en a pas tant que cela…

MB : (Sourire et se gratte le nez, concentré)

ANR : Hawkwind ?

MB : Je connais ce groupe du fait du bassiste de mon autre groupe, Gloryhammer, Hawkwind est probablement son groupe préféré de tous les temps… Cela me fait penser à lui.

ANR : Parliament ?

MB : Le groupe de P-Funk ! (Sourire) Je ne connais pas trop leur musique, je sais simplement qu’ils ont un grand bassiste (NDA :  Bootsy Collins)

ANR : Magma ?

MB : Je ne connais pas Magma.

ANR : Magma est un groupe français, des années 1970, de prog rock et ils se produisent parfois dans des festivals de musique extrême. Leurs chansons étaient écrites dans un langage spécial, le kobaïen, peut-être justement parce qu’ils étaient français, et Christian Vander leur batteur est un des plus réputés de tous les temps…

MB : OK, je vais vérifier cela !

ANR : Black Sabbath (période « Technical Ecstasy ») ?

MB : Black Sabbath a été le premier groupe que j’ai écouté. J’avais trois ou quatre ans, et c’était dans la voiture de mon père, il passait « Iron Man » : ce fût comme une explosion dans mon cerveau ! Tout à changé d’un seul coup (Sourire) C’était également un personnage de récits pour enfants dont je connaissais l’histoire, que mon père m’avait alors permis de découvrir… Des images ont commencé à défiler dans mon esprit. Ce fut mon initiation au heavy metal et au futurisme, au fantastique, en même temps.

ANR : Voivod ?

MB : Je les respecte, leur musique était si complexe. Je suis néanmoins plus attiré par les groupes de death metal influencés par Voivod que par Voivod eux-mêmes.

ANR : Iron Maiden (période « Somewhere in Time ») ?

MB : En fait, et je pense que certaines personnes seront surprises, mais je n’ai jamais été un grand fan d’Iron Maiden. Je connais un grand nombre de leurs chansons, et je respecte le groupe, mais j’ai toujours été plus fan de Judas Priest que d’Iron Maiden pour être honnête.

ANR : Quelle est ta période de Judas Priest préférée ?

MB : En fait, c’est celle que beaucoup de gens détestent (Sourire) Celle de « Turbo »…

ANR : Amusant !

MB : (Rires) J’aime cet album. C’est également un disque de science-fiction, quelques morceaux sont réalisés au synthétiseur…

ANR : Fear Factory ?

MB : Un groupe cool, que je n’ai pas écouté depuis très longtemps. Leur esthétique sonore est très bonne, des sons industriels, et je pense que leur approche de la guitare rythmique ainsi que de la batterie a contribué à changer la musique metal, tu vois…

ANR : Daft Punk ?

MB : Daft Punk est cool (Sourire) J’aime la musique électronique, et Daft Punk me rappelle quand j’étais adolescent…

ANR : Quel âge as-tu ?

MB : Trente-deux ans. Ils me rappellent mon collège, j’étudiais la musique, j’écoutais bien entendu du metal tandis que la plupart de mes amis écoutaient Daft Punk. C’est un groupe cool. Tu peux également considérer que c’est un groupe metal dans un certain sens, ils possèdent en effet certaines mélodies similaires…

ANR : Devin Townsend ?

MB : J’ai vraiment aimé sa musique. J’étais à fond dans Strapping Young Lad, et l’album que j’ai le plus écouté est « Alien ». Pour ce qui est de Devin en solo, j’aime beaucoup « Ocean Machine : Biomech » que j’ai aussi beaucoup écouté, tout comme « Terria ».

ANR : « Ziltoid the Omniscient » de Devin Townsend, était un concept-album : penses-tu que votre disque en est un également ?

MB : Hummmmm… Pas vraiment… Mais… L’album ne tourne pas autour d’un concept, et les chansons sont indépendantes les unes des autres, elles appartiennent au même univers, mais ne développent pas une histoire… Il ne s’agit pas non plus d’une même chanson qui serait séparée en plusieurs parties.

ANR : Sinon, on te voit au Hellfest 2022 le samedi 23 juin, avec ton autre groupe, Gloryhammer ?

MB : Oui. Nous j’y avons d’ailleurs joué il y a deux ans, nous étions sur la Mainstage. Et c’était drôle car nous rentrions tout juste d’une tournée aux USA : la veille nous étions encore quelque part au Texas, et avons volé jusqu’à Paris pour rejoindre immédiatement le Hellfest en train via Nantes, nous n’avons dormi que six heures dans les transports avant de monter sur scène. Sinon, j’ai également joué au Hellfest avec mon groupe précédent, un groupe de death metal, nous nous étions produits à l’Altar en 2015. C’est un grand festival, même la nourriture y est formidable !

ANR : Un mot de la fin ?

MB : J’espère que vous pourrez écouter « Hypercube Necrodimensions » l’esprit grand ouvert. Nous sommes différents des autres groupes. Nous espérons qu’il vous plaira, et nous espérons pouvoir jouer en France bientôt.

ANR : Merci Mister Barber !

MB : Tu es le bienvenu ! Take care !

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