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Interview avec Stéphane d’Obtenebris

mercredi/08/07/2020
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Obtenebris est un groupe de death metal en provenance de la Belle Province. Fondé en 2003, mis en sommeil au début des années 2010, puis réactivé en 2016. Depuis, nos cousins ont signé en juillet 2019 chez le label français Polymorphe Records, qui a réédité en juin 2020 leur premier album, « Dust of Time » paru en 2010. Stéphane est le bassiste du groupe. Entretien chaleureux avec celui-ci, sans barrière de la langue… et au passage, enrichissant état des lieux de la scène québécoise.

Art’N’Roll : Bonjour ! Peux-tu s’il te plaît te présenter, et présenter ton groupe à nos lectrices et lecteurs ?

Stéphane (basse) : Bonjour à vous ! Je suis Stéphane, bassiste d’Obtenebris. Le groupe est constitué de Sean McGuigan et d’Yves Chaussé aux guitares, de Thomas Guevara au chant et de Mathieu Roy au drum (NDA : les mots ainsi que les tournures de phrases resteront pour l’essentiel comme tels, bruts et inchangés, tout au long de ce papier). Obtenebris existe depuis 2003, Yves Mathieu et moi étions dans le groupe au début et avions uniquement fait une démo. En 2007, Tom et Sean ont joint le groupe. Nous sommes pas mal tous fans de metal européen, et on peut dire que c’est ce qui a influencé le groupe au départ. Sans prétention, nous faisons ce qu’on aime et chacun y met son style, et ça donne du Obtenebris : un death metal à la sauce suédoise, mais canadienne !

ANR : Quelles sont les influences musicales d’Obtenebris ?

S : Depuis le tout début, les influences ont été surtout le style musical de Suède, avec les In Flames, Dark Tranquillity, Amon Amarth, Arch Enemy, et Hypocrisy. Le côté black mélodique a aussi eu sa place, avec des groupes comme Dimmu Borgir et les peu connus Mithotyn… Nous avons aussi pas mal tous appris à jouer de la musique dans les années 1990, donc les groupes tels que Metallica, Iron Maiden, Megadeth et Slayer ont eu aussi une certaine influence…

ANR : Une question s’impose : vos compatriotes de Voivod occupent-ils une place de choix parmi vos influences ?

S : Je vais parler pour moi en particulier, et je vais m’avancer pour les autres : je suis pas un fan de Voivod, désolé pour les grands fans ! J’ai découvert ce groupe assez tard dans ma vie, et j’ai essayé d’écouter, d’aimer… Mais non rien n’y fait ! J’admire leur travail par contre : partir du fin fond du Québec, et réussir à prendre leur place parmi les grands, est quelque chose de remarquable ! Ce groupe mérite tous les honneurs, car il a fait découvrir le metal québécois au monde entier, tout en créant un chemin pour les autres groupes qui ont suivi…

ANR : Vous ne sonnez ni brutal, ni technique, mais assez mélodique… Voire épique… Certains de vos morceaux font subliminalement penser à du Maiden passé à la moulinette death (« Broken Arrow » par exemple)… Me trompe-je ?

S : Nous sommes pas de grand fans de band technique, c’était évident que ça ne pouvait se retrouver dans Obtenebris… Le but était que les gens qui écoutent nos chansons, se brassent la tête tout en appréciant la musique et les subtilités des harmonies, pas se lancer de tout bord tout côté. Pour l’exemple cité, c’est Sean qui a écrit cette chanson bien avant d’être dans le groupe : en fait, je crois pas que Maiden était dans ses groupes favoris. Mais je peux dire que mon style de jeu à la basse a été grandement influencé par Maiden.

ANR : Obtenebris a signé il y a quelques mois un contrat avec le label français Polymorphe Records, dans l’optique de rééditer votre premier album « Dust of Time » sorti en 2010, ce qui a été effectué en juin 2020  : pourquoi ce hiatus de dix années ?

S : En 2010, on commençait à avoir de plus en plus de difficultés à travailler ensemble, pour plusieurs raisons… Après plusieurs spectacles, nous avons décidé de continuer à quatre, avec seulement un guitariste… Mais après six mois, la chimie n’était plus au rendez-vous… L’erreur fut d’arrêter le groupe au lieu de prendre une pause. En 2016, nous avons réuni les cinq membres qui avaient écrit « Dust Of Time », uniquement pour le plaisir de rejouer, et on a compris qu’on voulait se rendre à un deuxième album. Depuis ce temps, nous essayons de composer de nouvelles chansons, malgré les embûches : perte de locaux de musiques, rôle de parent, distance de certains musiciens, etc… Stéphane Constantin, qui était là depuis le début, a été contraint de quitter le projet : nous avons donc recontacté Yves, qui a accepté de réintégrer le groupe…

ANR : Comment avez-vous remis en bon ordre de marche votre « Hibernatus death metal » ? Par des concerts ?

S : Nous nous sommes dit que nous allions prendre notre temps pour composer de nouvelles chansons, et que quand nous serions prêts, on annoncerait notre retour. Ce qui fût fait en 2019. Encore là, c’est surtout la malchance qui nous a mis des bâtons dans les roues : par exemple Sean s’était blessé à une main, ce qui l’empêchait de jouer et de composer de la musique. Nous avons donc décidé d’attendre avant de refaire un concert, et surtout d’avoir de nouvelles chansons à faire entendre. Nous avions un spectacle de programmé début avril 2020. Et le Covid est venu encore là jouer les troubles fêtes !!! Il y aura possiblement un spectacle d’Obtenebris en 2021…

ANR : « Dust of Time » a-t-il pris la poussière en dix années (oui, je sais, elle était très facile) ?

S : (Rires) Bien essayé ! Quand je l’écoute, je le trouve encore très bon… Il y a de petits détails que je ferais différemment… Mais en 2009, cet album était parfait à nos oreilles, faut le remettre au son de l’époque. Je trouve qu’il a très bien vieilli !

ANR : Vous chantez en anglais…

S : Thomas, le chanteur est anglophone, c’est sa langue maternelle, et c’est plus facile pour lui de chanter en anglais. En fait, je crois qu’on a jamais pensé à chanter en français. L’anglais est venu tout naturellement.

ANR : Quels sont les principaux thèmes de ce disque ?

S : Les thèmes tournent surtout autour de la guerre. Il y a aussi « Night Stalker », qui est une reprise de notre démo, on a changé un peu la fin : le texte parle du tueur en série Richard Ramirez. Thomas aime beaucoup la culture nordique, et s’en inspire dans ses textes.

ANR : « Dust of Time » est-il disponible dans le Monde entier ?

S : En 2009, nous avions réussi à en vendre quelques-uns partout dans le monde. Aujourd’hui, c’est encore plus facile. Nous avons pas de distribution internationale de reconnue, mais avec les Facebook ou Bandcamp, c’est très facile d’encourager un groupe local comme nous.

ANR : Comment avez-vous rencontré Fred Martinez de Polymorphe Records ?

S : Je ne suis pas certain du tout (Rires) mais j’ai eu quelques personnes en France avec qui j’avais parlé qui lui avaient fait découvrir le groupe… En fait, je suis pas sûr si ce sont eux qui ont fait découvrir le groupe à Fred, ou l’inverse.

ANR : Avez-vous signé avec Polymorphe Records afin de réaliser un deuxième album ?

S : Pour l’instant, Fred nous a uniquement proposé de faire une réimpression de « Dust Of Time ». Nous avons inclus une chanson de plus, qui avait été composée à l’époque où nous étions quatre membres, en plus d’avoir une toute nouvelle pochette splendide ! Si tout va bien, avec la demande, rien n’est impossible, signer pour un deuxième album serait une bonne option.

ANR : Est-il en phase de préparation et en quoi sera-t-il différent du premier disque ?

S : Nous travaillons fort pour sortir un deuxième album pour 2021. Musicalement ça va ressembler à « Dust » : on y va vers le même type de compositions, mais on vous réserve quelques petites surprises…

ANR : Polymorphe Records abrite des groupes du Monde entier. Etes-vous en contact avec ces autres formations (Hate Beyond, Malapetaka, Xipe Totec, Affront, etc…), ou plus simplement les connaissez-vous ?

S : J’avais vu quelques groupes intéressants sur le label, mais je suis en contact avec aucun groupe. J’ai écouté quelques groupes, il y a du talent incroyable !

ANR : A la lecture des commentaires de vos partisans sur votre page Facebook, on ressent une grosse motivation de leur part concernant votre retour… Possédez-vous une ou plusieurs fan bases en dehors du Canada ?

S : Notre style plaît a beaucoup de gens à travers le monde, mais quand je regarde nos ventes, ça surtout été pour les USA et l’Europe.

ANR : A ce propos, existe-t-il une scène death / thrash au Québec ?

S : Je dirais que la scène qui a le plus de force ici est celle du death technique, avec des groupes comme Cryptopsy, les regrettés Quo Vadis, Beyond Creation, Augury et autres… Plus on monte vers le nord du Québec, plus le black metal prend de la force… Le thrash a eu quelques heures de gloire chez nous, mais en ce moment je n’entends plus parler d’aucun groupe local du genre… Je dois dire que la scène est plus difficile ces dernières années : il y a de moins en moins d’endroits où faire des spectacles, et beaucoup de promoteurs se sont nuit en organisant des spectacles les mêmes soirs… La scène est là, mais j’ai l’impression qu’elle prend du recul, le temps de voir comment ressortir en force…

ANR : Peux-tu-nous en dire plus à son sujet, ses origines ?

S : Les origines de notre scène viennent des années 1980, surtout à l’époque où le death américain a pris d’assaut le marché. Elle s’est mélangée à la scène thrash et punk de l’époque, et a donné des groupes comme Obliveon, Overbass (qui est une formation sans guitare mais avec deux basses), Anonymus et BARF… C’est au milieu des années 1990 que des groupes européens sont venus pour leurs premières fois ici, comme In Flames et Children of Bodom. A partir de ce moment, j’ai vu la scène se lever et grossir, c’était une très belle époque pour le metal québécois ! Mais vu notre emplacement géographique, les USA ont une forte impression aussi sur notre musique… Le Québec a été depuis vingt ans une place incontournable pour des spectacles et des tournées, mais je sens les vents changer (Rires)

ANR : Tiens d’ailleurs, est-ce que le metalhead canadien, québécois, possède des traits et des caractéristiques qui le distingueraient de son homologue européen, français ?

S : Je connais peu la scène française, mais le metal québécois se rapproche beaucoup de la scène scandinave. Ici, beaucoup de groupes ont des ressemblances à des groupes de death mélodique nordique ou de black… C’est sûrement nos hivers rudes qui nous rapprochent (Rires)

ANR : Comptez-vous bientôt vous produire en Europe, notamment en France ?

S : Nous avons aucun plan dans l’immédiat pour des spectacles en Europe, mais si la chance se présente, on va y penser très fortement !

ANR : Quels sont les derniers concerts que tu as vus ?

S : Ah !!! Le satané Covid nous empêche de voir une année 2020, qui était pour être excellente ici ! Mes derniers concerts datent de 2019, où j’ai vu Sleep, un groupe de doom / stoner (NDA : originaire de San José, en Californie), mais sinon c’était surtout des groupes locaux. Mon année 2019 était assez tranquille, après l’année 2018, où j’étais parti en tournée avec mon autre groupe.

ANR : Vous avez votre propre merchandising en vente sur la toile… Question « entre fans » : quel est le dernier t-shirt (ou « chandail ») metal, que tu as acheté ?

S : J’achète souvent mes chandails lors de concerts, mes derniers furent possiblement mon hoodie de Uada, ainsi que mes t-shirts de Sleep et de Windhand (NDA : un groupe de doom metal américain, originaire de Richmond). J’aime bien avoir des trucs que personne ne porte (Rires). Je me suis fait venir un chandail d’un groupe de doom polonais, Weedcraft, et un autre des néerlandais de Toner Low.

ANR : Et pour finir, une question « melodeath suèdois » : préfères-tu Arch Enemy avant ou maintenant ?

S : Ta question aurait dû être : « quelle des trois époques de Arch Enemy préfères-tu ? » (Sourire). Musicalement, les périodes de Johan et Angela sont excellentes (NDA : Liivia et Gossow, les deux anciens chanteurs, les années 1996-2000 puis 2001-2014), pour le vocal Angela est sans aucun doute le summun. Pour la suite, je me suis lassé de ce groupe, et l’apport d’Alissa (NDA : White-Gluz, la troisième chanteuse, en poste depuis 2014) est ok sans plus… Dire qu’un de mes guitaristes préférés, Jeff Loomis, est dans le groupe et je le reconnais à peine : Sad but True !

ANR : Merci beaucoup Stéphane !

S : Merci à vous. Et si ce n’est pas déjà fait, allez écouter notre album ! Nous vous en promettons un aussi sinon meilleur dans un avenir proche !!!

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