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Interview avec Katiejane Garside de Liar, Flower

vendredi/10/07/2020
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Protagoniste de la période grunge, la chanteuse et poétesse anglaise Katiejane Garside a animé le groupe Daisy Chainsaw, au tout début des années 1990, puis les projets Queenadreena et Ruby Throat, au cours des années 2000 et 2010. Katiejane a publié le 29 avril dernier sous le nom de Liar, Flower un délicieux album intitulé « Geiger Counter » : une somme de chansons tantôt fragiles tantôt corrosives, au sein desquelles la singularité des mots est frappante. Une musique qui se situerait entre celles de PJ Harvey et de Björk, sans faire injure à une artiste à forte personnalité, laquelle a traversé trois décennies sans se renier. Un joyau à l’esprit 1995, mais que l’on ne peut considérer comme passéiste. ANR a souhaité prendre langue avec l’amoureuse des mots (et du ressenti), laquelle a accepté de rompre le silence.

 

Art’N’Roll : Bonsoir Katiejane, où te trouves-tu présentement (NDA : Interview réalisé par téléphone le 3 juin 2020, en début de soirée) ?

Katiejane Garside : Hello ! (NDA : minuscule et captivante voix) Je suis dans les Cornouailles.

ANR : Est-ce ton lieu de naissance ?

KG : Non, et même si le lieu de naissance importe peu finalement, puisque j’aurais pu naître partout ailleurs, je suis venue au monde à York.

ANR : Le label londonien One Little Indian Records (Björk, Skunk Anansie, Rocket from the Crypt, Daisy Chainsaw…) a publié le 29 avril 2020 un album, ton vingtième selon mes comptes, que tu as réalisé sous le nom de « Liar, Flower »… Pourquoi ce nouveau nom ?

KG : Well, c’est venu naturellement, à la lecture de ces deux mots dans un livre, l’association entre eux sonnait parfaitement, me revenait souvent à l’esprit, et j’avais justement besoin d’une énergie nouvelle… d’une énergie nouvelle, et je me suis dit que ces deux mots seraient les bienvenus, qu’il fallait s’en servir…

ANR : Le guitariste Chris Whittingham, avec lequel tu as mené à bien ton précèdent projet, Ruby Throat, a de nouveau enregistré avec toi…

KG : Yeah… Yeah… Yeah…

ANR : Quelle est la différence entre Liar, Flower et Ruby Throat, les artistes étant les mêmes ?

KG : Well… C’est uniquement… (Long silence) Nous revenions d’un très long voyage en bateau à travers le monde, et nous avons opté pour une orientation musicale différente… Ruby Throat était un mélange entre sonorités, lequel tranchait avec ce que j’avais fait auparavant, souvent à base de guitares violentes… Ce nouveau projet a été pensé comme un compromis entre les deux, plus dépouillé mais sans me refuser quoi que ce soit…

ANR : Cet album s’intitule « Geiger Counter » : cet intitulé laisserait supposer un contenu volcanique, voire industriel…

KG : Electrique…

ANR : … alors que la musique est intimiste et cristalline…  Est-ce un effet de contraste délibéré ?

KG : Je suis intéressée par ton point de vue… Parce que ce n’est pas dans ce sens-là que j’ai choisi le titre « Geiger Counter »… A mon sens… (Soupir) Je lutte afin de trouver les mots justes !

ANR : … ce qui me frappe, durant tes trente années de carrière, est cette constante originalité dans le choix des mots, des noms, tant ceux de tes groupes et projets (« Daisy Chainsaw », « Queenadreena », « Ruby Throat », etc…) que les titres de tes disques et chansons (« Eleventeen », « Taxidermy », « The Ventriloquist », etc…) …

KG : Je trouve mes mots de façon inconsciente, je me lève très tôt le matin, avant que tout le monde ne soit réveillé, et couche sur le papier les premiers qui me viennent avant que mon esprit ne soit pleinement actif, c’est une façon assez inconsciente d’écrire… De même, beaucoup de mots viennent spontanément lors de répétitions, d’improvisations, et je les conserve… Les mots me prennent plus que l’inverse… Cette fois, mes chansons m’ont fait penser à un compteur, ce qui explique le titre de l’album, je conçois que c’est assez difficile à expliquer…

ANR : Je peux comprendre…

KG : Parce que beaucoup de mes choix lexicaux sont effectués au feeling, tout particulièrement dans ce disque, et également parce que c’est difficile d’expliquer cela à un français : votre langue est si riche et profonde, tandis que je considère la mienne comme limitée, j’essaie d’éviter ses clichés lorsque je l’utilise, je pratique un no language afin de combler certaines failles lexicales… Beaucoup de mes mots sont trouvés au ressenti, le ressenti de l’énergie, tenter de le traduire textuellement… Je pense, de plus, être trop proche de ce disque afin d’avoir le recul nécessaire pour répondre parfaitement à ta question, qui est une bonne question : peut-être serais-je déçue lorsque je relirai mes textes actuels dans le futur ?

ANR : Dans la chanson intitulée « Baby Teeth » tu répètes que tu crois… Mais en quoi crois-tu ?

KG : (Silence)

ANR : Tu as peut-être choisi ces mots en fonction de leur beauté, pas nécessairement de leur sens…

KG : Je crois… Well… qu’il existe un endroit sans conflit… Je fais de mon mieux afin de m’y rendre au quotidien…

ANR : Tes apparitions sont sporadiques, voire rares… Comptes-tu revenir à la scène, voire tourner, afin de présenter « Geiger Counter » au public ?

KG : Nous n’avons actuellement aucune date de prévue, mais cette fois-ci je le souhaite.

ANR : Tu as joué une dizaine de fois à Paris, la dernière en janvier 2009 à La Maroquinerie avec Queenadreena…

KG : Quelle date me dis-tu ?

ANR : Janvier 2009.

KG : Avec Ruby Throat ?

ANR : Avec Queenadreena.

KG : OK !

ANR : As-tu des souvenirs de concerts à Paris ?

KG : (Rires) OK ! (Rires) Je n’ai pas de souvenir ! (Rires) Nous avons quand-même joué plusieurs fois en France, mais je ne me souviens de rien (Rires)

ANR : Tu as réalisé en 2008 un disque intitulé « Corps Électriques » avec Victor Zazou, compositeur français méconnu chez nous, mais qui a réalisé pas moins d’une trentaine de disques, certains à dimension internationale, de 1976 à son décès en 2008… Peux-tu nous en dire davantage ?

KG : Ce fut réellement intéressant de travailler avec lui. Nous avons travaillé ensemble de manière intense durant deux semaines, ça je m’en souviens, je me souviens même de son parfum ainsi que des courriels qu’il m’a envoyé tout au long de cette collaboration. Nous avons enregistré à Paris, dans des studios de la radio, à côté de la rivière, et l’album a été réalisé en deux semaines seulement. J’ai vraiment apprécié le processus d’enregistrement, tout comme j’ai toujours apprécié enregistrer, de l’improvisation du début jusqu’à la dernière prise, c’est l’histoire de ma vie ! C’était un homme charmant, il m’a réellement fait travailler dur, un véritable défi, me poussant à mes limites, j’étais à son écoute, un grand professionnel, il m’a beaucoup appris.

ANR : Qui t’a appris le plus au cours de ta carrière ?

KG : (Soupir) Je suppose que c’est probablement moi, réellement. C’est la vérité, c’est toujours moi, comme c’est le cas dans l’existence de beaucoup de gens. Je me lance perpétuellement des défis, pour ce qui est de ma voix notamment. J’essaie toujours de faire pour le mieux dans tous les domaines : j’aime mon environnement et j’ai fondé une belle et jeune famille, en cela, je suis reconnaissante à la vie.

ANR : Si « Geiger Counter » était une couleur, quelle serait-elle ?

KG : C’est intéressant (Rires) Etoiles ! Ce serait la couleur des étoiles !

ANR : Pour moi, ce serait le jaune…

KG : Le jaune…

ANR : Pour finir, quelle serait la question que l’on t’a le plus posée ?

KG : Well, encore une question intéressante… Je ne sais plus… Cela fait des années que personne ne m’a posé de question… Je ne donne plus d’interviews…

ANR : Justement : merci Katiejane de nous avoir accordé ce moment !

KG : Je vous suis également reconnaissante, au revoir !

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