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Interview avec David Santucci de Silence of the abyss

lundi/25/05/2020
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Formé en 2017, Silence of the abyss est composé de trois membres : David Santucci (guitare et chant), Diane Giannelli (batterie et chant) et Jean-Bernard Florès (chant). Basé à Bastia, et qui pratique un heavy metal d’aujourd’hui. A la suite de « Pathfinders », un EP paru en 2018, leur premier album intitulé « Unease & unfairness » a été publié le 13 mars 2020. Il fallait en savoir plus… Entretien chaleureux tout en points d’exclamations !

Art’N’Roll : Salut ? Tu appelles d’où (NDA : entretien réalisé par téléphone le 28 avril 2020) ?

David Santucci (guitare) : Ben j’appelle de Bastia, en Corse… Je suis de Borgo, à vingt kilomètres…

ANR : Tout va bien ?

DS : Ben ouais, confinement comme tout le monde.

ANR : Ma première question sera très simple : peux-tu, s’il te plaît, nous présenter Silence of the abyss ?

DS : Nous sommes tous de la même région, de Borgo. Il y a Diane Giannelli à la batterie, Jean-Bernard Florès au chant et moi-même, David Santucci à la guitare. Nous sommes un trio fondé en 2017.

ANR : D’emblée votre dossier de presse fait mention d’un « groupe de metal fondé en Haute-Corse » et de « mélodies aux accents méditerranéens »… Votre site Internet vous présente comme « straight from Corsica Island »… De même votre page Facebook vous désigne comme « metal band from Corsica »… Je suppose que c’est important pour vous de souligner votre provenance ?

DS : Ben pas trop, cela s’est fait naturellement. Nous voulions uniquement nous présenter comme un groupe du sud, en fait ! Mais à la force des choses, à chaque fois de faire figurer nos adresses et de dire où l’on se situe, nous avons été présentés comme corses… Pour tout te dire, la batteuse est de Marseille, nous nous situons entre cette ville et la Corse, tu vois. Et nous avons également un pied à terre à Paris, donc Marseille – Paris ! On jongle avec les trois endroits toute l’année.

ANR : Et Diane est « marseillaise – corse » ?

DS : Ouais ! C’est ça ! Mais elle est née à Marseille.

ANR : Et du point de vue musical, cette identité méditerranéenne est-elle marquée ?

DS : Oui, quand-même ! Parce que le chanteur possède beaucoup d’influences, que ce soit la chanson corse, française… Nous aimons aussi utiliser des instruments corses, en nylon, très répandus chez nous, ainsi que des guitares classiques flamenca, des tambours cajón comme en Espagne… Cela fait vingt ans que nous étudions la musique. Et JB a appris la chanson traditionnelle corse, ce qui nous donne un plus : dans le metal, tu as des notes qui vont te rappeler un peu ce côté méditerranéen…

ANR : Peux-tu nous donner un exemple ?

DS : Sur « See Acturus », qui est une chanson sur cet album composée de trois parties, nous avons opéré un mélange entre musique corse, orientale et autres passages méditerranéens…

ANR : Votre morceau « Matando », c’est de l’espagnol ?

DS : Oui ! C’est une chanson à propos de la corrida. C’est la dernière des trois parties de ce morceau, au moment où le taureau crève : nous nous sommes énormément rapprochés de la musique flamenca.

ANR : C’est vrai que ce n’est pas commun finalement… Le premier truc qui m’est venu à l’esprit est la quasi-absence ou du moins la méconnaissance des scènes corses… Quand on pense « Corse », on ne voit qu’Henry Padovani (NDA : premier guitariste de The Police) et qu’un ou deux groupes punks de la première heure…

DS : Bien sûr, c’est normal ! Mais ici, tu as tous les styles de représentés ! Tu as du doom, du death, du heavy, du punk, des guitaristes solos, beaucoup de choses… Il y a des scènes, des festivals, du public… un peu moins ! Mais les gens se bougent, il y a de très belles choses !

ANR : Vous connaissez ou êtes en lien avec d’autres formations ?

DS : Tu as un groupe de punk qui s’appelle No Futal (Rires) ça marche plutôt bien pour eux, ils font des trucs, c’est pas mal… Tu as les Vieux de la vieille, je ne sais pas si cela te parle ?

ANR : Les Vieux de la vieille ?

DS : Ils ont commencé le groupe en 1986, ils ont fait pas mal de trucs, ils sont partis à Londres, à Los Angeles… Tu as… Tu as… Mazzeri qui est un groupe de doom progressif… Tu as… Attends ! Il faut que je les note tous, sinon ils vont me tuer s’il en manque un… (Rires) Tu as Lord of the tramps… J’ai un trou et ils vont me massacrer !!! (Rires) Tu as aussi un groupe de stoner que j’ai beaucoup, Alconaut stoner… Ils sont semi-amateurs si tu veux, mais ils ont eu de bonnes critiques…

ANR : Tu as parlé de scènes, tu as parlé de groupes, tu as parlé de fests… Il manque les fanzines et les webzines : y’en a-t-il en Corse ?

DS : Ils sont tous arrêtés ! Il y en avait même des bons, un de leurs animateurs m’a expliqué cesser suite à trop de déceptions dans ce milieu, une démotivation après beaucoup de belles choses…

ANR : C’est pour cela qu’on retrouve votre groupe uniquement (pour l’instant) dans les pages de Corse Matin ?

DS : Oui ! (Rires)

ANR : On perçoit chez vous une volonté de faire corps avec l’environnement, les éléments, principalement la mer…

DS : (NDA : voix très apaisée) On est bien avec la mer, si tu veux. Je pense que quelqu’un de Marseille va dire la même chose que nous… La Méditerranée… Moi, je suis né avec la mer… Comme je t’ai dit, on se partage beaucoup entre la Corse et le continent, et je ne me sens pas bien dès lors que je n’ai plus la mer… Par exemple, avec le groupe, nous avions travaillé sur Paris à l’occasion d’un événement, une impressionnante organisation, logés trois jours dans le seizième : un truc de fous quoi ! Nous avions fini notre boulot et devions profiter de trois jours de vacances gratuites à Paris… Et bien, on a pris le TGV et nous sommes descendus à Marseille ! Rien que pour revoir la mer ! C’est bizarre, hein, cette proximité avec la mer ?!? Puisque nous vivons sur une île, nous avons la mer ainsi que la nature autour de nous tout le temps, et nous manifestons un grand respect à son égard, nous vivons en sa compagnie. Je pense que cela se ressent forcément un petit peu dans notre musique, parce que nous sommes ainsi faits !

ANR : Vous êtes tous végétariens ?

DS : Deux sur trois ! Et le troisième il y arrive aussi, hein ! Pour ce qui me concerne, cela s’est fait naturellement. Le déclic s’est fait à l’occasion d’un concert : on nous avait servi de la bouffe, comme on y sert généralement, et je mangeais un truc infâme… Un mélange de poulet, une espèce de jambon avec un autre truc, je ne sais pas… Je goûte ça et je réalise que c’est dégueulasse, j’ai eu une sorte de déclic à ce moment-là… C’était il y a cinq ou six ans, et je me suis demandé pourquoi je mangeais cela… Je ne sais pas, cela s’est fait naturellement, j’ai arrêté de manger de la viande du jour au lendemain…

ANR : Autre trait saillant : tout le monde chante dans Silence of the abyss ?

DS : En fait, je fais tout ce qui est parties growl : JB fait la voix lead, Diane et moi les backing vocals.

ANR : Venons-en à votre musique, et à « Unease & unfairness », sorti le 13 mars 2020 : à première écoute, Silence of the abyss est un groupe de heavy metal contemporain…

DS : Ouais mais on n’arrive pas à se situer ! Certains nous disent qu’on fait du death progressif, d’autres du post thrash, j’en vois de toutes les couleurs ! Mais nous, nous nous ne retrouvons pas du tout dans le death prog, ni dans le thrash post je ne sais plus quoi ! (Soupir) Forcément, nous avons dû trouver un terme nous correspondant : pour nous caser, nous disons que nous faisons du metal « tout court », ou alors du metal « méditerranéen », certaines personnes nous ont d’ailleurs qualifiés comme ça…

ANR : Nous y arrivons : en raison de l’attachement à la région d’origine, à la nature prise en tant qu’ensemble, et également à la musique, il y aurait un petit quelque chose de Gojira chez Silence of the abyss, non ?

DS : C’est vrai ! Mais j’ai découvert Gojira sur le tard, lorsqu’ils ont sorti « L’enfant sauvage »… Les artistes qui m’ont collé une claque ces dernières années sont Rodrigo y Gabriela, les Snarky Puppy et Gojira ! A la base je viens du thrash ! C’est ma musique première depuis gosse, c’est Suicidal, Sepultura, les classiques quoi ! J’écoute aussi du blues et du jazz fusion… JB est plutôt « groovy metal » : RATM tout ça… Néo metal aussi : les Korn, les SOAD… Il adore aussi Brel, la chanson française… Il écoute également du trip hop et certains rappeurs… Quant à Diane (Souffle) elle part de Jamiroquai jusqu’au metal le plus extrême, en passant par le funk, elle adore tout et écoute des artistes que l’on ne connaît même pas ! Nous sommes de vrais mélomanes ! C’est vrai que Gojira est le dernier truc qui m’a boosté dans le metal, qui m’a donné envie de continuer et de progresser à ma manière… Les ambiances de Tool aussi ! Et le dernier Sepultura !

ANR : J’ai vu que vous étiez également fans d’Alice in chains…

DS : C’était Julien, notre ancien chanteur ! J’ai une anecdote : nous étions ensemble en voyage aux USA, nous avions eu envie de nous faire la route 66… Nous arrivons à Los Angeles, nous rentrons dans un restau vers vingt-et-une heures sur Hollywood Boulevard (Rires) Et ce qui est fou, c’est que c’était une soirée privée, classe et tout… Nous mangeons, et mon ancien chanteur part aux toilettes pisser… Et il se retrouve à côté de qui ?!? De Jerry Cantrell !!! De suite, il engage sur le champ la conversation avec lui aux toilettes, il lui dit qu’Alice in Chains est un de ses groupes préférés et patati patata… Il lui demande une photo, que Jerry Cantrell lui refuse, car il ne se sentait pas présentable, il n’avait pas la tête pour faire une photo ! (Rires) Bref, mon ancien chanteur revient vers nous et nous raconte qu’il vient de rencontrer Jerry Cantrell aux toilettes, nous ne le croyons qu’à moitié bien évidemment… Vingt minutes plus tard, qui se ramène à notre table ?!? Jerry Cantrell !!! Qui nous dit que lorsqu’on aura fini de dîner, on pourra venir à sa table et il nous paiera un coup à boire !!! Nous n’y sommes restés que cinq à dix minutes, le temps que Julien lui pose plein de questions et que Jerry Cantrell ne lui écrive un mot énorme… C’est dingue le nombre de gens que l’on a croisés lors de ce voyage : les Steel Panther, Tom Morello, Nuno Bettencourt… Et à chaque fois, voyant que nous étions des fans, ce sont eux qui sont venus vers nous ! Certains nous parlaient de la France, du fait qu’ils allaient jouer au Hellfest, plein de choses… Je pense que ces mecs sont reconnaissants vis-à-vis de leurs fans ! Pour nous c’était une belle surprise !

ANR : J’ai lu que vos textes seraient inspirés par Jack London, Ernest Hemingway ou Henry David Thoreau…

DS : C’était l’ancien chanteur ! Le nouveau est prof de philo, alors l’inspiration ce n’est pas ça qui manque ! Ses textes peuvent aller de la maltraitance animale à l’Apocalypse, en passant par la folie humaine, les vraies maladies…

ANR : La production est signée, comme pour votre EP, par Brett Caldas-Lima du Tower Studio à Montpellier ?

DS : Oui ! Il a fait le mix et le mastering par correspondance. On lui envoie le brut, et il nous renvoie le produit fini. Nous voulions un son de batterie presque live, quelque chose qui ne soit pas surproduit, compressé : une fille qui cogne sur sa batterie, pourquoi la trigger ?!? Nous avons refusé tout trig, et sommes partis sur un son naturel au possible. Pareil pour les guitares, il n’y a que très peu d’effets dessus, le son est très brut.

ANR : Silence of the abyss figure, en compagnie de groupes majeurs, dans le livre « La France est (vraiment) rock » publié en 2019 par Pascal Pacaly aux Editions Joyeuxpendu : peux-tu nous en dire plus ?

DS : Il nous a kiffé et nous a contactés, à notre grande surprise. Tu sais, nous avons encore du mal à réaliser le fait de pouvoir toucher quelqu’un avec notre musique. Lorsque nous recevons un email de prise de contact, c’est toujours le plus grand des bonheurs ! Nous, on fait notre vie ! Nous avons un message, et trouvons incroyable que les autres le reçoivent !

ANR : J’ai vu que vous avez fait la promo préparatoire d’« Unease & unfairness » au Hellfest 2019…

DS : Oui ! Nous avons été invités afin de parler de nous ! Cela s’est très bien passé ! Encore une fois, nous avons eu du mal à réaliser, à se retrouver dans le carré VIP du Hellfest !

ANR : Vous comptez défendre cet album sur scène prochainement ?

DS : Nous allons essayer d’organiser une tournée dans le sud de la France.

ANR : Où avez-vous joué jusqu’à présent ?

DS : Nous avons fait toute la Corse. Nous avons pour l’instant refusé toute proposition de tournée, tout simplement parce que nous n’avions pas encore assez de titres à notre répertoire, jusqu’à la sortie de notre album, et que nous ne faisons aucune reprise.

ANR : Pour finir : tu écoutes quoi en ce moment ?

DS : Rien, depuis qu’il y a le Covid. Je ne sais pas si cela vient de ce côté anxiogène dans l’air depuis le début de la pandémie… Pour moi qui écoute de la musique tout le temps d’habitude, c’est inhabituel et bizarre… Je sais qu’il y a entre moins vingt et moins trente pour cent d’écoute de musique sur Spotify. Déjà, parce que les gens ne bougent plus, et n’ont plus de casque sur les oreilles.

ANR : Nous sommes arrivés à la fin… Je vais donc te souhaiter une bonne fin de promo : merci David, et à bientôt !

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