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Interview Mercyless, Septembre 2016

dimanche/20/11/2016
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Interview Mercyless, à l’occasion de la sortie de leur album, « Pathetic Divinity »

Art n’ Roll : Votre album, « Pathetic Divinity », sort le 7 Octobre. Quel accueil a-t-il reçu des critiques ?

Mercyless : On a eu quelques retours pour le moment, parce que ça fait quelques temps qu’il est arrivé dans la presse. Pour l’instant, c’est que du positif. On est très fiers de ce qu’on a fait, très contents pour l’instant de ce qu’on a entendu comme retours. Ca se passe plutôt bien. On espère que la suite nous le prouvera aussi.

ANR : Vous avez collaboré avec Kaotoxin pour cet album, comment avez-vous choisi ce label ?

M : On ne l’a pas vraiment choisi, c’était une collaboration, on connaissait Nicolas du label depuis un moment. Il se trouve qu’il y a quelques années de ça il avait fondé ce label, il en était encore à ses débuts. Nous on avait trouvé un autre label par d’autres contacts. Là il s’est trouvé qu’on voulait passé un cap au-dessus, comme son label avait grandi on est revenu vers lui et puis de fil en aiguille on a essaye de monter un truc pour une collaboration et puis ça s’est super bien passé parce qu’il comprend très bien notre style. Il est très fan de ce qu’on fait depuis nos débuts. Il nous a proposé un bon deal, très sérieux, avec quelqu’un qui nous épaule bien. Il n’y a pas de raisons qu’on aille voir ailleurs.

ANR : D’après les titres de l’album et la cover de « Pathetic Divinity », on voit que vous restez centrés sur votre thème préféré, l’anti-christianisme. Ça semble presque exotique en ce moment. Le christianisme vous semble-t-il toujours aussi nocif de nos jours ?

M : L’anti-christianisme, c’est une définition dont beaucoup se servent parce qu’on utilise les symboles religieux catholiques. On utilise ces symboles parce que c’est l’imagerie, les codes et le langage qui vont le mieux avec ce genre de musique, celui qu’on pratique, le Death Metal qu’on fait. Mais en fait ça englobe pratiquement toute forme de croyances, quelle qu’elle soit. Simplement cette imagerie est la plus forte et la plus facile à exploiter. Mais c’est plus vaste que ça en fait. Parce que j’estime que les dogmes religieux, quels qu’ils soient, avec tout ce que ça inclut ces dernières années, la dangerosité des croyances, de la foi en général et de ce retour en arrière, par moments on se croirait de retour au Moyen Age, ce besoin d’imposer son dieu, sa religion, sa façon de voir, le communautarisme à outrance… On est un pays qui en est un beau symbole ces dernières années, ces derniers mois… On se sert de ce qu’on voit autour de nous en fait. Je me suis toujours servi, en fait, depuis les années 90, de cette symbolique, parce que c’est une symbolique forte et qui colle super bien à cette musique. Ça colle parce que c’est une musique agressive, colérique. Ma vision des choses va à l’encontre de la religion et de ses fondamentaux, de tout ce qu’on nous a appris. Je me sers beaucoup des textes sacrés pour montrer cette philosophie qui n’a presque pas lieu d’être à une époque comme la nôtre, où on parle de modernisme, de communication, de rapidité et en même temps t’as l’impression qu’on revient à l’Inquisition. Parce qu’il y a des gens qui veulent imposer leur vision de dieu, il faudrait adhérer à ça tout de suite parce que c’est cette vision qui serait bonne. La religion est devenue comme un catalyseur de la haine. C’est même plus une question de foi parce que moi je respecte la religion, mais la foi c’est personnel. Si tu as besoin de ça, pas de problème. Pour résumer, ce que je dis souvent, c’est que j’ai rien contre dieu, c’est son fan-club que j’aime pas.

ANR : Tu as développé tes lectures sur les autres religions aussi ?

M : C’est con qu’on arrive à une période où on vit le genre d’événements des derniers mois, mais en fait, en 95 j’écrivais déjà des trucs sur l’Islam avec « Sure to Be Pure ».

ANR : En fait tu t’intéresses à la religion depuis très longtemps, et toutes les religions.

M : Oui, je suis d’obédience catholique à la base, par mes parents. Mais j’ai toujours essayé de comprendre pourquoi l’homme a toujours besoin d’aide pour discerner le Bien, le Mal, besoin de l’enfer. Et on vit une époque où on a l’impression qu’il n’y a plus que ça, sous une forme un peu cachée, mais on a toujours besoin de ça. Et je me suis toujours intéressé à ça parce que l’évolution de la race humaine est toujours basée là-dessus. On a beau dire, mais bizarrement, c’est ce qu’on croit qui qui fait qu’on arrive à se développer, à faire des choses et ainsi de suite. C’est bizarre cette place que prend cette religion mais c’est comme ça.

ANR : Mais justement, est-ce que tu ne crois pas que si l’homme se raccroche à la religion en ce moment, c’est parce qu’il est perdu et que donc il se raccroche en dieu ?

M : Bah tout simplement parce que je crois qu’on est arrivés où on ne sait pas à quoi se rattacher, comme tu dis, et le désespoir et la misère, il y aura toujours des gens pour en profiter. Quand ça va pas, tu te raccroches à ce que tu peux. Et souvent il n’y a plus que ça. Hélas. Je ne suis pas meilleur qu’un autre, mais j’essaye d’analyser, de comprendre pourquoi l’un va vers la religion et moi non. J’essaye d’avoir un peu de recul.

ANR : Ca fera bientôt 30 ans que le groupe s’est formé, et 5 ans depuis la reformation. Comment vous vous sentez aujourd’hui ? Prêts pour 10 ans de plus ?

M : Ah ben j’espère ! On n’est pas si vieux que ça quand même ! Bah écoute, on ne s’est jamais posé de barrières. Tu vois bien, on est revenus, j’avais presque 40 ans quand on s’est remis à faire à nouveau cette musique , mais parce qu’on en avait envie, parce que c’est un exutoire pour moi. C’est une passion, j’ai besoin de ça, c’est un équilibre presque. La vie familiale, la vie qui nous entoure est nécessaire parce qu’on vit comme ça. On a besoin de choses tellement extérieures à tout ça et la musique fait partie de cette espèce de motivation qu’il y a dans la vie de tous les jours et moi j’ai besoin de ça. Peu importe l’âge, tant que je tiens sur mes pieds, j’arrive à produire quelque chose, à intéresser des gens, à me faire plaisir… roulez jeunesse ! J’ai pas d’a priori, je ne me pose pas de questions. Tant que je ne suis pas ridicule… le jour où on me dira « Tu fais rire tout le monde, arrête », là je me poserai des questions. Pour l’instant on ne me l’a pas encore dit, c’est que ça va ! [Rires]

ANR : Apparemment vous ne chômez pas, vu le nombre d’actu qu’on a pu voir à votre sujet (festivals, split avec Crusher, nouvel album, album bootleg « Live Offerings »). Est-ce que vous prévoyez une tournée spécifiquement pour l’album?

M : Bah on va tourner là en Novembre avec un groupe du label, on va faire des dates en France et en Espagne. Et puis au fur et à mesure ça va s’étaler en 2017, on est en train de planifier une tournée en Avril avec un groupe espagnol. En Mai, on aura une tournée en Angleterre. Et suivant ce qui va se passer avec cet album, on verra. On n’a pas de trucs définis dans le temps précisément. On ne se pose pas trop de questions : on nous appelle, on vient.

ANR : Vous faites partie des groupes pionniers de la scène Death, alors évidemment, on a envie de connaître votre avis sur l’évolution de cette scène.

M : C’est un peu problématique : moi je fais partie des gens qui ont vécu les prémisses de la scène dans les années 90 et la scène Death actuelle, déjà c’est ce qu’on appelle le Death moderne. C’est une scène avec un son, une attitude complètement différents. La scène actuelle reprend tous les petits trucs qui lui plaisent pour créer quelque chose qui pioche un peu dans le Black, un peu dans le Hardcore. Nous, hélas, on a toujours été habitués à répondre à des standards des années 90, donc c’est que par comparaison, on est un peu plus old school parce qu’on a des critères, des valeurs qui sont importantes à nos yeux. Que ce soit au niveau de la façon d’enregistrer, que d’interpréter les morceaux ou de composer et ainsi de suite. Et donc forcément on est un peu différents de la scène Death moderne, parce qu’on ne cherche pas la même chose en fait. On a besoin d’un son différent, d’une certaine nostalgie. On a une sorte de confort dans ce qu’on faisait avant, donc on essaye de retrouver ça, d’une part pour se faire plaisir et d’autre part pour retrouver certains réflexes qu’on avait avant. C’est ce qui nous motive tous les jours.

ANR : Donc tu dis que cette scène a un peu évolué

M : Oui c’est logique en même temps

ANR : Et vous vous essayez de garder ce son, alors quel est le secret pour garder ce son ?

M : Ca demande un certain travail effectivement parce que pour cet album par exemple on a travaillé pour garder un son organique. Alors on n’est pas revenus 20 ans en arrière, pas du tout, mais on essaye de faire le penchant entre les trucs de l’époque, qui bavent un peu, pas super précis et le son plus brut, plus moderne, actuel. Cet équilibre on tente de le garder pour ne pas faire vieux jeu, il faut garder à l’esprit qu’on est en 2016 quand même, il faut vivre avec son temps. Mais en même temps, on essaye de garder un truc qui soit vrai, il faut qu’on soit sincère avec notre musique, on évite de sur-produire notre musique, ça c’est clair, net et précis. On est un peu punks à la base, faut pas l’oublier.

ANR : Vous avez participé à la première édition du Fall of Summer à Torcy, que pensez-vous de ce festival, de la démarche de ses organisateurs (inviter de nombreuses formations « oubliées » du grand public Metal ou n’ayant jamais ou peu joué en France)?

M : Moi je trouve ça bien, c’est un des festivals qui me plaît le plus. Jessica a fait un super boulot. Je suis fan de certains groupes que j’ai vu apparaître que là au Fall of Summer. Ils s’en sortent bien. On a participé à la première édition, il y a eu des supers groupes. J’ai découvert pleins de choses. Il est bien ce festival, il est vraiment bien fait. Et le côté Revival plaît beaucoup et ça me plaît beaucoup forcément.

ANR : Tu l’as suivi au fil des années ? Là c’est la 3ème édition.

M : Oui j’aurais dû participer cette année pour le Tribute à Massacra

ANR : Ah justement j’allais t’en parler…

M : Oui j’aurais dû y participer mais j’ai eu un problème familial, j’ai dû retourner en Espagne.

ANR : J’allais te demander ce que tu avais penser du Tribute…

M: Il paraît que ça s’est bien passé en tous cas !

ANR : Dernière question, j’ai lu sur votre page Facebook qu’une de vos activités consistait à hurler comme des loups. Vous pratiquez ça où ?

M : On hurle comme des loups parce que c’est une image qui définit un peu notre style, dans le sens où tant qu’on a cette volonté de faire cette musique, on est comme une meute de loups. A un moment il faut que ça sorte, pleine lune ou pas !

ANR : du coup moi j’ai une dernière question, est-ce que vous avez d’autres hobbys artistiques ? Ou est-ce que la musique vous prend tout votre temps ?

M : Ah ben j’aime beaucoup de choses. Après en faire, c’est un peu plus compliqué. Mais j’ai une grande passion pour la peinture, même si je ne suis pas un grand spécialiste. J’aime la sculpture : on a un pote qui nous a fait la pochette du 2ème album, c’était une sculpture à la base.

Les formes d’expression, à partir du moment où elles sont faites avec passion, et qu’il y a un truc qui me parle, j’aime bien. Je suis moins street art, c’est moins ma came. Après, il y a la photo, je peux rester pendant des heures regarder quelque chose qui me plaît. J’aimerais bien, peut-être après la musique, j’aurais une autre passion, je sais pas, peut-être des moulages… [Rires]

ANR : mais alors, ce pote qui a fait la pochette du 2ème album, pourquoi vous n’avez pas réitérer ?

M : Tout simplement, on l’a perdu de vue. C’est assez marrant d’ailleurs : c’est un gars qui avait divorcé, qui avait toujours été passionné et qui s’est remis à ça, à la sculpture et il créait des trucs comme ça et une fois, à force d’aller chez lui, on lui a dit, mais attends, ça c’est génial, on va le prendre en photo. On a appelé un gars qui était dans la photo, qui prend cette photo. A l’époque, il n’y avait pas Photoshop. On s’est dit qu’on allait l’orner avec des machins et voilà ! J’ai trouvé ça classe parce que le mec avait du talent.

ANR : Et sinon est-ce que tu as un mot de fin ?

M : Et ben merci à Art n’ Roll, merci à toi, merci au support et à tous ceux qui nous soutiennent depuis toutes ces années. J’espère à bientôt en concert !

Merci !

Mamy et The Kat

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