HOT on the rocks!

Interview avec Hans « der Aufrechte » de Feuerschwanz

mardi/30/04/2024
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Le 29 avril marquait au Moyen-âge la période postpascale des rogations. C’est également le jour où trépassa en 926 Bouchard II de Souabe, duc de Souabe et de Réthie, ainsi que Sainte Catherine de Sienne en 1380. En l’an de grâce 2024, ce fût le jour choisi par Napalm Records pour qu’ANR rencontre Feuerschwanz sous les auspices de SLH Agency… Constituée à Erlangue en moyenne-Franconie près de six siècles après la découverte du Nouveau Monde, cette formation bavaroise forte de huit ménestrels et baladins (Johanna au violon et à la vielle à roue ; Hauptmann au chant et à la guitare ; Hodi au chant, à la guitare, aux flûtes et à la cornemuse ; Hans Platz à la guitare électrique ; Jarne à la basse ; Rollo à la batterie ; Musch Musch qui danse ; Myu qui dance elle-aussi) publie Warriors le 3 mai prochain, soit leur premier album enregistré en langue anglaise. Une fois n’est pas coutume, l’interviewer ignorait jusqu’à la dernière minute lequel des artistes allait se coltiner cette conversation visio de vingt-cinq… C’est finalement la sympathique trombine d’Hans Platz (dit « der Aufrechte » : « le Dos-plat ») qui apparaît à l’écran à dix-huit heures trente pile. Bonne pioche ! Notre lectorat en jugera.

 

Hans der Aufrechte (Guitare) : Hello, Hello !!! Content de te rencontrer !!!

Art’n’Roll : Moi aussi ! D’où m’appelles-tu ?

HDA : De mon domicile, de mon studio d’enregistrement, de mon « bureau » si je peux le nommer comme tel… J’habite aux alentours de Nuremberg…

ANR : Vos concerts à Munich et à Hanovre de la semaine dernière ont affiché complet, c’est une réussite !

HDA : (NDA : enthousiaste et posé à la fois) Tout à fait ! La plupart des concerts de cette tournée affichent complet ! Pour certaines villes nous avons été contraints d’ajouter une seconde date, et les places pour ces dates supplémentaires ont été intégralement vendues en un temps record ! Le second concert de Munich était parfait, avec un circle pit des plus bouillants ! Il faisait très chaud, jusqu’au plafond de la salle, tout le monde collait à cause de la sueur ! Une sensation difficile à décrire, une énergie très agréable…

ANR : Les photos de ces concerts sur votre page Facebook témoignent de cette très sympathique ambiance… Sur certaines, des fans portent une veste patchée, ce que vous appelez chez vous une « Kutte » : t’en avais une, plus jeune ?

HDA : Oui (Rires)

ANR : T’avais mis quoi comme dossard ?

HDA : Je crois que c’était la pochette de Kill’Em All de Metallica…

ANR : Mon petit frère l’a également cousu sur la sienne…

HDA : (NDA : opine du chef) Oui !

ANR : Metallica est donc ton groupe préféré ?

HDA : Je ne pense plus avoir de « groupe préféré » à mon âge… Quand j’étais plus jeune, Metallica était définitivement un de mes groupes préférés ! Mes idoles, quand j’ai commencé à écouter de la musique… Mon premier concert fût Metallica sur la tournée Ride The Lightning en 1984, un super souvenir : tu pouvais facilement aller les voir et obtenir une autographe de Kirk Hammett et des trois autres !

ANR : C’était à Munich ?

HDA : C’était à Nuremberg, plus précisément dans une toute petite ville proche de Nuremberg à côté de chez moi (NDA : après vérif’, c’était à Neunkirchen am Brand, le 2 décembre 1984)

ANR : Justement, les deux prochains concerts de Feuerschwanz auront lieu à Nuremberg les 30 avril et le 1er mai, c’est-à-dire demain et après-demain…

HDA : Tout à fait !

ANR : J’en déduis que tu vas jouer dans ton « Heimat » ?

HDA : Oui ! Et après, nous nous rendrons à Stuttgart, Wiesbaden qui n’est pas loin de Francfort, puis à Cologne qui sera la dernière halte de cette tournée printanière…

ANR : Et après une petite pause, vous vous produirez le 2 juin au Metalfest Open Air 2024 en République Tchèque…

HDA : C’est ça…

ANR : Je pense que la République Tchèque est désormais une des places les plus importantes en matière de metal européen… Es-tu d’accord ?

HDA : Je ne sais pas si c’est une des plus importantes. Ce que je sais, c’est que nous avons joué plusieurs fois en République Tchèque et qu’ils sont dingues de musique metal ! C’est si cool, car ils savent faire la fête ! Et nous, en tant que groupe qui chante en allemand, nous sommes réellement honorés d’être si bien accueillis dans un pays qui ne parle pas notre langue ! Ce n’est pas si courant pour un groupe qui chante en allemand de pouvoir jouer dans un pays qui n’est pas germanophone…

ANR : L’aspect linguistique prédomine l’actualité de Feuerschwanz, puisque le 3 mai prochain, vous publiez Warriors, qui est votre premier album enregistré en anglais… Beaucoup d’observateurs estiment qu’il s’agit-là d’un tournant « à l’international » dans la carrière de votre groupe…

HDA : Nous continuerons de chanter en allemand.

ANR : Oui.

HDA : Cet album constitue un « album anniversaire ». Nous avons décidé de nous reprendre nous-mêmes en traduisant nos chansons en anglais. Ce faisant, nous toucherons peut-être un public nouveau, peut-être des gens qui ont peur (Sic) d’écouter des chansons chantées en allemand, qui nous découvriront en anglais, et qui peut-être auront ultérieurement envie d’écouter nos classiques en version originale… Je l’espère. Mais nos prochains enregistrements seront chantés en allemand comme avant. C’est certain car c’est dans l’ADN de Feuerschwanz.

ANR : Nous connaissons en France ce problème. Nombre de groupes cultes dans notre histoire du rock n’ont jamais percé en dehors des frontières francophones. Chez vous, seul Rammstein est parvenu à percer à l’international et de façon massive en chantant en allemand…

HDA : Oui.

ANR : Pour revenir à Feuerschwanz, il y aurait donc eu deux tournants. Celui d’aujourd’hui qui marque une incursion en langue anglaise et qui, peut-être, vous permettra de toucher un public nouveau, et celui d’il y a quelques années, lorsque vous avez abandonné le rock médiéval pour faire de la musique metal, et qui vous a fait passer du Wackinger, la petite scène du Wacken, aux grandes scènes du Wacken, c’est d’ailleurs ce que m’a dit un ami qui est un grand fan de Feuerschwanz quand j’ai préparé cette interview… « Plus de metal égal plus de popularité » : qu’en penses-tu ?

HDA : Je ne sais pas si en règle générale « plus de metal égal plus de popularité ». Mais c’est effectivement vrai dans notre cas. Nous avons collectivement décidé de durcir notre musique afin de toucher un public plus large. Et en tant que guitariste du groupe, j’ai officiellement pris la décision de le faire (Rires) J’ajoute que notre signature chez Napalm Records (NDA : en juin 2019) a définitivement entériné cette orientation. Je pense que notre façon de jouer est quelque part unique : une forme de power metal combinée avec de la musique médiévale et des instruments tels la cornemuse et la flûte, le tout chanté en allemand.

ANR : Cette orientation vers la musique metal combinée à ce que tu me dis correspond parfaitement à l’esprit de Napalm Records. Feuerschwanz y est chez lui.

HDA : (NDA : remue de la tête les sourcils froncés)

ANR : Est-ce que ce « virage metal » vous a été conseillé par Napalm ?

HDA : Non, ce fût notre propre choix. C’est venu naturellement. Si tu réécoutes nos albums de façon chronologique, tu noteras une évolution progressive vers la musique metal, par petites étapes et non de façon subite.

ANR : Connais-tu des fans de la première heure qui ont été déçus de cette orientation ?

HDA : Oui, bien sûr. Il y a toujours des fans qui pensent que c’était mieux avant. Tu prends n’importe quel groupe, tu auras systématiquement des gens qui estimeront « qu’il y a dix ans c’était bien mieux et que maintenant c’est moins bien », peu importe le genre de musique ou le groupe de metal. Les fans de metal sont très dévoués et très investis émotionnellement dans leur musique, donc leur déception sera toujours supérieure à ce que pourront ressentir par exemple des fans de Taylor Swift…

ANR : Tiens, pour parler « variétés », j’ai noté que vous reprenez « Dragostea din tei » du groupe « eurodance » des années quatre-vingt-dix O-Zone…

HDA : Oui !

ANR : Lequel de vous a eu cette brillante idée ?

HDA : (NDA : se prend la tête entre les deux paumes) Ohhhhhhh… C’était qui ?!? Je crois que c’était Hodi, je pense… Hodi ou Johanna ! Quoi qu’il en soit je considère que c’était une idée fantastique ! C’est toujours un temps fort de nos concerts, et personne ne s’est jamais offensé (Sic) de cette reprise en roumain… Notre chanteur a donc dû apprendre à la chanter de façon phonétique, sans connaître un traitre-mot de roumain, il s’est mis sur YouTube pour ce faire… Figures-toi que des roumains et des moldaves lui ont dit que sa prononciation était finalement impeccable, ce qui nous a surpris !

ANR : Il y a des roumains et des moldaves en Bavière ?

HDA : Je ne sais pas, je ne suis pas certain…

ANR : Je ne crois pas non plus… Avez-vous joué en Roumanie ?

HDA : Non. Mais on adorerait y jouer. En particulier cette reprise…

ANR : Il y a un ou deux bons festivals metal en Roumanie en plus… Et depuis 2022, vous faites également une reprise de « Warriors of the World United » de Manowar : quel membre du groupe a eu cette idée ?

HDA : (NDA : lève le doigt en l’air) C’était moi (Rires)

ANR : Es-tu un fan de Manowar ?

HDA : Quand j’étais plus jeune, oui. J’étais un jeune metalleux au lycée. Je pense que Manowar est un des groupes metal les plus marquants, et j’ai pensé que mélanger leur musique à la nôtre, notamment les instruments anciens, serait une idée marrante… Le résultat est à la hauteur et nous avons pris beaucoup de plaisir à faire le clip de cette reprise.

ANR : (NDA : tire son t-shirt Hellfest vers le haut pour le faire apparaître à l’écran) Parler de Manowar c’est également évoquer le Hellfest… Pensez-vous y figurer dans une des prochaines éditions ?

HDA : Je l’espère. Tu sais, ce n’est pas de notre ressort. C’est pour l’essentiel le résultat de négociations entre les tourneurs et les festivals. A quelques exceptions près, les groupes ne disent pas (NDA : fait coucou à la caméra) : « Bonjour Hellfest : je voudrais jouer chez toi ! » et le Hellfest qui répond « C’est parfait : venez jouer au Hellfest »… Ce serait trop simple et trop beau ! C’est avant tout une affaire de business, mais je reste optimiste quant à une participation un jour… J’ai vu beaucoup de vidéos de ce festival, et j’adorerais m’y produire…

ANR : Dans l’immédiat, vous allez vous produire à Paris le vendredi 29 novembre prochain au Trabendo…

HDA : Oui !

ANR : Connais-tu le Trabendo ?

HDA : Non. Je ne suis jamais allé dans une salle de concert parisienne. Je me suis rendu à Paris il y a bien longtemps, mais pas en tant que musicien (Rires)

ANR : Le Trabendo est une salle moderne et de taille moyenne, il n’y a que très peu d’espace entre les artistes et le public, cela facilite l’échange…

HDA : Wow !

ANR : Orden Ogan assurera votre première partie…

HDA : Oui, ainsi que Dominum…

ANR : Un mot sur ces deux groupes ?

HDA : Bien sûr : Dominum est une formation récente, les musiciens qui la composent sont de chez nous et les nous connaissons tous depuis longtemps. Ils font du power metal. Ils ont gagné en expérience, ont joué un paquet de concerts, et sont en train de gagner en popularité. Orden Ogan est un groupe plus ancien, de bonnes chansons et de bons musiciens, un bon chanteur… Je pense que le package de nous trois est fantastique ! Nous représentons trois déclinaisons de genres voisins. Et nous avons très envie de venir nous produire à Paris ! Pour ma part, ce sera la première fois que je viens jouer chez vous… C’est même un honneur en tant que groupe qui chante en allemand de pouvoir jouer à Paris… Parce que ce n’est pas commun, pour un groupe comme le nôtre, de pouvoir se sentir attendu chez vous !

ANR : J’ai lu qu’une de vos anciennes chansons, celle portant sur le « Guerrier des hydromels » ou « Krieger des Mets »…

HDA : Oui, « Krieger des Mets »…

ANR : Serait désormais chantée dans le cadre de rituels maçonniques… Es-tu au courant ?

HDA : (NDA : amusé et pensif à la fois) Maçonniques ? Non… Je n’en ai jamais entendu parler… (Rires)

ANR : Si Feuerschwanz était un film, ce serait lequel ?

HDA : Ohhhhhhhhhh…. Tu veux dire un nouveau film ? Ou…

ANR : Comme tu veux…

HDA : Entendu ! Probablement un mélange entre « La Vie de Brian » et « Le seigneur des anneaux »…

ANR : Quelle est la dernière découverte musicale que tu aies faite ?

HDA : Ohhhhhhhhhh…. (NDA : se reprend la tête à deux mains) La dernière… Je ne sais pas… Pour ce qui est des nouveaux groupes, j’ai envie de te dire Ad Infinitum… La formation de Melissa Bonny… Nous avons enregistré ensemble (NDA : avec le groupe The Dark Side of the Moon, avec Morten Løwe Sørensen qui est le batteur d’Amaranthe, et également Myu de Feuerschwanz, le quatuor a publié Metamorphosis l’année dernière chez Napalm Records) et je suis de près tout ce qu’elle produit. Ad Infinitum est un bon groupe, formé de jeunes gens très prometteurs qui essaient de sortir des sentiers battus… Et… Je pense… Que leur apport sera important à la musique metal…

ANR : Quelle est la dernière célébrité que tu aies rencontrée ?

HDA : La dernière célébrité (NDA : se reprend la tête entre les mains) ???

ANR : Je ne sais pas moi : Gene Simmons, Peter Gabriel, le Dalaï-Lama…

HDA : (NDA : après un long silence) Nous avons joué l’an dernier au Leyendas del Rock, le festival en Espagne, juste à la suite de Megadeth… Donc je te dirais Dave Mustaine… Voilà la dernière célébrité !

ANR : Excellente réponse. Pour revenir à la langue allemande : quel serait le mot allemand que tu préfères ?

HDA : (Rires) Mon Dieu, je n’ai jamais pensé à un truc pareil !!! Je n’y ai jamais pensé !!! Huuuuuuuuuummm… « Gemütlichkeit » !!!

ANR : Et ça veut dire quoi ?!?

HDA : Cela veut dire être au calme chez soi, ressentir du bien-être sur son canapé avec une couverture et un café en regardant un bon film, apprécier le fait de rien faire, je pense que c’est typiquement allemand, et qu’il n’y a pas de traduction dans d’autres langues…

ANR : Peut-être « casanier » en français, dont l’étymologie est plus latine et explicite…

HDA : Ho ! D’accord ! Oui !

ANR : Quel est ton oiseau préféré ?

HDA : Je dirais le corbeau, ou la corneille. Ce sont des oiseaux très intelligents.

ANR : Aujourd’hui, 29 avril, c’est la Sainte Ava. C’est un prénom assez répandu en Allemagne, connais-tu une Ava ?

HDA : Je n’en connais pas.

ANR : Nous arrivons vers la fin de cette interview : quelle est la question qui est revenue le plus souvent en cette journée promotionnelle ?

HDA : « Allez-vous continuer à enregistrer en anglais ? ».

ANR : Et tu m’as répondu il y a une dizaine de minutes que vos prochains disques seront de nouveau enregistrés en allemand, donc c’est bon… Y aurait-t-il une question que je ne t’ai pas posée et qu’il te semble opportun que je te pose ?

HDA : Je veux dire… Non, tu as bien tout couvert !

ANR : Merci ! Danke !

HDA : Et tu m’as posé des questions qui ne sont pas banales ! C’est cool, car tu m’as forcé à réfléchir et à sortir de ma routine…

ANR : French Touch ! Tu as le mot de la fin !

HDA : J’espère que vous apprécierez Warriors et ses chansons chantées cette fois en anglais, n’hésitez pas si celles-ci vous plaisent à écouter les versions originales en allemand, peut-être qu’elles vous séduiront également ! J’ai hâte de venir cet automne à Paris pour y jouer ! Si on s’y croise, n’hésite pas à venir me voir, et à me rappeler cette interview que nous sommes en train d’achever !

ANR : Merci Hans ! Je te souhaite une bonne fin de soirée !

HDA : Toi également, merci et bonne fin de soirée !

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