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Interview avec Locomuerte – Hellfest – Vendredi 16 juin 2023

mercredi/21/06/2023
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Attroupement inhabituel car massif ce Jeudi 15 juin vers 15 heures 10 aux alentours de la Hellstage, l’estrade dressée au centre de la HellCity (la septième scène en fait) et en plein cagnard. Ça bout. Car les quatre thrasheurs de Locomuerte sont précédés de leur réputation. Ces généreux franciliens à bandanas et gapettes seront donc le premier combo à jouer, inaugurer devrais-je même écrire, cette seizième édition du Hellfest. A 15 heures 12 est diffusé « Alma de guitarra » par Banderas (merci Shazam au passage !) afin de baigner les spectateurs dans l’ambiance (ils baignent déjà dans leur jus). S’ensuivront « Tiro pa matar », « Pa mi gente », « La brigada de los muertos », « Corazón a la calle » ou encore « Bandolero » joués à tombeau (chicano) ouvert : pour la faire courte les attachants pseudos-mexicains mettront à profit leurs quarante minutes imparties pour nous délivrer une des meilleures prestas du jeudi. Avec passage express de Stéph’ Buriez le parrain du metal hexagonal venu les épauler (adouber) au micro. Vous aimez Suicidal Tendencies, Municipal Waste, DRI, les fajitas, le pimiento, Speedy Gonzalez, les shorts larges, les films de Tarantino et Terry Gilliam ainsi que la générosité sur scène comme à la ville ? Vous aimerez Locomuerte.

 

Nico Loco (Basse) : Ça va mec ?

Art’N’Roll : Oui bien sûr. Hier j’étais en bas de votre estrade…

NL : Ahhhhhhh !

ANR : C’était dantesque. Un des trois meilleurs concerts du jeudi. Avec Fishbone.

NL : C’est un honneur franchement, parce que Fishbone c’était…

ANR : Je dis rarement cela aux artistes…

NL : Cela nous fait plaisir.

ANR : Je vous ai également vu l’an dernier à Mennecy…

NL : On avait kiffé.

ANR : Il fait chaud.

NL : On va mettre le ventilateur.

ANR : La chaleur colle bien à la musique de Locomuerte…

NL : Ambiance mexicaine. En plus hier au premier rang on avait des mexicains avec leur drapeau. Des fans de Metallica…

ANR : Ça vous fait quoi d’avoir réussi votre passage au Hellfest ?

NL : On est sur un nuage. Un peu comme un rêve devenu réalité. On a travaillé si dur depuis des années…

ANR : Parce que c’est quoi ton taf en semaine ?

El Mitcho (Guitare) : Locomuerte. On est tous intermittents.

NL : Avant j’élevais des reptiles, professionnellement, j’avais un magasin de reptiles et je vendais du matériel pour l’élevage. J’ai pris ma retraite, j’ai eu cinquante ans cette année, pour m’occuper de Locomuerte à plein temps. Je manage le groupe.

EM : Avec Steeven (NDA : El Termito, Chant) on est intermittents. On fait de l’évènementiel, dans des mariages, pour des comités d’entreprise…

NL : On espère bien vivre de Locomuerte à un moment.

ANR : Je pense que vous êtes la prochaine grosse chose du metal français…

NL : Merci. C’est cool. Depuis deux jours, en toute sincérité, plusieurs personnes nous ont dit la même chose, des gens du milieu, y compris des musiciens que l’on admire…

ANR : Qui par exemple ?

NL : Stéphane Buriez, qui nous suit depuis le début, Phil de Lofo qui nous a appelé et qui était en visio avec nous après le concert, Louiche Mayorga de Suicidal, je viens de rencontrer Job de Tagada Jones qui nous suit aussi depuis longtemps, depuis nos débuts dans la scène hardcore, on a joué avec son projet FauxX également, il nous a félicité sur le thème « Les gars vous avez tout déchiré hier », j’ai croisé le manager de The Exploited aussi qui a vu le concert et l’a trouvé top ! On a beaucoup de soutiens, et beaucoup de gens nous disent que cela va marcher. Stéphane Buriez nous a dit ce matin qu’on jouait désormais dans la première division (Rires) 

ANR : Pourquoi ce pseudo « El Termito » ?

El Termito (Chant) : Alors. Il faut savoir que nos pseudos ont tous été choisis par Nico (Rires) Il y a toujours un pote dans un groupe de potes qui choisit les pseudos…

EM : Il aime bien manger des planches en bois…

NL : Je ne sais plus comment cela m’est venu.

ET : Parce que mon précédent pseudo c’était « Stormy »…

NL : Aaaaaah oui !

ET : J’avais une émission sur YouTube qui s’appelait ou plutôt qui s’appelle « Minital Oh! »…

NL : Et qui est géniale…

ET : Oh cela fait longtemps que j’ai arrêté, je suis entré dans le groupe, j’avais encore dix-huit ans…

NL : On a fêté tes dix-neuf ans ensemble…

ET : Et il s’est un peu emmêlé les pinceaux avec mon pseudo : « Stormy, Stormito » et qui s’est décliné en « Termito »…

ANR : La première fois que j’ai lu cela, j’ai pensé au dessin animé « Bucky et Pepito ». Qui connaît ?

ET : Non.

ANR : C’est un dessin animé américain des années cinquante, limite cliché sur les mexicains c’est-à-dire Pepito est flémard et pas très vif, un truc très Yankee…

NL : Mais si j’connais ça ! Ça me parle !

ANR : Sinon c’est quoi Lemon Cats ?

ET : C’est mon ancien groupe de reprises avec lequel j’ai bossé pendant huit ans et cela me permettait de croûter et d’apprendre le métier. Je faisais les comités d’entreprises et les mariages avec eux. Je m’en suis séparé au mois de mai afin de me consacrer à 100 % à Locomuerte, des problèmes au niveau des dates ont commencé à survenir : c’est le plus souvent le samedi qui est pris dans l’événementiel et Locomuerte joue souvent le samedi.

ANR : Vous êtes selon moi un mélange entre Municipal Waste et la Mano Negra en 1989…

NL : Municipal Waste je dis oui, la Mano Negra beaucoup moins parce que c’est pas notre délire…

EM : Après je pense que dans ces années-là, 1989, ils étaient bien véner…

ANR : Quand ils jouaient à Pigalle…

EM : Ouais, ouais, ouais…

NL : Municipal Waste sans problème, parce que Municipal Waste vient de Suicidal, de DRI, de S.O.D., de tout l’ancien crossover, les jeunes découvrent le crossover grâce à Municipal Waste. Quand j’ai discuté avec leur chanteur après leur concert au Nouveau Casino je lui avais dit qu’ils faisaient revivre tout un style musical. J’en avais d’ailleurs profité pour lui filer un t-shirt de Locomuerte il m’en avait filé un de Municipal Waste…

ANR : Et avec une approche personnelle, c’est-à-dire que Municipal Waste ne copie pas DRI, ne copie pas Suicidal, ils ont leur propre son…

NL : Ouais. Un son bien à eux, avec une fraicheur et une énergie de ouf. J’adore. Je vais aller les voir demain soir. Parce que cela groove.

ANR : Une de vos fans m’a dit que vous avez assuré une grosse présence durant le confinement…

NL : Enormément. Déjà, on n’a pas arrêté de faire de la musique, de composer de nouveaux morceaux. Et puis on s’est mis à fond sur les réseaux, nous avons la chance d’avoir parmi nous El Termito qui en plus d’être un excellent chanteur et frontman est également un excellent monteur et vidéaste. Il a réalisé nos clips ainsi que des vidéos de nos making of, il fait toujours plein de petits teasers à destination de nos fans, des petites vidéos qui sont mortelles. Durant le confinement on a bossé là-dessus.

ANR : C’est quoi La Familia Locomuerte ? Qui en fait partie ?

NL : Bah, déjà les membres du groupe ainsi que les anciens membres du groupe, DDivo notre ancien batteur est toujours dans La Familia parce que c’est un super pote, qui vient souvent à nos concerts, quand on a joué en compagnie de FauxX c’était lui qui assurait exceptionnellement la batterie. On a fêté mes cinquante balais ensemble…

EM : Tous les musiciens qui gravitent autour…

NL : Tous les gens qui nous aident depuis le début, Stéph Buriez en fait évidemment partie, les Lofo, les Black Bomb A, et ceux qui nous entourent comme notre pote Kermit qui a soixante ans et qui a toujours fait partie de la scène hardcore, il y a aussi Tank. Au fur et à mesure de notre route nous avons vécu une histoire humaine, c’est pour cela qu’on l’appelle La Familia. Par extension c’est aussi le public sans qui nous ne pourrions exister. On peut faire un parallèle avec Suicidal : tu te pointes dans n’importe quel pays du Monde avec un t-shirt de Suicidal tu es sûr de te faire des amis ! Tout le monde monte sur scène, Mike Muir est hyper-proche des fans, ce ne sont pas des rock stars, c’est des mecs du quartier. Il y a chez eux un esprit communautaire qui est vraiment cool, comme dans le New-York Hardcore. C’est ce qu’on aime. Des gens du public nous ont aidé, par exemple à nous présenter à des programmateurs, c’est une grande famille !

EM : On partage les photos de nos fans sur les réseaux sociaux, c’est El Termito qui a créé cela…

ANR : Tu as employé le mot « quartier », c’est imagé : si Locomuerte était un endroit ce serait lequel ?

NL : Ce serait le Titty Twister dans « Une nuit en enfer » (NDA : un bar qui se révèle être le sommet d’un temple aztèque partiellement enterré)

ET : C’est clair c’est ça (Rires)

ANR : Et si Locomuerte était un personnage de fiction ?

ET : The Mask !

NL : The Mask ouais (NDA : rire général) D’ailleurs on a mis une petite dédicace à The Mask dans un de nos prochains morceaux ! On aime bien l’univers de Tarantino, tu as peut-être remarqué que l’intro de notre concert c’était « Los Mariachis » la musique qu’il y a dans « Desperado » avec Antonio Banderas. C’est notre musique, quand tu l’entends c’est comme quand tu entends l’intro de Metallica, sans se comparer hein !?! Ce truc qui nous met les poils parce que l’on sait qu’on va monter sur scène, en même temps cela donne le ton et annonce au public : « Les gars ça va sentir la poudre mexicaine là !!! ».

ANR : On m’a dit que vous avez une devise ?

NL : « Ahuevo » !

ANR : C’est quoi ?

NL : En fait c’est un groupe de mexicains qui font du hardcore qui nous ont passé l’expression : ça veut dire « On s’en bat les c……s ». C’est le secret du bonheur car cela veut dire lâcher prise, ce n’est pas penser à ce qu’il va se passer dans trois ans, ce n’est pas se projeter, dans notre dernier morceau « La vida loca » nous disons qu’il est préférable de vivre au jour le jour, de profiter du moment présent et de toute prendre. J’ai cinquante balais, je ne sais ce que je contracterais dans deux ans, je prends tout ce qui est à prendre ! El Termito est plus jeune il vivra certainement plus longtemps (Rires)

ANR : As-tu toujours eu cette conscience des choses ? Ou c’est venu avec l’âge ?

NL : Non je l’ai toujours eue. Depuis que j’ai onze ans j’ai toujours fait ce que je voulais. J’ai arrêté l’école super jeune, j’ai vécu de mes passions, j’ai fait des choses improbables comme par exemple vivre de l’élevage des reptiles, de monter une boîte autour de cela qui a duré vingt-cinq ans quand-bien-même on m’avait dit que j’allais me planter… d’ailleurs on m’a dit la même chose quand j’ai annoncé vouloir vivre de la musique. Il faut faire les choses pour les bonnes raisons, quand tu les kiffes, nous faisons ce projet parce qu’on le kiffe, on ne veut pas forcément devenir un groupe célèbre, si cela marche tant mieux !

EM : Le noyau dur de Locomuerte joue ensemble depuis une vingtaine d’années…

NL : On se connaît depuis trente ans…

EM : Et on n’a jamais lâché l’affaire !

NL : On s’est connus à l’âge de dix-huit ans, on n’a jamais lâché l’affaire ! Et tu vois, en parlant de lâcher prise, dans nos précédents groupes on s’est trop mis la pression : dès que l’un d’entre nous faisait un pain sur scène on se regardait salement ! On était là pour défoncer les autres groupes et l’esprit de concurrence nous était monté à la tête ! Et c’était complétement con. Fonder Locomuerte la trentaine passée a été une bouffée d’oxygène dans nos vies ! On a décidé de faire un truc atypique, de chanter en espagnol, de coller du reggaetown sur des rythmes thrash metal, et là cela fonctionne enfin !

EM : On s’était dit avec Nico : « On descend dans le garage et on fait cela pour se marrer ». Mais vraiment quoi ! On a été voir Benjamin Feuillade…

NL : Un ingénieur du son qu’on connait bien…

EM : Et on a demandé à Benj’ de nous faire une démo dans son studio, deux-trois morceaux juste pour nous, pour s’éclater…

NL : Une démo pour faire quelques dates…

EM : Eventuellement, éventuellement… Et finalement nous sommes repartis avec tout un album !

NL : Dix titres en quatre jours !

EM : Et à partir de là, on s’est aperçu que cela pouvait plaire…

NL : C’était à l’époque de MySpace. Et c’est là que des groupes installés que nous aimions comme Black Bomb A ou Lofofora sont tombés sur nos premiers travaux et nous ont encouragé à poursuivre, ils nous ont offert la première partie de leurs concerts. Des groupes qu’on n’avait jamais pu approcher avant de créer Locomuerte ! Et on était cools. Et on est devenu potes ! C’est donc au moment où nous avions enfin lâché prise que Locomuerte a pu commencer ! C’est le secret de la vie. C’est physique. Quand ton corps ne veut pas oublies.

ET : Entre nous tous les quatre il se passe quelque chose de magique ! On s’apprécie tant musicalement qu’humainement. J’ai rencontré Locomuerte alors que je travaillais sur une radio sur Internet, je voulais vraiment les interviewer, et c’est à cette occasion que j’ai appris que leur chanteur venait de les quitter…

NL : On ne savait pas qui trouver, notre précédent chanteur était très bon…

ET : C’est Richard (NDA : El Mitcho, Guitare) qui m’a dit que vous recherchiez un chanteur…

EM : Tu m’as plus précisément dit : « J’ai ouï dire que vous recherchiez éventuellement un chanteur… »… Je t’ai ensuite envoyé deux-trois morceaux, et c’était concluant…

NL : Bingo !

ANR : Pour finir, quels sont les projets de Locomuerte ?

NL : On vient de finir un nouvel album, qui va s’appeler « Parano Booster », que l’on va sortir début 2024.

ET : On va faire des clips !

NL : On a fait un très beau clip de « La vida loca », que je vous conseille de voir, réalisé avec notre pote Gornoss, qui sera le réalisateur de nos prochains clips : on va faire tout un triptyque de vidéos autour de « Las Vegas Parano » ainsi que de la série « Breaking Bad », on va notamment évoquer les groupes de musique traditionnelle mexicaine qui chantent la gloire des cartels mexicains. Le cartel c’est nous, et à la place de vendre de la drogue on vend de la musique…

ANR : Merci les Locomuerte !

 

Merci aussi à Carole Fournial van Sorge pour deux-trois questions soufflées lors de la préparation de cette interview !

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