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Interview d’Abby et de J-War de Burnt Umber

mardi/25/01/2022
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Burnt Umber est un nouveau groupe français, plus facile à décrire qu’à étiqueter : une chanteuse de classe internationale (si, si !) épaulée par des musiciens à forte personnalité, un metal ou plutôt « rock-metal » chaleureux chanté en anglais, un potentiel artistique (et commercial) affirmé… ANR a donc souhaité en savoir plus, et effectuer avec Abby (chant) et J-War (batterie) un bilan provisoire de leur premier album, « Petroleum », sorti il y a une dizaine de mois. Mais pas que cela, les amateurs du septième art apprécieront…

 

Art’N’Roll : Votre premier album « Petroleum » est sorti le 12 mars 2021 chez Season of Mist, quel premier bilan tirez-vous de celui-ci, déjà d’un simple point de vue promo ?

Abby (Chant) : Que ça marche plutôt pas mal au vu des conditions (Rires)

J-War (Batterie) : Qu’on s’est fait couper l’herbe sous le pied par le contexte (Rires)

A : Nous devions sortir l’album en septembre 2020. L’album était prêt depuis des mois : nous avions réalisé le mixage / mastering juste avant mars 2020, nous l’avons achevé en juin, puis avons décidé de décaler sa sortie à début 2021. Pour ce qui est des retours, nous sommes contents voire fiers que le disque plaise, nous nous sommes beaucoup investis.

JW : La question des retours me turlupinait. Quand tu fais une musique qui est à la croisée des genres, tu cours le risque que cela ne plaise à personne. Nous ne sommes pas dans une niche.

ANR : Peut-on vous qualifier de « nouveaux-venus » ?

A : Ah oui (Rires)

JW : Individuellement non, mais en tant que groupe, oui.

ANR : Pourquoi, ce titre « Petroleum » ?

A : C’est le titre d’un des morceaux de l’album…

JW : C’est le morceau du milieu du disque, son ambiance et sa couleur synthétisent parfaitement l’ensemble.

ANR : En parlant de couleur, qui a eu l’idée de ce nom de groupe « Burnt Umber », et que désigne-t-il ?

A : L’idée est de J-War et de moi : cela désigne la couleur marron-ocre-brulée. Nous avons trouvé cette couleur représentative de notre musique. Et puis, peu de noms de groupes font référence à une couleur…

JW : « Burnt Umber » a un côté un peu classe, un peu sophistiqué, et très organique.

ANR : « Petroleum » a été enregistré, mixé et masterisé par le désormais incontournable Francis Caste, du Studio Sainte-Marthe à Paris… Un mot à propos de cette collaboration ?

JW : C’était la collaboration que nous recherchions. Je suis arrivé chez Francis avec un disque dur qui montait à pas moins de cent pistes, entre les musiques, l’électro, les instrus, etc… Nous avions effectué beaucoup de prises, et avec différents micros, afin d’obtenir matière à travailler. Après une petite semaine de tâtonnement, Francis s’est approprié notre travail et y a ajouté sa patte, tout en respectant le sens de notre démarche, notamment le contenu des maquettes données. Il sait driver les groupes. Notre musique l’a fait sortir de sa zone de confort, et nous aussi. Il est à l’écoute, et ce fût un réel plaisir de travailler avec lui.

ANR : Venons-en au contenu de « Petroleum » : il s’agit d’un disque diversifié, aux influences assez peu évidentes tant votre personnalité est affirmée… Sur votre page Facebook, vous vous décrivez comme une alliance entre « le son organique et ambiancé du rock anglais à la puissance irrépressible du Metal américain ». Et bien pour ma part, j’ai eu du mal à trouver une quelconque influence anglaise dans votre musique… Selon moi, votre musique sonnerait comme une mise à jour du rock et metal US de la seconde moitié des années 1990, avec quelque chose de power pop, de frais et sympa…

JW : Alors… Je ne connais pas du tout ce genre de musique…

ANR : De toutes les façons, vous ne ressemblez à aucun groupe en particulier, donc c’est réglé !

 A : (Rires)

ANR : Peut-être à Evanescence, mais en moins froid, moins gothique…

JW : Nos influences anglaises principales pour ce qui est des couplets sont Porcupine Tree, Muse, Radiohead : tu les retrouves dans les couplets de nos chansons… Tandis que les refrains sont d’inspiration américaine, plus uniformes. Dans nos couplets, y a effectivement ce côté grandiloquent de Muse, surtout leurs trois premiers albums, avec beaucoup d’arpèges, de niveaux et d’ambiances différentes. Je regrette un peu le côté effacé de la basse dans la version finale de notre disque, plus de basse aurait accentué le côté anglais de nos couplets.

ANR : Il me semble qu’il y aurait deux entités, deux camps dans votre musique : d’une part, les instruments à hauteur de 50 % et la voix d’Abby, à 50 % également de l’autre. Et l’on sent que le collectif, y compris et peut-être surtout la batterie, vu que la basse est relativement effacée, est là afin de porter la voix…

A : Cela a été voulu comme ça…

JW : C’est effectivement délibéré : la musique est au service de la voix, et pas l’inverse. La figure de proue de l’ensemble, c’est Abby.

A : La star c’est moi !

ANR : Alors Madame la star, justement, je ne vois pas à quelle autre ou autres voix te rattacher tellement la tienne est originale et singulière… Quelles seraient tes influences vocales ?

A : Mes deux influences sont Amy Lee d’Evanescence comme tu l’as fait remarquer, et également Anneke van Giersbergen, qui est définitivement ma chanteuse préférée ! Ma culture musicale est également la variét’, j’apprécie les voix fortes : Céline Dion, Mariah Carey, Lara Fabian que j’adore ! C’est très très très éclectique pour le coup (Rires) J’aime autant les groupes bien rentre-dedans comme Jinjer, que la variété de Lara Fabian, ce qui n’est pas à la base très compatible…

JW : Au niveau énergie, elle envoie Lara…

ANR : La nénette de Jinjer semblerait inspirée par Gwen Stefani, et tu n’as pas cité Gwen Stefani : pourtant il y aurait quelque chose dans l’esprit, une parenté entre elle et toi, notamment dans la puissance et la désinvolture…

A : Je connais sa musique, je l’aime bien, son énergie et sa voix, mais je ne suis pas particulièrement une fan…

ANR : As-tu écouté le dernier Evanescence ?

A : Oui, mais je ne retrouve pas le truc du premier album… J’aime bien certains morceaux, d’autres moins… Néanmoins, je resterai toujours fan : je pense que si Amy Lee venait à chanter le bottin, je l’écouterais quand-même !

ANR : Amy Lee est un peu plus sombre que toi : toutefois, les intitulés de vos chansons possèdent quelque chose de pessimiste… Qui écrit les textes de vos chansons, et de quoi parlent-ils ?

A : Ils sont écrits par Saturne Mezzasalma, qui est une artiste multidisciplinaire, « multitalenteuse » je devrais dire, et qui a également réalisé nos visuels. Je suis jalouse d’elle : elle chante magnifiquement, elle sait écrire et dessiner, et en plus elle est belle ! J-War la connaissait d’un précédent projet, et ses textes étaient déjà écrits, prêts à l’emploi, cela coulait de source ! Ses paroles parlent principalement de l’amour, de manière un peu torturée on va dire (Rires) Cela ne se finit pas toujours très bien !

ANR : Et il y a aussi une reprise… Plus que remarquée (et saluée par la critique) : « Calling You » de Jevetta Steele… Vous avez réussi à vous l’approprier, ce qui n’est guère une mince affaire… Pourquoi ce titre précisément ?

A : Parce que nous l’aimons beaucoup. J’ai toujours aimé ce titre, je l’ai toujours chanté sous ma douche en espérant un jour l’adapter ! Et lorsque J-War m’a proposé de faire une adaptation, je lui ai dit « On y va ! ».

ANR : C’était la BO de ce film, « Bagdad Café », sorti en France au printemps 1988, pour ma part j’étais en cinquième, et vous ?

A : Je n’étais même pas à l’école (Rires) Ou plutôt, j’avais cinq ans, je n’étais même pas au CP…

JW : Je n’étais pas né.

A : (Rires)

JW : C’était en quelle année tu dis ?!?

ANR : 1988.

JW : J’étais en troisième…

ANR : Avez-vous une nostalgie de cette période, très riche artistiquement ?

JW : Musicalement, ça dépend quoi franchement : pour moi, les années quatre-vingt sont l’explosion du kitsch. Je n’en écoute plus grand-chose, hormis deux ou trois cassettes que j’ai conservées, comme « Somewhere in Time » ou « Seventh Son of a Seventh Son » de Maiden, et que j’écoute toujours avec grand plaisir…

A : Et vestimentairement ?

JW : C’était grave, je me souviens avoir un futal jaune et rose fluo, avec un t-shirt fluo : c’était l’époque du fluo ! C’était l’époque de « Sound of C » de Confetti’s, et tout était fluo, putain, toute la journée on était fluo !!! On vivait comme ça, on buvait du Tang : c’est pour ça qu’on était fluo !!!

ANR : C’était l’époque des logos Acid House, et des logos Batman…

JW : Même Prince avait sorti un morceau « Batman »…

ANR : C’était la BO du film… Qui est sorti l’année d’après « Bagdad Café »… Justement, quels sont vos autres films favoris ?

JW : Putain, si tu nous lances là-dedans, je suis un cinéphile acharné, il va en avoir pour trois heures…

ANR : Ça colle de toutes façons avec le choix de votre reprise… C’est judicieux…

JW : Complétement. Ce sont les années Canal +, ma mère possédait un décodeur Canal +, j’étais alors scotché sur cette chaîne, ce qui m’a fait ma culture cinématographique, j’ai ainsi découvert tout un cinéma qui n’était plus forcément les blockbusters pour ados. Il y a « Bagdad Café », un des derniers films si ce n’est le dernier film de Jack Palance, David Lynch… J’étais jeune mais j’étais et je suis resté un immense fan de David Lynch, de Twin Peaks, de tous ses films, de Kubrick, tout cela c’est les années Canal…

ANR : J’ai employé le mot « judicieux » à l’instant… Quel est le plus beau compliment qu’on vous a fait sur votre travail artistique ?

A : Sans être prétentieuse, on nous en a fait tellement ces derniers temps… Je dirais le fait qu’on m’ait comparé à Anneke, et être comparé à sa chanteuse préférée fait toujours plaisir… J’avoue que ta question nous prend un peu au dépourvu (Rires) Disons que tous ces commentaires positifs sur notre album nous flattent, voire me laissent sans voix, ce qui est balot pour une chanteuse…

JW : Lorsque les gens ne savent pas à quoi nous comparer, quand j’entends cela, je me dis que j’ai réussi un truc…

ANR : Quels sont vos projets immédiats ou moins immédiats ? J’ai lu que vous songiez déjà à reprendre Francis Caste pour l’enregistrement d’un deuxième disque…

JW : Nous avons dans l’idée de retravailler avec Francis, cela devrait se faire, il faut voir avec son emploi du temps… J’ai compté : nous avons d’ores et déjà entre vingt et vingt-cinq nouveaux morceaux de structurés, et il va nous falloir les trier afin de ne garder que les meilleurs. J’ai trouvé une formule différente du premier album, et originale, qu’il va nous falloir également mettre en pratique, creuser et finaliser. Je suis très optimiste à l’écoute des premiers résultats. Reste à savoir comment cela va être reçu…

ANR : Pour finir, attendez-vous la sortie d’un disque en particulier ?

A : J’ai eu pour ma part les deux disques que j’attendais : l’album d’Anneke, l’album d’Evanescence… Sinon j’attends celui de mes potes de Marie-Antoinette…

JW : J’en attends un paquet. Je me languis du prochain Car Bomb, j’adore Car Bomb. Je me languis aussi du prochain Meshuggah, je suis un fan absolu de Meshuggah. J’aimerais bien aussi un nouveau Voivod, j’adore ce groupe depuis 1987 et « Killing Technology »… Et puis si possible, mais c’est mon avis personnel, je voudrais enfin un bon album de Karnivool, c’est ma principale influence, et je n’ai pas aimé « Asymmetry » leur dernier disque, ni la prod’ ni les compos. Ils sont actuellement en studio, donc j’espère que ce sera aussi bien que le premier et le deuxième album. Voilà.

ANR : Merci à vous !

A : Merci à toi !

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