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Interview avec Britta Görtz et Lukas Kerk d’Hiraes

samedi/19/06/2021
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Ce n’est pas forcément chose aisée d’interviewer un groupe flambant neuf, à l’image d’Hiraes constitué pendant le confinement à partir des quatre instrumentistes du groupe allemand Dawn of Disease, et qui publie « Solitary », son premier album le 25 juin 2021… Pourtant, tant la qualité dudit disque que la forte personnalité de Britta Görtz, la chanteuse, pondérée par la placide bonhommie du guitariste et compositeur Lukas Kerk, ont obvié aux lacunes factuelles et documentaires. Le lecteur ou trice appréciera.

 

Art’N’Roll : Hallo ! Vous appelez d’où ?

Britta Görtz : Je suis à Hanovre.

Lukas Kerk : Je suis dans ma ville de Rheine…

ANR : …Près d’Osnabrück ?

LK : Oui, c’est à une cinquantaine de kilomètres d’Osnabrück…

ANR : Pas trop fatigués par cette journée et semaine de promo (NDA : ITW réalisée par Skype le vendredi 18 juin, à 20 heures 30) ?

LK : Non, nous ne sommes jamais fatigués de donner des interviews, c’est très amusant pour nous de répondre à des questions qui nous sont posées de par le Monde entier (Sourires) C’est réellement cool d’avoir cette opportunité.

BG : Absolument.

ANR : Quelle est la question que les médias vous ont le plus posée ?

BG : Probablement comment nous nous sommes mis ensemble…

ANR : Du coup, quelle est la réponse ?

BG : (Rires)

LK : (Rires) Nous nous sommes mis ensemble au cours de l’année 2020. Avant Hiraes il y avait un groupe appelé Dawn of Disease, qui existait depuis des années, et dont j’étais le guitariste. A la fin de 2019, il nous est apparu clair que nous devions nous séparer et recommencer avec un nouveau chanteur. Nous avons contacté Britta, nous n’avions pas encore de nom à ce moment-là. La pandémie nous a contraint de repousser nos premières répétitions à plusieurs reprises, jusqu’à mai ou juin 2020, nous avons constaté que l’alchimie entre les quatre instrumentistes et la chanteuse était parfaite et nous avons directement attaqué la composition de notre premier album. Nous attendons maintenant la sortie de celui-ci vendredi prochain !

ANR : D’emblée, quelle est la question que vous voudriez que je vous pose ?

LK : (Rires)

BG : Combien de temps as-tu passé à préparer cet interview (Rires) ?

ANR : Ce n’est pas mon interview mais le vôtre… Pour être transparent, j’ai commencé lundi à rassembler des informations ici et là, vous êtes un groupe tout nouveau donc ce n’est pas si facile que cela…

BG : Oui…

ANR : …J’ai couché mes questions sur le papier il y a une heure, afin de ne pas en oublier une seule… Sur ce, la première véritable question est simple : pouvez-vous présenter Hiraes à nos lecteurs ?

BG : Hiraes a été créé en 2020, nous jouons du death metal mélodique, pas dans un sens traditionnel, mais de façon moderne et ouverte. Nous avons travaillé sur notre premier album « Solitary » pendant environ dix mois, ce qui a constitué pour nous une échappatoire constructive à la pandémie, à la période passée en confinement. Nous avons déjà sorti deux simples provenant de cet album, « Under Fire » et « Solitary », et mardi prochain nous sortirons le troisième, « Eyes over Black ». Notre musique est assez facile d’accès, très mélodique, il est assez facile de deviner nos influences : néanmoins nous possédons notre propre personnalité, laquelle se dévoile ainsi que la façon dont nous avons créé nos chansons, après quelques écoutes supplémentaires.

ANR : Pourquoi n’êtes-vous pas d’abord passés par la case « EP » comme beaucoup de jeunes groupes ?

LK : (Rires) Nous avions beaucoup trop de matière !

BG : Nous n’aurions pas obtenu de contrat avec un label afin de réaliser un simple EP.

ANR : Vous venez de dire que le confinement a aidé votre créativité : pensez-vous que la fin de la pandémie, qui est désormais proche, va correspondre à un pic en termes de création ?

BG : Oui, ce sera définitivement un pic. Si tu enlèves à une personne la possibilité de tourner, de jouer en public et autres, après la stupéfaction elle trouvera de nouvelles façons de s’exprimer, de collaborer avec d’autres, d’écrire de la musique. Après la première vague de pandémie, nous avons réalisé notre première vidéo, et avons fourmillé d’idées (Sourire) On peut logiquement s’attendre dans les dix mois à venir à une énorme vague d’albums inattendus (Rires)

ANR : Pour moi, vous étiez inattendus…

LK : (Sourire)

BG : Inattendus dans la mesure où nous ne nous inscrivons pas dans le schéma traditionnel « Tournée – Album – Festivals – Tournée – Album suivant », puisque tout ceci à été interrompu, et la fin de cette interruption va constituer un pic en matière de sorties d’albums au sens global.

ANR : A ce propos, avez-vous vu l’affiche du Hellfest 2022 dévoilée hier soir ?

BG : La double affiche ? Oui, j’ai vu, c’est dingue !

ANR : Cela prouve que tout le monde veut maintenant jouer y compris les groupes les plus anciens, 350 groupes, c’est énorme…

BG : Oui (Sourire)

ANR : Le nom du groupe, Hiraes, serait la déformation d’un mot gallois, c’est ça ?

LK : Oui, cela provient du mot gallois « Hiraeth », qui se prononce « Hirathhhhh » ce qui n’est pas facile à faire, et c’est pour cela que nous avons quelque peu changé la fin en « Hiraes », en ajoutant un « s ». Cela n’en change ni la signification, ni le sens de ce terme un peu cafardeux, cette nostalgie, ce besoin de choses passées, de lieux que l’on a connu ou qui ont existé, cette mélancolie qui correspond assez à notre musique, nos paroles, notre groupe.

ANR : J’y vois une parenté avec le mot portugais « Saudade »…

LK : (Opine du chef) Je vois ce que tu veux dire, oui, je la vois également…

BG : (Opine également de la tête)

LK : J’ai vu ce mot sur Wikipédia (Rires)

BG : (Rires)

LK : Nous avons un équivalent dans la langue allemande avec « Sehnsucht », il est intéressant de constater que ce mot polysémique existe dans plusieurs langues et transporte plusieurs significations…

ANR : Ce mot n’a pas réellement d’équivalent dans la langue française, « Nostalgie » peut-être…

BG : (Hoche la tête)

ANR : …Mais ce n’est pas tout à fait le même concept… Je ne suis pas un linguiste, mais c’est mon opinion…

LK : (Rires)

ANR : Vous avez donné votre premier concert le week-end dernier, au Metal Frenzy…

BG : Oui, c’était la deuxième édition de ce festival, qui cette fois se tenait sans public et était diffusée sur Internet. C’était très professionnel et très bien organisé, tout était fait afin que les groupes se sentent comme à la maison et ressentent les sensations d’un festival, il y avait y compris une grande tente où ceux-ci pouvaient se rencontrer façon coulisses. Nous devions nous soumettre à un test rapide chaque jour, ce qui empêchait tout risque d’éventuelle contamination et rassurait les participants. Nous étions impatients et nerveux à la fois pour cette première expérience de concert, nous ne résidons pas dans les mêmes villes ce qui a quelque peu posé problème en termes de répétitions. Nous avons pris beaucoup de plaisir et pu échanger sur le Net avec les spectateurs. Ce fut une excellente entrée en la matière pour nous, à un très haut niveau, notamment en termes de spectacle, les lumières et les effets étaient de très bonne qualité. Oui, nous en sommes contents.

ANR : La presse spécialisée commence à s’intéresser à vous : l’excellent Metal Hammer allemand a publié un article vous qualifiant de « Vereinzelte Gemeinschaft », qu’est-ce que cela signifie bitte ?

BG : « Vereinzelte » veut dire « séparé », et « Gemeinschaft » veut dire « communauté », vas-y Lukas, ce n’est pas évident et je cale !

LK : Ce n’est pas facile à traduire, on pourrait dire « communauté solitaire », « société éparpillée », ou quelque chose du genre… Cela désigne une contradiction qui nous caractérise : nous avons tous travaillé séparément sur cet album, mais de façon unie, conjointe… Metal Hammer a mis cela en titre de leur article, cela fait également référence au titre de notre disque, « Solitary », ainsi que la manière dont nous avons affronté le confinement lié à cette pandémie, les difficultés liées à l’impossibilité de se réunir afin de répéter, de se voir…

ANR : C’est un oxymore…

BG : Oui.

LK : Oui, c’est une bonne description.

ANR : Dans la même veine linguistique, j’ai lu dans le webzine allemand Zephyr’s Odem que ton surnom Britta était « Elchkuh » (NDA : femelle de l’élan) C’est vrai ?

BG : (Sourire) C’est effectivement mon nom d’artiste, et cela figure sur ma carte d’identité. Cela provient d’un de mes groupes précédents, où l’on m’avait dit que je m’inquiétais comme un élan. C’est resté. Ce n’est pas mignon, c’est très singulier et c’est moi (Rires)

ANR : Nous parlions de personnalité. Vous êtes un nouveau groupe, mais possédez déjà une personnalité. C’était de toutes façons mon point de vue avant de vous rencontrer… « Solitary » sera donc commercialisé le 25 juin prochain. Quel est votre état d’esprit à une semaine de la sortie ?

BG : D’un côté, j’ai du mal à réaliser que cet album soit publié en si peu de temps. De l’autre, une joie pure et de l’impatience, de savoir que tous ces gens vont pouvoir l’écouter. Je serais en vacances la semaine prochaine, de pouvoir être sur mon fauteuil de camping avec mon café, et de lire les premières chroniques de ce disque, voilà mon état d’esprit (Rires)

ANR : Tu seras en vacances… Quelle est ta profession ?

BG : Je suis professeur de chant metal !

ANR : Et la tienne Lukas ?

LK : Je travaille sur ma thèse de Doctorat en Archéologie, j’étudie les modifications corporelles comme les tatouages, les scarifications, les embellissements dentaires, et l’ensemble des preuves archéologiques concernant tout cela.

ANR : Welche Fakultät ?

LK : L’université de Münster. Ce n’est pas réellement une grande faculté, mais elle a le mérite d’être pas loin de chez moi.

ANR : A ce propos, Britta tu viens de Hanovre tandis que les autres musiciens de Hiraes sont d’Osnabrück… Est-ce qu’il a des différences majeures entre Hanovre et Osnabrück ?

BG : Pas spécialement de différences du point de vue culturel, mais pas mal pour ce qui est de la prononciation des mots. Il y a, par exemple, des inversions entre les mots, à Hanovre nous mettrons tel mot en premier et tel autre en second, et eux inversement.

ANR : J’ai constaté que la promo de votre groupe et de votre disque est soignée aux petits oignons par Napalm Records, notamment sur les réseaux sociaux… Un mot sur Napalm ?

LK : Elle se situe dans la continuité étant entendu que notre groupe précédent, Dawn of Disease, était déjà signé chez eux. Lorsque nous nous sommes séparés fin 2019, nous avons recherché un label apte à signer notre nouveau groupe, et nous nous sommes dit qu’il fallait en premier lieu contacter Napalm Records. Nous leur avons adressé nos premières démos, ils nous ont répondu qu’elles leur plaisaient et qu’ils voulaient travailler avec nous. Bien entendu, nous étions très contents, en tant que nouvelle formation, de pouvoir de suite bénéficier de leur appui. Ils nous offrent énormément d’opportunités en matière de promotion. Et nous avons également signé chez Napalm Events, qui est l’agence de booking de Napalm Records et qui fait actuellement de son mieux afin que nous puissions nous produire sur scène le plus tôt possible. Nous sommes contents d’avoir une telle puissance de notre côté !

ANR : « Solitary » est un album intense. Pas de death metal au sens courant… A son écoute, j’ai l’impression d’un Arch Enemy 2014 avec une approche presque « BM »… Me trompe-je ?

BG : C’est la première fois qu’on me dit que mes vocaux sonnent BM… D’accord, c’est ta perception de ceux-ci, j’ai probablement à réécouter ce disque avec tes mots à l’esprit, c’est très intéressant et je n’ai rien à dire à l’encontre de cela…

ANR : Cela ne sonne pas tout à fait exactement Alissa White-Gluz, c’est plus aigu, plus agressif…

BG : Qui est plus agressif, ma voix ?!?

ANR : Oui.

BG : (Poing levé triomphant et rires) Tu ne peux pas te tromper, même si ce n’était pas mon intention, ce point de vue est intéressant…

ANR : J’ai également l’impression que votre musique est taillée pour les festivals, à la tombée de la nuit… Le Hellfest vers 22 heures par exemple…

LK : Nice !

BG : Exactement (Rires)

ANR : Vous n’avez pas de concerts ou de festivals de programmés ?

LK : Pour ce qui est des festivals, c’est difficile en ce moment, surtout pour un jeune groupe comme nous. C’est à mon avis mort pour nous pour 2022, mais pour l’année suivante, j’espère raisonnablement que nous serons à l’affiche d’un ou de plusieurs festivals. Pour ce qui est des concerts, nous donnerons des concerts distanciés en juillet cette année. Nous avons commencé à penser à une tournée, mais nous n’avons que peu de prise sur la situation. Je pense que quelque chose sera possible pour le printemps 2022. Et dès que cela sera possible, nous attaquerons la scène !

ANR : Et à titre personnel, vous avez des places pour des concerts ou des festivals ces mois à venir ?

BG : J’en ai huit que j’ai conservées depuis le début de la pandémie, et j’en ai acheté une autre récemment, ce qui m’en fait neuf. En 2022, je dois aller voir Faith no More, et j’ai aussi un ticket pour le concert de Korn et Gojira à Amsterdam (Rires)

LK : Je n’ai aucun ticket pour le moment. Je ne visite jamais les festivals, j’essaie d’y jouer (Rires) Sinon, ici à Rheine, nous avons une salle de concert assez sympa qui s’appelle Hypothalamus, et je m’y rends voir des concerts de temps à autres. J’attends la fin de la pandémie afin d’y retourner, et y jouer j’espère (Rires)

ANR : Une question plus personnelle : quelles sont vos influences principales l’une et l’autre ?

BG : Hmmmm… Tu veux dire en termes de technique vocale ou d’écriture des paroles ?

ANR : C’est à toi de décider. Si tu es plus intéressée en tant que chanteuse par le contenu des paroles, tu peux me répondre en premier Mick Jagger ou Bob Dylan, et si tu es plus intéressée par le chant death metal, tu me mets en premier le type de Cannibal Corpse…

BG : (Sourire) Oui, d’accord… Je ne peux pas nommer spécialement une personne à laquelle je veux que ma voix ressemble, j’admire sincèrement comment Mike Patton est apte à créer des ambiances. Je ne pense pas que ce soit un vocaliste extraordinaire, mais il est très fort pour piquer des sons de part et d’autre afin de créer quelque chose d’extraordinaire. Je n’atteindrai jamais son niveau, mais je tente d’expérimenter ma voix et de la changer en fonction de l’idée que je suis à tel instant. Sinon, j’apprécie les vocalistes qui ne veulent pas être le centre de la chanson, mais une partie de celle-ci et qui savent se mettre au service du collectif musical. Pour les paroles, la vie constitue mon influence principale (Rires)

LK : Pour ce qui est des guitaristes, je citerai Gary Moore ou Dimebag Darrell de Pantera. Pour ce qui est des groupes, je dirai Insomnium (Rires) C’est ce qui me vient en tête à cet instant…

ANR : Rien à voir pour le coup : vous suivez l’Euro 2020 ?

BG : Non.

LK : Oh, non non (Rires) Je ne suis pas du tout dans le Football, et je crois qu’aucun de nous dans le groupe ne l’est.

ANR : C’était une façon d’introduire la dernière question : il est 21 heures, vous allez faire quoi de beau en ce début de soirée d’été ?

BG : Il nous reste encore un interview à donner, et après je vais faire ce que j’appelle ma petite sortie de prisonnière durant la pandémie : je vais faire le tour de mon quartier, voir le kiosk et le parc, et rentrer à mon domicile avant le début de la nuit…

ANR : Un mot pour la fin à destination du public français et francophone, lequel ne va plus tarder désormais à vous découvrir ?

LK : Découvrez-nous à travers notre album, les réseaux sociaux et autres médias, et nous espérons vous voir sur la route très prochainement !

ANR : Je vous souhaite le meilleur, bonne soirée et à bientôt !

LK : (En français) Salut !

BG : Salut ! Au revoir !

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