HOT on the rocks!

Interview avec le groupe Céleste

lundi/30/10/2017
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Héritage de Forge, Mihai Edrisch et Hijackers, Céleste est l’une des faces cachées du post black métal français rappelant Blut Aus Nord ou encore Deathspell Omega. Le groupe revient en force pour cette rentrée avec un nouvel album: Infidèle(s).
Art’n’Roll a voulu en savoir d’avantage sur ces lyonnais qui fédèrent et déstabilisent ces codes du BM depuis 2005.

1-Voici maintenant plus de dix ans que le groupe est actif, avez-vous perçu une certaine évolution dans la préparation de vos albums? Je suppose que les démarches deviennent plus fluides.. Désormais êtes-vous plus dans l’expérimentation pour apporter une valeur en plus ou est-ce que vous préservez les mêmes inspirations au fil du temps?

Johan : Oui il y a eu une grosse évolution. A nos débuts tout était très instinctif, beaucoup de choses nous plaisaient, on était moins regardant sur ce qu’on faisait du coup. Sur les trois derniers albums, le processus a été bien plus long, tout ce qu’on fait est beaucoup plus réfléchis, on se fixe mêmes des axes d’évolution parfois. Sur celui-ci par exemple on avait envie de faire quelque chose de plus varié, de plus métal et à la fois beaucoup plus mélodieux. Donc comme tu l’as compris, les choses sont au contraire de moins en moins fluides, à tel point qu’on pourrait même se poser des questions sur le bien-fondé de notre musique si on n’était pas content du résultat, mais heureusement on est toujours très fier de nos sorties successives et on a l’impression d’arriver à faire toujours un peu mieux d’album en album. En ce qui concerne les inspirations, il a toujours été difficile pour nous de vraiment savoir si on en avait car on a tous des goûts bien différents qui ne se retrouvent pas forcément dans notre musique.

2-Quelles ont été les impulsions qui vous ont poussés à créer CELESTE ? Vous étiez pour la plupart issus de groupes plutôt divergents…

Johan : les gars avaient déjà le projet sans moi depuis pas mal d’années qui ne s’appelait pas CELESTE. On s’est rencontré suite à une annonce car ils cherchaient un chanteur et ça a très vite bien matché. On ne peut pas dire que dès les débuts on savait où on allait dans le groupe, on écrivait des choses notamment bien plus mélodiques au départ, mais le potentiel que j’avais perçu dans le groupe se situait plus sur le côté violent et noir qu’on a fini par naturellement travailler et exacerber au point de déboucher sur ce qu’est notre groupe aujourd’hui ; une signature sonore qui a évolué tout au long de notre « carrière » et qui s’est affirmée plus particulièrement depuis Morte(s) Née(s).

Sébastien : Nous étions tous dans des groupes qui exploraient certains styles sans aller vraiment au bout. Nos expériences musicales et le besoin d’aller plus loin sont à mon avis les impulsions primaires qui nous ont permises de se rapprocher et par la suite de se concentrer dans une seule et unique direction. Il est important de rappeler que nous sommes perturbés à la base (alcoolisme, boulimie, autisme) en ajoutant également beaucoup de misère sociale et intellectuelle, ce qui a beaucoup contribué à la composition dès le départ.

3- Y a-t-il une symbolique, une situation que vous avez souhaitée mettre en avant à travers Infidèle(s)? L’artwork et le titre de certains morceaux peuvent déjà nous mettre sur la voie….

Johan : Je n’aime pas trop expliquer mes projets, je pense que ça tue une bonne partie de mon travail justement, j’aime que les gens se plongent dedans et essayent de le comprendre. Comme tu le dis, on voit aisément que tout ce que tu as entre les mains en achetant un de nos disques n’a pas été fait par hasard. Il y a un gros travail sur l’artwork, une volonté de cohérence avec le titre de l’album, les titres de chaque chanson et la thématique générale du disque. C’est assez complexe à mettre en place, mais je pense que ça apporte une vraie valeur ajoutée à notre musique. L’écoute serait-elle la même si la pochette était complètement différente ou si le disque portait un autre nom ? Je ne le pense pas.

https://www.youtube.com/watch?v=CrAM8R7uX6M

4- De manière générale, on retrouve dans cet album un son toujours tonitruant, massif et annonciateur du cataclysme. Avez-vous déjà songé à intégrer de nouveaux effets sonores? Pour mettre en exergue un blast par exemple…
Guillaume : En effet le son massif est une constante dans ce que nous cherchons à produire pour chaque album. Mais pour l’enregistrement de cet album, nous avons essayé aussi d’amener plus de lisibilité dans notre production. Cela passe par pas mal de choses comme le renouvellement de notre matériel (guitares, baffles etc etc) ou la manière d’enregistrer. Cependant il faut avouer en effet que nous ne sommes pas de grands expérimentateurs. On est toujours resté sur une formation « classique » et ne faisons que très rarement appel à d’autres instruments que ceux que nous utilisons sur scène, ni à des effets comme des pédales d’ailleurs. Mais cela étant ce n’est pas impossible non plus qu’on revoit un peu nos habitudes pour un futur album, on verra bien selon nos envies du moment.

5-Racontez-moi un peu l’histoire du titre « Sotte, sans devenir »
Johan : Un peu comme pour les artworks, je n’ai pas très envie d’expliquer mes textes. Concernant la musique, c’est au final déjà un vieux titre pour nous. C’est le 3ème que nous avons composé, je pense qu’il a déjà bien 3 ans. Pour moi il est un peu dans la continuité d’Animale(s) mais avec un aspect un peu plus métal et plus varié. C’est un morceau qu’on a composé relativement facilement malgré sa complexité. Je le trouve assez représentatif de notre musique, il y a cette structure narrative, la volonté de rajouter des couches de violence par-dessus d’autres et enfin cette fin très prenante avec une très belle mélodie qui est aussi une caractéristique importante de notre musique.

6-Comment s’annoncent vos prochaines tournées? Il me semble que vous avez déjà entamé la tournée italienne..

Sébastien : Elle est terminée, ça s’est très bien passé ! Nous aimons beaucoup l’Italie on y a toujours un très bon accueil, le public est très passionné et cela est toujours très plaisant à voir.

Johan : C’est vraiment un pays qui a un style de vie très différent du nôtre, et ça se ressent sur pleins d’aspects. Ce n’est pas le pays où tu auras les orga les plus carrées, mais ils ont un entrain communicatif qui fait que c’est très plaisant de tourner là-bas au final. Par contre il ne faut pas avoir envie de dormir, ils s’en foutent un peu de terminer les concerts à des heures improbables.

7-Bon nombre de groupes diligents tentent tant bien que mal à apporter une vraie dynamique en France… Est-ce votre cas ou par choix ou par rapport à un public plus réceptif êtes-vous amenés à jouer plus à l’étranger?

Johan : C’est pas compliqué, on a 10 offres de concerts à l’étranger pour une en France. Il y a aussi des trucs très chiants en France comme la SACEM, les contrats de Cession, les fiches de paye, les limitations sonores, les normes de sécurité etc etc. On a une capacité à se prendre la tête pour rien qui est phénoménale. Donc c’est vrai qu’on est amené à beaucoup plus jouer à l’étranger. Je pense aussi qu’à nos débuts c’était aussi très grisant de se dire qu’on allait jouer dans tel ou tel pays. Cela étant on n’a pas abandonné notre pays, on aime toujours y jouer et dans l’ensemble malgré les diverses difficultés qu’on peut rencontrer les choses se passent plutôt bien. C’est peut-être moins évident de monter des tournées, les salles ne sont pas toujours disponibles au bon moment par exemple alors qu’en général on trouve toujours des solutions quand on est hors de nos terres.

8-Comment voyez-vous Céleste dans dix ans?

Sébastien : Si tu veux parler de l’aspect artistique je pense qu’on continuera toujours dans cette même voie, c’est à dire sombre et dissonante. Mais prévoir sa vie perso est déjà extrêmement difficile donc celle d’un groupe encore plus.

Johan : Avec 4 cirrhoses du foie déjà. Plus sérieusement, j’espère qu’on sera encore là, c’est déjà une chose et j’espère que le groupe fonctionnera toujours aussi bien voir mieux. On ne va pas se mentir, en vieillissant on devient plus exigeants sur les conditions qu’on rencontre, et je ne suis pas certain qu’on sera ok de revenir en arrière par rapport au confort qu’on peut avoir aujourd’hui en tournée par exemple.

9- Y a-t-il un objectif qui vous tient tous à cœur dans un futur proche ou lointain tels qu’une tournée, un clip, une première partie d’un groupe précis etc. ?

Sébastien : Tourner dans des pays où la musique métal est en voie de développement ou déjà un peu développé comme l’Asie, l’Amérique du Sud. Et une destination lointaine comme l’Australie. Faire d’autres clips également.

Johan : On n’a vraiment jamais été fan de 1ère partie. On s’est majoritairement fait seul et on en est fier d’ailleurs. On a une belle tournée aux USA qui se profile, c’est déjà pas mal. Ce qu’on pourrait espérer à l’avenir serait d’être peut-être tous plus disponibles pour faire encore plus de concerts ou de longues tournées, mais bon c’est très compliqué et on en fait déjà beaucoup actuellement. Une tournée en Amérique du Sud ça pourrait être cool, mais je ne suis pas certain qu’on ait le public pour.

 

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