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Chronique Les chants du hasard – Les chants du hasard

mercredi/18/10/2017
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Groupe : Les chants du hasard
Album : Les chants du hasard
Label : I, Voidhanger
Date de sortie : mi-septembre
Note : 16/20

 

Derrière ce patronyme assez classieux se cache un projet bien étrange dont une phrase de la description a directement titillé ma curiosité :

No guitars, no bass, no drums, Orchestra, Orchestra, Orchestra…

Parce que oui, comme vous l’avez probablement déjà compris, la grande particularité du projet, c’est qu’il est purement orchestral. Et en quoi est-ce particulier me demandez-vous ? (Ou peut-être que vous ne vous le demandez pas, je ne suis pas dans votre tête non plus)

Eh bien, c’est que le projet est estampillé Black Metal ! Alors certes, les orchestrations dans le BM, ce n’est pas nouveau et beaucoup de formations en usent et abusent. Mais là où ça devient intriguant, c’est que dans le cas qui nous intéresse, il n’y a QUE de l’orchestre et du chant et ça, ça en fait un cas rare, voir quasi inédit dans le style.

Le one-man band français (avec comme unique membre donc, le dénommé Hazard aux commandes) nous a donc sorti son premier album éponyme cet été (le 23 juin) via le label I, Voidhanger Records.

Etant grand amateur de groupes qui expérimentent et brouillent les frontières de style, le concept des Chants du Hasard m’a fait, au départ, penser au groupe Elend, autre formation française (et autrichienne pour être précis) qui, en son temps, avait également brouillé les pistes en proposant une musique très sombre à base d’orchestration et de chant torturé.

Cependant, même si les 2 formations pourraient sembler similaires sur papier (l’influence est d’ailleurs totalement assumée dans la bio du projet), la comparaison s’arrête là.

Car, là où pourrait s’attendre à un projet uniquement atmosphérique et ambiant (un peu dans le style Elend donc), les Chants du Hasard arrive à générer une véritable dynamique avec l’orchestre, créant des rythmiques oppressantes et poussant parfois très loin la violence musicale et la dissonance.

C’est d’ailleurs déstabilisant à la première écoute car, si vous êtes amateurs de black metal que je vais qualifier de « classique », vous êtes normalement habitué à entendre le traditionnel ensemble basse/batterie/guitare/chant qui œuvrent ensemble pour créer une ambiance bestiale et criarde si cher aux yeux de nos pandas nordiques (oui, je sais, il n’y a pas qu’Immortal dans la vie et les TRVE vont vouloir me manger pour mon blasphème). Or ici, seul l’orchestre et le chanteur donnent de la voix.

Alors, bien entendu, il y a beaucoup de passages ambiants et lancinants, ce qui est normal pour un projet orchestral. Mais ce qui est frappant, et qui apporte du contraste c’est cette capacité à créer à plusieurs moments des passages très violents et dérangeants, en jouant sur la puissance des orchestrations mêlées assez adroitement aux dissonances et aux percussions classiques (le morceau « chant 3 : l’homme » en est un exemple frappant).

Le disque est également intéressant de par sa tracklist, divisée en 6 chants ayant chacun un thème propre :

  1. Chant I – Le Théâtre
  2. Chant II – Le Soleil
  3. Chant III – L’Homme
  4. Chant IV – L’Enfant
  5. Chant V – Le Die
  6. Chant VI – Le Vieillesse

Je vous invite d’ailleurs à lire les textes pendant l’écoute (vous n’aurez d’ailleurs pas le choix si vous voulez les comprendre. Ça reste du chant BM, ce n’est pas toujours audible…) afin de vraiment vous immerger dans l’univers de chaque chant, ceux-ci ayant chacun une ambiance et un thème propres.

Le tour de force de ce disque à mes yeux, c’est d’avoir réussi à véritablement passer une approche classique au travers du prisme du Black Metal. Car ici, on n’essaye pas de remplacer une batterie ou une guitare par de l’orchestre. Non, les morceaux sont écrits comme des compositions classiques (dont on retrouve le style de structure) avec une volonté d’exprimer de la noirceur et de poser des ambiances stressantes et écrasantes. Un peu comme si comme s’il s’agissait d’un Black Metal exprimé dans un tout autre langage.

Et il faut bien le reconnaitre, ça fonctionne étonnamment bien. Ce disque, bien qu’assez hermétique, tient ses promesses et réussit à donner l’envie de le réécouter plusieurs fois. Pas vraiment catchy de par sa nature, il recèle malgré tout de nombreux moments captivants.

Au passage, je tire une fois de plus mon chapeau au superbe artwork, signé par Jeff Grimal (illustrateur et guitariste au sien de The Great Old Ones) dont le style impressionniste et un peu abstrait colle à merveille à l’ambiance dérangeante de l’album.

Il faudra probablement plusieurs écoutes (en tout cas, ce fut mon cas) avant de vraiment rentrer dans l’univers ce disque mais c’est un effort qui en vaut la peine, tant le voyage est intense.

Certes, c’est difficile d’accès et vraisemblablement créé dans cet optique mais, cette œuvre atypique vaut largement la peine qu’on s’y engouffre.

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