KORN – The Serenity of Suffering

jeudi/01/12/2016
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Goupe : Korn
Album : The Serenity of Suffering
Label : Roadrunner Records
Sortie le : 21 octobre 2016
Note : 15,5/20

 

« We won’t follow the Leader » tonnait Chino Moreno en 1998 lors de la sortie de « Follow the Leader » de Korn, alors à son apogée. Hasard du calendrier disquaire de l’an de grâce 2016, ce sont les cinq de Bakersfield CA qui suivent de six mois les quatre de Sacramento CA, les premiers dans leur huitième complainte, les seconds dans leur douzième mal comitial. Apparus en même temps (1994 pour Korn, 1995 pour Deftones), au pinacle au cours de la même période (grossièrement, entre 1997 et 2006), rangés après dans la commode armoire « Nu Metal » (genre lui-même enfermé dans les années 2000), les deux formations rivales ont toutes deux opéré leur retour discographique cette année. Si la comparaison n’est pas raison, et sachant que « Gore » de Deftones est un des meilleurs LP de l’année, quel crédit néanmoins accorder à « The Serenity of Suffering » publié le mois dernier ?

Quant au contexte, déjà, les récents concerts de KoЯn avaient confirmé la survivance d’une formation mûre mais pêchue, cohérente et donnant le meilleur d’elle-même : leur prestation scénique et sonique au Hellfest 2016 a été, une des plus surprenantes et puissantes de l’édition. C’est simple, mais beaucoup à leur place n’auraient pas survécu au syndrome « Elvis à Las Vegas », et beaucoup d’ailleurs n’y ont pas survécu.

Quant à l’aspect extérieur de l’objet (oui, le MP3 c’est daté, comme le Nu Metal) en deuxième lieu. La pochette est archétypale du genre : un enfant / préado, vêtu d’un Hoodie du groupe traîne mollement derrière-lui un doudou éventré (qui est en fait celui figurant sur la pochette de « Issues » en 1999) au milieu d’un décor de fête foraine (décor classique prisé par les Rob Zombie, Marylin Manson, Billy Corgan et autres nostalgiques d’une enfance ratée) où s’ébattent d’effrayants animaux humanoïdes et autres cochon-licorne et rhinocéros-licorne (Dieu que la licorne est In ces temps-ci…). Il y a même un Clown (cliché). Le bleu schtroumpf du Sweat-capuche du petit WASP mélancolique – apathique – arrogant tranche avec le marron foncé qui domine cet Artwork. De deux conséquences l’une : soit, ils ne se sont pas foulés, et le contenu de l’album va consister en une grossière resucée ; soit, ils ont pensé à ce qu’ils produisent, et vont nous livrer le meilleur d’eux-mêmes.

Quant à la musique, enfin et surtout. « Black is the Soul » ouvre le disque sur un mur de son, guitares et basse à l’unisson sur quatre notes, appuyées par de jouissives nappes de synthés. Morceau à la structure complexe, alternant tout ce que le groupe sait faire : intro typique (on dirait un peu celle de « Be Quiet and Drive (far away) » de qui on sait), Blast, scratchs, pré-refrain entêtant, refrain clair et planant, montées et descentes grognées, final sec. Idéal pour lancer un bon concert. Les lourdauds « Rotting in Vain » et « Black is the Soul » confirment cette première impression : alternance de gros riffs Nu Metal et de chant léger, portée par un son énorme. Vraiment énorme. On serait tenté de faire le test dit de « Roots de Sepultura » : diffuser le truc dans la chaine HI-FI de Dave Grohl à 50 000 $, afin de vérifier si elle explose. Nul doute, la production de Nick Raskulinecz est spectaculaire sur cette première collaboration. C’est un spécialiste des groupes des années 2000 : Evanescence, Velvet Revolver, Danko Jones, et cinq albums des Foo Fighters (tiens ?). « The Hating », en quatrième piste, constitue un simple en puissance. Refrain volontaire. Attention toutefois à la redite du point de vue des titres, car « Hating » figure déjà sur « Untouchables ». Le contenu des paroles est lui-aussi invariable, le champ lexical de Jonathan Davis immuable : « Insane », « Sanity », « Disease », « Rotting », « Sick », « Deeper », etc… Nul doute néanmoins que Korn a soigné son écriture et sa musique, même si aucune surprise n’est au rendez-vous. « On a voulu sonner comme Mesuggah » aurait confessé Head. Pas si sûr, en fait. « A Different World » est du même tonneau : alternance toute Zepellinienne (ou plutôt Kornienne) entre des passages calmes et lourds, plus un pont lancinant chanté puis hurlé par Corey Taylor de Slipknot ici en invité Deluxe. Le riff de « Take me » n’aurait pas, non plus, dépareillé sur leur premier album. Le riff très clinique de « Die Yet Another Night » ressemble bigrement au générique de « C dans l’air » sur France 5… faudra penser à envoyer la question au groupe par SMS… « Next in Time » sonne néo-Metal FM. Et le confus « Please Come for Me » ferme le ban. Les pistes sont de taille moyenne et oscillent entre 3 et 4 mn 30, pas de missile Grind ou d’expérimentation Prog en vue. Deux bonus Tracks sont dans le commerce (« Baby » et « Calling me Too Soon »), et ne font pas baisser le niveau de ce joli produit 2016. Retour gagnant donc. Korn y mélange le côté Cartoon de « Follow the Leader » avec la tonalité plus sombre de « Life is Peachy ».

Bref, un bon album, cohérent et sans temps mort, conçu par un groupe encore au sommet de son art. Gageons que la tournée mondiale, initiée le 12 décembre prochain à Manchester, va magnifier ses morceaux-phares (« Insane » et « The Hating »). Vérification sur pièces le 20 mars au Zénith de Paris… un mois en avance avant l’Olympia de Deftones.

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