Le 6 juin est le jour de la fête nationale suédoise. Doublement cette année, puisque Katatonia publie son treizième album studio le 6 juin 2025. Son intitulé, « Nightmares as Extensions of the Waking State », est une référence à un cauchemar fait il y a quelques années par Jonas Renske le chanteur et fondateur du groupe. Les guitaristes Nico Elgstrand et Sebastian Svalland, qui officient sur ce disque, sont deux nouveaux venus. Le premier est un quinqua, ex-Entombed et ex-Entombed A.D. Le second est un trentenaire qui a officié pour Lindemann, PAIN et Letters From The Colony. Ces deux impétrants s’en sortent très honorablement, puisqu’on ne voit pas de différence majeure avec les albums antérieurs. Davantage de guitares peut-être… Le solo sur « Lilac », le premier single, est magnifiquement composé et exécuté. Les lourds et fracassants accords inauguraux de « Thrice », la première piste, induisent quelque peu l’auditeur en erreur. Car Nightmares as Extensions of the Waking State est un album tout en douceur, que l’on parcourt dans la sérénité. Mélancolique, dans la plus pure veine de Katatonia, cette création ravira les fidèles de la vénérable institution scandinave, ainsi que les adeptes de metal progressif et réflexif. Signée Jonas Renkse lui-même, la production est en conséquence taillée pour Katatonia. Elle est épurée, toute en simplicité. Quant à la couverture, qui représente un cervidé en train de se consumer dans son milieu naturel, elle est sublime et porte un message ô combien essentiel. Grâce à SLH Agency, nous nous sommes entretenus le mardi 6 mai par visio avec le guitariste Sebastian Svalland, aux alentours de 16 heures 30…
Art’n’Roll : Salut Sebastian, et merci de nous accorder cette interview ! Peux-tu s’il te plaît te présenter à nos lecteurs ?
Sebastian Svalland (Guitare) : Oui ! Je suis Svalland, un des « nouveaux », un des deux nouveaux guitaristes de Katatonia.
ANR : Quel est ton état d’esprit, en tant que « nouveau » d’un grand groupe comme Katatonia ?
SS : C’est tout d’abord beaucoup de plaisir ! Je suis tout de même un peu stressé, je veux assurer au mieux les tâches qui me sont confiées. J’ai effectué mes tout premiers concerts avec Katatonia, et je fais en sorte de progresser petit à petit.
ANR : Sur quel équipement joues-tu ?
SS : Je joue sur une PRS. Une guitare américaine Paul Reed Smith. Je joue live et sur ce disque avec ma S2 Singlecut, elle a la forme d’une Les Paul. Je possède d’autres modèles de chez PRS. Elles sont idéales pour jouer la musique de Katatonia, et la musique metal en général.
ANR : Cette dernière phrase m’interpelle. Hier dans le bus, j’écoutais Nightmares As Extensions Of The Waking State, et je me suis dit qu’il serait très intéressant d’entendre ces chansons, ces compositions, exécutées avec par exemple une Telecaster, une SG, des guitares et équipements plus « classiques »… Elles seraient toutes aussi bonnes, avec un son moins « metal » et plus « roots »… Que penses-tu de cette réflexion ?
SS : Je pense que c’est très intéressant, car la Telecaster possède un son des plus spécifiques. J’aime la Telecaster, et j’aime la Stratocaster. Lorsque nous enregistrons, nous nous posons effectivement la question de savoir quelle guitare conviendra le mieux à telle ou telle partie de tel ou tel morceau, de savoir quelle guitare « le fera le mieux », afin que le rendu contente le guitariste. Malheureusement, nous ne pouvons pas nous permettre de partir en tournée avec plusieurs guitares par morceau à interpréter.
ANR : Oui. Joe Perry peut se le permettre, Slash aussi…
SS : Ouais !
ANR : (Rires)
SS : Oui exactement, ils peuvent, ils peuvent… (Rires) Nous nous situons à des niveaux relativement différents…
ANR : À ce propos, quels sont les guitaristes qui t’ont influencé ?
SS : En tant que guitariste, mes influences sont diverses. Il y a David Gilmour de Pink Floyd, qui est un de mes préférés, ses solos de guitares sont fabuleux. Fredrik Thordendal de Meshuggah est également quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Cela dépend aussi des différentes périodes de mon existence, plus jeune, j’ai considérablement écouté Iron Maiden… Il y a tellement de bons guitaristes… Et un grand nombre de noms me viennent présentement à l’esprit… J’ai beaucoup écouté « Kata », Katatonia quand j’étais plus jeune, et désormais j’ai la possibilité de jouer au sein de Katatonia… J’ai également beaucoup écouté Opeth… Ce sont tous de grands musiciens !
ANR : Ce nouvel album me semble très « cinématique ». Que penses-tu de cette qualification ?
SS : Est-ce que Katatonia est cinématique ? Oui, absolument ! C’est exactement ce que je pense moi-même. J’adore cela, parce que c’est la musique que je souhaite jouer. Si j’avais cinq millions sur mon compte, je paierais pour nous offrir un concert digne de Pink Floyd avec toutes ces lumières, un spectacle gorgé d’émotion et de cinématique. J’ai toujours rêvé de parvenir à un tel niveau, et je travaille dur afin d’y arriver avec le groupe ! Oui, notre musique est cinématique.
ANR : Nightmares As Extensions Of The Waking State sera commercialisé le vendredi 6 juin prochain…
SS : Oui !
ANR : Je vais te donner trois dates de l’histoire suédoise qui ont eu lieu un 6 juin, tu en choisis une et tu la commentes, d’accord ?
SS : (Fait oui de la tête)
ANR : Le 6 juin 1523 Gustav Vasa est élu Roi de Suède, c’est d’ailleurs cet événement qui est célébré chaque année au titre de votre fête nationale…
SS : (Fait oui de la tête)
ANR : Le 6 juin 1967, Björn Ulvaeus d’ABBA entame son service national à Linkoping, il a rencontré Benny Andersson la veille… Et, le 6 juin 1956, Björn Borg est né à Stockholm… Tu prends laquelle des trois ?
SS : Je n’ai pas grand-chose à expliquer, si ce n’est que c’est un grand jour pour ma nation (Rires) Mais, en effet, les trois dates que tu viens de citer sont toutes les trois importantes ! Il y a de quoi en être fier ! Gustav Vasa me semble cool, même si je ne connais pas parfaitement son histoire (Rires) De même, ABBA et Björn Borg sont des incontournables de l’histoire suédoise…
ANR : Quand j’étais petit garçon, car je suis un peu plus âgé que toi, je me souviens que Borg était immense en termes de popularité, même ici en France…
SS : Et ABBA est certainement le plus grand groupe suédois de tous les temps… Si tu as la chance d’assister à leur spectacle qui est actuellement programmé à Londres, vas-y, car j’ai assisté à celui-ci, et c’est tout simplement dingue ! C’est fascinant ! Holy Shit !
ANR : Connais-tu des groupes français ? Metal ou pas ?
SS : Oui. J’ai une mémoire de merde, mais j’ai envie de te dire : « Qui ne connait pas Gojira ? ».
ANR : (Rires)
SS : Tout en sachant que je suis fan de Gojira depuis longtemps, très longtemps… La première fois que je les ai vus, j’avais quinze ans, et ils assuraient la première partie d’In Flames. C’était du temps de l’album The Way of All Flesh (NDA : sorti en 2008) qui est mon préféré d’eux. Godamn watta Band ! Je dois connaître d’autres groupes français qui sont moins sous la lumière que Gojira… J’ai des amis communs du temps où je jouais pour PAIN qui connaissent Dust In Mind, qui est un groupe français, donc ça m’en fait déjà un (Rires) Maintenant, je sais bien que si tu me donnes toute une liste de noms de groupes français, je vais te répondre que je les connais tous, et je te présenterais mes excuses de ne pas les avoir cités de tête !
ANR : Vous alllez partir en tournée afin de défendre votre nouvel album… Le 10 décembre prochain, tu joueras avec Katatonia au Trabendo à Paris… Connais-tu cette salle de concerts ?
SS : (Regarde le plafond) Non, je ne connais pas, du moins pas à première réflexion… Ta façon de prononcer les noms diffère de la mienne, c’est donc assez difficile pour moi de reconnaître ceux-ci…
ANR : Retour en Suède. Quel est ton point de vue quant à la scène suédoise actuellement ?
SS : De façon manifeste, nous avons une quantité de groupes metal en Suède. J’espère que cela va perdurer. La scène suédoise est réputée, notamment en raison des technologies qu’elle utilise. Je pense que nous avons beaucoup de grands groupes…
ANR : Arch Enemy… Candlemass…
SS : Oui, exactement ! Il y en a tellement. De toute évidence, je pense que c’est cool, tu vois ? En tous cas, en tant que Suédois, je trouve cela cool… Je n’ai pas vraiment connu la période d’avant, mais cela fait désormais un certain temps que la scène suédoise est massive et appréciée à travers le Monde : Holy Shit !
ANR : Tu as le mot de la fin pour notre lectorat !
SS : On se voit le… Je ne me souviens plus exactement de la date ! C’est en novembre je crois ?
ANR : Le 10 décembre (NDA : mais il y aura également les dates du 29 novembre à Villeurbanne et du 3 décembre à Toulouse !)
SS : Merci pour la précision ! Merci d’écouter notre nouvel album, j’ai hâte de venir jouer, de parler avec vous les amis, et de pouvoir passer un excellent moment tous ensemble, d’oublier un peu la merde qui se passe dans le Monde, et de pouvoir profiter de la musique !
ANR : Bye Bye et Merci !
SS : (En français) Bye Bye, merci !