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Interview avec Steve Rothery de Marillion

lundi/03/10/2016
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Art’N’Roll : Le 23 septembre 2016, sort « F.E.A.R. », le 19e album studio de Marillion depuis sa formation en 1979. F.E.A.R. est l’acronyme de « F*** Everyone and Run » : c’est l’état actuel de notre Monde qui vous fait soudainement employer des gros mots ?

Steve Rothery : (Rires) Alors, nous ressentons une grande tristesse vis-à-vis des gens, des grandes entreprises et des gouvernements. L’exploitation des choses en général. Alors, nous avons composé ce « Protest Album », le thème de ce disque est assez sombre. Oui, nous sommes moins positifs que nous l’avons été de par le passé.

ANR : En dépit des sujets abordés, la totalité des morceaux sonne apaisée, planante, pas une once de rudesse musicale…

SR : Oui, c’est notre identité musicale. C’est ce qui créé un contraste entre les thèmes et notre approche.

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ANR : Les trois titres « El Dorado », « The Leavers » et « The New Kings » sont tous trois divisés en cinq, cinq et quatre sous-titres. Donc, quatorze morceaux au total sur les dix-sept, font partie de ces trois titres. Quel serait la symbolique de cette division capitulaire ?

SR : C’est une mise aux normes, c’est la manière dont fonctionne l’industrie musicale. Elle n’apprécie pas les titres d’une durée de seize minutes. Nous avons divisé ces trois titres en petites parties afin de nous conformer à ses canons. Surtout ceux de l’Amérique du Nord. Si tu regardes les disques des années soixante-dix, la plupart des morceaux étaient très longs. Donc il nous est apparu naturel de faire long comme auparavant et de créer des sous-divisions dans nos titres. C’est la « mécanique de l’industrie du disque ».

ANR : Ma quatrième question portait sur la durée relativement courte des morceaux de votre album, donc… Cinquième question : est-ce que le morceau « The Leavers. iii. Vapour Trails in the Sky » a pour sujet la théorie conspirationniste dite des « Chemtrails » ?

SR : Non, c’est sur la symbolique du voyage. Nous nous sommes inspirés d’une chanson de Joni Mitchell nommée « Amélia », dont nous apprécions les paroles (NB : « I was driving across the burning desert / When I spotted six jet planes / Leaving six white vapor trails across the bleak terrain »). C’est à propos de la vie en tournée. C’est sur un voyage conscient. Quand tu fais partie d’un Road Crew, les lumières ne s’éteignent jamais. La vie d’un artiste est en fait un voyage conscient : jour après jour, une nouvelle ville, un nouveau pays, tu ne laches jamais ta valise. Nous avons tourné en tout pendant trente-deux ans, alors (rires) ça fait une très longue durée passée à voyager à travers le Monde. C’est parfois très dur de rentrer chez soi, surtout pour nous dans les années 1980, période durant laquelle nous n’avons cessé de tourner.

ANR : Tout cela fait penser à la chanson de Motörhead « (We are) The Road Crew »…

SR : (Rires) Bien sûr (hilare)… nous vivons une vie étrange.

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Et qu’évoquerait « The New Kings. ii. Russia’s Locked Doors » ? La situation géopolitique de la Russie ? Culturelle ?

SR : C’est sur la nouvelle Russie, qui s’est engagée dans une sorte de cercle vicieux, avec de nouvelles façons de penser…

ANR : La Mafia ?

SR : (Rires) Oui tu peux dire ça (rires), je ne sais pas…

ANR : « F.E.A.R. » est disponible en trois supports : Vinyle, CD Standard et CD Spécial. On se souvient que c’est un « Progger » (NB : Rocker progressif) notoire, Monsieur Phil Collins, qui a pour la première fois innové en sortant un disque sans format vinyle (NB : « But Seriously », en 1989), quel est votre point de vue sur le grand retour du disque vinyle ?

SR : Je pense que c’est une chose formidable. C’est mon support original, celui des années soixante-dix. Le Dolby y est meilleur. Tu prends le plaisir de changer de face. C’est magique, ça me rappelle ma jeunesse. La musique devrait être un évènement, et ce retour du vinyle constitue un évènement.

ANR : Passons à la tournée de Marillion en cours. Le 11 juillet 2016, vous avez entamé une tournée mondiale à Barcelone, et à partir du 21 octobre vous entreprendrez les USA puis le Canada. Le 2 novembre, vous vous produirez à Québec. Percevez-vous une différence culturelle ou de comportement, entre vos publics Francophone et Anglophone ?

SR : A travers les années, nous avons beaucoup tourné sur le continent Nord-Américain, notamment à Montréal et à Québec, qui sont toujours des sommets dans nos tournées. Je pense que ces deux publics ont une attitude très profonde vis-à-vis de notre musique, peut-être plus que le public Européen. Je me souviens de nos premiers concerts là-bas en 1984, il y a des Conventions Marillion organisées chez eux.

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ANR : La différence entre les publics serait donc plus entre Europe et Amérique du Nord…

SR : Oui et non nous sommes aussi allés jouer à Toronto, mais je constate que les publics de Montréal et de Québec possèdent une amplitude différente. Nous avons aussi joué à Vancouver dans les années 1980, quel bel endroit d’ailleurs…

ANR : Le phénomène des « Conventions Marillion » est très intéressant : vous êtes un des seuls groupes, avec KISS notamment, à avoir ce type de rencontres de fans… D’ailleurs, certaines des dates européennes sont complètes bien à l’avance (par exemple : Utrecht les 6 et 7 décembre, et Paris le 10 décembre 2016). Comment expliquez-vous la fidélité des spectateurs vis-à-vis d’un groupe plutôt discret médiatiquement ?

SR : Nous avons joué dans des salles de différentes tailles à Paris, nous avons rempli Bercy, le Zénith, Paris est un des temps forts de nos tournée, nous avons une solide assise en terme de fans ici. Lille, aussi, est bon pour nous. Nous jouerons également à Lyon.

 

ANR : L’Elysée-Montmartre, cette salle de bal crée en 1807 a rouvert ses portes mi-septembre, après cinq années de reconstruction suite à un incendie en 2011. Avez-vous déjà joué là-bas ?

SR : Oui, oui, plusieurs fois.

ANR : A ce propos, le premier artiste Rock qui s’est produit à l’Elysée-Montmartre est le Français Michel Polnareff, pour un spectacle intitulé « Rabelais » en 1968. Michel Polnareff est un chanteur de variétés, qui est assez proche du Rock Progressif de par ses mélodies et arrangements. Le connaissez-vous ?

SR : (Rires) J’ai cru que tu allais me dire que c’était Johnny Hallyday (Rires) Un Progger ? Intéressant…

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ANR : Oui, ses mélodies haut-perchées, « La la la la la la »…

SR : Je vois… des mélodies plus complexes que le reste de la variété Française. Il y a quelques années, en 1984, nous avons assisté à un concert de Johnny Hallyday au Zénith de Paris, celui où il commence son concert en sortant d’un poing géant… Alors, ouais… Que puis-je dire ? (Rires) C’est la France… Avec Johnny Hallyday (Rires).

ANR : Merci… MAGMA, GONG, ZOO, ANGE, etc… La France est également un pays qui a enfanté un certain nombre de groupes progressifs à partir de 1970. Connaissez-vous notre scène prog’ ?

SR : Oui, un petit peu. Le batteur de MAGMA est un grand artiste…

ANR : Quels sont vos trois albums de Rock Progressif préférés de tous les temps ?

SR : Parmi les albums… Je dirais probablement Pink Floyd « Wish you were Here » (Rires) Kate Bush « Hounds of Love »… et peut-être l’album solo de Peter Gabriel.

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ANR : Comptez-vous participer à des festivals en 2017, en Europe et / ou en France ?

SR : On en déjà fait quelques-uns cette année, avec Foreigner, nous sommes allés en Allemagne et en Suisse aussi avec Queen. Oui, probablement dans la seconde moitié de juillet 2017.

ANR : Ce serait bien de venir au Hellfest…

SR : (Enthousiaste) OUI, ce serait possible…

ANR : Tout à l’heure, nous avons parlé de la vie d’un Road Crew, et de la manière de vivre Rock’n’Roll… Les dix derniers mois ont été marqués par la disparition, puis par une série d’hommages à la personne de Lemmy Kilmister. Certes, il évoluait loin de l’univers paisible et onirique de Marillion, il a donné dans le prog Rock en tant que bassiste pendant cinq ans d’Hawkwind. L’avez-vous rencontré ? Avez-vous, peut-être, une anecdote Marillion – Lemmy ?

SR : Oui, nous avons rencontré Lemmy bon nombre de fois depuis le début des années 1980, quand il avait l’habitude de trainer autour du Marquee Club de Londres, à la BBC aussi, à Top of the Pops, quand il était au sommet des ventes de disques. La dernière fois que nous l’avons vu, c’était il y a une quinzaine d’années, à Los Angeles. Je me souviens de son mode de vie incroyable, dans les hôtels, entre drogue et alcool, Lemmy était un véritable miracle médical…

ANR : Peut-être le fait d’être Anglais, du Nord…

SR : Ouais…

ANR : Et vous, vous êtes d’où ?

SR : Je suis aussi du Nord de l’Angleterre, de toute façon la plupart des groupes Anglais viennent du Nord. Je me souviens bien de sa période Hawkwind, c’était du « Space Rock », assez facile à jouer…

ANR : Peut-être le truc le plus intéressant dans Hawkwind, c’était la danseuse Hippie aux seins nus…

SR : (Rires) C’était Stacia (Rires)….

ANR : Ça sera tout, merci Monsieur Rothery.

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