HOT on the rocks!
Interview de Qamelto (jeudi/04/04/2024)
Interview de Myrath (jeudi/07/03/2024)
Interview de abduction (mardi/19/12/2023)

Interview avec Betov d’ADX !

lundi/20/06/2016
1 043 Views

En cette belle journée pour une fois ensoleillée, Art’n’Roll est allé voir Betov et Phil du groupe français ADX au Dr Feelgood, excellent bar rock parisien.

 

ANR : Bonjour Betov, « Non Serviam » est votre dernier album, peux-tu m’expliquer un peu ce titre ?

Betov : Alors c’est du latin, on avait compris. Littéralement ça veut dire « je ne te servirais pas ». Nous dans l’esprit qu’on voulait employer ça veut plutôt dire « je ne te servirai plus ». En fin de compte c’est une chanson qui fait partie de l’album et qui a le même titre. Elle raconte l’histoire d’un prêtre lassé des croyances qu’il a eu au début de sa vie et qui laisse un peu tomber la robe comme on dit. Il veut aller vers la joie de vivre humaine interdite avant, tout en restant correct bien sûr !! Il ne veut donc plus servir le Dieu auquel il croyait avant. C’est une histoire inspirée de l’actualité, le chanteur nous a raconté une histoire qu’il a lue dans la presse et qu’on a mise en chanson. On sait dit ensuite, c’est un titre simple, compréhensible par un maximum de monde puisque c’est du latin, même au niveau mondial et européen. Tout comme l’album précédent « Ultimatum », on avait aussi choisi le titre pour les mêmes raisons et également notre tout premier album « Exécution ». C’est tout bonnement pour une facilité de compréhension. Parallèlement à ça, on ne veut servir aucune cause, on s’est toujours refusé à ça, parler de politique, religion pure et prendre parti dans le groupe. On a chacun nos convictions personnelles comme tout le monde mais on est là avant tout pour parler, comme tu le savoir, d’histoire de France, mondiale, de littérature, un peu de fantastique parce qu’on aime bien. Donc voilà l’explication du titre.

 

ANR : Qui sont « Les Oubliés » ?

Betov : « Les oubliés », c’est quelque chose qui m’avait marqué et le chanteur du groupe qui a écrit le texte également. C’est en Afghanistan, l’histoire de soldats français qui ont été envoyés sur une zone et ont subi une attaque massive sûrement des Talibans à l’époque. Et ils ont été en fin de compte entre guillemets « oubliés » par l’armée française puisque finalement ils se sont tous faits massacrés et l’armée est venue beaucoup trop tard pour les sauver selon des ordres qui n’ont pas été donnés au bon moment. C’est un fait historique et récent, plus récent que ce dont on a l’habitude de parler mais contrairement à Caligula ou Dracula c’est une période que l’on a connu… 1994 ou 1995.

 

ANR : Deux ans depuis le dernier album, que s’est-il passé ?

Betov : Oh tout plein de choses ! Déjà à la sortie d’Ultimatum on a enchaîné sur une tournée. On a partagé beaucoup de dates avec nos amis de Manigance. On a fait aussi plein de festivals et on a commencé à écrire à partir de plein d’idées qu’on a eu chez nous sur nos petits magnétos à l’ancienne. Il y a eu aussi les 30 ans de notre premier album « Exécution » qu’on a fêté en 2015. Donc deuxième tournée enchaînée pour fêter ça et où on a joué l’album en entier. On a aussi continué à engranger des idées. Puis tout a été très vite puisqu’on a fini cette tournée en novembre au festival de Vouzier qui se trouve dans les Ardennes et auquel on a participé 7 ou 8 fois je crois. Là on s’est retrouvé avec tous les groupes français encore en activité. C’est une grosse fête aussi bien pour le public que pour nous. Très rapidement, en février 2016 on est rentré en studio pour « Non Serviam » donc au final on n’a pas eu vraiment de temps morts et 2 ans ça passe très vite.

 

ANR : « Non Serviam » est votre 10e album, comment vois-tu l’évolution du groupe depuis Exécution ?

Betov : J’ai l’impression qu’on n’a pas changé, c’est-à-dire qu’on a toujours la même envie, la même pêche, la même émotion quand on enregistre. Personnellement le moment que je redoute c’est la fin de l’enregistrement. Quand on vient de tout finir et qu’on sait que c’est terminé. Je pense que c’est un peu comme un accouchement qui va arriver et que maintenant on attend le bébé. C’est un moment très particulier car on se dit à la fois qu’on est content parce que c’est un travail assez intense sur un mois, ce qui peut paraître beaucoup pour certains, mais on a eu énormément de travail et on s’en est sorti finalement (heureusement on avait pas mal bossé en amont). Je ne pense pas qu’on soit tellement différents de nos débuts : le plaisir d’enregistrer, le plaisir de jouer. Maintenant la grosse différence est technique : au début on enregistrait en analogique sur des grosses bandes que quand on faisait un montage il fallait découper avec des ciseaux. C’est un petit peu archaïque par rapport à maintenant. Actuellement tout est numérisé, c’est plus pratique. C’est la seule différence. On travaille beaucoup en amont, et le studio finalement c’est comme un dessin que tu fais au crayon pour les contours et tu finis avec des crayons de couleur pour donner du relief et bien avec le studio c’est la même chose. On va beaucoup plus travailler le son, les morceaux sont déjà construits. Si on fait écouter les maquettes originales et l’enregistrement final, à part le son bien sûr, la structure des morceaux est quasiment la même. On a presque rien changé, tout était au point. Alors qu’à la grande époque où l’on commençait à jouer c’était un peu plus fougueux et moins organisé, on arrivait en studio, on arrangeait des trucs au dernier moment ce qui donnait aussi ce côté frais et instinctif aux albums. C’est ce que j’ai gardé comme souvenirs et parfois on m’en parle. On essaye de garder cet esprit en étant juste un peu plus organisé.

 

ANR : Peux-tu me parler de cette superbe pochette ? Elle est beaucoup plus sombre que les précédentes, que représente-t-elle ?

Betov : Oui elle est différente et plus sombre. C’est une volonté par rapport au texte de « Non Serviam » et il s’est passé une chose : on est parti avec Stan Decker, qui a également fait la pochette d’Ultimatum, sur quelque chose de très coloré, très vif vraiment très chatoyant et on s’est rendu compte qu’on voulait donner avec Non Serviam une ambiance plus d’Eglise voir même de cathédrale. Quand on rentre dans une église ou un cathédrale, l’ambiance n’est pas trop colorée, elle est beaucoup plus reposante, calme et puis il y a toutes ces couleurs au soleil qui sont reposantes mais bon bien souvent c’est aussi triste, c’est pour le recueillement, on peut le comprendre. Donc pareil Stan été parti sur des couleurs pétantes mais on a dit non, on voulait que ça corresponde au morceau. Il a donc lu les paroles et a compris notre idée. Je te dis un petit secret : au départ on était partis sur du noir et blanc pour faire un truc un peu différent, j’adore les photos noir et blanc, il y a une autre ambiance, ça n’a rien à voir et donc on était parti un peu sur cette idée là et en fin de compte non on est resté sur des couleurs presque pastelles et très sombre qui donne une ambiance un peu glauque. La seule touche rigolote c’est qu’on a ressorti nos deux petits démons sur les côtés qu’on peut voir et qui étaient sur la pochette d’avant. C’est plus une idée de Stan, un peu notre marque de fabrique, une petite guillotine, une petite sorcière. Les gens qui nous connaissent le savent.

 

ANR : En 2016, quels groupes continuent de t’inspirer ?

Betov : je suis embêté par ta question, parce que tout simplement j’écoute peu de choses nouvelles. Surtout ces derniers mois où j’étais à fond sur l’album, je n’ai pas voulu écouter d’autres choses actuelles peut-être pour ne pas être influencé ou ne pas faire de comparaison et rester ancré dans nos idées de groupe. Là actuellement le dernier album que j’ai écouté et qui m’a scotché est un groupe allemand du nom de Paradox, pas très connu et assez ancien des années 80. Ils viennent de sortir un album qui s’appelle Pangea et moi j’étais scotchée en l’écoutant car il y a des riffs que j’aurais bien aimé composer, plus dynamique et plus thrash que nous, un thrash old school mais avec un chanteur qui a une patate énorme et la production allemande donc costaud. Beaucoup de travail de guitares, j’ai vraiment adoré. C’est mon coup de cœur de la semaine. Sinon, chez moi j’écoute totalement autre chose, des vieux groupes comme Barclay James Harvest, pour moi ce sont des mélodies, une ambiance et des souvenirs également. J’adore un groupe qui s’appelle Spockbird, un groupe de prog américain un peu dans la lignée de Dream Theater et très drôle sur scène, c’est ce qui m’éclate le plus chez eux quand je vais les voir. En plus ils sont super sympas, ils rigolent avec tout le monde, c’est à l’anti-thèse de certains groupes qui sont trop sérieux sur scène et qui ont l’air de s’ennuyer. Je préfère des gens comme ça, heureux d’être sur scène et qui le font savoir tout simplement.

 

ANR : Vos albums puisent en général leurs sources dans l’histoire, la littérature comme la complainte du Demeter et Dracula, le fantastique…

Betov : ah je suis content que tu l’es remarqué parce que beaucoup de gens me posent la question : qu’est-ce que le Demeter ?

ANR : Avez-vous jamais pensé faire un concept album ?

Betov : On l’avait un petit fait avec le deuxième en parlant de la Terreur, période de la Révolution Française même si on abordait d’autres sujets, c’était le thème principal. Maintenant un concept album, c’est en effet quelque chose qu’on pourrait faire. J’y ai déjà pensé parce que d’autres l’on fait bien sûr, et notamment Dream Theater avec leur double album, c’est un des groupes que je suis… c’est un travail différent je pense, qui demande beaucoup de boulot parce que ce n’est pas 11 morceaux pour un album mais un seul. Un seul avec des chapitres. Il faut rester cohérent par rapport à ça. C’est plus de travail mais pourquoi pas ! Si ça se trouve tu es en train de me donner une idée pour le prochain album, alors merci d’avance!

 

ANR : J’ai l’impression que vous privilégiez les festivals aux concerts, est-ce un choix ou une question d’opportunités ?

Betov : Oui les opportunités et on ne s’en cache pas, on préfère jouer un petit peu moins longtemps mais partager la scène avec le public, faire découvrir ADX à des gens qui viennent et ne nous connaissent pas. C’est déjà arrivé, surtout dans la jeune génération. Ca nous fait plaisir parce qu’après ils viennent nous voir au stand de merchandising et dans la salle et nous disent « on aime bien !! », c’est la génération suivante qui nous suit et c’est tant mieux. L’histoire de jouer sur une tournée, ce qu’on explique à chaque fois, par exemple une tournée de deux semaines en France à jouer tous les soirs, oui ce serait peut-être possible à faire, maintenant est-ce que ce serait judicieux et rentable ? et au moins ne perdre d’argent, ce n’est pas évident. Je sais qu’actuellement même des groupes assez connus en France ne jouent que le week-end. On sait que le week-end ce sont surtout des festivals et nous on en profite. On va faire des concerts en tête d’affiche même si ce n’est pas un terme que j’aime, je préfère dire qu’on joue plus longtemps que les autres. On va sûrement le faire parce que je pense que les organisateurs en écoutant l’album vont être intéressés. Parce qu’en France ce n’est pas du tout facile de participer à un concert. Les salles, à part les municipales, ont très peu de subvention, elles ont été supprimées, c’est une catastrophe, tu n’as plus rien maintenant. Les associations n’ont plus rien non plus. On a pallié ça en montant nous-même notre structure, on organise nos concerts, c’est-à-diron va voir des gens, on leur dit on loue votre salle pour jouer, s’il y a de l’argent qui rentre on récupère. On invite des groupes à venir avec nous. On est plus sur cette structure là en ce moment. On n’est pas les seuls à faire ça. Au moins on joue où c’est possible et il n’y a pas cette anxiété des organisateurs, est-ce qu’il va y avoir du monde ? Est-ce que je vais récupérer le peu d’argent que j’ai donné au départ ? Là au Glazart c’est nous qui organisons, on n’a pas pris trop de risques, sur Paris on sait qu’il y aura du monde. Les groupes sont sympas. Des gens les suivent en concert et nous aussi. Donc on va faire une grosse fiesta en fin de compte.

 

ANR : Comment expliques-tu la longévité d’ADX sur la scène metal française ?

Betov : Je crois que c’est la passion tout simplement, on est toujours aussi passionnés. Les deux « jeunes » qui nous ont rejoints sont comme nous voire même plus. On est super motivé. Honnêtement j’ai fait un arrêt de plusieurs années où j’ai arrêté la musique, j’ai fait autre chose, où ADX n’intéressait plus les gens. Le Grunge est arrivé en France, je ne sais pas si tu te rappelles mais ça a déferlé et tout le monde ne parlait que de ça. Les groupes heavy n’intéressaient plus personne alors à cette époque-là on s’est dit qu’on allait faire une pause. Et les vies personnelles de chacun on fait que les enfants en bas âge prenaient du temps, tout ça mis bout à bout parce qu’aussi on est des êtres humains a été salvateur par rapport à notre retour en 2006. On a eu du temps libre et on a pu se relancer dans l’aventure… Et là ça fait déjà 30 ans et on hallucine quand même, ça passe trop vite. C’est pour ça qu’on est gourmand, on en profite au maximum. En espérant que ça dure le plus longtemps possible.

 

ANR : En dehors de la musique, avez-vous des hobbies ?

Betov : Et bien moi justement quand j’avais arrêté la musique, ma deuxième passion ce sont les brocantes. Ça peut surprendre mais je me suis lancé là-dedans à corps perdu. Je récupérais dans les poubelles des trucs à vendre, des meubles, des bibelots, tout ce qui était recyclable. Je faisais du recyclage avant l’heure et je revendais ça deux francs six sous. Je faisais ça principalement le week-end du temps où les brocantes étaient encore intéressantes avant l’arrivée d’internet et des magasins de vente en direct. Ca a fait beaucoup de tort. D’ailleurs les vides-greniers on les trouve maintenant plus en province qu’en région parisienne. Et cerise sur le gâteau, à l’occasion je rachetais des albums d’ADX des cassettes audio que les gens ne connaissaient absolument pas et je rachetais pas cher, par plaisir bien sûr. C’était en bon état et quand même chez moi d’origine. Ça c’était ma deuxième passion mais les autres faisaient beaucoup de moto. Ils avaient l’occasion d’avoir de belles motos avec lesquelles on fait de la route, d’une marque américaine que je ne nommerais pas car ils sont assez connus. Voilà c’était nos loisirs comme tout à chacun. Par contre à l’époque j’écoutais beaucoup de musique, j’ai arrêté d’en jouer officiellement mais pendant toutes ces années j’ai aussi découvert plein de groupes que je n’avais peut-être pas eu le temps avant. En 1992 quand le Grunge est arrivé je me suis intéressé à la fusion avec des groupes comme Living Colour, Red Hot Chili Peppers qui mélangeaient des styles et étaient à la mode et moi, ça me plaisait.

 

Tags

Leave A Comment