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Interview de Christofer guitariste / chanteur du groupe THERION Novembre 2012

vendredi/30/11/2012
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AnR : 20 ans de Therion : joyeux anniversaire ! Il y a eu des changements de personnes dans le groupe, une évolution musicale…

Christofer : Oui, un certain changement avec le temps.

AnR : Comment vous vous sentez après tout ce temps en tournée, après tous ces changements ?

Christofer : Ça me donne envie de faire 20 ans de plus ! Mais heureusement il devrait y avoir moins de changement de personnes dans le groupe. Quand on se développe très fortement musicalement, c’est naturel que les gens changent également. On avait des musiciens de Death Metal au départ, ils n’ont pas pu faire la transition avec ce qu’on fait maintenant. Et puis c’est très exigeant parce que tout est deux fois plus compliqué avec Therion. Il y a deux fois plus de travail pour les répétitions, les tournées… C’est épuisant et je n’avais pas toujours les bonnes personnes, maintenant on a des personnes très motivées. Donc j’ai vraiment hâte de, si possible, de célébrer les 50 ans avec ce line up.

AnR : le dernier album, Les Fleurs du Mal, était composé uniquement de reprises. Pourquoi uniquement des chansons françaises ?

Christofer : Quand l’idée est venue il y a cinq ans, je voulais faire un album de reprises, mais pas le genre d’albums de reprises ennuyeuses, je voulais faire un album de Therion, écrit par d’autres artistes. Je voulais des chansons qui n’étaient pas très connues pour la plupart des gens pour que ces chansons leurs paraissent nouvelles, au lieu d’entendre un remake d’une chanson ultra-connue. Je voulais que ça sonne neuf et que ça sonne comme Therion, même si c’était une reprise. Comme Summernight City de Abba, mais en moins connu.

Et après j’ai fait une liste de ce que je voulais reprendre, et la moitié de la liste était française, parce que j’aime vraiment beaucoup cette époque, de 1967 à 1969. Les chanteuses pop étaient excellentes. J’aime bien les Yé-yés, mais je préfère la pop baroque qui sonnait vraiment de façon particulière à ce moment-là en France. Surtout les chanteuses, mais aussi un artiste qui a inventé la techno musique, je n’arrive pas à prononcer son nom… Evariste. Un gars brillant, il est devenu scientifique après ça. Le genre qui arrête le LSD et la musique bizarre et qui se dit : « oh si j’essayais d’être scientifique ? ».

Il y avait beaucoup de musiques intéressantes à cette époque, mais je voulais me concentrer sur les femmes. On a fait une exception pour Initiales BB parce que la moitié de la chanson est chantée par une femme, en plus du chœur, et parce que Serge Gainsbourg était très connecté avec d’autres artistes pour lesquelles il a composé, comme France Gall… Il avait donc une place d’honneur. En particulier quand j’ai décidé qu’il y aurait une connexion avec Baudelaire. Il devait y être parce qu’il est une sorte de cousin de Baudelaire en terme de style de vie, par son alcoolisme poussé, son usage des drogues, son côté coureur de jupons. Je peux aussi faire un parallèle avec certains des poèmes défendus de Baudelaire « A quelqu’un de très joyeux » ou quelque chose comme ça (ndlt : A celle qui est trop gaie). Je l’ai lu en suédois, donc je ne suis pas sûr du titre. Dans ce poème, il veut complètement pervertir cette jeune fille innocente. C’est assez proche de ce qu’a fait Serge Gainsbourg avec France Gall avec Les Sucettes, en lui faisant chanter une chanson parlant de sucer des bites devant toute la Nation à la télé, sans qu’elle le sache. C’est très baudelairien !

Il y a des connexions… Donc voilà pourquoi il y avait autant de chansons françaises dans ma liste de départ. Et puis on a pété les plombs et on s’est dit qu’on allait faire un album complètement français !

AnR : Comment avez-vous choisi ces chansons-là et pas d’autres ?
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Christofer : J’ai pris mes préférées ! Excepté Les Sucettes, celle-là c’était pour les paroles. Mais c’est un bonus track, juste pour la France. Mais en général, je prends les chansons que je préfère.

AnR : Pour qui ça a été le plus difficile d’utiliser la langue française ?

Christofer : Ca n’a été difficile que pour un membre, pour Thomas Vikström ça a été très difficile, il ne parle pas un mot de français. On y est allés phrase par phrase, avec une personne française pour le corriger. D’abord il a écrit phonétiquement, proche de la prononciation exacte. Après il répétait avec la personne. On a passé le premier week-end entier à enregistrer une chanson et demie. On n’enregistrait même pas une chanson par jour parce que ça prenait tellement de temps ! A chaque fois qu’on avait une phrase, il fallait en faire 2 de plus parce qu’il fallait tripler les voix. Ca a pris une éternité.

AnR : Et du coup, comment ça se passait : est-ce qu’il voulait savoir de quoi parlait la chanson ou est-ce que c’était d’abord phonétique ?

 

Christofer : Juste phonétique pour lui, il répétait comme un perroquet. Moi évidemment, je voulais savoir de quoi parlaient les chansons. Il ne fallait pas d’erreurs comme un gars qui chantait qui voulait tenir la main.

Mais pour Initiales BB, on l’a fait exprès, je voulais une femme qui chante de manière sexy à propos d’une autre femme. C’était intentionnellement lesbien.

Pour les autres, comme Polichinelle, c’est un dialogue entre une fille assise dans sa chambre et le personnage de Polichinelle qui chante. C’est Thomas qui chante les paroles de Polichinelle et Lorie celles de la fille.

AnR : Il y a beaucoup de guests. Comment les avez-vous choisis ?

Christofer : Il n’y a pas tant de guests que ça. Il y a l’orchestre…

AnR : il y a 5 ou 6 guests dans l’album…

Christofer : Mmh, non… il y a Marie-Paule, une finlandaise qui parle français, Johanna une française d’origine arabe pour Initiales BB, et Snowy Shaw sur Initials BB et Dis moi poupée.

Et je crois que c’est tout. Oui, en termes de guests on a des musiciens, quelqu’un qui est venu jouer de l’accordéon, un autre de la flûte…

AnR : Comment vous les choisissez ?

Christofer : Ah, je choisis juste les meilleurs ! Avec les années, j’ai mis en place un orchestre qui est parfait pour le studio parce qu’ils comprennent tout à fait ce qu’est la musique rock. Ils se sont même spécialisés dans le jeu d’orchestre en musique rock. Ils ont vraiment le truc, ils ne sont pas raides comme les musiciens classiques, qui ont besoin d’un chef d’orchestre, qui n’ont pas l’habitude d’écouter mais de regarder le chef d’orchestre. Ils apportent un autre groove, ils pensent complètement différemment leur jeu. Nous avons besoin de gens qui jouent groovy donc c’est difficile de trouver les bonnes personnes pour le faire.

Et en fait avec l’accordéon, le musicien joue du clavier et de la guitare, mais qui joue aussi de l’accordéon. Ça devait sonner comme quelqu’un qui joue dans la rue. Je ne voulais pas que ça sonne trop parfait, je voulais que ça soit charmant, comme ce que font les gens…

AnR : Satuno Buto vous a donné son travail pour l’album?

Christofer : Mmh en fait j’ai payé pour, mais il nous l’a vendu à un très très bon prix. Il est très connu, ses peintures sont très chères. Mais il aimait beaucoup l’idée, il a obtenu de la publicité de cette façon et il nous a fait des prix ridiculement petits.

AnR : Comment ça s’est passé ?

Christofer : J’ai essayé de trouver un artiste qui conviendrait pour ce que je voulais faire. Je n’ai pas trouvé de Français, pas de vivant en tous cas. Et Satuno Buto créait exactement ce que je voulais. C’était plus que parfaitement baudelairien. Et c’était quelqu’un de vivant, avec qui je pouvais parler, qui aimait l’idée, il trouvait ça cool, il aimait la musique. C’était vraiment bien d’avoir quelqu’un d’enthousiaste, genre « oui s’il te plait, utilise mon art ! » au lieu de quelqu’un mort depuis 200 ans et qu’on ne ferait qu’utiliser, comme un Digipack français. Ça a été une source d’inspiration de faire quelque chose de très sombre avec des chansons pop très sucrées rencontrant la noirceur. Comme Baudelaire léchant la poitrine d’une vierge.

AnR : Avez-vous d’autres hobbies que la musique ?

Christofer : mmmmh, non pas vraiment. Je consomme de la culture, je lis beaucoup de livres, mais je ne crée pas. Je dessine comme un enfant de 5 ans. Je n’ai jamais ressenti le besoin de créer autrement. Je suis très content d’être un consommateur culturel dans les autres domaines, lire des livres, voir des films au cinéma.

By ASK

Traduction : The Kat

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