HOT on the rocks!

Interview avec Chloé Trujillo

mardi/06/08/2024
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Chloé Trujillo est très objectivement un personnage hors du commun, mais très clairement désarmante de naturel… 29 minutes de conversation estivale et vespérale avec elle le jeudi 11 juillet à 22 heures 30 CET. Nous avons (entre autres) évoqué le projet Savage Lands, ses oracles, le Virgin Megastore, Sainte Gladys et (bien entendu) Metallica…

 

Art’n’Roll : Comment ça va ?

Chloé Trujillo : Et bien ça va ! Rentrée de France hier, donc un peu dans le Jet Lag mais ça va…

ANR : Avant que l’on parle de Savage Lands (NDA : Montre à l’écran à l’attention de son interlocutrice son gobelet « Savage Lands / Hellfest »)

CT : Ha ha !

ANR : Ma première question sera : quels ont été les meilleurs moments de ton Hellfest ?

CT : De cette année ? De partager la scène principale avec Savage Lands. Ce fut une expérience, non seulement de jouer devant autant de personnes, mais aussi de partager cela avec les musiciens de Savage Lands, pour une si belle cause (NDA : la lutte contre la déforestation, notamment au Costa-Rica) Je me suis sentie en totale connexion avec le groupe, comme si on se connaissait depuis super longtemps alors que je ne les ai rencontrés qu’en février en studio afin d’enregistrer et de clipper un morceau. De le vivre au Hellfest fut encore plus extraordinaire ! Mon intégration au groupe n’était pas forcément prévue, elle s’est faite en trois jours l’hiver dernier. De plus, nous n’avons pas eu beaucoup de temps afin de répéter le concert, nous avons fait cela la veille du Hellfest à Rennes. Un moment inoubliable (Rires)

ANR : Ton morceau avec Savage Lands s’intitule « Black Rock Heart ». Trois sont à ce jour disponibles. Pensez-vous enregistrer tout un album ensemble ?

CT : Pour ma part, je ne sais pas. J’ai enregistré avec eux en février un autre morceau qui n’est pas encore sorti. Je sais qu’ils ont un album en boîte. Si dans l’avenir j’ai d’autres opportunités d’enregistrer avec Savage Lands, oui carrément !

ANR : Es-tu associée avec Savage Lands quant à la direction « politique » du projet ?

CT : Qu’entends-tu par « politique » ?

ANR : Les décisions qui seront prises. Pour l’instant, vos décisions ont trait à la forêt costaricienne et aux Etats-Unis. Mais j’ai vu sur le site Internet du projet que celui-ci concernera l’environnement en France, et je me suis dit qu’une Française serait à-même de donner des conseils…

CT : Ce sont essentiellement Sylvain (NDA : Demercastel, guitariste, chanteur, activiste) et Dirk (NDA : Verbeuren, le batteur de Megadeth) qui sont décisionnaires. Moi, je me suis rendue disponible pour les aider aux Etats-Unis : Sylvain a prévu de se rendre aux Etats-Unis et je vais faire en sorte de lui présenter du monde en vue d’autres collaborations ainsi que d’autres événements. Nous étions à Biarritz après le Hellfest afin de mettre en commun nos idées devant un jus et une bière, étant artiste visuelle je lui ai proposé de faire certaines créations. Cela se concrétisera je pense quand il viendra la prochaine fois à Los Angeles : je vais, par exemple, lui présenter une amie qui est impliquée dans des événements destinés à des levées de fonds, tels des concerts ou des ventes aux enchères d’objets de musiciens ou autres.

ANR : Tu me parles de Biarritz, et j’ai cru lire qu’il y a quelques années une autre de tes décisions concernant ta trajectoire d’artiste avait été prise à Biarritz… De peindre sur des planches de surf…

CT : Ouais carrément. Cela s’était fait comme cela avec Billabong Europe, j’ai décidé d’une collaboration avec eux, et c’était également à Biarritz !

ANR : Pour revenir à cette édition du Hellfest, quels ont été les autres bons moments pour toi ?

CT : Le lendemain de ma prestation avec Savage Lands : mon fils et mon mari ont joué. Mon fils avec Suicidal, mon mari avec Metallica… C’était aussi les dix-huit ans de ma fille, nous étions tous rassemblés en famille au Hellfest : on a fait le gâteau, les bougies… (Rires) On a également vu de très bons concerts : Mr. Bungle… Evidemment Metallica et Suicidal, cela va de soi ! J’ai fait énormément de presse, pendant ce temps ma fille s’est baladée en solo et fait d’autres concerts. Malheureusement la pluie était au rendez-vous, après la magnifique journée de la veille et avant la magnifique journée du lendemain, nous nous sommes retrouvées avec ma fille sous la pluie et le froid… Cela valait de toutes façons le coup !

ANR : Comment tes enfants ont vécu ton passage sur scène ?

CT : Tu veux dire ?

ANR : Un coup c’est papa, un coup c’est fiston, maintenant c’est maman qui est sur scène au Hellfest…

CT : Je sais que Robert voulait venir me voir, mais il n’a pas pu car il devait répéter à la même heure avec Metallica… Je ne sais pas si tu as vu leur show, mais ils devaient répéter Indochine…

ANR : Oui, j’ai une question, tu sens peut-être qu’elle va arriver…

CT : Le choix d’Indochine ? Kirk et Robert jouent systématiquement un morceau dans la langue du pays, d’un artiste du pays où ils se produisent. Et quand c’est la France, Robert me demande toujours quel morceau jouer… La première fois, j’ai proposé « Antisocial » de Trust, parce que cela me semblait être le plus « metal », la chanson la plus connue même s’il y en a d’autres, et que même les Américains connaissent puisque…

ANR : Anthrax…

CT : L’a reprise… Quand ils joué au Stade de France, je lui ai suggéré Johnny…

ANR : Merci !

CT : Car c’était peu après la mort de Johnny, et c’était au Stade de France. Cette fois, je lui ai fait écouter plusieurs morceaux de Téléphone et d’Indochine, il a bien aimé le riff d’Indochine et a dit « On va faire celle-là ! ». A chaque fois que j’observe leur duo en France, j’espère que cela va passer (Rires) En voyant la foule bien réagir et se mettre à chanter, je suis soulagée ! C’est Robert qui choisit, il ne faut pas que cela soit difficile pour lui parce qu’il le chante en français, il ne parle pas vraiment français, ce n’est pas évident !

ANR : Tu lui as proposé quoi de Téléphone ? « Un autre monde » ?

CT : Oui, et… (NDA : chantonne)

ANR : « Ça, c’est vraiment toi ».

CT : Ainsi que d’autres morceaux de rock français…

ANR : Quand j’ai entendu Metallica reprendre « L’aventurier », je me suis dit que cette question devra être posée à Chloé aux alentours du 11 juillet… Concernant ton actu : j’ai vu que tu as dessiné un oracle…

CT : Je suis en train de peindre le troisième. Les deux premiers l’ont été il y a un moment déjà. J’ai toujours eu un côté spirituel. Il y a un moment où je lisais les cartes. J’ai appris tellement de pratiques de guérisons spirituelles, mentales, j’ai appris à communiquer avec les anges, j’ai appris quelques trucs de chamanisme, j’appris le Karuna des îles Samoa, et j’ai toujours été fasciné par l’ésotérisme. Quand je peins, je suis en train de canaliser, j’ai des idées qui me viennent, je fais quelque chose pour quelqu’un, je laisse venir les choses. L’année dernière, c’est dans un vol New-York / Montréal (Rires) que me sont venues les images de cet oracle, j’ai toujours sur moi un carnet de croquis et j’ai tout retranscrit. Cet oracle est aujourd’hui composé de vingt-cinq peintures achevées.

ANR : Quels seraient tes tarots préférés ? Ceux qui t’auraient le plus marquée ou influencée ?

CT : (NDA : Pensive) Ce n’est pas une question facile, parce que j’en ai tellement… J’ai une collection de tarots chez moi, j’en ai même un de Dali qui est super, j’en ai tellement…

ANR : (NDA : Montre à l’écran celui des Imagiers du moyen-âge, par Oswald Wirth)

CT : Ah tu l’as celui-là, c’est sympa ça… Me demander mon tarot préféré c’est comme me demander mon artiste préféré, il n’y en a pas vraiment un, c’est sur le moment en fait… Je suis mon intuition, c’est un ressenti en fait… Quand j’étais au lycée, on jouait au tarot de Marseille, c’est un souvenir des années lycée…

ANR : Parles-tu spiritualité avec Robert ?

CT : Oui… Enfin, il me laisse faire mes trucs (Rires) Lui, il me raconte des histoires de fantômes ! La première fois qu’il a vraiment réalisé que je travaillais avec le spirituel, c’est quand il m’a demandé de faire le poster pour son film sur Jaco Pastorius (Jaco, 2014 : un documentaire sur le musicien de jazz Jaco Pastorius, par Paul Marchand et Stephen Kijak, produit par Robert Trujillo et John Battsek de Passion Pictures) Je connais un peu ce bassiste, il est décédé en 1986 je crois…

ANR : Robert a une basse de lui…

CT : Robert a une basse de lui, oui, Bass of Doom… Quand il m’a demandé de faire le poster, il était assez inquiet car la famille de Jaco Pastorius est assez difficile et avait toujours le dernier mot… C’était quand-même l’image de leur père qui était représentée au cinéma… Il m’avait demandé de leur montrer chaque étape de la réalisation de cette affiche, ce que j’ai refusé, je me suis mis dans notre salon, j’ai demandé à personne de me déranger, j’ai bossé toute la journée et toute la nuit, j’ai réalisé ce poster en un seul jour alors que j’avais six mois pour ce faire… J’en ai fait deux d’ailleurs. Sur du Canson super épais pour pouvoir les scanner et les envoyer à la famille. J’ai eu des retours assez incroyables de leur part. J’ai inséré des éléments symboliques qui me sont venus, m’évoquant Jaco, ce qui a convaincu la famille de celui-ci… Je me suis connectée à lui, on y croit on n’y croit pas, je sais que l’information est dans l’air et est accessible à tous, tout est vibration et fréquence, il suffit de s’accorder et d’être réceptif…

ANR : Les animaux ont-ils une âme, et selon toi pourquoi ?

CT : Je pense que tout à une âme. Nous sommes tous connectés, y compris le monde minéral, j’ai tout le temps des rochers, des cristaux autour de moi. Les pierres inanimées possèdent une fréquence. Les animaux ont une âme, ressentent comme nous les choses…

ANR : Nous sommes la Saint Benoît aujourd’hui : est-ce que cela te parle ? Connais-tu quelqu’un qui s’appelle Benoît ?

CT : Est-ce que je connais des Benoît ? (Rires) Non ! Lorsque j’étais à Biarritz, nous nous sommes rendus déjeuner avec des amis dans un endroit où l’on ne trouve jamais de places de parking… Et boum, nous en avons trouvé une juste devant l’endroit ! Mon ami me dit que c’est parce qu’il a demandé à Sainte Gladys, et que cela marche à tous les coups ! Voilà (NDA : écarte les bras) Je partage l’information avec tout le monde, je ne sais pas si cela va marcher… Il y a certains saints avec lesquels ont peut travailler, mais Saint Benoît je ne sais pas, je ne le connais pas assez !

ANR : Tu as évoqué tout à l’heure ton bahut : c’était lequel ?

CT : C’était Louis Le Grand, rue Saint Jacques. A chaque fois que je suis à Paris, je fais une petite ballade devant. Me rappeler des souvenirs.

ANR : Pour finir, Ask m’avait parlé de « la bande du Virgin Megastore », peux-tu nous expliquer ?

CT : C’est marrant !

ANR : Vous devez avoir des amis en commun…

CT : C’était le rendez-vous des « hardos » du week-end ! En fait, je ne sais même pas comment c’est venu, on a du se connaître au rayon Metal du Virgin Megastore, on se retrouvait sur le banc devant. Des fois, on allait tous vadrouiller, on allait aux puces, ou on allait aux concerts… C’était nos week-ends…

ANR : Virgin Megastore, c’est là où j’ai acheté mon premier t-shirt, un t-shirt des Stones avec la bobine de Jagger façon Warhol et inscrit « Stones 90 »… Et toi, ton premier t-shirt ?

CT : Je ne l’ai pas acheté au Virgin, j’y allais surtout pour les cd…

ANR : Peut-être aux puces, chez l’Indien…

CT : (Sourire) Oui, j’ai fait l’Indien… C’est ouf (Rires) Je ne sais même pas où je l’ai acheté mon premier t-shirt, je crois que c’était un Slayer, avec marqué « Root of All Evil »…

ANR : Avec le diable vert ?

CT : Ouais…

ANR : Je l’avais aussi…

CT : Je suis dégoutée de ne plus l’avoir… J’avais un Sepultura aussi, de Schizophrenia… C’était avant Arise… Je suis dégoutée de ne plus l’avoir également… Ce n’est pas faute de les avoir conservés des années durant, mais quand j’ai emménagé à New-York, je ne pouvais pas prendre une grande valise parce que j’allais dans une toute petite chambre… J’ai tout laissé dans la cave de mon père, et quand je suis revenue les récupérer, je ne sais pas QUI EST ALLE PRENDRE MES T-SHIRTS, mais ils avaient tous disparus, je ne sais pas ce qui s’est passé, c’était des t-shirts de la fin des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt-dix, avec toutes les dates de concert derrière, certains doivent valoir une fortune maintenant, mais bref, passons…

ANR : Ultime question : quel est ton futur proche ?

CT : Alors, plein de choses. Je suis en train de travailler sur un album solo, mais pas aujourd’hui parce que je viens de rentrer et je dois répondre à mes mails et faire les courses parce qu’il n’y a rien à manger à la maison (Rires) Avec mon groupe Blvd of Eyes, nous avons une mini-tournée de prévue aux Etats-Unis, dans le Nord de la côte Pacifique, et nous envisageons de venir en Europe l’année prochaine. Nous tournons un clip en septembre, puis sortons notre deuxième EP en octobre, le 25 octobre je crois… J’ai une mini-collection de fringues qui devrait sortir d’ici la fin de l’année. Je suis en train de finir, comme on a dit, de peindre mon oracle… Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Je suis sûre qu’il y a plein de trucs que j’oublie… Je ne sais plus… Je suis encore sous le coup du décalage horaire… Ouais…

ANR : Ecoute il est 59, je vais devoir te souhaiter une bonne soirée, ou plutôt une bonne journée, à bientôt, au revoir Chloé !

CT : Merci ! Merci ! Bye Bye !

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