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Laura Cox à La Cigale – 18 mars 2023

mardi/21/03/2023
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Ce n’était pas stricto sensu une « Release Party » tel qu’indiqué sur l’affiche et annoncé par la musicienne elle-même en interviews ; déjà parce que son « Head Above Water » se trouve dans le commerce depuis le 20 janvier dernier ; et que la sudiste a eu au minimum une occasion d’en jouer publiquement certains extraits (à La Gespe de Tarbes le 3 mars). En tous cas c’est la qualification donnée par l’artiste à son concert-événement de ce samedi 18 mars, et mal nommer les choses n’ajoutera cette fois rien à rien puisque cela augurait de toutes façons la soirée de gala. Une Cigale bondée étouffait les chrétiens avant que ne soient donnés les trois coups au charley par Romain le batteur de Kim Melville à dix-neuf heures quarante-cinq ; provoquant ovation instantanée. Le manager de Laura lui aurait-dit à son propos : « Tu devrais lui laisser sa chance, voilà elle fait de la musique de qualité, y a vraiment du potentiel et ça pourrait être cohérent à La Cigale » (Interview ANR, janvier 2023) ; tout est véridique : Kim Melville est une jeune guitariste-chanteuse française qui opère dans un registre apparenté à la tête d’affiche sa devancière, une guitare (qu’elle porte haut, signe d’application) au son un mini-potard plus grassouillet, pour une très cohérente entrée en matière. Entourée de ses trois musiciens, la jeune femme présentera ses compos classic rock sur la scène parisienne trente-trois minutes durant, sous une bannière noire frappée de son logo à œil ésotérique bleu schtroumpf assorti à sa Gibson pailletée à micro unique. Pas radin d’applaudissements et de cris, le public de Laura Cox lui réservera un accueil des plus chaleureux, tapant dans ses mains jusqu’aux derniers rangs des balcons ; Kim communiquant peu avec celui-ci, se contentant de sincères « merci » soufflés à rythme régulier. La charmante revendique comme influences « Led Zeppelin, Rival Sons, KISS et de Jack white à Jonny Lang » (source : https://www.kimmelville.com/), son chant en anglais rappelant celui de Sheryl Crow. Heureuse (et émue) de délivrer son simple de 2021 « Mr My Man » à l’une des prestigieuses enceintes du boulevard Rochechouart, elle prendra finalement la parole pour une série de remerciements (adressés dans l’ordre à : Laura Cox pour son invitation, toute l’équipe de La Cigale, Adrien au son, aux trois musiciens l’accompagnant ainsi qu’au public) avant de clore son aimable tour de chant par un ultime hard rock seventies ; les lumières se rallumant sur un dense brouhaha ne discontinuant guère. L’audience justement, il est souvent éclairant voire utile de savoir à qui l’artiste ou le groupe aura affaire : pas ou peu de t-shirts hormis quelques tricots des Rolling Stones et du Hellfest (Laura a presque assuré l’ouverture de l’édition 2022 du festival sur la Mainstage 2 ; et la parenté musicale avec la formation de Mick Taylor puis de Ronnie Wood se ressent de temps à autres dans sa musique, principalement dans certains enchaînements d’accords) ; d’ailleurs, le profil du public de ces deux grand-messes semble être (désormais) voisin voire commun ; un remarquable brassage de générations également, allant des tout-petits à casque protecteur aux papys et mamies, beaucoup de spectateurs étant venus en famille ; un public néanmoins pas toujours prévenant, certains à l’entracte tentant à tout prix de trouver une place libre en balcon quitte à bousculer façon sortie de RER D en période de conflit social (« – Ils sont tous hystériques depuis le début… Ce public fait un concert tous les quinze ans… » me confie une source proche du dossier ; « – A Municipal Waste le mois dernier c’était plus civique » répondis-je sans spécialement exagérer, étreint par une crainte persistante et fondée que mon gobelet consigné rempli de Coca ne soit renversé puis piétiné sans un quelconque regard ni égard). C’est plus l’Officiel des spectacles ou Le Parisien que Metallian quoi. Le panorama dépourvu de bières à l’exception d’une ou deux pognes. Un sexagénaire à t-shirt Tom Jones tient son occiput dans sa paume accoudé à la rambarde du premier étage derrière un attroupement de badauds à la verticale, un photographe à la manœuvre, ainsi que le dégingandé youtubeur Waxx, le tout obstruant sa vue de la scène, le malheureux étant vraisemblablement embringué pour n’apercevoir que t’chi de la soirée… Un trapu chauve à lunettes épaisses dévale furtivement les escaliers dans l’obscurité : mon Dieu, on dirait bien Michel Blanc (2023) !

La semaine où Laura Cox est venue au Monde INXS était numéro un des ventes de 45 tours avec « Suicide Blonde » ; le rap hexagonal faisait son entrée sur fracas d’émeutes urbaines ; le mouvement rock alternatif français venait de se vendre aux majors de l’époque ; tous sont dans les choux depuis belle lurette ; le blues-rock quant à lui perdure, et fût ce soir à l’honneur sous les boiseries de La Cigale. Vingt-heures quarante-six ça s’éteint. Sonorité slide. Blues southern. Façon Allman Brothers ou Black Crowes (sobres). Coups martiaux aux toms basse, repris en rythme par l’assistance ; le clavier et le bassiste gagnent leurs places, premiers accords instrus ; et Laura Cox investit la scène SG Special à protège-plectres blanc en bandoulière nimbée d’une aura rougeoyante sur « Wiser » extrait d’« Head Above Water », lequel sera donc joué live pour la deuxième fois depuis Tarbes. Ovation. Certains aux arrières-rangs du balcon sont déjà debout. On filme au portable mais relativement peu pour un concert de 2023 ; ça dévore de mirettes admiratives la frêle guitariste brune. Son public mangeant dans ses dix doigts de guitar hero, Laura n’aura cette soirée de la Saint-Cyrille de Jérusalem qu’à abattre trois cartes sorties de sa chemise en jean. Le professionnalisme : sur ce point l’ex-youtoubeuse en herbe n’a plus aucun gage à donner quel que soit l’instrument joué (guitare, Lap Steel, clavier, tom basse, sa voix), elle n’aura qu’à fixer de son regard aquilin la salle et non son manche, fronçant les sourcils de contentement ; mention spéciale au nouveau bassiste Adrien Kah, débordant de maîtrise et de technicité cool à la Jazz Bass noire, assurant des chœurs de toute beauté, dorénavant sideman et complice scénique de la femme aux Gibson Sunburst ; sans oublier le clavier « à la Chuck Leavell » et le carré batteur à bonnet ; tant d’efficacité à quatre ne manquant pas d’impressionner. La convivialité : à l’inverse de sa première partie la maîtresse de maison sait manifestement s’adresser à un auditoire ; dans des monologues au débit rapide voire empressé ; défonçant parfois des portes béantes (« Est-ce que vous êtes chaud ?!? ») ; ne cessant de lui parler entre chacun des quatorze morceaux ; voire même pendant certains morceaux (expliquant par exemple tout en s’appliquant à la Lap Steel qu’elle a choisi d’accorder une place à cet instrument sur son nouveau disque afin de relever un challenge et de rendre hommage à ses influences) ; à deux encablures de le tutoyer façon Bonvoisin ; de le remercier, de lui accorder de l’importance ; d’évoquer avec humour la bière qu’elle marraine tout en se désaltérant de Cristalline ; de lui confier le stress qu’elle a éprouvé à préparer ce show ; de rappeler que cinq minutes après le tomber de rideau elle sera présente à son étalage de merch (soit dit en passant peu onéreux, de bon acabit et très aimablement tenu) ; le mot « Party » prenant ici tout son relief. La surprise comme troisième carte, et c’est d’ailleurs le terme employé à plusieurs reprises par la Franco-Anglaise…

En effet et à l’instar de sa « Release party » organisée pour l’album « Burning Bright » de décembre 2019 au Trabendo ayant marqué premier point d’orgue de sa carrière, des invités-surprises (pour mémoire la fois dernière : Waxx, Mary Reynaud, Nono, Gaëlle Buswel, et une reprise finale collective sur le « Heartbreaker » de Pat Benatar) sont venus sertir de leur présence et bonne humeur la soirée de Laura elle-même débordante de félicité. « J’ai l’honneur d’avoir… des guests de renom avec moi, certaines… de mes idoles, certaines de mes influences, certaines de mes inspirations, la prochaine guest je l’ai souvent citée parmi mes influences en interview, c’est Elin Larsson de Blues Pills »: l’altière et blonde chanteuse surgit alors faisant de suite montre de tout son charisme ainsi que d’un festif enthousiasme nordique sur le bluesly « So Long » ; l’instrumentiste jubilant courbée sur sa gratte dès la prise de chant de son invitée. Vinrent Mary Reynaud déjà présente au Trabendo, pour le récent et acoustique « Before we get Burned » ; puis une contribution de Delila Paz et Edgey Pires vocaliste et guitariste du groupe de rock US The Last Internationale, « Soul on Fire » chanson de leur album éponyme de 2019 ; enfin le sémillant Waxx descendu du balcon sur le funk rock « Freakin out Loud » : pédale d’effets à fond Monsieur Bagieu à la ville essaima ses cocottes puis assura la rythmique durant le solo à la wah-wah. En parallèle à cela, l’ex-Laura Cox Band aura impeccablement restitué quatre morceaux de chacun des trois albums concoctés depuis 2017. Dont un nerveux « Fire Fire », l’un de ses morceaux de bravoure. Et un classieux « Too Nice for Rock’n’Roll » pourvu d’un long et tout en mesure solo de batterie délivré sous unique projecteur accompagné par ce brillantissime clavier ; non sans évoquer celui de « Won’t Get Fooled Again » des Qui version Live d’août 1978. Plus une plage où le vespéral récital emprunta l’espace d’un instant aux plus délicats instrumentaux de « Use your Illusion I & II » (« November Rain », « Estrangered »). Sur ses récentes compositions country et blues, celles où elle a quelque peu délaissé le créneau AC/DC – Deep Purple – ZZ Top de ses deux premiers LP, la voix de Laura évoque (à son tour et) divinement celle de la magnifique Sheryl circa 1996… Enchantement. Des spectateurs se sont finalement assis en tailleur sur la moquette des travées du balcon afin de ne louper nulle miette de se qui se déroule en bas. Rompue au scénique Laura laissera à plusieurs reprises ses trois musiciens tenir seuls la baraque afin de s’isoler en coulisses permuter de guitare. Il y aura un rappel sur « One Big Mess » puis, comme au Trabendo il y a quatre ans, la cheffe rameuta ses guests sur l’estrade illuminée afin d’entonner tous ensemble une réinterprétation. Ce fût ce soir « Rockin’ in the Free World » du Loner. Quatre chanteuses donnant tour à tour de la voix sur les couplets plus trois guitaristes alternant fioritures et soli, Laura œuvrant dans les deux catégories. Fabuleux. Vingt-deux heures vingt-huit les lumières se rallument sur « Sunshine of your Love » de Cream en fond sonore. Le lecteur perspicace ne souhaitera pas achever ce papier sans savoir pourquoi pléthore de points-virgules le parsèment. Parce qu’Alain ponctuait ses « propos » de points-virgules. Parce que le point-virgule est banni de certaines néo-technologies (cherchez-le sur le clavier de votre Huawei…). En définitive parce que le point-virgule est : authentique ; technique ; distingué. Comme Laura Cox.

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