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Interview de Lòdz

mercredi/01/03/2023
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Rencontre avec Julien de  Lòdz au hard rock café pour nous parler de moons and hideaways sorti 

l Année  dernière chez crimson productions. 

Art’N’Roll : Heureux de te recevoir., troisième album pour Lòdz.

Julien : Troisième album, effectivement.

Art’N’Roll : Qui est sorti l’année dernière au mois de décembre, pourquoi une promotion si tard ? Est-ce que vous avez eu le temps d’en parler avant ?

Julien : C’est le timing qui fait que l’album est sorti en fin d’année 2022. Ce n’était peut-être pas très stratégique, à cette époque-là tu passes à travers tous les bilans de l’année parce que du coup tu as juste passé deux semaines en 2022. Mais on a quand même eu des retours et on a réussi à être album de l’année en seulement deux semaines, donc on est quand même contents. C’est tardif, mais c’est juste qu’en fait on est occupés, le temps que tout se fasse avec les délais des vacances, ça explique le fait qu’on commence un peu tard la promo et aussi qu’on a réussi à s’étaler. Cet album on a mis cinq ans à le faire presque ; il y a cinq ans entre le précédent et celui-ci. Donc on a envie aussi de prendre le temps de profiter à fond de ça, de faire durer la promo, les concerts arrivent au mois d’avril et au mois de juin, nous ne sommes pas pressés et le fait de ne pas être pressés c’est ce qui résume la création de cet album.

Art’N’Roll : Oui, on va en parler d’ailleurs de la création de cet album, déjà vous avez un nouveau line-up ? 

Julien : C’est ça, dont moi d’ailleurs ! 

Art’N’Roll : Tu viens d’arriver ?

Julien : Je suis arrivé en 2018. Justement, au moment où le groupe s’est séparé de son bassiste après la sortie du précédent album. Je suis arrivé vraiment au moment où cet album à commencer à se construire et Éric, le batteur, a suivi dans la foulée, un peu pendant la période de confinement. Ça a créé un petit peu d’instabilité dans le projet et c’est là qu’Éric est venu prendre la place de batteur.

Art’N’Roll : est t il exact que vous vous êtes refugiés loin de tout  ?

Julien : Oui, tout à fait ! C’est ça.

Art’N’Roll : Comment avez-vous enregistré l’album ? Vous vous êtes séparés chacun de votre côté ?

Julien : Il y a eu un peu de ça. Mais le point de départ, qui explique cette façon de travailler, c’est qu’on voulait vraiment, pour ce nouvel album, partir sur quelque chose de différent. C’est un peu l’album de la maturité. On s’est dit : « Il s’est déjà passé des choses musicalement, maintenant, ce serait bien d’aller un peu plus loin : faire vraiment ce qui nous plaît sans tabous. » C’est-à-dire si on a des influences un peu old schools on va les prendre, si on a des influences un peu plus rock alternatif on va les prendre, des influences dans le post, etc. sans forcément se contenir à un registre ou une façon de faire. Je ne dis pas que c’était forcément le cas avant, mais il y avait moins cette démarche jusqu’au-boutiste, façon de parler. C’était le constat au début, voilà, on part sur quelque chose de complètement différent, on change de mood. Avant ça composait plutôt en répétition, c’est quelque chose de traditionnel pour les groupes de rock. Tu arrives en répète à 19 heures tu pars à 23 heures. Quelqu’un amène un bout de riff et hop ! tu construis ton morceau comme ça et voilà. Tu écris ton album de cette manière, ce qui peut fonctionner, mais, là, nous avons voulu faire différemment. 

Le processus qui nous, nous convenait parfaitement c’était vraiment de s’isoler. On prenait des temps où on partait, trois, quatre jours à la campagne dans une maison paumée. On laissait les téléphones de côté, la vie réelle de côté elle aussi, et on s’enfermait tous les quatre. On se mettait à fond dans l’écriture, on composait le jour, la nuit, peu importe. C’était vraiment un moment hors du temps où on a pu aller vraiment au bout des choses. C’est quelque chose qui a été vraiment important sur cet album. On a vraiment tout testé, on a pris les riffs, on les a retournés. Dès qu’on avait un doute, on prenait le temps de refaire, alors qu’en répétition, ce n’est pas évident. 

On travaille beaucoup avec la MAO ça nous permet de faire tout ça, et aussi de travailler avec un son. Souvent, quand on prend l’ancienne façon de composer, on enregistre, on crée les morceaux et on verra bien en studio pour travailler le son. Là, dès le début on a dit : « Ok. Il faut que ça sonne plus ou moins comme ça » et à force on affinait. D’ailleurs, pour l’anecdote, on a trouvé le son de l’album qu’on voulait avant même de commencer à faire les premiers morceaux. On avait une sorte de chorus, un peu à l’ancienne, un peu nostalgique, qu’on aimait beaucoup, qui pour nous a dégagé tout de suite beaucoup d’émotions, beaucoup de sentiments, on s’est dit : « Ce son-là, il faut qu’il revienne sur l’album. Ça va être le son de l’album. » Et après, on a commencé à écrire autour de ça. C’étaient vraiment des moments hors du temps, c’était la période de COVID. Pour l’anecdote, en mars 2020, on a fait une session, on est partis de Lyon dans un monde à peu près normal – en tout cas normal selon les codes de l’époque –  on revient, trois jours plus tard ; tout est fermé, ville fantôme, et on était tellement déconnectés, on hallucinait, on se disait : « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ! Il s’est passé combien de temps ! ». 

Art’N’Roll : Le début du COVID, finalement vous a aidé à créer votre album.

Julien : C’était la coïncidence, on part, tout est normal et on revient c’est chaotique. Mais pour le coup, oui, je pense que ça a amplifié ce phénomène-là. On ne se voyait plus, on ne pouvait plus répéter et le seul moment où on pouvait se voir c’était quand on partait. On s’enfermait, on jouait et on bossait beaucoup à distance aussi. Le fait d’avoir le temps quelque part – parce qu’on nous a forcés à avoir le temps à cette période nous a permis d’aller beaucoup plus loin. Si le COVID n’était pas arrivé, peut-être qu’on aurait sorti l’album deux ans plus tôt, mais on n’aurait peut-être pas été autant satisfaits de la version finale tellement nous sommes allés au bout des choses. Maintenant, même après tout ce temps passé on est toujours aussi fiers et c’est quelque chose d’assez satisfaisant à ressentir.

Art’N’Roll : Finalement vous avez exaucé votre vœu en sortant ce troisième album. C’était un de vos vœux il y a cinq ans, parce que vous n’étiez pas sûrs ?

Julien : Oui. C’est clair. Surtout avec tous ces changements. Quand un groupe change, tout de même, la moitié de ses membres ça peut matcher, mais aussi ne pas matcher du tout, et tout s’est bien passé.

Art’N’Roll : L’album est composé de neuf morceaux, qui sont plutôt courts, mais riches. C’est rare pour un groupe comme vous… on va dire metal… atmosphérique ? Mais ce n’est pas le terme que j’emploierais.

Julien : Oui. Très riches. C’est vrai que c’est compliqué de trouver une case. Aujourd’hui, on sonne vraiment comme nous, on considère qu’on fait du métal à la Lòdz. Ce sont des morceaux très intenses. Justement, le résultat de cette démarche fait qu’il y a peu de morceaux sur l’album, mais on dit tout ce qu’on a dire, et, finalement, pas besoin d’en mettre plus sur un format court. Mais sans chercher forcément à faire un format court. Les morceaux se sont présentés tels quels, on ne s’est pas donné de limites. On s’est dit : « Si c’est court et que le morceau on le considère bien comme ça, on le laisse comme ça. » On n’a pas voulu faireun morceau de huit minutes parce que ce sont les codes du post. Non ! On a fait le morceau qu’on a envie d’entendre.

Art’N’Roll : Quand on écoute l’album, il est désolant, il est plein de désespoir et à la fois mélancolique. Il est d’une intensité assez rare. Vous avez voulu faire passer un message tout le long de cet album ?

Julien : Au-delà de l’aspect message, c’est vraiment une sorte d’invitation à venir faire une introspection avec nous sur les émotions. C’est sûr qu’on traite de sujets un peu sombres, complètement. Les regrets, la nostalgie, la mélancolie, c’est la dépression, les écarts qu’on peut avoir dans une vie, face aux autres, face à soi-même. Forcément ça reste des émotions et des sentiments totalement universels, tout le monde ressent la tristesse, comme tout le monde ressent de la joie. On a voulu en parler parce que c’est un domaine dans lequel on se sent à l’aise. Mine de rien, il y a quelque chose de beau dans la mélancolie et la nostalgie, qui nous aide, qui est très intense et qui est un moyen d’expression énorme. Ce n’est pas vraiment un message, mais c’est une invitation. Même la pochette symbolise un peu cette porte entre-ouverte qui veut dire : venez dans notre intimité, venez avec nous faire ce voyage très introspectif.

Art’N’Roll : On le fait le voyage, on le fait ! (Rires)

Julien : Très bien ! Je suis très content de l’apprendre !

Art’N’Roll : Il faut plusieurs écoutes pour vraiment s’imprégner de cet album. Je ne sais pas si c’est ton ressenti ?

Art’N’Roll : Alors, le mien est un peu différent, mais en tout cas ce ressenti revient régulièrement. On a eu de très bonnes chroniques et toutes disent que c’est vraiment un album à écouter d’un bloc déjà, et pour entrer dedans il faut l’écouter plusieurs fois pour en sentir les subtilités. Nous on est contents parce que, c’est sûr que du côté commercial ce n’est pas forcément comme certains producteurs voudraient que ce soit, mais pour nous c’est exactement ça. Quand on a ce genre de retours comme le tien, comme les autres chroniques qu’on a eues, on se dit : « Trop cool ! l’objectif est atteint ». L’objectif c’est que les gens entrent dedans, s’en imprègnent, se l’approprient parce que ce sont des sujets personnels, mais les paroles sont assez larges pour que tout le monde s’identifie, donc ce que tu me dis me fait plaisir : l’objectif est atteint.

Art’N’Roll : On entend un certain monologue sur Chimeras, en français, c’était voulu ?

Julien : Oui. C’est tiré d’un film de Gaspar Noé, le film s’appelle Seul contre tous. Pour le coup, je ne l’ai pas vu, mais c’est Éric, le chanteur du groupe, qui a écrit les textes et qui a eu l’idée de ce monologue. Au moment où il écrivait il a revu ce film, qui parle de la descente aux enfers d’une personne. Pareil, on pourrait dire que c’est bizarre d’avoir du français en plein milieu d’un morceau, mais non. Nous, ça nous parle et de toute façon nous sommes un groupe français et je trouve que ça rend bien, ça crée une dimension supplémentaire.

Art’N’Roll : Vous avez fait appel à un nouveau producteur, Nikita, qui fait partie d’un groupe de black metal ?

Julien : Nikita Kamprad de Der Weg einer Freiheit.

Art’N’Roll : Pour quelle raison ce choix ? Vous aviez le même producteur pour les deux derniers albums, comment avez-vous été le chercher ? 

Julien : Complètement. Déjà, on avait les mêmes personnes sur les albums précédents, mais, dans cette démarche de changer, d’évoluer vers quelque chose de nouveau, de se mettre un peu en danger, de se mettre un peu dans le rouge, on s’est dit : « Il faut qu’on change aussi la prod. » Nous, Der Weg, on est tous ultra fans pourtant le style est très loin de ce que fait Lòdz.

Art’N’Roll : …Très loin du vôtre.

Julien : Oui, c’est style Blast, c’est du black metal. Leur dernier album est un peu plus post, mais ça reste du black metal. Sauf que, Nikita, qui est aussi le guitariste et chanteur et qui produit tout  a une façon de traiter les émotions et la musique très intense.  Et là, on s’est dit : « tu imagines, pour créer leur son, ils superposent plein de sons, c’est ultra dense, et ça nous amène partout. C’est très dynamique, très naturel et en fait c’est ça qu’il faut pour Lòdz !  Contactons ce gars-là. » On lui a dit qu’on aimait ce qu’il faisait, on lui a expliqué ce qu’on appréciait dans son travail et ce que nous on envisageait pour l’album. » Ça a tout de suite matché ! il a répondu : « carrément ! », il a compris le propos, il a tout de suite été intéressé. Nous on s’est dit : « Banco, on va enregistrer avec lui. » 

On devait enregistrer dans son studio en Allemagne. Deux fois on a programmé les dates et deux fois : frontières fermées, bim ! Donc on n’a pas pu aller chez lui et on a fait les guitares, la basse et le chant chez nous en autoproduction. Olivier, le guitariste, est très à l’aise avec tout ce qui est production, c’est lui qui a travaillé tous les sons. Ensuite, on a tout envoyé à Nikita pour le mixage en lui disant bien : « Nous on ne veut pas un technicien. On ne veut pas quelqu’un qui fasse juste pousser des potards, ça on peut presque le faire nous-mêmes. On veut quelqu’un qui va s’approprier les morceaux et qui va être, le temps du mixage, le cinquième membre de l’album. » C’est comme ça que ça s’est passé. Il y a des moments où on avait des maquettes et là-dessus on lui a laissé carte blanche. On lui a envoyé je ne sais pas combien de voix et de guitares et il nous a surpris en faisant des choses qu’on a trouvées incroyables. D’habitude, d’expérience,  que je peux avoir, quand tu fais des retours de mix, il y a beaucoup de choses à dire. Là, on a écouté et on a fait « Ouah ! » évidemment il y a eu des ajustements des trucs par-ci, par-là, en plus, en moins, mais « OK, c’est bon, on ne s’est pas trompés ! » l’expérience avec lui a été incroyable, c’est vraiment une super personne !

Art’N’Roll : Vous avez aussi changé de label, est-ce que le label ne vous a pas aidé aussi à passer la frontière française et partir en Europe ?

Julien : Le label on l’a trouvé après. Avec le COVID on avait le temps. De toute façon, on n’allait pas sortir un album pendant le confinement. On ne voulait pas non plus sortir l’album juste après parce qu’on savait que tous les groupes allaient sortir des albums donc on a pris notre temps. Quand on s’est adressés au label…

Art’N’Roll : Crimson productions.

Julien : Oui, c’est ça. On leur a dit : « On a l’album, on a déjà la pochette, le shooting photo, toute la DA artistique, il est mixé, masterisé, il est prêt à sortir. » À ce moment-là, on s’est posé quelques questions parce qu’on était à la Klonosphère, ça fonctionnait très, très, bien, il n’y a aucun souci avec eux, mais, autant aller jusqu’au bout de la démarche où l’on change. Encore une fois, cette idée de changement est omniprésente. Donc, quel label ?  On a commencé à réfléchir, les gros, les petits ? En fait, Crimson, qui sont Lyonnais et Mick, qui est le chanteur de Destinity, est un proche, c’est presque un ami d’enfance d’Éric, le chanteur du groupe. Il a toujours été fan de Lòdz et il nous a toujours dit : « Les gars si vous sortez un truc dites-moi, je suis super intéressé. » 

Il a monté sa structure et pour nous ça sonnait comme une évidence.  C’est un label lyonnais, comme nous, ce sont des gens proches de nous. La musique s’est un peu déshumanisée ces derniers temps et avoir un rapport vraiment proche et humain avec un label c’était parfait. On est vraiment comme une grande famille, on se fait tous confiance. Eux, ils commencent, donc ils se donnent à fond, et nous, ça nous semblait plus intéressant de travailler avec un petit label qui se lance, qui veut vraiment s’occuper des groupes à fond et qui vont se bouger pour nous, que d’être en fin fond de catalogue, juste pour avoir un joli nom sur le CD. Donc, la collaboration avec eux est vraiment géniale. VJ, l’associé de Mick est aussi très cool, on travaille main dans la main on se fait confiance. C’est la proximité et le côté humain qui nous ont séduits.

Art’N’Roll : En plus vous êtes tous Lyonnais, vous vous connaissez.

Julien : C’est ça, on se connaît déjà, on se voit au bar…

Art’N’Roll : C’est une grande famille en fait.

Julien : Exactement, c’est une grande famille. Donc quand on a vu qu’ils étaient hyper motivés on s’est dit : « Pas besoin de plus ! » ce qu’ils font c’est super, et on avance ensemble. 

Art’N’Roll : On dit que vous rivalisez beaucoup avec les groupes scandinaves, qu’ils soient aujourd’hui disparus ou qu’ils existent encore. Quand je vous écoute, je pense à des groupes comme sentenced, qui ont disparu, je pense à plein de groupes de metal. Comment vous voyez votre œuvre à l’avenir ? Vous la voyez sombre ou vous dites : non, c’est bon je pense qu’on est sur la bonne voie ?

Julien : Je pense qu’on est sur la bonne voie. Alors, on va toujours ressembler à ces groupes-là, il y aura toujours des rapprochements avec Katatonia, Paradise Lost, Cult of Luna, mais, autant avant on était très proches de Ghost Brigade, maintenant, il y a Lòdz en plus ! Tu vois, l’album est encore récent pour nous, on est ultra fiers de ça, et le suivant se rapproche aussi. On a l’impression d’avoir trouvé notre son. Tu vois ce que je veux dire ? Ce moment où on ne sonne plus comme Cult of Luna, OK c’est une méga influence, mais non ! on sonne comme Lòdz ! 

En piochant dans toutes ces inspirations, effectivement, qui viennent pas mal des pays scandinaves, mais on a tous des cultures un peu différentes dans Lòdz : beaucoup de metal un peu extrême des pays du Nord, mais ce qui nous lie le plus entre nous c’est l’émotion.  je suis un grand fan de grunge, d’Alice in Chains, quand j’ai rejoint Lòdz, je me disais : je trouve que l’émotion qu’il y a dans Alice in Chains est la même que dans un Katatonia, et il y a la même dans Lòdz même si ça s’exprime dans un style différent. Donc, on a plus pensé à s’émanciper, on va dire, de nos grands modèles et à créer notre univers, on est un groupe qui a plus de dix ans, trois albums, aujourd’hui on sait où on va, le line-up fonctionne bien.

Art’N’Roll : On a du mal à poser, à dire que c’est du metal. Moi, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de sonorités de new-wave, je ne sais pas si tu es d’accord avec moi ?

Julien : Oui, complètement.

Art’N’Roll : De new wave des années 90, j’ai pensé à Depeche Mode, sur certains morceaux !

Julien : Je suis complètement d’accord.

Art’N’Roll : Je dirais que c’est la new wave metal moderne pratiquement !

Julien : Je suis assez d’accord avec ça. Quand on a commencé, on n’avait pas de tabous, on s’est dit : « On va prendre toutes nos influences, tout ce qu’on kiffe. »  J’adore Depeche Mode, mais Éric, c’est l’énorme fan de Depeche Mode. Mais complètement ! C’est un de ses groupes favoris.  Et on s’est dit : « Ben, OK, on y va ! » On a un morceau Fast Rewind, c’est le deuxième single qu’on a sorti, qui est un peu différent des autres morceaux. Il est plus indus, c’est vraiment un mood différent. Je ne suis pas sûr qu’on aurait mis ce morceau sur les albums précédents, alors que là, on kiffe explorer cette voie ! Allons-y et même sortons-le en deuxième single. Il n’y a pas de limites et ça nous réussit plutôt bien, on est fiers de ça.

Art’N’Roll : En parlant de vos clips, on y voit souvent le retour vers l’enfance ?

Julien : C’est vrai qu’il y a toujours un lien. Ce sont des états d’âme, c’est Éric qui écrit les textes, mais on se retrouve tous dans ses textes. Ce sont des états d’âme qui ne viennent pas de nulle part, ils viennent du vécu et un traumatisme il vient toujours d’avant. La période dans laquelle on se construit c’est toujours l’enfance, l’adolescence, quand on est jeune adulte, c’est le moment où on commet des erreurs, des erreurs avec les autres ou envers soi-même, on se fait du mal, on fait du mal aux autres. Donc, forcément, dès qu’on aborde tous ces sujets, tout ce qui est lié à ces périodes, c’est souvent avant et l’image de l’enfance ressort tout de suite, quand on parle de nostalgie, c’est la meilleure image. Quand on veut parler de solitude, pareil, mettre un enfant, le voir adulte. On joue un peu là-dessus sur Fast Rewind et idem sur le premier clip You’ll Become a Memory. Oui, ça a toujours été dans l’univers de Lòdz même dans les précédents clips. Le morceau Time Doesn’t Heal Anything, le single où ils présentent l’album pareil, c’est le rapport d’une fille, on la voit enfant, on la voit adulte. C’est quelque chose qui a toujours été présent. Et, tu mets le doigt sur quelque chose que nous même consciemment on ne s’est jamais dit. C’est une sorte de fil rouge inconscient. Tous on a eu des moments un peu compliqués dans nos vies, même si on a des vies différentes, mais si on est aussi liés c’est parce qu’on s’y retrouve tous au final dans cette histoire de mélancolie, de nostalgie, de regrets et de remords.

Art’N’Roll : Bien, continuez à faire des clips comme ça parce que c’est touchant.

Julien : Ça fait plaisir à entendre, c’est hyper touchant pour nous quand les gens, ça les touche. On se dit que c’est très bien, on a fait ce qu’on a fait. Nous ça nous fait du bien, ça fait du bien aux gens. Dans la musique sombre, il se passe quelque chose de super beau, c’est ce qu’on essaye de mettre en musique et en valeur. Cet album c’est cette invitation-là. Il faut entrer dans cet univers et s’y offrir presque ; se rendre compte qu’on vit une expérience, et ça fait du bien. Je sais que notre univers est sombre, mais on passe notre temps à toujours se marrer, on est super bien, parce qu’on a ça, qui nous permet de sortir du quotidien. C’est plutôt cool.

Art’N’Roll : On a eu le plaisir de vous voir jouer en live sur you tube ?

Julien : Alors oui, si on parle de la même chose dans une salle avec des baies vitrées partout. C’était un événement qui avait été organisé par une association lyonnaise qui s’appelle Post.Lyon, qui fait beaucoup de choses. Ils nous font jouer parce qu’on est proche de l’univers post rock et ils sont très post rock et forcément ça nous parle. Ils avaient organisé un festival en ligne à Lyon au Hard Rock Café et la spécificité de cette salle c’est que tout est en baies vitrées du coup, c’était en direct, c’était un très bon moment. C’était une expérience originale parce qu’on voit le public, tout est fermé, et on faisait un concert même pas sur la scène. On a passé un très bon moment. C’est un moment où on en pouvait plus, on voulait jouer, et là, dans la fosse, tous en cercle, filmé en direct et diffusé sur YouTube par une chaîne qui est une chaîne anglaise ou américaine qui est très suivie c’était top. Ça nous a fait un vrai bol d’oxygène à ce moment-là.

Art’N’Roll : Bientot votre presence au lions metal festival?

Julien : Avec Tard  qui sont 100 % Lyonnais et Mother & pearl pareil. 

Art’N’Roll : Vous faites partie avec The old dead tree et hangman’s chair un renouveau du metal en France?

Julien : Merci beaucoup pour ton retour, parce que déjà, on est fan des deux autres groupes que tu as cités. Hangman’s chair ! on a eu la chance de jouer avec eux en première partie en 2021 au Rock n eat  à Lyon, c’était génial. Leur concert était incroyable. On a beaucoup échangé avec eux, on s’est très bien entendu, ce qu’ils font c’est exceptionnel. Et The old dead tree c’est un groupe qui a une histoire super, qui aurait pu être mille fois plus énorme que ce qu’ils sont maintenant et on est très heureux de voir qu’ils ont recommencé à faire des concerts. À l’époque on avait dans les tuyaux de jouer avec eux sur Lyon avant le COVID, j’espère que ça se fera parce que c’est une énorme inspiration. Ils ont un parcours, ils sont extrêmement méritants ça fait vraiment plaisir qu’ils recommencent à jouer et que les concerts soient complets.

Art’N’Roll : On espère la même chose pour Lòdz.

Julien : En tout cas merci pour ton retour c’est vraiment très gentil, ça fait vraiment plaisir.

Art’N’Roll :  un mot à ajouter pour défendre cet album pour les auditeurs ?

Julien : J’ai envie de dire, en ce moment on cherche des concerts et on est très indépendants, donc c’est encore nous qui faisons le booking. On envoie des centaines de mails, on a deux dates qu’on va annoncer, mais si quelqu’un nous entend et qu’il veut voir Lòdz à côté de chez lui, écrivez-nous, contactez les salles et les organisateurs, nous on vient jouer avec grand plaisir. Cet album on en est vraiment fiers, on veut le défendre coûte que coûte on prépare un super show !

Art’N’Roll : Éventuellement  un vinyle ?

Julien : Oui bien sûr. Alors je ne sais pas où ça en est parce que les délais sont toujours galères…

Art’N’Roll : Le prix ?

Julien : Le prix je ne l’ai pas en tête, mais je sais que…

Art’N’Roll : La fabrication du vinyle est assez chère.

Julien : Oui, c’est clair. En tout cas c’est en cours, dès qu’on a lancé les précommandes de l’album en septembre c’était déjà possible d’acheter des vinyles sur le site de Crimson Productions. On peut le précommander, dès qu’il est prêt, il arrive, mais on ne sait pas quand. On espère que ce sera rapidement.

Art’N’Roll : Merci à toi julien.

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