HOT on the rocks!

Interview avec Conrad Ellis et Lewis Pusey de The Luka State

mercredi/27/01/2021
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Le 29 janvier 2021, le groupe de rock anglais The Luka State publie « Fall in Fall out », son premier album. Quatuor prometteur et vif, issu de la plus pure veine des veines du nord de leur brumeuse contrée, les facétieux jeunots Conrad Ellis (chant et guitare) et Lewis Pusey (guitare) ont répondu aux questions d’Art’n’Roll via Skype le 26 janvier 2021.

Art’N’Roll : Salut, comment ça va ?

Conrad Ellis et Lewis Pusey : (NDA : clameur) Salut, et toi comment vas-tu ?!?

ANR : Bien, mais il fait froid ici à Paris ! Pouvez-vous présenter The Luka State s’il vous plaît ?

CE : Nous sommes un groupe de rock’n’roll du Nord-ouest de l’Angleterre…

ANR : Vous avez effectivement un accent ! Il est d’où ?

CE : Nous sommes d’une petite ville qui se nomme Winsford, qui se trouve entre Manchester et Liverpool…

ANR : Winsford à son équipe de foot ? Ou supportez-vous un des clubs des deux grosses villes voisines ?

CE : (Rires)

LP : (NDA : il retrousse sa manche et montre un tatouage du blason de l’autre grand Club de Liverpool) Everton pour moi !

CE : Manchester United pour moi !

ANR : Great !

CE : Et pour toi ?

ANR : Paris. C’est facile, n’y a pas trente-six clubs à Paris…

LP : (Rires)

CE : True !

ANR : The Luka State a été fondé il y a combien de temps ?

CE : Nous sommes dans le groupe depuis six ans maintenant. C’est notre sixième année, et il nous reste encore pas mal d’années à venir !

ANR : Vous sortez votre premier album le vendredi 29 janvier, il est intitulé « Fall in Fall out » : est-ce une expression anglaise toute faite ? Que veut-elle dire ?

CE : Le titre est celui d’un morceau du disque. Nous avons, en fait, décidé de prendre l’intitulé d’une des chansons de ce disque afin de nommer celui-ci. L’expression « Fall in » renvoie à quelque chose de positif, de se livrer, de « tomber amoureux », de « tomber dans la passion », tandis que l’expression « Fall out » revêt une conation plus triste, chuter…

ANR : Quels sont les principaux sujets abordés dans vos chansons ? Amour ? Haine ? Pas de politique visiblement…

CE : Non, pas vraiment : nous essayons de nous tenir à l’écart de la politique, notamment dans nos paroles, car se serait comme nous enfermer dans une boite. En un sens précis, nos thèmes de prédilection pourraient être considérés comme politiques, puisqu’ils ont trait au quotidien des gens, des jeunes, qui résident dans une petite ville du Nord de l’Angleterre, qui y grandissent. Nous parlons de perdition, de colère, de passion, de volonté de s’échapper, tous ces sentiments éprouvés par un jeune homme qui grandit dans ce genre de ville où l’on se sent enfermé.

ANR : C’est une thématique développée par beaucoup de groupes anglais de par le passé. Ce que tu viens de dire me fait, par exemple, penser à « Ghost Town » des Specials, ainsi qu’à pas mal de chansons de UB40… Quels seraient vos compositeurs préférés ?

LP : Nous avons grandi ensemble en écoutant la scène punk, des gens comme Joe Strummer et Johnny Rotten…

CE : Paul Weller…

LP : Ouais, Paul Weller, ces gens-là sont des êtres humains avant tout.

ANR : Il n’y a pas eu une unique scène anglaise dans l’histoire de la musique. Et les trois personnes que vous me citez appartiennent à celle de 1977. Est-ce votre période préférée ?

JP : Je ne sais pas, c’est difficile à dire car nous pouvons également remonter une décennie et considérer les Beatles et les Stones en tant qu’influences. Nous avons également grandi en écoutant la scène des années 1990, notamment celle de Manchester, des groupes comme Oasis et également Blur. Nous ne voulons pas nous enfermer dans une boite car nous écoutons de tout.

CE : La clef est que nous sommes des amoureux de la musique avant tout.

ANR : Donc vous devez détester la question « Préférez-vous Blur ou Oasis ? » ou « Préférez-vous les Specials ou Madness ? »…

CE et JP : (Rires)

CE : Je te répondrais néanmoins que je me considère, sans doute aucun, comme un fan d’Oasis plutôt que de Blur, et davantage comme un fan des Specials plutôt que de Madness ! La vraie question est de savoir si je préfère les Jam ou les Clash… Aussi difficile d’y répondre que de répondre à celle entre les Beatles et les Stones !

ANR : Votre son est pourtant contemporain. Avez-vous des influences issues des années 2000 et 2010 ?

CE : Hum… Nous ne voulons pas être classés dans la catégorie « groupes récents ». Nous faisons notre musique de la meilleure manière possible, et nous ne voulons pas être influencés par des groupes d’aujourd’hui. Nous voulons garder notre propre ligne directrice et rester concentrés dessus. Toutefois, nous n’avons pas non plus peur de dire que nous nous sentons proches de groupes contemporains comme les Artic Monkeys, qui sont brillants et fantastiques, ou d’Idles, brillants et fantastiques également, et je te citerais aussi des groupes US comme Queens of the Stone Age.

JP : Lorsque tu écoutes trop un groupe, sans le vouloir, tu es susceptible de le copier accidentellement. C’est pour cela que nous écoutons peu de trucs modernes. Nous ne voulons pas être comparés.

ANR : Mais vous venez d’Angleterre, et…

LP : (Rires)

ANR : Vous allez ne pas manquer d’être comparés à d’autres groupes anglais !

CE et LP : (Rires)

JP : C’est exactement cela !

ANR : Vous seriez français, vous ne seriez comparés à l’international avec aucun autre groupe français ! Justement, pensez-vous qu’il existe encore une scène anglaise de nos jours ? Un mouvement comme naguère ?

CE : Malheureusement, l’époque n’est plus au rock en Angleterre, c’est le hip hop maintenant. Le rock n’est plus en connexion avec la jeunesse ici. Nous essayons d’ailleurs d’y mettre notre grain de sel et de ramener les guitares sur le devant de la scène. Il y a peu de groupes de notre genre, j’ai mentionné Idles à l’instant, qui est un formidable groupe à guitares. Maintenant, je ne pense pas qu’il y ait une scène au sens traditionnel du terme. J’espère néanmoins que lorsque la quarantaine imposée par le Covid sera achevée, et que nous nous retrouverons tous à nouveau, le moment sera venu de réécouter du rock’n’roll. Nous vivons une époque étrange.

LP : La seule chose que je peux dire est que le Rock’n’roll n’est pas mort.

ANR : Regrettez-vous d’être jeunes à notre époque ?

JP : L’époque est en cours, et la décennie vient à peine de commercer. Rien n’est perdu d’avance. Les guitares ont effectivement disparu ces dix dernières années, mais une nouvelle génération de groupes anglais perce petit à petit chaque semaine à la radio. La musique à guitares n’a pas disparu visiblement, et est toujours là. Nous faisons notre musique, en sachant que nous serons au rendez-vous.

ANR : Vous avez évoqué Queens of the Stone Age : quels seraient vos groupes US préférés ?

LP : Pour ma part, c’est réellement Queens of the Stone Age. En tant que guitariste, je voue une grande admiration à Josh Homme.

CE : Ma vision US du rock, c’est Nirvana. Nous ne sommes pas à première vue de grands fans de musique US. Mais nous écoutons de tout, nous aimons bien Green Day et les Foo Fighters. Sinon, Nirvana définitivement.

ANR : Autre caractéristique propre à un jeune groupe d’aujourd’hui est de parvenir à trouver un nom de groupe intéressant qui n’ait pas déjà été pris…

CE et LP : (Rires)

ANR : A ce titre, The Luka State semble être un bon choix… Mais que signifie-t-il ?

CE : Bien sûr ! The Luka State désigne un état d’esprit positif, ainsi qu’une attitude optimiste. La genèse du truc est que, moi et Sam, le bassiste, avons joué à Toronto au Canada avec notre groupe précédent, et nous avons rencontré un type qui s’appelait Luka. Sa vision de la vie était particulièrement positive, et j’affirme que de parler avec lui a changé ma propre vision de l’existence. J’ai gardé de cette conversation la volonté de toujours regarder de l’avant et de mettre en avant le côté positif des choses. C’est cela que veut dire The Luka State.

ANR : Ce type était plus âgé que vous ?

CE : Ouais, c’était un type plus âgé ! Il avait dans les quarante ans je pense…

ANR : C’était une sorte d’hippie canadien ?

CE : (NDA : les deux pouces en l’air) Oui, c’était exactement cela (Rire juvénile)

ANR : Comment voyez-vous The Luka State et vous-mêmes dans dix ans ?

CE : (NDA : se penche en avant) Comment s’appelle le stade du PSG ?

LP : Le Parc de Paris…

CE : AU PARC DE PARIS !

ANR : Le Parc de Paris n’existe pas. Vous avez le Stade de France qui est de ce côté-ci, et où joue l’Equipe de France de Football, et le Parc des Princes qui est de ce côté-là, et où joue le PSG…

JP : Parc des Princes, c’est celui-là !

CE : D’accord, dans dix ans on joue au stade du PSG !!! Un concert dans ta ville, t’auras un ticket pour nous rejoindre backstage ! (Rires)

ANR : Merci… Merci beaucoup… Pensez-vous que l’arrogance est un élément de l’attitude anglaise ?

CE : Hum… Peut-être…

LP : On ne se prend pas nous-mêmes vraiment trop au sérieux…

ANR : C’est probablement en raison de cela que certaines personnes apprécient la façon anglaise d’être, de vivre, et de jouer du rock’n’roll…. Un peu comme John Lennon avec sa déclaration sur Dieu, ou Johnny Rotten avec sa « grande escroquerie »…

JP : (NDA : Opine malicieusement du chef)

ANR : Ou Oasis, avec les trucs idiots des Gallagher…

LP : (Rires)

CE : Je pense que c’est bon de rester soi-même. Le monde de l’industrie du disque n’est pas uniquement composé de soleils et d’arcs-en-ciel, et y évoluer au quotidien représente une compétition difficile à poursuivre.

ANR : Si vous deviez résumer The Luka State en trois mots ?

CE : Question difficile… (NDA : compte sur ses doigts la bouche grande ouverte) Passionnés… Attitude…

JP : Résistants…

CE : Résistants !

ANR : Vous avez le mot de la fin, à dire à nos lecteurs…

CE : (NDA : en français bien entendu) Merci beaucoup, pour votre temps, à la prochaine ! (NDA : en anglais) Restez positifs ! On se retrouvera dans une salle, où la musique sera jouée de nouveau, et l’on se verra lors de notre tournée programmée en septembre prochain ! On croise les doigts !

ANR : C’est The Luka State !

JP : Merci Romain !

CE : Au revoir ! Merci beaucoup !

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