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cult of luna

Interview avec Johannes Persson de Cult of Luna

mercredi/29/01/2020
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Pour la dernière interview de 2019, Art’n Roll a eu le plaisir de s’entretenir avec Johannes Persson. Quelques heures avant le concert de Cult of Luna au Trianon, qui affiche complet depuis plusieurs mois, le chanteur/guitariste/frontman de la formation suédoise a eu a gentillesse de nous accorder quelques minutes. Il s’est livré sur la conception du dernier album du groupe, A Dawn To Fear, sur la tournée européenne et ses projets persos à venir.

Johannes Persson

Johannes Persson, chanteur/guitariste de Cult of Luna

Art’ N Roll : Salut Johannes ! Pour commencer, je tiens à te féliciter pour votre nouvel album, A Dawn to Fear. Je l’écoute en boucle depuis qu’il est sorti, c’est certainement mon album préféré cette année !

Johannes Persson : Merci, ça me fait chaud au coeur d’entendre ça !

ANR : Comment se passe ce début de tournée européenne pour Cult of Luna ?

Johannes : C’est hallucinant ! On en parlait avec les gars hier encore, quasiment tous les concerts qu’on fait sont sold-out, c’est incroyable ! Toutes les tournées qu’on a fait avec Cult of Luna jusqu’à présent se sont super bien passées. Mais là on est au summum, ça pourra jamais être mieux (rires) ! On joue dans des salles de plus en plus grandes, je comprend même pas pourquoi. On est vraiment très reconnaissants d’en être arrivés à ce stade aujourd’hui. Bien sûr, ça n’arrive pas sans rien, on a tous travaillé dur pour en arriver là, mais tout de même. Y’a pas beaucoup de gens qui ont la chance de pouvoir faire ce qu’on fait avec Cult of Luna, et tu sais, c’est pas notre métier en plus, c’est vraiment un hobby.

ANR : Est-ce que c’était important pour vous de commencer cette tournée dans votre ville natale d’Umeå ?

Johannes : Non, c’est pas quelque chose qui était forcément important, et si j’avais le choix, je préférerais d’ailleurs qu’on y joue maintenant plutôt que sur la première date de la tournée. Quand on joue des nouvelles chansons pour la première fois, ça marche pas toujours aussi bien que maintenant, quelques mois après. On a eu quelques difficultés techniques, mais bon ça arrive à chaque fois pendant le premier concert de la tournée. C’est fait pour ça de toute façon, pour qu’on puisse corriger les erreurs et que les prochains concerts se déroulent parfaitement.

Johannes Persson

Johannes Persson sur scène à Copenhague / Photo de Kasper Pasinski

ANR : Parlons un peu de votre nouvel album, A Dawn to Fear. Vertikal (2013) et Mariner (2016), vos deux précédents albums, avaient tous les deux des thèmes concrets : l’immensité urbaine pour le premier, l’espace pour le second. Mais cette fois, tu as expliqué que c’était plus des émotions sans un thème précis. Est-ce que c’était un choix de ta part d’écrire des chansons qui ne partagent pas une idée globale cette fois ? Ou est-ce que c’est juste le résultat d’une écriture à l’instinct ?

Johannes : Les deux à vrai dire. Depuis notre deuxième album jusqu’à Mariner, on a toujours travaillé avec des thèmes concrets, comme des arcs narratifs, et ça même avant de commencer à écrire quoi que ce soit. On décide de ce qu’on veut faire et de la meilleure façon de raconter une histoire, ça passe par la musique, les artworks, la scénographie, les clips, … Mais cette fois, j’avais vraiment envie de voir ce que ça pouvait donner de ne pas y penser, de simplement laisser mon esprit vaguabonder librement, pour voir ce que ça apporterait à mon écriture. Donc j’ai commencé à écrire spontanément, jusqu’à ce que des paroles me viennent, et j’essayais d’adapter le rythme, le tempo, pour voir à quelle chanson ça pouvait correspondre. Une fois que c’était fait, on a pris un peu de recul pour analyser notre musique, « qu’est-ce que ça veut dire ? qu’est-ce qu’on cherche à raconter ici ? ». Mais ça a pas été si compliqué que ça en fin de compte, c’était même plutôt évident pour beaucoup de chansons. Les sujets des chansons sont donc arrivés après. C’est la grosse différence entre cet album et les précédents.

ANR : Tu es satisfait du résultat ? Est-ce que tu pourrais recommencer à écrire et composer de cette façon pour le prochain album ?

Johannes : J’en sais rien, tout ce que je peux dire c’est que j’aime ce que ça a donné. C’était vraiment rafraîchissant de faire comme ça, j’aime me donner des défis. Donc pour l’instant, je sais pas ce que ça donnera pour le prochain album. Y’a beaucoup de choses qu’on pourrait faire qu’on a pas encore essayé.

A Dawn to Fear

Pochette du nouvel album, A Dawn to Fear

ANR : Vous avez un peu changé votre façon de faire pour l’enregistrement de ce nouvel album et le groupe au complet s’est réuni dans un studio en Norvège, chose que vous n’aviez plus fait depuis Somewhere Along the Highway (2006). Qu’est ce que ça a apporté de différent à A Dawn to Fear, comparé à Vertikal ou Mariner, quand vous enregistriez vos parties séparément ?

Johannes : Ce qu’on voulait absolument, c’était revenir à une expérience collective. Donc on a tous été à ce studio en Norvège et on y est resté quelques temps. On dormait là-bas, on mangeait là-bas, on buvait des coups là-bas … Si quelqu’un avait une nouvelle idée, on pouvait en discuter et essayer aussitôt pour voir ce que ça pouvait donner. Quand tu enregistres dans différents studios, dans différentes villes, t’es obligé de communiquer par emails, d’attendre qu’on te réponde, ça crée des malentendus. Ça a fait une grosse différence de pouvoir enregistrer comme ça.

ANR : Cult of Luna a toujours été très libre, créativement parlant : vous n’avez pas de pression financière puisque, comme tu l’as mentionné, vous avez tous des boulots à coté du groupe, et vous n’avez jamais eu non plus la pression d’un gros label jusqu’à présent. Est-ce que tu crois que c’est ce qui a permis à Cult of Luna de produire une musique aussi riche depuis toutes ces années, de faire ce que vous vouliez et de vous réinventer à chaque fois ?

Johannes : Bien sûr, c’est une des raisons. J’imagine si on était tous financièrement dépendants du succès du groupe, peut-être que ça changerait rien, mais peut-être qu’on serait plus attentifs au succès d’un album, à ce qui a plu, et peut-être qu’on essayerait de le reproduire pour s’assurer que le prochain album plaise aussi. Mais on s’en fiche que nos albums se vendent bien ou mal, ou que les gens n’aiment pas un de nos disques. On fait exactement ce qu’on a envie de faire, des chansons super heavy et brutales, des ballades, des passages expérimentaux ou électroniques, …

ANR : Plus tôt cette année, vous avez donc signé un contrat avec Metal Blade Records. Qu’est-ce que tu penses que ça peut changer pour Cult of Luna, et qu’est-ce que tu en attends ?

Johannes : J’attends d’eux ce que j’attends de n’importe qui, qu’ils fassent leur boulot le mieux possible, tout en respectant ce que nous on fait. Je m’en occupe pas de toute façon, j’essaie de rester le plus loin possible de la partie business. Les mecs de Metal Blade font ça depuis 35 ans, ils ont sortis certains des meilleurs albums de metal de tous les temps, ils savent ce qu’ils font. On est entre de bonnes mains ! Et je crois qu’ils sont content de l’album eux aussi.

ANR : À coté de ton rôle dans Cult of Luna, tu travailles comme réalisateur et directeur de casting. Tu as récemment écrit et réalisé un court-métrage, qui sert de clip pour les deux premières chansons de l’album, The Silent Man et Lay Your Head to Rest. Est-ce que c’est quelque chose que tu voudrais développer avec Cult of Luna à l’avenir, pour apporter une expérience cinématographique en plus, une façon de continuer le voyage après l’album ?

Johannes : Je crois pas en fait. C’est de plus en plus difficile de mettre en images ce qu’on a en tête, surtout avec des budgets de plus en plus serrés. Je comprend toujours pas comment on a réussi à faire ce court-métrage. C’était pas un petit budget, mais par rapport aux budgets que des grosses productions ont pour des films, c’était vraiment pas grand chose. Donc non, ça serait trop compliqué de développer ça sérieusement et comme on le voudrait avec Cult of Luna. J’adorerais réaliser plus cela dit, c’est le deuxième clip que je réalise pour Cult of Luna (ndlr : Johannes avait déjà réalisé le clip de « Back to Chapel Town », tiré de Somewhere Along the Highway, en 2006), les clips c’est pas vraiment mon truc. Je préfèrerais refaire un court-métrage.

ANR : Est-ce que c’est quelque chose qui t’intéresserais par exemple, d’ajouter des éléments visuels et de la vidéo à votre scénographie ?

Johannes (sans hésiter) : Non. Ça a déjà été fait plein de fois. On aurait besoin de millions de dollars pour réussir à faire un truc vraiment intéressant et qui vaille le coup. Je sais que y’a plein de groupes qui le font, pourquoi pas, mais je trouve que ça n’apporte rien au show. On est bien plus intéressés par nos lumières par exemple, ça c’est vraiment important pour nous.

ANR : Cult of Luna a toujours fait beaucoup de concerts en France, c’est le 4ème pays dans lequel vous avez fait le plus de concerts …

Johannes (m’interrompant) : Seulement le 4ème ? Ouais c’est vrai qu’on a du tourner un peu plus en Angleterre et aux Etats-Unis peut-être.

ANR : Et en Suède évidemment !

Johannes : Ah bon ? Ouais, peut-être si on compte depuis les débuts du groupe alors, mais on joue plus tant que ça en Suède ces dernières années.

ANR : Vous avez beaucoup tourné en France donc, vous avez aussi enregistré votre second DVD live, Years in a Day, ici à Paris (ndlr : en 2016, à la Gaîté Lyrique). Est-ce que la France est un pays particulier pour Cult of Luna ?

Johannes : Oh oui. Je sais pas pourquoi on est si appréciés et si bien accueillis en France. J’adore le public ici, il est très respectueux. Les gens dans les autres pays aussi hein, mais en France ça a toujours été comme ça. Je sais pas combien de fois on a pu jouer à la Locomotive par exemple, on a donné nos premiers concerts là-bas y’a quasiment 15 ans. Nos concerts ont toujours attiré beaucoup de gens en France, et des gens passionnés surtout. Le concert de ce soir au Trianon est le premier concert de notre tournée à avoir affiché complet, c’était y’a trois mois ! Il va vraiment falloir qu’on revienne jouer dans une salle plus grande (rires).

 

 

ANR : En avril prochain, tu vas jouer au Roadburn, un festival que tu connais bien avec Cult of Luna, mais cette fois pour un concert spécial avec James Kent, alias Perturbator. Qu’est-ce qu’on peut attendre de ce concert exceptionnel ?

james kent & johannes perssonJohannes : J’étais à Paris il y a deux semaines pour travailler avec James. On a déjà terminé 3 chansons pour l’instant, ça sonne comme un bon mélange de nos deux univers. Mais ça fait que 20 minutes de musique à peu près, un tiers de ce qu’on doit jouer, donc on a encore du boulot. On verra bien ce que ça va donner, mais je crois que ça va être intéressant.

ANR : Julie Christmas (ndlr : qui a collaboré avec Cult of Luna sur Mariner) sera également présente au Roadburn cette année. Est-ce que tu as l’intention de faire quelque chose avec elle ?

Johannes : Ouais je vais jouer avec elle et son groupe. C’est une très bonne amie et elle voulait que je vienne jouer de la guitare, donc je serais sur scène avec elle pour jouer ses chansons. Ça va être chouette.

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