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Interview d’Ace (Martin Kent) du groupe Skunk Anansie

vendredi/08/02/2019
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Art’N’Roll : Le 25 janvier dernier, vous avez publié « 25LIVE@25 », votre premier album enregistré en public, qui marque les 25 ans de carrière de SKUNK ANANSIE, et confectionné par Jeremy Wheatley, votre collaborateur historique. Peux-tu s’il te plaît nous en dire plus ?

Ace (Skunk Anansie / Guitare) : (Débordant de sérénité) Quel fauteuil agréable… Tu vas bien ? D’accord ! Ce disque a été enregistré sur une durée de dix ans de concerts. Il sonne de façon uniforme car il s’agit de la même formation, de la même chanteuse, de la même équipe technique ainsi que des mêmes instruments. Il est le témoignage d’un son caractéristique du groupe. Nous avons décidé collectivement de la liste des morceaux que nous souhaitions voir figurer sur ce Live. Nous avons choisi les meilleurs, ceux où les vibrations scéniques sont les plus évidentes.

ANR : Il comporte pas moins de vingt-cinq morceaux plus un Bonus, c’est inhabituel pour un album Live, non ? C’est une compilation de type massif…

A : (Rires) Oui, vingt-cinq et vingt-cinq allant de pair, nous avons décidé de fêter nos vingt-cinq ans de carrière en enregistrant vingt-cinq morceaux. Pour nos soixante-dix ans de carrière, nous en commercialiserons soixante-dix (Rires) Nous avons également voulu satisfaire notre Fanbase en mettant la dose.

ANR : Ce qui est également inhabituel, c’est d’attendre vingt-cinq ans avant de sortir un Live, de plus après la sortie d’une compile (« Smashes and Trashes », 2009) et d’un album acoustique (« An Acoustic Skunk Anansie : Live in London », 2019)… 

A : C’est effectivement inhabituel, d’autant plus que depuis les années 1990, nos fans nous pressaient de sortir un album enregistré en public. Et à chaque fois, nous ignorions la demande en sortant un nouveau disque enregistré en studio. Nous avons pris le prétexte de cet anniversaire des vingt-ans du groupe pour franchir le Rubicon.

ANR : C’est également le grand retour de votre chanteuse, Skin, affichée seule en pochette, la première fois depuis « Stoosh » en 1996…

A : Oui, oui, oui, mais si tu déplies le disque en version matérielle, son superbe Artwork répondra à ta question : tu as successivement Cass (NDA : le bassiste), puis moi, et enfin tu as Mark (NDA : Richardson, le batteur). Tu si regardes le disque « Vol 4 » de Black Sabbath en format 33 tours, tu constates une présentation similaire : Ozzy est devant, et si tu ouvres tu vois Tony Iommi, Geezer Butler et Bill Ward à l’intérieur. Tout le monde connaît Skin de Skunk Anansie, elle est iconique, donc normal qu’elle soit en première page de ce disque.

ANR : Revenons au commencement… Adolescent tu étais Punk ? Hardos ?

A : J’ai grandi à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Donc, il y avait en Angleterre : les Sex Pistols et le Punk ; Led Zeppelin et Black Sabbath, qui n’étaient pas encore trop lointains dans le temps ; il y avait aussi la New Wave of British Heavy Metal : Motörhead, AC/DC, Saxon… Tous passaient en même-temps à la radio, et tous m’ont accompagné durant mon adolescence.

ANR : Tu serais donc un mélange entre toutes ces influences…. Le climat social et culturel de cette période est néanmoins réputé chez vous pour avoir été assez violent…

A : Oui, oui, il y avait tout le temps des émeutes…

ANR : C’est le sens de ma question : y avait-il des bagarres entre toutes ces tendances ? Entre punks et hardos ? Entre Punks et Teddy boys ? N’était-il pas un peu inhabituel, voire risqué physiquement, de s’affirmer comme toi de plusieurs tribus à la fois ?

A : Pas réellement, car il y avait des connections entre tout cela. J’étais fan de Motörhead, qui est un groupe rassembleur. Si tu écoutes Motörhead, tu as tous ces mouvements roulés en un.

ANR : Quels étaient tes modèles ?

A : Musicalement, et pour la façon de vivre et d’être, notamment celle de Lemmy, c’était Motörhead. Je citerai aussi Black Sabbath : je suis un fan de Tony Iommi (Mimant la guitare) Mais, je n’ai pas trop versé dans l’idolâtrie non plus. J’ai en effet suivi le conseil de mon Père, lequel m’a appris adolescent à ne pas placer les célébrités trop en hauteur sur un piédestal, me disant souvent que si quelqu’un le fait je pouvais également le faire. Du coup, Lemmy et Tony Iommi seraient plutôt des modèles en termes d’effort et de façon de travailler.

ANR : Ta guitare évoque parfois celle d’Hendrix… Tu en étais fan ?

A : J’aime Jimi Hendrix, mais au moment où j’ai commencé à écouter de la musique, à l’âge de treize et quatorze, c’était le début de la décennie quatre-vingt et il était déjà très lointain, donc il ne fait pas partie de mes références adolescentes.

ANR : Et quels sont ton ou tes albums Live favoris ?

A : Ta question tombe bien, car j’ai passé mon dernier week-end à écouter des albums Live… Je te répondrai « Exit… Stage Left » de Rush, que j’ai écouté jeune vers 1987 à sa sortie, j’adore ce Feeling. Je pense aussi à « Live (X Cert) » des Stranglers, que j’ai trouvé fascinant adolescent… Egalement à « Slade Alive ! » de Slade, qui est un bon disque. Quand j’étais gamin, je trouvais les albums Live bien plus excitants que les enregistrements studio.

ANR : Vous êtes tous originaires de Londres ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

A : Nous nous sommes tous rencontrés dans un Club de l’Est de Londres. J’étais déjà dans un groupe, Skin était également dans un groupe…

ANR : En quelle année ?

A : 199… 2, quelque chose comme cela. Nous avons d’abord lié une amitié entre nous avant de former notre groupe.

ANR : Vous avez tout de suite émergé, deux ans après cette rencontre, à une époque où triomphait le style Britpop, coupes de cheveux à la Beatles et chemises Merc ou Fred Perry. Mis à part les groupes de Bristol, rassemblés de leur côté sous l’étiquette « Trip-Hop », vous êtes probablement le seul groupe anglais n’appartenant pas à la mouvance Britpop à avoir cartonné…

A : Oui, oui, nous sommes devenus populaires rapidement, car nous constituions une alternative crédible à la Britpop, Londres contre Manchester en quelque sorte, et avec Dubwar nous représentions le mouvement Fusion, très inspiré par Rage Against the Machine. Nous avons été chanceux d’être là à ce moment précis…

ANR : Tu as parlé de Dubwar, un groupe de Rock Fusion assez peu connu ici en France, je me demande même s’ils ont un jour joué à Paris (NDA : après recherche, oui : cinq fois entre 1994 et 1998, plus deux passages télévision à Nulle part ailleurs sur Canal +), ils faisaient un peu penser à The Police…

A : Oui, oui, et ils jouent encore, ou du moins une partie des membres de Dubwar, sous le nom de Skindred… C’était un excellent groupe, et ça l’est toujours, j’adore les voir en concert de temps à autre.

ANR : Eux-aussi devraient enregistrer un album Live…

A : Oui, oui.

ANR : En vingt-cinq ans, vous avez enregistré six albums studios (NDA : « Paranoid and Sunburnt » en 1995, « Stoosh » en 1996, « Post Orgasmic Chill » en 1999, « Wonderlustre » en 2010, « Black Traffic » en 2012, « Anarchytecture » en 2016), certes, ce sont tous tes / vos enfants mais néanmoins… Et j’ai conscience de la difficulté de cette question, mais… Quel serait celui dont tu as préféré l’écriture ?

A : Alors, probablement « Post Orgasmic Chill », notre troisième album studio, car il contient « Charlie Big Potato » et il est très diversifié du point de vue des styles musicaux, certains très agressifs, d’autres moins… Et j’ai bien aimé écrire « Anarchytecture » en 2016 pour les mêmes raisons, c’est pour l’album où l’écriture m’est venue le plus facilement à mon sens. Mais « Post Orgasmic Chill » demeure toutefois mon préféré. Et « Stoosh » est peut-être le plus Pop je suppose…

ANR : Je suis d’accord… Quel serait celui dont tu préfères la pochette ?

A : Mon Artwork préféré est celui d’« Anarchytecture », car il a été conçu par un artiste très brillant.

ANR : … Quel serait celui où Skin chanteRAIT (au conditionnel…) le mieux ?

A : (Amusé et contrarié à la fois) … Je ne sais pas (Rires) Elle sait faire sonner sa voix de façons si diverses… Si j’essaie de… Et réellement de… Je ne sais pas… « Post Orgasmic Chill » je pense, car elle fait montre de toute sa polyvalence.

ANR : Personnellement, je vous ai vu le dimanche 7 juillet 1996, à Belfort…

A : Ah oui, oui (Rires) Avec la pluie…

ANR : … Le même soir que Dog Eat Dog, Foo Fighters et David Bowie…

A : Oui !

ANR : … Quelle soirée typiquement années 1990…

A : Oui !

ANR : … Sous un orage intense, un véritable déluge… J’ai d’ailleurs conservé une photo Polaroid que j’ai faite de vous sur scène cette soirée-là, la voici…

A : Oui, et c’est sous la pluie (Rires)

ANR : T’en souviens-tu ?

A : Je m’en souviens très bien, et sais-tu pourquoi ? Parce que nous nous sommes ultérieurement servis des enregistrements filmés de nous sur scène ce soir-là. Je me souviens parfaitement de ce festival, pour également avoir rencontré les Foo Fighters en coulisses, et ils jouaient au Scrabble… Il y avait ce soir-là David Bowie, aussi…

ANR : … Alors en pleine période « Trent Reznor »…

A : OUI.

ANR : Aujourd’hui, nous sommes la Saint Gildas (NDA : ITW réalisé le mardi 29 janvier 2019). C’est également le nom de famille d’un célèbre présentateur de télévision, décédé il y a quelques semaines, et qui a reçu Skunk Anansie quatre fois, lorsqu’il présentait son émission « Nulle part ailleurs » en 1995, en 1996 puis en 1997, vous y avez respectivement joué « I Can Dream », « Charity », « Twisted » et « Yes It’s Fucking Political »… Après son départ de la tête de ce programme en 1997, vous y êtes encore revenu deux fois, ce qui ferait six passages au total… Te souviens-tu de ces instants à la télévision française ?

A : (Attendri) Oh oui, je me souviens de lui… Oui, oui… La performance télé dont je me souviens le plus est celle où nous avons joué « Yes It’s Fucking Political ». Skin portait un costume orange…

ANR : … Et des grandes lunettes…

A : Oui, et ce qui m’a amusé, ce que j’ai trouvé intéressant, c’est qu’en Angleterre nous ne pouvions pas jurer et dire des gros mots à la télévision ou à la radio, alors qu’à la télévision française, Skin n’a éprouvé aucune gêne : « Yes It’s Fucking Political » (Rires)

ANR : France toujours, le style pourtant reconnaissable entre mille de Skin m’a toujours évoqué celui d’une chanteuse, danseuse et actrice française, plus précisément d’origine martiniquaise… Lisette Malidor… La connais-tu ?

A : Non…

ANR : Voici sa photo…

A : Oh Woah ! Effectivement… Très similaire…

ANR : Très populaire dans les années 1970 et 1980… Gainsbourg a écrit des chansons pour elle… Une pionnière du style, au crâne rasé et à la forte présence scénique comme Skin…

A : Oh Well… D’accord… Great ! (Rires) Lisette…

ANR : Retour en Angleterre. Que se passe-t-il là-bas ? Vu d’ici on a l’impression que, pour la première fois, il n’y a pas de mouvement socio-musical, de scène identifiable…

A : Tu as la Grind Music… Tu as le Rap… Mais tu as quand-même un renouveau du Rock, cela fait vingt ans que les années 1990 sont achevées, et ces choses-là marchent par cycles… Un paquet des nouveaux groupes anglais proviennent de l’Est de Londres. Mais, s’il n’y a définitivement pas de nouvelle scène anglaise, il y a néanmoins un grand nombre de groupes neufs…

ANR : … Quel serait ton nouveau groupe anglais favori ?

A : (Pensif) C’est réellement une très bonne question mec… Attends, je sors mon appareil où je stocke mes morceaux… (NDA : Montrant sa page d’accueil avec délicatesse) J’ai écouté cela hier soir, elle s’appelle Emma Ruth Rundle… Skin l’apprécie beaucoup… J’écoute également celle-ci, son nom est Anna Calvi… Ce n’est pas spécialement Rock, mais c’est ce que j’écoute en ce moment, ainsi que beaucoup de Blues (NDA : par-dessus sa main, on distingue également un icône Donna Summer dans le menu de son appareil)… C’est OK (Rires)

ANR : Un petit jeu traditionnel pour achever de la meilleure des manières cet entretien : je te donne un nom de personne et tu me réponds uniquement par le premier mot qui te traverse l’esprit…

A : D’accord, oui, oui (Rires)

ANR : Es-tu prêt mon Cher Ace ?

A : Oui.

ANR : Don Letts ?

A : Dreadlocks .

ANR : SKIN ?

A : FEMME EN COLERE (Rires)

ANR : Joe Strummer ?

A : Révolutionnaire.

ANR : Morcheeba ?

A : Mélodie.

ANR : Shaka Ponk ?

A : Folle.

ANR : Björk ?

A : Encore plus folle (Rires)

ANR : Dave Grohl ?

A : Marrant.

ANR : Max Cavalera ?

A : SERIEUX.

ANR : Jimi Hendrix ?

A : Unique.

ANR : Lars Ulrich ?

A : Ennuyeux (Rires)

ANR : … Amusantttttt… Retour aux années 1990 : John Major ?

A : John Major… Rien (Rires)

ANR : Benny Hill ?

A : Benny Hill ?!? Course-poursuite ! Il fait toujours des course-poursuites à la fin de son Show (NDA : il mime en chantonnant hilare le générique de fin)

ANR : Et le dernier, en référence à votre morceau « Selling Jesus » : Judas Iscariote ?

A : Indigne de confiance.

ANR : C’est la fin de cet entretien, un dernier mot peut-être sur votre Live, à l’attention de vos fans français ?

A : Cet album n’est pas parfait, mais il a pout intérêt de capturer ce que nous sommes véritablement en concert, il est bourré de bonnes vibrations, le critère de sélection des meilleurs morceaux.

ANR : Merci mon Cher Ace…

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