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Bruce Dickinson – L’autobiographie

vendredi/08/02/2019
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Bruce DickinsonAuteur : Bruce Dickinson
Titre : L’autobiographie
Editeur : Talent Editions
Sortie le : 13 juin 2018
Note : 17/20

En ces temps de nihilisme Post-moderne, de dégueulis mythomanes et de néant culturel, revendiqués avec cuistrerie par nos contemporains, la lecture de « Bruce Dickinson, l’autobiographie : avec du Heavy Metal de haut vol à l’intérieur » s’avère des plus revigorantes. Aussi salutaire que pourrait l’être une année à la Bourboule pour Renaud. Bruce Dickinson, nous le savons, est un Homme formidable. Et authentiquement humble, ce n’est pas un secret non plus. Elevé à la dure in loco parentis (op. cit. p. 19) dans la plus stricte observance Working Class de l’après-guerre par ses grands-parents maternels à Worksop, petit bourg ouvrier bâti de briques rouges sous un ciel mauve à quelques encablures de  Sheffield. Une adolescence consacrée à ses deux passions : les plaisirs bibliophiles et solitaires. Son bagage moral de départ, inculqué par son aïeul était concis et solide : « ne jamais martyriser les autres, ne jamais se laisser faire et ne jamais frapper une femme ». A l’arrivée, le résultat est des plus éloquents. Ce n’est effectivement pas donné à Monsieur tout-le-monde de devenir chanteur d’Iron Maiden à vingt-trois ans. Ni d’être par ailleurs militaire réserviste, entraîneur d’escrime, romancier grivois, intervieweur pour la BBC, pilote de ligne. Ni de maîtriser avec charme la langue de l’ennemi héréditaire. Ni, enfin, d’avoir vaincu un cancer de la langue et de la gorge. Sa Sœur est quant à elle championne hippique allemande, sous le nom d’Helena Stormanns, ce qui démontre la pertinence du bagage instructionnel familial.

Notre Bruce, auquel on a attribué le prénom de son Père (un solide gaillard alcoolique échappé des côtes du Norfolk), et qui a ingéré beaucoup d’eau le jour de son Baptême, est demeuré simple. Pas « banal » : simple. Tel un vieux copain, ou un demi-oncle complice, il a souhaité nous faire partager le plus simplement possible son apprentissage des choses de l’existence. Dans ces 413 pages, magnifiquement écrites puis traduites dans un français extatique (« extruder », « papouilles », « attifés », « pathogène », « jointures », « extracurriculaires », « cathartique », « existentialisme », etc…) truffé de belles formulations (« hypocrisie dystopique », « petit clic satisfaisant », « écarlates communistes », « Homme de Vitruve », « rocher de Massada »), point de règlements de comptes stériles avec les soi-disant frères, de récits de prouesses sexuelles ou toxiques, ou de fanfaronneries bavasses et inutiles, fâcheux travers des autobiographies de stars du Rock. Pas non plus l’inverse : ici, tout est matière, tout grouille, tout monte et descend, tombe parfois, point d’affadissements contre-nature (coucou Keith Richards). Tout est également matière à réflexion, humour, ironie et second degré. Le lectorat français, friand des échanges en langue natale avec Bruce, connaitra sa première révélation page 38 : « Les cours de français se résumaient à regarder le Flying Scotsman échelle 1/76e tourner en rond pendant vingt minutes » ; Monsieur White son professeur étant  ferrovipathe, Bruce serait donc autodidacte de notre idiome.

La vie… mais aussi l’œuvre du Nabab. Son passage au théâtre de l’Internat d’Oundle lui fit naître cette philosophie : « Quelle que soit l’activité à laquelle vous vous adonnez, vous devez respecter son essence et essayer d’être, dans une certaine mesure, en harmonie avec l’univers » (Ibid. p. 58). Ses premiers saisissements Live, furent des concerts progs organisés par un enseignant « visionnaire », et ce, quinze ans environ avant « Seventh son of a… » : Wild Turkey, Peter Hamill, Van der Graaf Generator, etc… Il rejoint ensuite des groupes initiaux placés sous le signe du Triumvirat Purple-Sabbath-Priest, puis le marchepied Samson. La suite nous est connue. Tellement éprouvée que, chose exceptionnelle, il a fait abstraction de toute datation des faits. Au fil des pages de la seconde partie de ce livre, Bruce se révèle tout autant porté sur la géographie qu’il ne l’est sur l’histoire ; observateur conscient des endroits qui ont jalonné la riche histoire d’Iron Maiden : Jersey, les Bahamas, New York, la Pologne, Halifax, Rio de Janeiro, Narita… La gent féminine ainsi que (dans une mesure moindre) les autres membres du groupe sont les grands portés disparus de ce formidable récit. Ils sont remplacés par des développements passionnés et (parfois trop) détaillés sur l’escrime puis sur le pilotage de coucous. C’est délibéré, Bruce ne le souhaitait pas, puisque pour reprendre les mots de Churchill (et pas son discours pour une fois) « trop ne sert qu’à soulever les débris ».

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