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Critique du livre HÜ de David Dolo

mercredi/28/11/2018
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Auteur : David Dolo
Titre : HÜ
Editeur : Autoproduit
Sortie le : 11/08/20
Note : 17/20

 

« HÜ » est un conte halluciné et blafard, arrière-petit-cousin terreux d’« Alice au pays des merveilles », du « Magicien d’Oz ». Sauf qu’en l’occurrence, un cadre bedonnant et brimé prénommé Francis aurait été substitué à Alice et à Dorothy ; la porte basse et la tornade auraient été, quant à elles, remplacées par un train de banlieue bondé. Comme chez Lewis Carroll on y trouve une reine fantoche ; coutumière de la décapitation, et semblant toute droit sortie de la chanson « Deux clowns » des Bérus… Les déboires de Francis font étrangement écho à ceux de Gérard Lambert, tels que chantés par Renaud Séchan quatre décennies auparavant : « T’aurais pas dû descendre ce matin-là du TER… », déplore-t-on empathique. D’ailleurs le personnage d’Oscar, « ni laid ni patatoïde », n’est pas sans évoquer celui du petit Prince (en plus sadique, et racaille) de la chanson de Renaud… Mais aussi celui du livre : car avant de vite dégénérer, les premiers échanges entre ce salopard et Francis sont exupériens.

David Dolo n’est ni un énième branchouille à la plume mâtinée banlieusarde, ni un cheval de Troie anglophile. De ceux qui ont pléthore de livres de poche au compteur, son style alterne phrases ramassées et de gabarit moyen, latinismes puis gros mots, langage choisi, onomatopées et italiques, le tout de manière imagée donc pensée. Dressés au cordeau, les portraits s’inspirent de la réalité, mais certainement pas celle revendiquée de façon moutonnière par les comiques « du quotidien » et autres youtoubeurs. Ils bordent au fil des rencontres la lamentable déshumanisation de Francis, (exogène et subie, contrairement à celle de la femme-cochonne de « Truismes »), puis sa fuite forestière désespérée vers une forme de lumière. Un vocabulaire rupin restitue fidèlement jusqu’au terme ce cauchemar équin, sanguinolent et malodorant, où le comique trotte en compagnie du psychologique et du nauséeux. Vous dévorerez donc ce premier Opus de Dolo, cru comme de la viande de canasson, et transmettrez nos amitiés au Docteur Boudineau.

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