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L’Odyssée du pingouin cannibale

mardi/22/03/2016
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Auteur: Yan KERNINON

Titre: L’Odyssée du pingouin cannibale

Editeur: BUCHET – CHASTEL

Sortie le: 11 février 2016

Note: (on ne note pas un essai philosophique et Punk)

 

 

Pour l’auteur, le nihilisme, l’absurde et la perte de presque tout repère solide et viable constituent notre environnement. Selon lui, ce n’importe quoi généralisé aurait été anticipé dans les années 1970 par deux groupes d’artistes Anglais : les Monty Python et les Sex Pistols. Pour dire vrai, le « Ministère des Marches Débiles » inventé par les premiers n’est pas plus grotesque qu’un titre de « 7e adjointe, informatique, nouvelles technologies, handicap et jumelage » à la Mairie de Conflans-Sainte-Honorine. De même, les concepts hors-sol et parfois débectants de Lady Gaga (pour ne citer qu’elle, Miley Cyrus est tout aussi nébuleuse) auraient très bien pu être pensés par Malcolm McLaren il y a quarante ans. Et tout ceci ne choque plus. Bref, si Dieu a été déclaré décédé par Nietzsche il y a cent-cinquante ans, l’homme (occidental) erre toujours encore dans son désert.

Vu que le Prussien considérait l’humour comme « la politesse du désespoir », Yan Kerninon, philosophe au civil, a lui-aussi pris le parti d’en rire. Préférant considérer que les pingouins portent un smoking, il a décidé de ne pas laisser son projet de monter un groupe finir au « cimetière des idées idiotes ». Et a fondé le 5 février 2010 Cannibal Penguin, la première et ultime formation de « Fuck Metal Pingouin », un genre inédit inspiré par le Dada, le Fluxus, les situationnistes et Scorpions (pour les ballades).

« L’Odyssée du pingouin cannibale » retrace ainsi les six premières années de ce Combo. Kerninon y décrit sensations et situations que tout musicien amateur a connu : la goutte de sueur dans le conduit nasal, la défection du bassiste pour raisons professionnelles ou le concert à la bonne franquette au QG rue Oberkampf. Le récit s’achève par la très DIY (et humaniste) prestation du quatuor au Téléthon. Quelques rencontres sont belles, telles celle de l’Allemand Jan Dark, le compositeur et interprète de « Goal of the Dead », le seul film à mélanger Foot et Zombies, ou encore Dany, la prof de guitare qui reprend « I Love Rock’n’Roll » dans un bar du 78… Certaines scènes font sourire de l’improbable, comme celle où le guitariste du groupe, ancien-gendarme et amateur d’Opéra, s’achète sur un coup de tête une Fender Telecaster signature Joe Strummer chez le luthier du coin (son chihuahua en main).

Entre essai philosophique désabusé sur l’état moral de nos sociétés, manifeste Dada cent ans après « le vrai » (le 5 février 1916), thérapie par la musique, chronique Punk (le passage rigolo sur Anal Cunt) et Road Movie franchouillard à la Kervern et Delépine (l’épisode de « la fête de la rue »), « L’Odyssée du pingouin cannibale » séduira, en définitive, tant les afficionados de Martin Heidegger que de ceux de Partenaire particulier.

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