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ITW des Ramoneurs de menhirs au Hellfest

mardi/14/07/2015
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ANR: Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore.

Gwenaël : Gwenaël , chanteur

Éric : Éric, sonneur, chanteur

Richard : Richard, sonneur chanteur

Loran : Loran, sonneur de guitare électrique, chanteur. «Sonner» en Bretagne veut dire jouer de la bombarde, du biniou ou éventuellement de la cornemuse.

LES RAMONEURS DE MENHIRS EN INTERVIEW AU HELLFEST LE 21.06.2015

ANR: Que proposez-vous comme style de musique?

Loran : On fait une alchimie entre l’insoumission bretonne et l’insoumission punk. Ramoner le menhir, c’est réactiver ces vieilles énergies tribales. On se met en accord avec l’insoumission. Je pourrai citer juste une phrase de Glenmor, un grand barde breton qui est mort il y a une dizaine d’années, «Quand l’homme se veut tel, il a un seul devoir, l’insoumission. » Ça résume tout l’esprit du groupe.

 

ANR: Pourquoi avoir fait le choix de chanter en breton ?

Loran : Je trouve ça important qu’on chante en breton. Ça paraît évident, et ça amène un autre son qui est vachement intéressant. Il faut arrêter cette dictature des langues ou on essaie de tout formaliser constamment! Je pense que la richesse culturelle est importante.

 

ANR: Question technique, pourquoi avez-vous choisi d’utiliser une boite à rythme ?

Loran : C’est un peu moi qui ai amené ça, Je joue avec une boite à rythme en 4-3-3. Ça fait un bout de temps qui je suis collé à la boite à rythmes. Ça c’est pas du tout fait par choix en fait, ça s’est fait car à ce moment-là, il n’y avait pas de batteur. Moi, je fais avec ce qu’il y a. Maintenant, je suis tellement en osmose avec ma boite à rythme que j’aurai vraiment beaucoup de mal de faire autrement.

Par contre, j’adore les groupes avec de la batterie, ça n’a rien à voir avec ça. Je ne suis pas particulièrement fan des groupes à boite à rythmes mais je trouve que pour nous, c’est impeccable. Ça nous donne aussi un côté « commando », c’est à dire qu’on peut vraiment jouer partout. On a un matos super réduit. On peut jouer sur des toutes petites scènes, même dans des bars. Avec une batterie ce serait plus compliqué. Ça amène un côté chamanique et un coté industriel. Nous sommes des indiens métropolitains (rires).

LES RAMONEURS DE MENHIRS EN INTERVIEW AU HELLFEST LE 21.06.2015

ANR: Momo vous a quitter il y a un an et demi à peu près. Gwenaël, tu es maintenant le nouveau chanteur. Comment s’est passé ton intégration au sein du groupe ?

Gwenaël : Plutôt bien. Ça s’est passé progressivement. J’ai remplacé Momo qui a eu des problèmes de santé et j’ai été titularisé (rires). L’ambiance et l’accueil, ça s’est plutôt bien passé. Comme disait Loran, le chant breton en compagnie de la boite à rythme est naturel, ça donne un bon tempo.

Loran: Je te raconte juste une petite histoire. On a créé notre première chanson sur l’album traditionnel d’Éric et Richard. Un album traditionnel du terroir de l’Aven dans le Finistère. Éric c’est un vieux pote, on se connaît depuis qu’on est jeunes punks. On s’est rencontrés à 17 ans on se connaît depuis très longtemps. Pendant un concert en 1985 Eric sonnait sur « Vive Le Feu », en compagnie de Louise Ebrel, une chanteuse traditionnelle bretonne a cappella. On m’a dit «Ce serait sympa que tu sonnes de la gratte électrique avec nous». Je suis intervenu en pensant qu’il y ait de fortes chances que ça ne marche pas.

Avec ma boite à rythme en quatre temps, j’ai balancé mes accords… et ça rentrait (bouche bée).

Les chanteurs traditionnels bretons ont le sens du rythme, c’est un truc de malade! C’est pour ça qu’ils arrivent à faire danser des milliers de gens dans de grands fest-noz. J’étais impressionné par le côté carré, il y a cette ressemblance boite à rythmes chez les chanteurs traditionnels bretons.

Eric : En France et en Europe, la plupart des mélodies sont en ternaire. Par contre le rock est absolument binaire, tout comme la danse traditionnelle bretonne. Le rythme est le même.

 

ANR: Gwenaël, tu as fait une école pour apprendre le breton ?

Gwenaël : Non, je suis autodidacte en breton et dans le chant. Autodidacte en tout ! (rires)

Loran : Il faut quand même rappeler que Gwenaël n’est pas arrivé par hasard. Il faut qu’il y ait une histoire entre nous, un lien d’amitié qui se crée. Quand Momo a eu des problèmes de santé, on s’est demandé ce qu’on allait faire. Est-ce qu’on continue?

Et c’est Momo qui a tenu à ce qu’il y ait quelqu’un qui soit là. Ce n’est pas un remplacement, c’est une passation. Gwenaël s’est imprégné de l’ambiance, et il a apporté énormément au groupe.

Un nouvel élément qui arrive, ça créer une nouvelle alchimie, et je trouve que la nouvelle alchimie est excellente! Gwenaël nous amène une nouvelle fraîcheur au groupe, le groupe à 9 ans (rires). Et on est super content qu’il soit là. Il a une énergie particulière, c’est aussi un chanteur traditionnel, il a sa façon à lui de chanter et ça correspond très bien au groupe.

 

ANR: Vous êtes un label indépendant, distribué par Coop Breizh. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Loran : On a toujours été indépendant (sourire). Je pense que, quand ton activité artistique devient commerciale, et que les groupes rentrent dans des plans de carrière, ça en devient insupportable. Et c’est comme ça qu’on fait de la merde ! Je pense qu’il faut se mettre en danger.

Avec notre côté anarchiste et libertaire, on a pas besoin de l’État et d’un système pour s’autogérer entièrement.

Eric : C’est du boulot en plus d’être indépendant.

Loran : De toute façon, soit on veut être libre, soit on est un mouton ! Pourquoi on en est arrivez la ? Pourquoi on est arrivé dans un « playmobil system » ? Parce que c’est facile ! La vie, c’est quelque chose qui se gagne. Je pense qu’on a perdu ça. On est trop habituer à ce que les choses nous arrivent dans le bec, Il faut arrêter de se plaindre, il faut faire autre chose.

 

ANR: Vous avez sorti votre troisième album, « Tan Ar Bobl », qui parlent essentiellement des minorités ethniques comme les palestiniens ou les ukrainiens. Pourquoi est-ce un sujet qui vous tient à cœur ?

Loran : Il y a aussi un morceau sur les Touaregs, un morceau sur les Kabils et aussi un traditionnel grec. Ce qui nous tient à cœur, c’est la résistance des cultures. Parce que justement on est dans un monde ou la mondialisation est insupportable. On essaie de tout uniformiser au détriment de la différence. On voit bien les partis politiques qui ont le vent en poupe actuellement, c’est tous les partis qui prône le repli sur soi même. Des partis avec un nationalisme xénophobe, carrément des partis fascistes! Actuellement, le front national et le plus grand parti de France, c’est une chose incroyable ! Qui l’aurait cru ? A l’époque en 89, la jeunesse emmerdait le front national. Maintenant j’ai l’impression que la jeunesse est lobotomisée. Alors, maintenant on passe son temps sur son « face de bouc », à raconter nos vies minables, ce n’est pas ça la vraie vie. La vie c’est dehors! La vie, c’est voyager, ce n’est pas regarder des films sur internet. Voyager, c’est être dans une autre ambiance, un autre contexte avec d’autres gens, c’est important. Sortons de nos maisons, parce qu’au bout d’un moment, ce qui n’est pas dans notre maison, c’est un ennemi. Tout ce qui est étranger à nous, c’est un ennemi ! Arriver à un moment, on va tous se foutre sur la gueule.

Pour en arriver là, il faut penser quand même aux gamins ! Est-ce qu’ils ont mérité ça ? On dit qu’on est le monde adulte, responsable et on fait n’importe quoi. Comment veux-tu que les gamins ne pètent pas les plombs. Je trouve que les gamins sont sages, parce que moi franchement, j’aurai 15 ans, je cramerai des bagnoles! Il faut que les jeunes se bougent le cul !

LES RAMONEURS DE MENHIRS EN INTERVIEW AU HELLFEST LE 21.06.2015

ANR: Vous avez repris la blanche hermine avec Gilles Servat, grand nom de la chanson bretonne. Partage-t-il vos idées ?

Eric : Ben totalement, Gilles est un révolutionnaire des années 60. Il a écrit la blanche hermine. Un jour, il y a si longtemps que ça, un parti d’extrême droite avait repris sa chanson. Il a fait un scandale, et il a récrit des paroles de la blanche hermine contre la xénophobie et l’extrême droite. Gilles et nous, c’est une histoire d’amour !

Loran : Et le symbole du fait qu’il chante avec nous sur le morceau fait chaud au cœur. Il cautionne entièrement. Faire une reprise ce n’est pas évident tu vois. L’idée c’est d’essayer de montrer aux gens qu’en mélangeant la reprise des béruriers noirs « mineurs en danger » et les textes de la blanche hermine, on peut se transcender. Et ça rend très très bien.

Déjà dans les bérus, il y avait cet esprit. Le chanteur était breton. A cette époque-là, on écoutait les Sex Pistols et les sœurs Goaedec ! Ce soir, tu as des groupes avec 50 amplis, mais les sœurs Goadec, elles n’ont rien ! Juste elles avec un petit micro. Ça je pense que c’est une démonstration de force. Parce qu’au bout d’un moment on a tendance à cacher l’authenticité. On s’en fout, c’est l’énergie qui compte. C’est pour ça qu’on adore jouer dans les bars, mais aussi en festival.

 

ANR: Dans la blanche hermine, il y a cette phrase «Vive Fougères et Clisson». Pensez-vous que nous ici sommes en territoire celte ?

Loran : Mais oui, c’est la Bretagne, c’est clair et net !

Éric : Pendant plus de 1000 ans, ça l’a été.

Loran : Si tu veux, une séparation administrative, ça sert aussi à casser une culture. C’est simple, tu enlèves une capitale et tu brises une culture. C’était interdit de parler breton à l’époque. On a tout fait pour anéantir cette culture. C’est ça le rouleau compresseur mondialiste, qui a mis en place un système républicain.

Et on le voit maintenant, les partis de droite français s’appellent les républicains. Ça veut bien dire que les gens commencent à se poser des questions par rapport aux fondations de la République elle-même. La République est un système qui a exterminé toutes les autres cultures. Les massacres qu’il y a eu après la révolution française, c’est un truc de malade ! Et on fait la gloire de la France, mais enfin c’est la honte ! On a empêché les Basques d’être Basques, les Occitans d’être Occitans…alors que la France aurait pu être une fédération de pleins de tribus différentes. On a obligé d’être français de force, créer une unité, une fausse unité. Cette unité, elle est bidon parce que si elle existait, les gens ne voteraient pas pour le FN! Si les gens sont invités à voter FN, ou à être bloquer sur le « face de bouc », c’est qu’il y a un problème. Ce n’est pas une nation la France.

LES RAMONEURS DE MENHIRS EN INTERVIEW AU HELLFEST LE 21.06.2015

ANR: Comme vous l’avez dit tout à l’heure, vous pouvez aussi bien jouer dans des bars, dans des fest-noz, ou en festival. Que pensez-vous de la montée en puissance de ce festival ? Pourquoi êtes-vous d’accord de venir jouer ici ?

Loran : Il y a pleins de gens qui nous ont posé la question de ce qu’on fait là, mais on assume totalement. Après on est un collectif, on est invité à jouer, ce n’est pas nous qui avons fait la démarche. Ben voulait donner un côté breton aussi, enfin pour affirmer qu’on est en Bretagne. Bon ça c’est un fait, moi personnellement, je n’étais pas spécialement chaud. Après on a parlé entre nous, on trouvait ça intéressant de voir et vivre le truc. Parce que c’est vrai, c’est bien beau de dire que c’est de la merde et tout, mais faut quand même venir voir. J’ai été voir l’installation il y a environ 15 jours avant l’ouverture, voir l’ambiance avec les équipes techniques. Et j’ai trouvé ça hallucinant ! J’ai vu 200 personnes de la famille du rock’n’roll, des crêtes, des cheveux colorés, des tatouages qui bossaient en électricité, en plomberie, en maintenance de scène. Il y a plus de 100 artistes qui sont venus faire des sculptures. Je suis d’accord avec ça.

Après pour un groupe, c’est dur quand ça commence à marcher. Ce n’est pas forcément bon. Nous on essaye de maintenir le truc. Si on a arrêté avec les béru c’est par rapport à ça, ça devenait n’importe quoi. Moi je me sens pas comme une locomotive, je suis juste un barde, je fais tenir la tribu, j’allume les mèches, je ne suis pas un leader.

Je crois en l’autogestion, je crois qu’on est tous aussi important les uns que les autres. Et je pense qu’un concert, ce n’est pas des stars et un public qui gobe ce que raconte les stars.

Je pense qu’un bon concert, c’est une osmose avec un public, une bonne association, un bon groove et un bel échange.

Après, on refuse les festivals chers, le seul qu’on ait accepté, c’est le Hellfest. Parce que, il y a quand même ce côté rock’n’roll on ne peut pas le nier. Il y a des efforts artistiques.

On trouve même de la couille de Loup (bière)! Ça c’est vachement important, c’est un brasseur qu’on connaît bien, Vincent qui est vraiment le premier brasseur en Bretagne fait son propre malt, fait tout ici, transforme le maïs aussi. Alors que la plupart des brasseurs artisanaux bretons font transformer l’orge en Allemagne. Des poids lourds qui font des allers retours, ça pollue, alors pourquoi on ne le fait pas ici?

Tu sais, on n’a pas reçu un énorme cachet, on est payé pareil comme si on allait dans un fest-noz ! On n’est pas en tête d’affiche en fait (rires). On n’est même pas sur l’affiche, et ben ce n’est pas grave. On est là pour vivre le trip du Hellfest. On a été à Lorient hier pour la fête de la musique, il y avait des scènes partout, mais à la différence que c’était gratuit ! (rires).

C’est une organisation de malade ! Ils arrivent à faire un truc super carré sans que ce soit trop stress.

Le public semble cohérent et ça à l’air de bien se passer.

Il faut voir aussi que dans le sponsoring du Hellfest, tu n’as pas de banques, Et ben ça déjà, c’est génial. Pour une fois qu’il y a pas ce putain de Crédit Agricole. Ce sont les banques qui détruisent la planète! C’est à cause de ces putains de banque que l’argent est plus important que nos enfants!

Et ce festival fait chier les putains d’intégristes cathos! Ça me fait plaisir! On vient aussi pour ce soutien. Après voilà, on ne va pas être invité au Hellfest tous les ans, je pense que Ben a voulu faire un clin d’œil à la Bretagne. On doit assumer de venir au Hellfest, et on est content d’être là.

Eric: Il y a un petit bémol quand même, j’ai fait le tour tout à l’heure du marché, et je trouve les prix indécents. Ça me fait mal. 30 euros le T-shirt, excuse-moi, c’est n’importe quoi!

Loran : De toute façon on n’a pas mis de stand. Si on avait voulu, on aurait dû contacter un mec d’une boite allemande qui gère les stands, il prend déjà 40%, donc on s’est dit c’est bon on le fait pas. De toute façon un T-Shirt, on s’en fout, on prend un marqueur, on s’écrit dessus et puis voilà. Il faut arrêter quoi.

 

ANR: Merci pour cette interview, un petit mot pour finir ?

Loran : Libérez des mensonges de l’Église, par nos rythmes païens, brisons toute Emprise! Ayayayayayayaaaa! Je veux juste rajouter que j’ai appris que ce groupuscule intégriste ont fait des messes, des cérémonies, des incantations, afin que de la foudre tombe sur le Hellfest. Alors là j’ai l’impression que leur Dieu les a abandonnés ! (rires)

Eric : Ils auraient dû se foutrent leurs cierges dans le cul, ça aurait peut-être marché !

LES RAMONEURS DE MENHIRS EN INTERVIEW AU HELLFEST LE 21.06.2015

 

Loran : Non ils mettent les cierges dans le cul des enfants ! (rires) Ce qu’ils ont fait au Hellfest, c’est un attentat! Ce sont des gens qui brûlent tout! Combien de femmes ont été brûlées sous prétexte qu’elles étaient des sorcières? Combien de gens ont été crucifiés ? Et ils osent donner des leçons, c’est incroyable! L’Église a prohibé l’esprit du grand cornu, autrement appelé le diable. Mais tous les animaux de la planète qui ont des cornes sont végétariens. Donc si on réfléchit à ça, le diable il ne mange pas d’enfants, c’est faux il est végétarien il a des cornes. Le grand Cornu, c’est le protecteur de la forêt, et maintenant, qu’est ce qui ce passe ? On à plus de forets… ces religions monothéistes sont en train de détruire la planète, je les hais!

 

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