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Hellfest 2014 : interview de Phil Cope, Kylesa, 20 juin

lundi/21/07/2014
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Art n’ Roll : Vous n’avez pratiquement aucun jour de repos pendant la tournée en cours. Vous sortez des albums régulièrement, vous vous occupez du site internet…. Comment nourrissez-vous votre créativité ? Est-ce que vous n’avez pas peur de l’épuisement ?

Phil Cope : C’est une très bonne question… On fait ça depuis assez longtemps maintenant pour savoir comment équilibrer les choses. Parfois, sur de longues tournées, il arrive qu’on soit épuisés, mais on travaille si dur depuis si longtemps qu’on sait rester fluides. C’est comme le sport : plus on en fait, plus on peut en faire. Je pense qu’on est fait comme ça. Et puis on est du genre à travailler très dur, particulièrement Laura [Pleasants, guitariste et chanteuse de Kylesa] et moi. C’est une de nos facettes, on le savait l’un et l’autre quand on a formé le groupe et on l’apprécie.

AnR : C’est comme un rythme à prendre?

PC : Oui, on sait comment faire dans les moments de fatigue.

AnR : et quand vous êtes épuisés, comment faites-vous pour continuer à travailler ?

PC : Honnêtement, je peux dire qu’il n’y a qu’une seule fois où j’ai vraiment souffert d’épuisement et là je me suis arrêté. Quand on arrive à ce point, on ne rend service à personne. On ne rend pas service aux fans en jouant aux concerts en étant épuisé. Donc j’ai pris 2 mois pour me relaxer et me reprendre.

AnR : C’est votre 3ème participation au Hellfest. Avez-vous vu le festival changer ?

PC : Oui! Et pour le meilleur! On était venus il y a un moment et il semble que ce soit le meilleur jusqu’à présent. Tout est super bien organisé, c’est vraiment bien arrangé. C’est une des choses que l’on recherche.

AnR : Vous avez joué à Paris cet hiver, ainsi que dans d’autres villes françaises. Est-ce que vous pensez que le public ici est différent comparé à d’autres pays ?

PC : On adore laFrance. Les gens de la scène Metal, Heavy Music, ont été de grands soutiens pour nous. Et nous sommes également fans de la musique et de l’art français. Donc ça veut dire beaucoup pour nous, étant donné qu’on a beaucoup de respect. Alors obtenir ce respect en retour, ça veut dire beaucoup pour nous. Et puis on est sur un label français, si ça, c’est pas un signe…

AnR : Vous êtes de Savannah, une ville qui a engendré plusieurs groupes de Sludge Metal : est-ce que votre ville est toujours active en terme de musique Metal ?

PC : Et bien, ça a changé au cours des années, les groupes principaux sont… (le son enregistré est rendu très mauvais par le bruit de fond. Enfin, le bruit de fond…. Le concert en Main stage quoi…)et certains ne vivent même plus à Savannah. Ce n’est plus la même chose qu’avant, quand nous étions tous en ville et que nous formions une scène. Nous jouions tous tout le temps, nous faisions des concerts. Cet aspect a changé. Mais il y a tout un nouveau groupe de gens qui font la même chose. Ils sont en train, de manière respectueuse, de mettre leur grain de sel là-dedans. Alors je ne serais pas surpris s’il y avait tout une bande de personnes se mettant à découvrir des choses d’une manière totalement différente. Il y a des groupes de punk très originaux en ce moment. Et avec notre label, Retro Futurist, nous essayons d’apporter un soutien à un grand nombre de ces groupes parce que nous voyons en eux le même esprit qui existait dans notre scène auparavant. Même si musicalement c’est différent, l’état d’esprit est pratiquement le même. Je pense que les gens verront arriver des choses assez cools assez rapidement. Ça évolue.

AnR : Avez-vous eu le temps de voir des groupes ici au Hellfest aujourd’hui?

PC : Pas encore. Malheureusement je n’ai encore pu voir aucun groupe. Mais j’ai l’intention de le faire. Aussitôt que j’ai fini ici, j’y vais! J’ai quelques interviews et après j’ai 2-3 heures pour faire un tour et voir quelques concerts.

AnR : Quel genre de groupes vous voulez voir?

PC : J’ai envie de voir un peu de tout. Je suis assez ouvert d’esprit quand il s’agit de Metal, j’aime tout. Il faut absolument que j’aille voir Kadavar, donc je passerai surement de leur côté.

AnR : Quel genre est-ce ?

PC : C’est du Rock assez classique

AnR : J’ai vu dans une article de presse le terme “genre-defying band” (groupe qui défie les genres musicaux) pour décrire Kylesa. Pourriez-vous préciser ce terme ? Est-ce que c’est un sujet important pour vous ?

PC : C’est un sujet qui fait partie de nos vies, mais je tiens à dire que ce n’est pas important pour nous parce que ça nous vient naturellement. On a grandi dans une petite ville dans le Sud des Etats-Unis. Il n’y avait pas autant de séparations entre les scènes, comme il peut y en avoir dans les grandes villes. Si tu rencontrais des gens qui avaient des goûts musicaux cool mais un peu éloignés des tiens, tu pouvais quand même trainer avec. Du coup, tu te retrouvais à côtoyer des gens qui avaient toutes sortes de goûts très différents et tu pouvais grandir en écoutant toutes sortes de musiques. Ce n’est pas si bizarre d’être fan de deux styles de Metal à l’opposé l’un de l’autre, Metal ou Rock ou autre ! Je crois que c’est significatif de notre façon d’écrire. On est influencés par beaucoup de styles de musiques, de groupes. On n’y fait pas attention, c’est notre façon d’être en tant que personnes, nos goûts, c’est ce qui fait la particularité de notre musique.

AnR : J’ai une autre question : il y a une femme dans votre groupe, dans une scène qui n’est pas particulièrement féministe. Est-ce que vous évoquez ce genre de sujets ?

PC : Ce n’est pas la raison pour laquelle on a créé le groupe. Laura et moi avons créé le groupe parce que nous avions un respect mutuel l’un pour l’autre, pour nos goûts, en tant que personne, nous sommes de gros travailleurs. C’était important pour nous deux parce que si tu veux créer un groupe qui fonctionne, tu as besoin de personnes qui travaillent dur. Nous avons un respect mutuel pour le talent de l’autre.
Maintenant au fur et à mesure que le temps passe, une grande attention lui est portée parce qu’elle est une femme très talentueuse dans un monde qui n’a pas toujours été très d’un grand soutien. Mais je crois qu’à l’heure actuelle, on voit de plus en plus de groupes avec la même configuration et avec un peu de chance, ça n’aura plus à être un sujet d’intérêt. Les groupes doivent être jugés sur leurs mérites en tant qu’ensemble. Je comprends pourquoi il y a autant d’attention et je la soutiens parce que je bosse depuis plus de 20 ans, avec deux groupes, et j’en vois l’importance. Je n’ai pas de problème avec ça, je comprends et je soutiens. Mais c’est bon de voir qu’avec le temps, ça devient de moins en moins important. Tout le monde devrait pouvoir s’engager dans la scène Heavy ou Metal, quel qu’il soit.

AnR : Évidemment, mais on voit quand même des groupes mettre en avant des artistes féminines pour le côté doux et joli à regarder.


PC :
Ce n’est pas notre intention. Nous ne pouvons pas toujours contrôler notre traitement par la presse. Parce que tu sais, la presse gravite automatiquement autour d’elle. On ne peut pas le contrôler. On n’a pas le contrôle total sur la façon dont le groupe est représenté mais la plupart du temps elle [Laura] est traitée avec respect. Ce que je vois, c’est qu’elle reçoit beaucoup de respect. Et c’est génial, c’est bien de voir le monde du Metal se comporter comme ça.

AnR : Et ça me semble rare en fait, qu’une artiste puisse parler de son métier, de son talent, son art et pas seulement de son apparence.
[cette remarque est en référence à des commentaires de journalistes masculins que j’ai pu lire dans la presse Metal au sujet d’artistes féminines]

PC : C’est vraiment cool, mais ce qui arrive parfois et qui n’est pas cool, c’est que des gens essayent de nous mettre en compétition en disant que c’est elle la personne importante. Et ce n’est pas juste parce qu’on n’est pas du tout en compétition, on travaille ensemble et je pense que c’est quelque chose qu’on voit rarement : les gens peuvent travailler ensemble, c’est important de le dire. J’ai appris que je devais beaucoup me mettre dans l’ombre, mais c’est ok parce que j’ai une vision d’ensemble, je vois l’importance que ça a pour le groupe et je la soutiens. Elle travaille dur, elle a du talent comme tout le monde le dit, elle le mérite donc je la soutiens. Mais au bout du compte, nous écrivons la musique ensemble. Nous écrivons tous les deux, on travaille en groupe. Ça passe à l’as parfois.

AnR : A propos de l’artwork : il est brillant, qui le crée?

PC : On travaille avec plusieurs artistes. On a de la chance d’attirer de très bons artistes. On laisse les gens venir vers nous et on recherche les gens également. On a vraiment beaucoup de chance de travailler avec des artistes géniaux. Certains des artistes avec qui on a le plus travaillé : John Santos, John Dyer Baizley, Drew Speziale, Pushead… certains ont fait une grande part de notre artwork au cours des années.

AnR : C’est assez homogène, alors que ce sont les créations de différents artistes…

PC : On essaye de travailler avec les artistes de manière à ce qu’ils aient un aperçu de ce que nous faisons et qu’ils nous donnent une réponse en fonction de ça. Et en général, ça fonctionne pour nous. On n’en dit pas trop à l’artiste, on lui demande juste d’écouter notre musique et de se laisser inspirer. Je pense que c’est pour ça que ça colle.

AnR : C’est une collaboration en fait?

PC : Oui.

AnR : Vous avez sorti un album de morceaux remixes et réarrangés, “From the Vaults Vol. I”, il y a 2 ans. Une date est-elle prévue pour le volume suivant?

PC : Ca m’avait demandé beaucoup de temps! [Rires] Beaucoup plus que ce que je pensais avant de commencer. Je ne sais pas quand j’aurais à nouveau tout ce temps pour y travailler, ou même le groupe. Si on arrive à trouver des moments creux, alors on commencera à travailler au volume 2. Il y a plein de matériel, mais pas assez de temps pour s’y mettre. Et puis évidemment, on préfère travailler sur du neuf…

AnR : Dans AV Club, j’ai lu une interview de Laura dans laquelle elle expliquait pourquoi elle détestait la chanson “Rockstar” de Nickelback. [Rires] Comme elle, est-ce qu’il y a des chansons ou des groupes que vous détestez ?

PC : Ouais, mais en général je ne connais pas le nom des groupes, en général ce sont des chansons que je suis forcé d’entendre, à la radio, dans les grands magasins. Là-bas il y a des chansons tellement mauvaises qu’elles me donnent la chair de poule…

AnR : Qu’est-ce qu’elles ont en commun?

PC : Ce sont des chansons ringardes, des chansons tellement simplistes que ça en devient ridicule. Elles tentent de plaire au plus petit dénominateur commun : aucune valeur artistique. C’est la junk food de la musique.

AnR : Dernière question : c’est une tradition pour Art n’ Roll : on demande à tous les interviewés s’ils ont un hobby artistique autre que la musique. Est-ce votre cas ?

PC : Oh oui! Mon plus grand hobby, mais c’est aussi mon boulot, c’est d’être en tournée avec d’autres groupes et de produire des albums en studio. C’est que je fais le plus. Mais j’aime aussi dessiner, je fais ça uniquement pour moi. J’aime surfer, faire plein de choses. Je passe chaque minute de mon temps à faire quelque chose de créatif. C’est un mode de vie !

AnR : Je ne sais pas comment vous arrivez à faire tout ça!

PC : Être en tournée, en fait, est une bonne chose pour la créativité, parce qu’on des moments creux quand on voyage. C’est à ces moments-là que je peux faire ce type d’activité, comme dessiner, faire de la musique sur ordi, et toutes ces petites choses juste pour moi, je trouve ça fun ! Tout le monde dans notre groupe est comme ça. Laura a la photographie, elle est également dans le design graphique. C’est quelque chose que nous avons en commun. On est tous très créatifs dans différents domaines.

AnR : C’est comme un flux qui s’entretient continuellement?

PC : Oh exactement!

AnR : Merci beaucoup!

The Kat

Oui, un grand merci à Phil Cope pour avoir très aimablement répondu à nos questions malgré le bruit et la chaleur accablante dans les box dédiées aux interviews!

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