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interview de swarm

jeudi/01/06/2023
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Rencontre avec Rémy Pauck, chanteur de Swarm.

Interview riche en émotions avec notre Antibois

passionné de tout style qui n’hésite pas à découvrir

d’autres musiques que le metal afin d’enrichir

l’essaim.

Merci à Roger de <where the promo is>

Réalisé au hard rock café le 24  mai .

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Art’N Roll : On va parler de ce troisième album ?

Rémy : … On va dire un EP.

Art’N Roll : EP qui sort, Mad in France

Rémy : C’est un petit amuse-gueule avant l’album qui sortira en janvier.

Art’N Roll : Et pour quelle raison ? Alors c’est Mad in France et non pas Made in France ?

Rémy : Oui. C’est Mad in France, mais il y a le petit jeu de mot avec « made in  »rance » parce que ça a été fait en France aussi, c’est un produit français. (Rires)

Rémy : Non, c’est un petit jeu de mot. Mad in France, Made in France, comme je l’explique, c’est en fait, tu peux le voir sur la pochette. J’ai des amis qui sont à l’étranger et qui nous appellent : « En France, ça brûle, qu’est-ce qui se passe ? C’est la guerre ! » En fait, on a une vision extérieure par les médias, par les réseaux sociaux, par ci, par ça, de quelque chose, mais en réalité, quand tu es à l’intérieur, il ne se passe rien.

C’est un peu ce contraste entre ce que l’on voit, ce que l’on ressent, ce qu’on veut te montrer et en fait ce qui se passe dans les faits. La force des images. Aujourd’hui, il est facile d’accompagner ton propos avec une image, une vidéo, sortie du contexte. Tu vas faire une interview et tu vas juste prendre une phrase et dire « Tiens, l’homophobe, il a dit ça ! ». Ça parle de ces trucs-là.

Art’N Roll : Rien à voir avec le film Made in  France? ( sorti en 2015) Ou avec les feux de forêts qu’on a eus l’année dernière ?

Rémy : Ah non !Ça n’a rien avoir. C’est plus pour ce côté, ce qu’on voit de l’extérieur et c’est valable pour tout. Il y a les choses que tu vois : « Putain, il a l’air bon, ce burger ! » Tu le manges et il n’y a rien de bon dedans. On t’a fait croire qu’il était bon avec du fromage fondu. On est beaucoup dans le paraître et on ne va pas au fond des choses. C’est un peu cette idée de contraste entre « je vais te montrer une France qui brûle » et, dans les paroles, on n’est pas en train de faire la révolution. Tout se passe bien, il n’y a que les gens qui gueulent qui pensent que ça se passe mal. On le voit aujourd’hui, il n’y a personne en train de lancer des cocktails Molotov – enfin, ça existe, mais il n’y a pas que ça.

Art’N Roll : Tu disais que c’est un amuse-gueule entre deux albums ?

Rémy : C’est ça. En fait, on a composé le troisième album comme tout groupe, premier album, deuxième album, troisième album ; après il y a eu le confinement qui a fait que notre deuxième album on l’a sorti et pff ! deux mois après, tout le monde était confiné ! Bon, le deuxième album de Swarm, Anathema, c’était le dernier souci des gens à cette époque ! Donc, on s’est dit : « Bon, qu’est-ce qu’on fait ? »

Tu sais, c’est dur, quand même, de se dire qu’on a passé du temps, investi de l’argent dans un projet, et on s’est dit : « On oublie le deuxième ! On fait le troisième. » On avait déjà des morceaux. On a fait le point sur ce qu’on avait, on a composé et on s’est retrouvés avec seize, dix-sept morceaux.

Rémy : Seize, dix-sept morceaux, mais « Qu’est-ce qu’on fait ? On doit en choisir onze ! Dix, onze, parce que l’album doit durer cinquante minutes max – cinquante-cinq, déjà, ça devient long. » On nous a déjà reproché la longueur de l’album, plus de quarante minutes, comme quoi c’était trop long, indigeste et compagnie ! Enfin, « reproché », ce sont les retours qu’on a eus.

On se dit : « seize morceaux, on est à une heure quinze, il faut qu’on en dégage ». On a réfléchi et on a décidé : « on ne va pas les dégager, on va tous les enregistrer et on va faire un EP qui va servir de promo pour faire l’album ».

Art’N Roll : Voilà, une bonne  transition entre les deux albums.

Rémy : Voilà. Tout le monde allait sortir un truc parce que, pendant deux ans, il ne s’était rien passé et que c’était au point mort pour tout le monde. Et, tout d’un coup, c’est bon, c’est rouvert : tout le monde sort un truc ! Nous, on a sorti notre album juste avant que tout soit fermé, on va attendre que la période passe, on va sortir notre EP et notre album afin d’avoir du contenu pendant deux années et pas dans le flux quand tout sort. Manque de bol, il y a Metallica qui sort des trucs ! (Rires)

Art’N Roll : Metallica sort un album, qu’est-ce qu’on fait ?

Rémy : Ce ne sont pas nos concurrents ! Personne n’attend notre album, c’est à nous de faire la promo. C’est quand même plus facile pour un groupe comme nous quand, par exemple, demain tu as dix interviews dans la semaine ; il vaut mieux avoir trois interviews dans la semaine et être dedans. On a un peu réfléchi comme ça. Je crois que c’est la seule fois où on réfléchit pour le groupe, parce que, normalement, on est en mode : on fait de la musique. Le côté marketing, ça ne nous passionne pas des masses mais il faut le faire, c’est dur, et surtout on n’y comprend rien. (Rires) On n’a pas les codes !

Art’N Roll : C’est un album plutôt surprenant, surtout sur deux titres. Je me suis dit que c’était un hommage à deux grands groupes français. Alors, je pense à ce titre avec ce mot japonais, qui signifie les trois singes, je le dis en français, mais c’est bien ça ?

Rémy : Oui, « Sanbiki No Saru ».

Art’N Roll : « Sanbiki No Saru », c’est ça. Qu’est-ce qui s’en dégage ? On pense tout de suite à Mass Hysteria, on a dû te le dire tout le temps ?

Rémy : Tout le monde, oui. Mille fois. En fait, c’est le côté scandé en français qui rappelle Mass Hysteria. Après, dans les mélodies, c’est quand même plus indus. Il y a un peu d’électro, bon, on n’a pas de samples et tout ça, mais, quand on a décidé de faire un EP, on avait cinq morceaux et « Sanbiki No Saru » n’était pas censé être en français. J’écris tout en français et Antoine traduit tout en anglais. Quand on est arrivés sur les paroles que je voulais pour « Sanbiki No Saru », je trouvais que les jeux de mots ne fonctionnaient pas et j’étais content du truc comme ça. Je lui ai dit : « C’est un EP, on peut se permettre de faire des choses qu’on ne ferait pas sur un album. Viens, on se fait un morceau français en entier. » Et on l’a fait. Finalement, on a réussi à convaincre l’autre gratteux, on était à fond. Donc on est plutôt contents d’avoir réalisé ce morceau en français, mais, c’est vrai, ça fait penser à Mass Hysteria, parce que, si on l’avait fait en growlant, je ne sais pas… On l’a sorti comme on l’a senti.

L’exercice le plus difficile, c’était d’écrire des paroles avec un sens et qui soient quand même mélodiques et jolies à écouter. Parce que c’est très dur, le français, pour faire de belles phrases. On peut faire rimer amour avec toujours, ça sonne bien, mais en anglais il est plus facile de trouver des… Quand on compose les mélodies de chant, « lalala lala », on essaie de mettre des paroles qui collent, mais on avait beaucoup de rrr et de rh, rh, il fallait trouver quelque chose de joli, scandé, avec des paroles qui aient un sens ! C’est compliqué.

Art’N Roll : Cet exercice est-il plus difficile en français ou en anglais ?

Rémy : Oui, c’est difficile. Mais, je suis content de l’avoir fait. C’est plus simple en anglais.

Art’N Roll : Et au départ tu écris dans quelle langue ?

Rémy : Après, j’écris tout en français, mais je ne m’amuse pas ; enfin, j’écris des métaphores, des choses qui ont du sens, ceci cela, et, quand on traduit en anglais, on l’adapte. Il est très facile en anglais d’ajouter un petit machin quand il te manque une syllabe, d’ajouter une syllabe quand il te manque une petite tonalité ; en français c’est un peu plus compliqué. Après, c’était super cool à faire.

Art’N Roll : Quand on écoute l’album, il y a quand même un côté festif dans l’ensemble de l’album.

Rémy : C’est ce que je t’expliquais : on te donne une image qui ne te fait pas vraiment peur, mais tu as l’impression que ça va être la guerre ! que ça va être violent ! et en fait, non. Et nous, on est un groupe très festif.

Art’N Roll : Même côté musical, c’est très thrash, très groove !

Rémy : Oui, on est très groove et très jumpy.

Art’N Roll : On le voit surtout dans vos clips. On sent le côté festif et pourtant l’album est quand même prenant et très professionnel.

Rémy : Oui, on l’a fait dans un bon studio.

Art’N Roll : Et tu peux me donner tes influences principales en tant que chanteur ? Et quelles ont été vos influences ? On ressent beaucoup de Lamb of God, de Machine Head.

Rémy : Lamb of God et Machine Head, on s’en est inspirés musicalement – les riffings, riffs de guitares, batterie et tout. Quant aux textes, Lamb of God, je ne connais pas plus que ça et je ne me suis jamais amusé à les traduire.

En revanche, je suis très influencé par Tool dans le sens où ils créent des concepts albums avec des parties. Tu prends ton album, tu l’écoutes de la piste 1 à la piste 6, ou à la piste 11. Il faut une cohérence, mais aussi s’assurer que chaque morceau puisse être écouté individuellement. On aime ça. Si tu veux avoir l’expérience de l’album, il faut écouter du morceau 1 au dernier ; s’il y a un ordre, c’est parce qu’on l’a décidé.

Comme j’aime bien Tool, ils m’inspirent énormément sur ces styles de concepts pour trouver des liens, des passerelles, des thèmes et s’y tenir, faire des références. Moi, je fais beaucoup de références à nos anciens albums. Au cas où, un jour, un mec s’intéresse à notre groupe, j’aime bien faire des références à des anciens albums ou des anciens morceaux.

Art’N Roll : Aux deux derniers album ?

Rémy : Oui. C’est toujours un peu lié, parce que tu racontes toujours les mêmes choses. Pour tous les jeux de mots et les tournures, je vais plus être inspiré par des textes de M (ancienne époque) et des textes de Noir Désir.

Rémy : Tu vois, ça n’a rien avoir avec du metal.

Rémy : En revanche, les textes de Noir Désir, ça me parle. Des textes de Brel, ça me parle. Ces textes, comme « Au suivant » de Brel, je trouve que c’est beau, c’est bien écrit. Ce n’est pas au premier degré, je n’aime pas le premier degré. J’aime bien imaginer le deuxième, troisième, quatrième degré, en mode « je vais vous dire ça mais je le mets au loin », comme ça un mec trouvera une autre interprétation du truc. Le rap m’inspire un peu aussi : IAM, par exemple, mais au niveau textes. Ce sont plus ce genre d’artistes qui vont m’inspirer, le côté de la musique dans l’intonation, dans les temps, l’énergie. En fait, il faut aussi que, dans ta voix, tu aies une rythmique et une batterie.

Art’N Roll : Le  fait d’être originaire d’Antibes ?

Rémy : Non, j’ai grandi avec ça en fait.

Rémy : Moi, quand j’étais petit, il y avait IAM, NTM, j’écoutais Pantera. En fait, c’est ça qui est fou, quand j’étais petit, on écoutait de tout !

Art’N Roll : Et tu es venu au metal ?

Rémy : J’écoute toujours du metal, mais aussi plein d’autres choses.

Art’N Roll : Est-ce que tu te verrais faire autre chose à l’heure actuelle ?

Rémy : Non ! Non, c’est ce qui me plaît.

Art’N Roll : Tu arrives à transposer tout ça dans Swarm ?

Rémy : C’est ça. Le metal c’est un défouloir. C’est ce qui te permet de dire : ma vie, c’est fini, j’ai besoin d’un exutoire. Il y a des gens qui ont besoin d’aller jouer au football, ou d’aller à la chasse, ou je ne sais pas trop quoi… Nous, c’est de faire de la musique. Après, j’ai participé à des groupes où on jouait des reprises dans des bars, mais ce n’est pas le truc le plus fort.

Après, on a toujours écouté de tout et je pense que c’est le cas de tous les groupes. Mais, demain, si tu me demandes ce qui m’inspire dans mes textes ou dans ma façon de chanter les flows de chant ? Eh bien, ce ne sont pas des métalleux, ce ne sont pas des groupes de metal.

Art’N Roll : C’est vrai que c’est une vision vraiment différente.

Rémy : Je vais peut-être être plus inspiré par du rap, vraiment dans le flow, comme Eminem, des trucs comme ça. Le mec aime jouer avec les intonations pour donner des rythmiques, j’aime bien.

Rémy : D’après moi, on a trouvé un juste milieu avec Matt qui fait aussi des voix, puisqu’il fait tous les chants saturés. Moi, comme on dit, je fais les voix de gays ! (Rires) et lui il fait les voix d’homme. La dernière fois que j’ai dit ça, le gars était homosexuel, mais il l’a bien pris, c’est vraiment une plaisanterie. Voilà, en fait, on ne réfléchit pas. J’entends tel riff et je dis : « Tiens, qu’est-ce que tu mettrais dessus ? » « Moi je mettrais ça ! » Et puis on donne le même riff à Matt et lui va trouver quelque chose de complètement différent, ensuite on mixe les deux. On va garder mon truc un peu rythmé.

Rémy : Quand je l’écoute, ça ne me choque pas.

Art’N Roll : C’est bien, d’avoir une telle diversité ?

Rémy : C’est le truc qui inspire, parce que, si Lamb of God nous inspire musicalement, pour les lignes de chant dans Swarm, je ne suis pas sûr qu’il y ait un truc qui s’en approche.

Art’N Roll : Sébastien Camhi a eu une vision un peu différente pendant l’enregistrement ? Est-ce qu’il a mis sa patte ?

Rémy : Oui, il a apporté toujours les petits détails, par exemple : « Ce serait bien si vous doubliez la guitare avec une quinte ». Ou même parfois sur des voix : « Là, ce serait bien que tu t’arrêtes, et que tu reprennes là, plutôt que le faire ici ». Sur l’album beaucoup plus que sur l’EP.

Sur l’EP, mine de rien, c’est six titres, on n’était pas pressés par le temps, mais ça allait assez vite. C’est vrai que, pour l’album qui va sortir, ça a pris un peu plus de temps. On a ajouté une guitare, un effet, des trucs d’ambiances. De toute façon, quand on arrive en studio, le morceau est prêt à 95 %. Reste 5 % qui sont faits en studio, parce que tu peux toujours te dire : « Putain, je peux tester ça ». Tu le testes et, en cinq minutes, tu sais si ça fonctionne ou pas.

Rémy : Même pour le flow des chants, pour des solos, pour des riffs, pour des breaks. Tu vois, tu as des breaks à la batterie (il fait le bruit de la batterie), « tou, tou, tou ». Et là, il arrive et il dit : « Ouais, arrête de me faire des tou, tou, tou. Fais-moi un vrai break ! »

Art’N Roll : Ce n’est pas un tyran, quand même ?

Rémy : Non, non, non ! Il commence à avoir un beau palmarès.

Rémy : On les fait tous chez lui. Bon, on lui a dit qu’on fera le quatrième après, c’est la suite logique des choses.

Art’N Roll : Donc, c’est lui qui sera aux commandes du quatrième ?

Rémy : Oh oui, je pense !

Rémy : Voilà, on a quand même composé plein de choses. Il faut qu’on reprenne toutes nos compos, qu’on les rassemble et qu’on en fasse quelque chose comme tout le monde. Je pense que c’est lui qui le fera, mais il commence à être complet…

Art’N Roll : Ce nouvel album est pratiquement composé ?

Rémy : Le prochain album, qui sortira en janvier, il est fait, il est fini, il est plié !

Art’N Roll : J’ai eu la chance d’écouter deux morceaux et j’ai l’impression que vous avez dévié vers le metal indus ?

Rémy : Ah ? Tu as dû écouter la seule qui est metal indus !

Art’N Roll : Non, j’ai aussi écouté un peu la deuxième !

Rémy : D’accord.

Art’N Roll : Est-ce que c’est une nouvelle direction ?

Rémy : Non, non. C’est juste qu’on a voulu en faire une indus, alors on a fait une indus. Le problème, c’est qu’on ne se met pas de limites.

Art’N Roll : Vous ne vous mettez pas de limites ?

Rémy : Oui, on arrive et on peut faire un truc un peu indus. On se dit : « vas-y on le fait ! » On essaye toujours de trouver un liant. Ça sonne indus, mais ensuite, tu peux écouter un autre morceau qui n’a rien avoir. On a même refait une ballade, je crois. On revient quand même toujours au groove, on fait un petit saut dans l’indus, on fait un petit saut là, mais on revient au groove.

Art’N Roll : Un peu dans le thrash, un peu d’indus, un peu de tout.

Rémy : Mais on se limite.

Art’N Roll : C’est la patte des nouveaux groupes à l’heure actuelle ?

Rémy : Ah oui ?

Art’N Roll : Surtout chez les jeunes comme vous.

Rémy : Je ne trouve pas que je suis jeune maintenant (rires).

Art’N Roll : Ah, ben si, quand même ! C’est un peu de tout, il n’y a plus de barrières, on ne se dit pas « si je fais ça »…

Rémy : Aujourd’hui, on est cinq à composer, à apporter chacun sa petite perle. Le premier album, Antoine l’a écrit tout seul dans sa chambre ; il est arrivé en disant : « Maintenant, je voudrais jouer mon album » et il a trouvé des musiciens pour jouer sa musique. Donc, tu te retrouves avec « Ah ! mais en fait oui, c’est Antoine. » Mais tu prends  Louis, qui va te faire un riff, le gratteux va mettre un autre truc, il écoute du Kiss ou autre chose, et il apporte un autre feeling, un autre doigté, une autre vision de la rythmique. Et puis un autre mec arrive, il est fan de hardcore ou autre et il apporte un autre truc. C’est juste un mélange d’influences. Après tout, c’est Swarm, « l’essaim »…

Art’N Roll : Un essaim, c’est la traduction ?

Rémy : Oui, voilà. Un essaim. Il recueille plein d’influences, chacun va butiner sa fleur, pas forcément la même. Et on se rejoint dans la ruche, on mixe tout ça et on le digère avec du miel. C’est ça, l’esprit de Swarm.

Art’N Roll : C’est ça au départ.

Rémy : On est partis de : on va mélanger les styles qu’on aime. Attention, on ne mélange pas n’importe quoi. Oui, c’est sûr, certains diront : « Oui, pourquoi ils ont fait ça ? » En fait, on ne mélange que les styles qu’on aime.

Art’N Roll : Ok. Donc c’est Omerta qui va sortir, c’est ça ?

Rémy : Exactement.

Art’N Roll : On pense à Anathema ; c’est une sorte de suite ?

Rémy : J’aime bien avoir un mot pour un album.

Art’N Roll : On a hâte de l’écouter, cet EP de transition ; on se demande : « qu’est-ce qu’ils vont nous faire l’année prochaine ? »

Rémy : Ça arrive très vite, ça sortira en janvier.

Art’N Roll : En janvier ?

Rémy : Oui, ça arrive très vite et on est vraiment très contents.

Art’N Roll : J’imagine que vous allez faire des promotions ?

Rémy : Surtout, on très hâte qu’il sorte.

Art’N Roll : Vous devez avoir des regrets concernant Anathema ? Vous n’avez pas pu faire une vraie promo.

Rémy : On a réussi à faire le deuil.

Art’N Roll : Un deuil, oui.

Rémy : Ça a été dur au début. Tu arrives, tu as passé un an à bosser, parce que ça demande du temps. J’enlève même l’argent de l’équation parce que c’est une passion, on dépense sans compter. On n’est pas là à se dire : « Ouais, j’ai dépensé tant ! » Non. On a passé du temps, en tant que projet, on est montés à Paris pour la promo, on a passé beaucoup de temps à négocier pour essayer d’avoir une date-là, une date-là, et tout. Tu te dis : « C’est cool, on sort le CD, on vient ici Roger  va nous faire de la promo ». On commence à monter  notre projet. On ne demande pas à remplir des stades, on veut juste faire des belles dates et être un peu attendus.

Et d’un coup d’un seul, tout s’arrête : la tournée, c’est fini ! Après le Covid, même quand tu recontactes les gens, ils sont frileux : « Ah, on ne sait pas si on sera ouvert en août. Parce que le gouvernement… »

Art’N Roll : Est-ce qu’on va remplir les salles… ?

Rémy : Le metal, avec tous les gens qui doivent être assis avec un masque, c’est mort ! Il y a eu une période très compliquée et nous on a sorti un album, voilà. Le bassiste, par exemple, n’a pas fait ce deuil-là. Il a préféré arrêter le groupe.

Art’N Roll : Oui, vous avez eu des changements notables ces derniers temps, de batteur et de bassiste ?

Rémy : Le bassiste oui. Il venait d’ouvrir son activité de coach sportif, il arrive et il n’a plus le droit d’exercer, les salles de sports sont fermées. Tu viens d’ouvrir ta société, c’est ce qui te fait manger et d’un coup tu n’as plus rien ! À un moment donné, tu ne peux plus mettre de thunes dans le groupe, et lui s’est concentré sur son truc. Donc, finalement on a changé de bassiste parce qu’il a décidé de partir pour ces raisons-là et c’est tout à fait compréhensible. Le batteur, c’est parce qu’il est devenu papa.

Art’N Roll : D’accord. Ça, c’est une autre raison.

Rémy : Il a préféré. Il a dit : « Ça prend trop de temps, ça prend trop d’énergie… »

Art’N Roll : On dort très peu…

Rémy : « … Et je n’y arriverais pas. » C’est un choix ; moi je suis devenu papa, mais j’ai fait le choix…

Art’N Roll : … de continuer le groupe. Oui.

Rémy : C’est très dur, mais… (Rires)

Art’N Roll : Vous avez tous des métiers à côté ?

Rémy : Non, non, à part moi ils sont tous intermittents !

Art’N Roll : Tous intermittents.

Rémy : Donc, l’objectif de notre groupe c’est de faire un cachet déclaré, tu vas jouer dans une MJC, tac, tac, et eux ils vont bosser puisqu’ils sont intermittents. Moi, je suis électricien, rien à voir ! (Rires)

Art’N Roll : Rien à voir !

Rémy : Je peux faire électricien de scène aussi, mais non. Rien à voir !

Art’N Roll : Ok. Bon, les futurs projets sont bien sûr une tournée ?

Rémy : On essaye de la boucler en ce moment pour octobre, novembre, décembre. C’est pareil, c’est très dur. Parce que tu vas en trouver une à tel endroit et puis tu veux un truc à côté, mais en fait ils ne sont pas chauds ou pas disponibles. On n’a personne qui s’occupe de nous et puis, quand on part, on ne demande rien. On arrive, on va faire une date à Marseille, Toulouse, Lyon, on se paye au chapeau. On part en vacances, et tu es bien content d’être en vacances une semaine et demie avec tes potes. Chaque soir tu joues, chaque soir tu poses ton matos puis tu ranges ton matos. C’est vrai qu’aujourd’hui, si un mec nous dit « Vous venez jouer à Lille ? », pour nous, faire Nice-Lille, Lille-Nice, c’est compliqué.

Art’N Roll : Oui. C’est un gros budget.

Rémy : On va le faire, mais il faut qu’on arrive à trouver Lyon, Marseille, Lille ou Lyon, Paris, Lille et sur le retour. Il faut qu’on rende le voyage sympa parce que, pour un groupe comme nous, c’est compliqué.

Art’N Roll : Oui. Il faut rendre le voyage sympa.

Rémy : Là, c’est l’été, donc eux ne seront pas disponibles parce que…

Art’N Roll : Il y a les festivals qui vont arriver.

Rémy : Tu sais, on est sur Nice, et Antoine s’est déjà démerdé pour venir, parce que, en ce moment il y a le Festival de Cannes, le Grand Prix de Monaco, et puis tous les festivals d’été… Pour eux, la saison commence maintenant, de mai à septembre. Donc, on ne peut pas se permettre de partir une semaine. On pourrait partir une date, un jour-là, un jour-là, pas très loin, mais on ne peut pas se permettre une semaine alors que c’est pendant cette période qu’ils réalisent leur statut pour l’année.

Art’N Roll : Bien sûr.

Rémy : Donc quand c’est creux, en novembre et décembre, on part. Parce qu’on travaille à côté, oui.

Art’N Roll : Oui, bien sûr, il faut. Écoute, on a hâte de découvrir ce futur album qui sort. Déjà, pour défendre cet EP qui vient de sortir, si tu as un mot à ajouter ?

Rémy : Allez l’écouter, il est sur Bandcamp, sur Spotify, il est partout, et il y a des clips, allez l’écouter.

Art’N Roll : YouTube, tout ça.

Rémy : C’est ça.

Art’N Roll : Allez surtout l’acheter.

Rémy : L’acheter ? Non, pas forcément.

Rémy : On l’offre à des gens qui nous achètent un T-shirt par exemple, en concert. Les CDs, tu sais, plus personne n’en achète. Déjà, très peu de gens ont des lecteurs. Alors pas forcément l’acheter, mais, si vous voulez nous aider, venez nous voir en concert quand on passe, achetez-nous un T-shirt,

Voilà. Mais aujourd’hui, il faut être conscient que la musique est gratuite.

Art’N Roll : Au moins vous vous rendez compte que ce n’est plus la peine d’acheter des CDs. Pour nous les anciens, on pense toujours que, pour soutenir le groupe, il faut en acheter.

Rémy : Pour soutenir le groupe, oui. Mais on n’est pas obligé de l’acheter.

Art’N Roll : Tu vois maintenant la façon de consommer la musique ?

Rémy : Ceux qui nous écoutent font mieux de venir nous voir si on passe par chez eux ; c’est mieux que ceux qui achètent nos CD alors qu’on ne passe jamais chez eux parce qu’on a trop de thunes. (Rires)

Art’N Roll : Ok. Bon ! (Rires)

Rémy : Là, j’exagère. Non, c’est notre façon de voir. Aujourd’hui, la musique se consomme moins. Tu mets ta musique gratuitement à disposition. Par exemple, pour Anathema, je crois que sur les deux ans on a eu – tu sais, on a les rapports – quatre-vingt-dix mille écoutes, c’est pas mal !

Art’N Roll : Oui. C’est déjà bien !

Rémy : Et ça nous a rapporté deux cents balles, un truc comme ça. Tu vois, tu ne vas pas gagner ta vie parce que les gens écoutent ta musique. En revanche, tu viens nous voir en concert et tu nous achètes un T-shirt à quinze euros, là, tu aides le projet. Parce que, quand on vend des T-shirts ou des trucs comme ça, ça paye des albums ou des clips. On n’est pas là à dire « Tiens, toi, prends dix euros, et tiens, toi, prends dix euros ! » On n’est pas à ça près. (Rires)

Art’N Roll : Merci à toi.

 

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