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Interview avec Prika Amaral de Nervosa

samedi/09/01/2021
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En 2020, le groupe de thrash metal brésilien Nervosa a célébré ses dix années d’existence, avec un line up mis à neuf : sa fondatrice, la guitariste Prika Amaral, désireuse de ne pas finir tel Brian Jones après la défection courant mai de ses deux amies Fernanda et Luana, a recruté la bassiste Mia W. Wallace (ex-Abbath), la chanteuse Diva Satanica et la batteuse Eleni Nota. En résulte « Perpetual Chaos », un quatrième album à paraître le 22 janvier 2021 chez Napalm Records, enregistré l’été précédent en Espagne : un parfait condensé des trois précédents disques. Lorsque Sounds Like Hell Productions, la structure en charge de la promo sur la France, annonça par courriel que les quatre musiciennes étaient dispos au choix du chroniqueur par Skype courant décembre 2020, c’est très naturellement que celui-ci s’est porté sur l’adorable Prika, pour un entretien avec Art’n’Roll le mercredi 16 décembre ; un deuxième entretien avec la patronne : le premier ayant été réalisé en mars 2018, une éternité déjà.

 

Art’N’Roll : Salut Prika, quel temps fait-il à São Paulo ?

Prika Amaral : La situation sanitaire s’étant aggravée ici à cause du coronavirus, nous ne pouvons pas vraiment profiter de l’été (Rires) Il fait beau, et… Ça va ! (Rires)

ANR : Quel regard portes-tu sur « Downfall of Mankind » trois ans après sa sortie ? Penses-tu que « Perpetual Chaos » qui lui succédera le 22 janvier 2021, marquera la clôture de la période « death metal » de Nervosa ?

PA : Je pense que « Downfall of Mankind » a effectivement représenté un changement pour Nervosa : nous avions alors opéré un tournant death metal très net, notamment du point de vue de la voix, ce qui n’était pas vraiment le chemin que Nervosa aurait dû emprunter. Avec « Perpetual Chaos » nous allons reprendre notre véritable direction en y apportant des éléments nouveaux. Ce disque est un petit plus thrash metal que le précédent, je l’aime beaucoup. Je suis une grande amatrice de thrash metal ET de death metal, et sur cet album j’apprécie l’équilibre réalisé entre les deux styles, à cinquante-cinquante entre eux.

ANR : C’est aussi mon point de vue…

PA : (Rires)

ANR : Il a été enregistré l’été dernier au studio Artesonao à Malaga, j’ai vu sur Facebook vos photos prises là-bas : vous avez visiblement passé un merveilleux moment dans un endroit magnifique !

PA : Exactement ! Après des semaines bloquées à converser, puis à travailler à distance (NDA : Prika vit au Brésil, Mia en Italie, Diva en Espagne, Eleni en Grèce) nous avons enfin été libres de nous rencontrer, comme dans un rêve ! Pouvoir enfin se connaître, enregistrer, et entamer un rêve toutes ensemble ! Ce fût formidable, nous avons profité de chaque moment passé dans cet endroit. De plus, nous avons choisi le bon créneau pour ce faire, car à cette saison les bars étaient ouverts en Europe et les cas de contamination demeuraient bas, donc nous avons pu profiter de tout cela en sécurité. C’était formidable (NDA : rire ému) je ne peux rien dire de plus !

ANR : Vous avez écouté quoi lors de ces moments de détente ? Est-ce que Mia W. Wallace vous a fait écouter l’intégrale d’Abbath ?

PA : Oh ouais (Rires) La concernant, elle a enregistré de parfaites lignes de basse, elle a complétement compris ce dont le groupe avait besoin : d’une basse très rapide ! Notre son a gagné en ampleur avec elle, il est désormais énorme ! Comme un coup de poing dans la figure (NDA : elle tape de son poing contre sa paume) Elle a tout pigé très rapidement, a fait un très bon boulot, et m’a également apporté sa contribution lors de la composition des chansons, avec un petit apport black metal, mais juste un petit peu !

ANR : Oui !

PA : Oui ! Mais ce qui m’a semblé intéressant, c’est que le thrash metal le permet, et se marie plutôt bien avec cet apport black metal, et c’est pour cela que j’aime le thrash metal (Rires)

ANR : Dans ce sens, le thrash et le black fusionnent bien…

PA : (NDA : Opine du chef, amusée)

ANR : A l’écoute de « Perpetual Chaos », on ressent que vous aviez « Reign in Blood » de Slayer en tête durant l’enregistrement…

PA : Oh oui ! C’est un de mes albums favoris, j’aime son atmosphère, et « Perpetual Chaos » possède la même, en dépit du fait que sa production est plus contemporaine que celle de « Reign in Blood ». La tonalité de ma guitare est, quant à elle, assez similaire à celles du passé, et je l’adore (Rires)

ANR : « Perpetual Chaos » sera le deuxième enregistrement en collaboration avec votre producteur argentin et résident belge, Martin Furia, désormais fidèle au poste…

PA : C’est un type génial, qui nous a donné énormément de ses idées durant l’enregistrement. Il a beaucoup contribué à l’atmosphère générale des deux derniers disques de Nervosa. C’est avant tout un passionné, qui sait exactement comment te placer dans les meilleures dispositions afin de travailler, c’est un créateur d’ambiances et d’interactions, qui nous a bien aidé dans ce nouvel épisode de la carrière de Nervosa. Je dirais même que c’est une pièce très importante pour ce « nouveau Nervosa ».

ANR : Le son de ce quatrième disque semble plus clair et direct, et moins terreux que les deux précédents, comme un retour aux sources du premier ? Était-ce un choix délibéré de ta part ?

PA : C’était mon choix… Oui.

ANR : En 2018, tu m’avais dit t’être impliquée dans l’écriture du précédent disque à hauteur de la moitié : qui a écrit les paroles sur celui-ci ?

PA : Oui, j’écrivais les textes à hauteur de cinquante pour cent. Mais aujourd’hui rien n’a finalement changé : cinquante pour cent pour moi, et Diva cinquante pour cent également.

ANR : Dans cette nouvelle mouture, tu as souhaité conserver la formule à une seule guitare : c’est une prise de risque non ? Tu n’as jamais été tentée par un duo guitare solo / guitare rythmique, ou par un duel de guitares solo à la Maiden / Judas Priest ?

PA : Rappelle-toi qu’au tout début de Nervosa, nous étions deux guitaristes, même si cela n’a duré qu’un temps l’espace de quelques mois, et que nous n’avons jamais composé ou enregistré quoi que ce soit sous cette formation à quatre, juste donné quatre concerts. J’avais plusieurs choix à effectuer au moment de la définition de ce nouveau line up. J’ai en premier lieu opté pour une chanteuse sans instrument, afin de pouvoir donner plus de mouvement sur scène et plus d’interaction avec le public. Nous sommes désormais quatre et non plus trois, ce qui représente un changement considérable dans l’organisation : j’ai considéré qu’à cinq membres, ce serait probablement trop. En effet, j’avais déjà pas mal de choses à apprendre aux trois nouvelles recrues, et dans ce contexte, une de plus eu été de trop à gérer pour moi : j’ai en effet pour tâche d’organiser la nouvelle cohésion du groupe. Dans le futur, je ne sais pas, tout est possible, j’aime beaucoup tout ce qui est changement. Dans l’immédiat, il nous faut être fortes toutes ensemble, après nous pourrons toujours ajouter un nouveau membre.

ANR : Tu as récemment déclaré ta flamme sur Facebook pour le hard rock plus classique, celui des années 1970… Cela ne te tente pas d’en imprégner un peu ton jeu de guitare, de-ci de-là subtilement, façon Dimebag Darrell ?

PA : Ouais. Je suis surtout influencée par cette ancienne manière de construire les chansons, ET pour ce qui est des solos de guitare. Tu peux l’entendre un petit peu dans certains d’entre eux : je suis très influencée par le blues ainsi que par la musique des années soixante-dix. Plein de groupes. Par exemple, pour l’album « Agony », nous avions inséré une chanson bonus qui mélange blues et metal, dans laquelle tu peux effectivement percevoir cette influence. Et pour ce qui est de notre nouveau disque, « Perpetual Chaos », tu peux également l’entendre sur le morceau « Rebel Soul », qui emprunte au vieux Motörhead notamment le riff (NDA : elle commence à le chantonner mimant sa partie de guitare) C’est indéniablement le Motörhead des débuts ! Et nous savons que Lemmy puisait sa musique dans le rock des années soixante-dix, tout simplement parce qu’il l’a vécu ! Cette influence est très évidente pour ce morceau, mais moins pour les autres… Je suis également très influencée par Jimmy Page.

ANR : Il n’y a pas sur ce disque, contrairement aux deux précédents, de chanson bonus…

PA : Si, il y en aura deux ! Une en anglais intitulée « Bones of Hatred », qui figurera uniquement sur le pressage vinyle. Et une autre en portugais, à destination de notre public brésilien et sud-américain. Probablement que sur la version que tu as reçue, elles n’y figurent pas : le dernier morceau s’appelle « Under Ruins »… N’est-ce pas ?

ANR : Je vérifierai. A ce propos, j’ai toujours aimé vos chansons bonus…

PA : (NDA : opine du chef, bienveillante)

ANR : « Wayfarer », sur « Agony », est une pure beauté…

PA : Ouais, j’adore moi aussi cette chanson, c’est une chanson heavy metal !

ANR : « Selfish Battle », sur « Downfall of Mankind », était également cool ! J’aime toutes vos chansons bonus…

PA : (Rires)

ANR : Vous tablez sur une tournée européenne à l’été 2021, celle prévue à l’été 2020 et intitulée « A Decade of Thrash Metal » ayant été évidemment reportée : ce seront les mêmes villes et lieux qu’initialement prévus ?

PA : Oui, probablement les mêmes. Et nous y ajouterons de nouvelles dates.

ANR : Vous jouerez donc au Wacken pour la première fois…

PA : Non. Parce que le Wacken a annulé l’ensemble de l’affiche de 2020 (NDA : croise les doigts de ses deux mains) Nous croisons les doigts et travaillons afin que nous soyons sur la prochaine ! Attendons de voir, il y a une chance !

ANR : Le Wacken a donc annulé l’ensemble de sa programmation, ce qui n’est pas le cas du Hellfest qui conserve intacte l’intégralité (à l’exception de moins de dix groupes) de la sienne : toujours pas de Hellfest à l’horizon pour Nervosa ?

PA : Nous allons jouer dans un festival en France, dont je n’ai pas le nom sous les yeux…

ANR : L’année prochaine ?

PA : Au début du mois d’août… Je crois que c’est dans le Nord…

ANR : Arras ?

PA : (NDA : concentrée, voire embarrassée) Je crois que le nom est plus long… Nous partagerons sur nos réseaux sociaux le poster de ce festival au début de l’année 2021 : nous croisons les doigts afin que celui-ci soit maintenu, comme nous croisons les doigts pour toutes les autres dates de la tournée européenne à venir ! Que ceci nous donne un nouvel espoir, donc croisons les doigts (Rires)

ANR : J’ai vu l’année dernière, pour ce qui est de la France, qu’une date était programmée à Pagney-Derrière-Barine dans le club « Chez Paulette », non loin de Nancy… Sais-tu, toi qui es fan de Jimi Hendrix, que Nancy fut le lieu de son premier concert continental en octobre 1966 ?

PA : Ah oui (NDA : enchantée) C’est si cool !

ANR : Il faisait la première partie de Johnny Hallyday !

PA : Ohhhhhhh !

ANR : Tu connais Johnny Hallyday ?

PA : Ouais, ouais ! Il fait un très bon choix !

ANR : Gigs : vers 2014-215 vous commenciez vos concerts par « Twisted Values » ou « Death », de 2016 à 2018 par « Hypocrisy », et de 2018 à 2020 par « Horrordome » : que des morceaux à chaque fois issus de l’album qui venait de sortir… Je suppose que vous allez faire pareil, et commencer ceux de la tournée à venir par un extrait de « Perpetual Chaos », me trompe-je ?

PA : C’est « Venomous » qui est la première chanson de ce disque. Nous verrons, nous sommes en train d’étudier ce que sera notre future setlist

ANR : As-tu une idée en tête ?

PA : Nous attendrons les répétitions afin de voir, il est encore trop tôt pour décider surtout au regard de la situation actuelle, mais j’ai une idée oui !

ANR : Penses-tu qu’il existe un son brésilien, une approche, en matière metal ?

PA : (NDA : motivée) Oh oui !!! Nous possédons une scène immense, et…

ANR : (NDA : met en exergue son t-shirt Sepultura)

PA : OUAISSSSSSSSSS !!! (Rires) Et tu as vu le mien ?!? (NDA : fait pareil avec le sien) C’est un petit groupe brésilien, et…

ANR : C’est Eskröta !

PA : Ouais ! Et nous conservons notre identité brésilienne en matière metal, car le Brésil contemporain est un pays d’immigrants en provenance d’Europe principalement. Nous bénéficions donc de plusieurs types d’influences issues de plusieurs coins d’Europe…

ANR : Existe-t-il une réelle différence entre la scène de São Paulo, à laquelle tu appartiens, et celle de Rio ?

PA : Oui ! Et cette différence entre eux et nous provient principalement de leur accent, car ils parlent… Heu… Je ne sais pas comment te dire… En faisant des « ch » comme ça !

ANR : Sur ta page Facebook, tu as manifesté ton amour du Pitanga…

PA : Oh oui ! (Rires) C’est un fruit brésilien !!!

ANR : Peux-tu nous en dire plus, car nous ne connaissons pas trop le Pitanga en France métropolitaine…

PA : Le Brésil possède tout un tas de fruits, que l’on ne trouve qu’ici, et l’un d’eux, que j’ai d’ailleurs dans mon jardin, s’appelle le Pitanga. Tu ne peux pas le trouver dans les supermarchés, car c’est un fruit très délicat qui ne peut être commercialisé, il est tout petit. Et son goût est merveilleux, je ne peux pas le décrire, et je ne peux pas non plus le comparer à un autre fruit connu, en tous cas connu ailleurs qu’au Brésil : il peut peut-être être comparé à la guarana, tu connais la guarana ?

ANR : Non. Mais j’ai effectué des recherches, et j’ai vu qu’il y avait un équivalent du Pitanga en Guyane française, sous le nom de « Cerisier créole »…

PA : (NDA : opine affirmativement)

ANR : Es-tu déjà allée en Guyane, qui j’ai bien noté, n’est spécialement pas la porte à côté de São Paulo ?

PA : Nooooooooon !

ANR : Il y a beaucoup trop de distance avec São Paulo…

PA : Exactement, et la Guyane est à coté de l’Amazonie, c’est dans la zone tropicale : tu pourras d’ailleurs trouver le Pitanga tout autour du fleuve Amazone…

ANR : Avant-dernière question : aurais-tu à l’esprit une blague typiquement brésilienne à raconter au public français ?

PA : (NDA : regarde en l’air) Oh nooooooooon, je ne vois pas… Je ne me souviens pas, en tous cas je peux te dire qu’il n’y en a pas sur les français : en revanche il y en a pas mal sur les portugais, nos anciens colonisateurs, nous en avons un paquet (Rires)

ANR : Oui, je le savais ça, c’est même rapporté par la littérature brésilienne…

PA : Ouais, ouais, ouais, mais ce ne sont que des blagues, nous nous aimons quand-même, nous nous respectons et partageons beaucoup de choses. Mais, je n’ai pas de blague en tête à propos des français.

ANR : Je te demandais juste une blague brésilienne, peu importe le sujet… Et donc, à propos des portugais ? Une blague sur eux ?

PA : (NDA : boit un coup dans son mug Nervosa puis lève les yeux au plafond) J’ai une mémoire de merde tu sais, et je peine déjà à me souvenir des trucs importants, alors des blagues… Mais il y en a, il y en a…

ANR : Pour les français, ce sont des blagues sur les belges, nous en avons un paquet…

PA : (Rires) Je pense que c’est partout pareil dans le Monde, mais ce n’est pas méchant (Rires)

ANR : Dernière question : est-ce qu’aujourd’hui quelqu’un t’appelle encore « Priscila » ?

PA : C’est bizarre de l’entendre, car même ma maman ne m’appelle plus comme cela aujourd’hui. Je n’ai pas de problème avec mon prénom, j’aime mon prénom, mais cela fait très longtemps que je ne l’ai plus entendu (Rires) Hoje, c’est « Pri » ou « Prika » ou « Prix » !

ANR : D’accord Prika. Tu as le mot de la fin…

PA : (NDA : ultra démonstrative) Je voudrais vous dire merci pour tout le soutien que vous accordez à ce nouveau Nervosa, c’est très important pour nous, donnez-nous beaucoup d’énergie, j’ai vraiment envie d’attaquer la scène et de voir chacun d’entre vous en tournée avec mes nouvelles copines que j’aime beaucoup, et vous dire : merci, merci, merci, merci, merci beaucoup !!!

ANR : Merci beaucoup Prika…

PA : A bientôt, passe une bonne journée !

ANR : A toi aussi ! Bye bye !

PA : Bye bye !

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