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Livre report du concert de Sepultura à l’Elysée Montmartre le 20 mars 2018

jeudi/29/03/2018
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L’enceinte du 72, boulevard de Rochechouart n’est qu’à un tiers pleine lorsque le groupe de Black Metal Goathwore achève sa théâtrale prestation sur les coups de dix-neuf heures trente ce premier jour de printemps. Louis Benjamin Falgoust, le chanteur à la voix grave-aigue, demande une première ovation aux maîtres de la soirée, avant de quitter l’estrade sur ses béquilles. Le son, médiocre au début, s’est amélioré sur la fin. L’assemblée, très clairsemée, a apprécié de manière concentrée et statique. « Where is my Mind » des Pixies est diffusé à la pause, tandis que les Roadies mettent en place le matériel d’Obscura.

Lumières vertes, bande au synthé, Sebastian Lanser, le batteur, est le premier des quatre Bavarois à prendre place, derrière des Toms agencés à plat façon Keith Moon ou Kolinka. Dès la première note, jouée à l’unisson, les quatre musiciens simultanément en solo. Obscura est un groupe de Death technique, cela s’entend et se voit. « Yeah mon chouchou ! » : Steffen Kummerer, sa tête-pensante depuis 2002, communique en Français et en Anglais avec les premiers rangs ; il semble visiblement là pour leur donner de la joie : le mot « Party » est répété au moins dix bonnes fois en trente-six minutes (Top chrono), durée que les Fans estimèrent évidemment trop courte. Un vrai bonheur d’admirer entretemps ces virtuoses : le bassiste Linus Klausenitzer, aussi habile qu’affable, leur inhumain batteur Sebastian Lanser, ainsi que le chanteur-guitariste, capable d’alterner sans peine son chant et ses limpides chorus (impressionnant). Saluant comme au théâtre, Obscura réclame à son tour une ovation pour Sepultura.

Les titres de RATM et d’AIC diffusés, pendant qu’est hissée la verdâtre bâche représentant la pochette de « Machine Messiah », sont plutôt bien choisis : le public, remplissant désormais aux trois-quarts la salle, est majoritairement quadra et masculin, cheveux courts et t-shirts du Combo de Belo Horizonte ; à parier que ces messieurs étaient devant leurs tubes cathodiques lorsque Sepultura faisait les belles heures de Nulle part ailleurs… Les femmes et les jeunes filles présentes optant pour du Pantera, du Black ou du Stoner. Quelques coreuïdes sont enfin à signaler. 20 heures 57 : les lumières s’éteignent tandis que retentit un lourd et répétitif son de basse soutenu par une note au synthé. Laquelle se démultiplie façon clavecin. Premier installé derrière sa « torre », le juvénile batteur Eloy Casagrande demande de sa main gauche le soutien de la foule, laquelle crie d’impatience. Andreas Kisser déboule en survet’ noir à grandes enjambées et poing levé. Au tour de Derrick Green, en combo débardeur short, à petites foulées ; Puis de Paulo Jr, basse en mains et inspiré, sa coiffure poivre et sel lui donnant un côté savant fou.

Tsss tsss tsss… Et c’est parti pour deux heures menées tambour-battant, avec la cavalcade Power Metal « I am the Enemy ». Direction le Brésil et ses rythmes sur le récent « Phantom Self », tandis que Kisser demande d’applaudir ; pendant l’instru orientalisant, l’athlétique chanteur laisse en dansant le devant de la scène au guitariste. Premier « temps-mort », l’assistance scande le nom du groupe avec l’accent Brasileiro, et c’est « Kairos », qui verra pour la première fois Green investir l’estrade à côté de la batterie pour donner du tambour. Passé ces trois nouveaux titres, Sepult’ revient vingt-quatre ans en arrière avec « Territory », entamé sous un râle de plaisir des premiers rangs. La joie se lit sur le visage du trapu Paulo Jr pendant qu’Andreas Kisser effectue une version modifiée de son fameux solo au Tapping (ou le foire c’est selon). Derrick Green est mobile. Déjà en sueur, le colosse d’ébène bouge comme un Boxer. Deuxième ovation (toujours avec l’accent). Seul face au public, sous une lumière tamisée, Andreas Kisser attaque les arpèges de « Desesperate Cry », le classique figurant sur « Arise »… et nous sommes en 1991. Retour derechef en 2017 avec « Sworn Oath » : la sépulture oscille entre ses époques et navigue à travers les décennies. Troisième fois que l’Elysée Montmartre scande (avec l’accentuation) le nom de la tête d’affiche, laquelle lui répond « Merci beaucoup ». Cet incessant échange de bons procédés se poursuit avec « Resistant Parasites » et sa ligne de basse saucissonnée (et un désagréable Larsen), puis par trois titres issus du « Against » de 1998.

Kisser prend enfin la parole pour rappeler opportunément que Derrick Green est le chanteur de Sepultura depuis vingt ans déjà, et demande ardemment (supplique ?) qu’il soit ovationné (et enfin reconnu comme tel ?). Pendant un autre passage au tambour, le regard du chanteur ne quitte pas celui du guitariste, l’alchimie entre les quatre membres est palpable. Sur le côté gauche, Paulo Jr tient la baraque. Il était là en 1989 lors de leur premier passage au Gibus. Fin de la partie « Against » sur le brulant « Boycott » de 2005 (qui évoque un autre morceau commençant par « B »…). « Iceberg Dances » est entamé dos tournés à l’assistance ce qui démontre la bonne tenue des chansons de leur dernier disque, et la volonté de le jouer. L’acoustique et la qualité sonore laissent parfois à désirer : le Larsen gâchant souvent l’exécution des passages fluides et cristallins, pourtant nombreux sur ces morceaux de « Machine Messiah ». Solo à la guitare sèche sur le morceau éponyme. Nouveau mouvement de balancier sur « Inner Self » de 1989 et son Thrash-Death primitif… et c’est « Refuse / Resist », intro tambourinée. Le Moshpit leur mange dans les mains. « Avons-nous des Fans Old School de Sepultura ?!? » questionne le Frontman, tandis qu’Andreas Kisser saccade l’entame d’« Arise »… Rire grossier et lugubre du chanteur. Re-ovation et rappel : « Mister Kisser are you Ready ?!? » lui demande Green, et c’est « Slave New World », nous revoilà en 1993. Le géant demande à que l’on salue Obscura (que de mouvements de balanciers ce soir) puis annonce « Ratamahatta » : lumières jaunes, salle en fusion, Kisser dans le rôle de Carlinho Brown et Green dans celui de… Max Cavalera (sauf les « Ratamahatta »). Beret rouge désormais visé sur sa touffe grise, le vieux Paulo Jr exulte. Samba. Enchainement directo sur « Roots » histoire de ne pas changer d’ère. La grave et puissante voix de Green peine à monter dans les aigus sur ce brulot aux relents Indus, que le groupe tord et distord avec joie. Derniers applaudissements et le morceau repart, lentement, très lentement, le taulier lève sa guitare au plafond et c’est fini. Il est 22 heures 28 lorsque les lumières crues se rallument. Distribution de médiators. Paulo Jr est hilare. Un Blues-Rock retentit dans les enceintes, et notre bassiste à béret rouge souvenir quitte la scène le dernier en roulant des mécaniques comme Aldo Maccione.

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