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Live report – Amenra à la Gaîté Lyrique, 13 janvier 2018

dimanche/14/01/2018
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Samedi soir, les belges d’Amenra orchestraient une messe noire à la Gaîté Lyrique, pour présenter leur dernier opus « Mass VI », sorti en octobre dernier.

Ils avaient alors donné un concert exceptionnel à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles, notamment marqué par une séance de modification corporelle assez intense. Après 1h de jeu, dans un silence total, deux assistants montent sur scène pour insérer des crochets dans le corps de Colin et les lestent avec des pierres. Colin décrit cette démonstration comme une manière de se commémorer certaines expériences et de se connecter avec les dieux du monde. Selon lui, ça lui permet de se perdre dans le moment et de le rendre plus précieux et mémorable. Mais cette démarche consiste avant tout à devenir douleur interne visible des gens. Il utilise son corps pour matérialiser la blessure que tout le monde porte en soi.

Pour ce soir, pas de modification corporelle en vue. Le lieu est atypique, il mêle un extérieur classique avec un intérieur moderne, carré et froid. Il donne l’impression de se rendre à une exposition d’art contemporain, accessible seulement à une certaine élite branchée. Le public arrive dans une large pièce blanche au milieu de laquelle trône un bar, avant de pénétrer dans un cube noir, avec une scène bien mise en avant et dotée, comme à l’accoutumée, d’un écran géant.

Les lumières s’éteignent, et les premiers « chut » se font entendre dans le public. Après quelques instants de silence le groupe ouvre son set. Colin est agenouillé sur scène, il prend deux éléments de fer forgé qu’il fait résonner, enjoignant ainsi les autres à entamer le morceau « Boden ».  Les images commencent à défiler sur l’écran, alliant des paysages mouvants et des passages quasi statiques.

Tout est en noir et blanc, les images, les lumières, le public, une symbolique froide qui tourne autour de cette opposition. C’est d’ailleurs une partie importante de l’œuvre d’Amenra, de pouvoir allier la noirceur avec la lumière. Lors de l’interview que j’ai faite avec Colin, il expliquait qu’ils travaillent toujours avec le thème de la noirceur et l’adversité que l’on trouve dans une vie humaine avec cette idée que chacun doit trouver une manière d’accéder à la lumière. C’est la proposition d’Amenra d’aider chacun à s’approprier cette idée.

Le son est puissant, réglé à la perfection, Amenra ne laisse jamais rien au hasard. Chaque instrument est parfaitement audible et distinctif, et la voix n’est pas mise plus en avant qu’un autre instrument, elle devient, en quelque sorte, qu’une simple ligne mélodique. Le groupe a pensé sa sonorisation pour que chaque instrument à corde présente un spectre très large dans les fréquences. Cela appuie la volonté du groupe à définir un son qui vient entourer le public.

Ce qui frappe immédiatement c’est l’énergie projetée par les musiciens sur scène. Colin est complètement habité, dos au public, il est dans sa bulle, concentré sur son ressenti et sa musique. Ses progrès vocaux sont indéniables, particulièrement impressionnants sur des passages en voix claire comme sur « Plus près de toi ». L’intensité de ses mouvements le rend hypnotique et facilite l’immersion du public. Torturé et touchant, il projette sa souffrance dans une justesse qui ne peut que happer le public. S’il débute le show couvert d’un blouson à capuche, au fur et à mesure que sa carapace émotionnelle se brise, ses vêtements tombent, pour se retrouver presque à nu devant son audience.

Les visuels sont complètement alignés avec le rythme de la musique dans un premier temps, pour ensuite la prendre à contre-pied. Si les mouvements s’accélèrent au début avec l’intensité des passages, ils deviennent ensuite figés lorsque les morceaux atteignent leur paroxysme créant ainsi une déconnexion intéressante. En plus de contribuer à une ambiance planante, ces supports servent aussi à ne pas fixer l’attention du spectateur sur les musiciens, favorisant ainsi la projection astrale de l’auditeur. Le laissant libre de se laisser aller à son ressenti.

Chaque transition se fait dans un silence, plus ou moins respecté dans la salle, comme des respirations imposées, que certains semblent trouver dérangeantes.

Les nouveaux morceaux comme « Plus près de toi » et « Children of the eye » présentent une décharge émotionnelle plus palpable en live. Le chant en français semble particulièrement toucher le public de la Gaîté Lyrique.

Le concert atteint son point culminant avec le puissant « Am Kreuz » et son intro extrêmement efficace qui fait monter le rythme cardiaque. Un déferlement d’énergie, vite cassé par quelques accords de guitares qui instaurent une tension saisissante qui s’intensifie jusqu’à ce que Colin se retourne l’espace de quelques instants et que le groupe entier adopte une mouvance uniforme, tel un bloc. L’intensité reste jusqu’à la fin du morceau, et le suivant marque déjà la fin du concert.

Le groupe joue l’envoûtant « Diaken » avant de tirer sa révérence. Pas de rappel, pas de remerciements, l’écran affiche simplement AMENRA et les lumières se rallument, laissant le public se remettre de ses émotions. Une transition un peu raide tant le concert était prenant.

Je ne peux que conseiller d’aller vivre cette expérience de les voir en live, ils seront présents au Hellfest en juin.

Et pour le plaisir, parce qu’ils ne l’ont pas joué, voici le morceau « A solitary reign » issu de leur dernier album.

 

Setlist

Boden
Plus Près De Toi (Closer To You)
Razoreater
Children Of The Eye
Nowena | 9.10
Aorte. Nous Sommes Du Même Sang
Terziele
Am Kreuz
Diaken

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