HOT on the rocks!

Interview avec Javier Reyes de Animals as leaders

jeudi/17/08/2017
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ANR: Comment vous sentez vous après votre show au Hellfest ? (Ndlr, le groupe vient de sortir de la mainstage)

Javier Reyes: Le plus gros public pour lequel on n’a jamais joué, c’était fantastique ! Un peu difficile de nous entendre clairement sur scène vu que le son allait très fort mais c’était génial. Le public était très réactif, on n’a vraiment pas à se plaindre.

 

ANR: Votre dernier album « The madness of many » est sorti l’année passée. Comment ont été les retours sur l’album ?

JR: Je pense que les retours en général ont été plutôt bons, meilleurs que prévu même. Nous savions que les morceaux étaient un peu différents des albums précédents et que certains auditeurs auraient besoin de plusieurs écoutes, mais le feedback a été vraiment bon malgré tout. Même en concert, les nouveaux morceaux passent extrêmement bien.

Pour les précédents albums, certains morceaux ne passaient pas forcement bien en live mais avec les nouveaux, tout semble mieux passer. On a cette sensation que les morceaux sont complets, qu’il ne manque rien et le public les connait déjà. Nous sommes vraiment contents que le public accepte aussi bien le changement, c’est super positif !

 

ANR: Il y a-t-il des groupes que vous voulez voir ce weekend ?

JR: Il y en a plein ! Mais je ne sais pas qui joue aujourd’hui. J’aimerais voir Devin Townsend même si je pense qu’il va bientôt jouer là, maintenant. Je les ai déjà vu car nous avons tourné ensemble mais j’adorerais juste les revoir. Ce serait cool aussi de pouvoir voir le show de Rob Zombie.

ANR: Tu as sorti 2 albums avec ton projet solo « Mestis ». Où en est le projet pour le moment ?

JR: J’ai composé quelques morceaux à droite et à gauche pour le moment. Avec Mestis, il s’agit souvent de morceaux plus calmes, plus épurés et qui ne colleraient pas avec Animals as leaders.

Ces derniers temps, j’ai composé des morceaux plus heavy qui se situent plus dans le « spectre Animals ». Pour Mestis, je n’ai rien envie de forcer pour sortir un album tous les x ans. J’ai besoin que cela vienne naturellement. C’est un projet que je fais dans ma chambre quand j’en ai marre de bosser du Animals. Parfois je compose un morceau complet ou juste une partie et, quand j’ai assez de morceaux, je me dis « ok, ça peut finir sur un disque » et je bosse vraiment dessus pour le finaliser.

Mais je ne vais jamais forcer le processus. Sinon, ça va sonner redondant. Et puis, les meilleurs morceaux que je compose sortent généralement de nulle part. Si je m’assois en voulant composer un truc épique, ça ne sera pas épique. Ça doit vraiment venir naturellement, sans forcer. Je pense que les meilleurs morceaux que nous avons pu faire sont venus juste comme ça, pour nous tous.

J’aime aussi laisser de l’espace entre les périodes d’écriture. Si je commençais à composer maintenant, l’album sonnerait trop comme « The madness of many ». J’ai besoin de temps, d’écouter de nouveaux groupes ou des anciens groupes, de travailler la guitare pour que l’inspiration vienne.

 

ANR:  Vous êtes actifs depuis bientôt 10 ans maintenant avec 4 albums sortis. Comment voyez-vous l’évolution du groupe ?

JR: En fait, ça fait 10 ans que le premier album a « fuité » sur le net. Tosin et Misha (Mansoor, guitariste de Periphery, qui avait produit l’album Ndlr) l’avaient volontairement mis en ligne à l’époque et la sortie officielle et la première tournée du groupe ont eu lieu en 2009, cela fera donc 10 ans l’année prochaine.

Je pense que nous avons tous évolué, musicalement et techniquement. Au début, nous avions un autre batteur par exemple. Et avec l’arrivée de Matt (Garstka, actuel batteur du groupe), nous avons popularisé cette idée que le groupe est en constante évolution au fil du temps, que nous allons toujours nous pousser plus loin entre nous.

Quand on écoute les albums, il y a des différences drastiques de l’un à l’autre. Ça sonne toujours Animals mais, entre le jeu de Tosin et le mien, on perçoit déjà des différences. Et quand on ajoute le jeu de Matt, on adapte nos jeux respectifs pour complémenter son apport. Je pense que c’est une évolution naturelle du groupe et que le prochain album sera encore différent.

 

ANR: Il y a-t-il quelque chose que vous n’avez pas encore fait avec le groupe que vous aimeriez faire ?

JR: On a des tonnes d’idées, de « et si… ».  Ce serait cool de pouvoir faire quelque chose avec un orchestre, une symphonie ou avec un pianiste. On a même discuté de faire quelque chose avec un chanteur. On avait évité jusque-là car nous voulions nous établir comme un groupe instrumental. Maintenant que c’est fait, on peut se permettre d’expérimenter mais on ne sait pas si on en ferait un album car il faudrait déjà savoir si ce sera assez bon. Et si c’est le cas, est-ce que ça ne va pas bousculer les attentes du coup ? Comment ferait-on en tournée, etc…

On a des idées, des envies, oui, on aimerait pouvoir tout faire. Par exemple, ma chanteuse de rêve, Björk ! Serait pas super cool ? Bref, beaucoup de choses sur la wish list, on aimerait un truc un peu dingue. On verra ce qui arrivera.

 

ANR: Question « guitar geek » Vous utilisez (abusez même) de guitares 8 cordes et avez développé des techniques assez uniques (tapping, thumb, etc..). Il y a-t-il de nouvelles techniques ou accessoires sur lesquelles vous travaillez ?

JR: J’attends une nouvelle guitare 8 cordes équipée d’un vibrato (Ndlr : chevalet mobile, classique sur les guitares conventionnelles mais assez rare en 8 cordes). Sur le dernier album, j’ai utilisé une guitare 6 cordes avec vibrato et je me posais la question de comment rejouer ces parties sur scène. Le plus simple était finalement de demander à ESP de me faire une 8 cordes montée avec un vibrato.

On est un groupe à 8 cordes, autant garder ça comme ça.

Je ne sais pas si ça va changer mon style ou mes mélodies mais ça peut rajouter des choses intéressantes.

 

ANR: Il n’y a pas eu beaucoup de bassistes dans le groupe. Est-ce un choix artistique ?

JR: Au début, c’était juste une circonstance mais maintenant, c’est un choix délibéré. Au tout début, c’est le patron de Prosthetic Records qui avait demandé à Tosin de faire une album solo, centré sur la guitare. Mais Tosin ne voulait pas que ce soit juste centré sur lui, il voulait vraiment que ce soit de la musique de groupe. C’était toujours un projet centré autour de la guitare et les parties de basse étaient assez élémentaires comparées aux parties de guitare. Elles étaient là juste pour supporter la guitare finalement.

Et avec l’évolution du groupe, on a gardé ce modèle de travail en quelque sorte. Et on a réalisé que, avec les parties de guitares et de batterie qui se développent, si on trouvait un être humain capable de suivre le niveau, il aurait envie, à juste titre, d’également développer ses parties et nous devrions adapter encore la musique à ça.

Au niveau décisionnel, en tant que groupe, on aime fonctionner à 3 plutôt qu’à 4. Quand une décision difficile doit être prise, c’est plus facile de trancher à 3. On ne se retrouve pas avec une moitié de groupe d’un avis et une autre contre cet avis.

On travaille en équipe, on se connait bien. Et même si une mauvaise décision est prise à la majorité, on apprend de nos erreurs.

ANR: Quels sont les projets du groupe (tournée/album) ?

JR: On a encore quelques tournées programmées. On revient en Europe dans quelques semaines pour les festivals et quelques concerts en salle. Peu de temps après ça, on donnera 3 shows au Mexique, puis l’Argentine, le Chili et le Brésil. En aout, on fait tous les 3 des tournées clinics individuelles.

On reste pas mal actifs et fin d’année, on fait une grosse tournée aux USA en partageant la tête d’affiche avec un autre groupe dont je ne peux pas encore révéler le nom.

 

ANR: Quel est votre souvenir de tournée le plus dingue ?

JR: Une fois en tournée, j’ai rencontré cette fille sur Tinder et on est allé se bourrer la gueule dans un strip-club. On a terminé en se roulant des pelles dans un van trouvé par hasard et je me suis réveillé le lendemain matin en réalisant que j’avais paumé mon slip ! (Rires)

 

ANR: Il y a-t-il une autre activité artistique (ou autre) que vous pratiquez en dehors du groupe ?

JR: Je fais pas mal d’exercices physique et j’aime cuisiner. En fait, pour les 2 activités, j’ai tendance à appliquer la même méthode de travail que pour la guitare. Pour tout ce qui a une méthode technique en fait, j’essaye d’avoir la même concentration.

Mais sinon, je ne suis pas un bon dessinateur et je porte souvent les mêmes couleurs, vu que je ne suis pas un grand amateur de mode. Je ne me rase pas beaucoup non plus (rires).

Mais j’aime tout ce qui touche à l’art. J’aime aller dans des expos ou ce genre d’endroits dédiés à l’art en général. Mais personnellement, je suis déjà allé si loin en musique que je ne saurais pas me consacrer à autre chose d’artistique.

 

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